Voilà un livre que j'ai lu pour mon simple plaisir de lectrice et non par obligation (l'appartenance au jury des lectrices de ELLE conditionne 80% de mes choix littéraires, forcément). Parce j'avais aimé la Baïne et parce que l'actualité cinématographique plaçait cet auteur au premier plan avec le film Mademoiselle Chambon très vite suivi par L'homme de chevet.
Et puis parce que je suis toujours tentée par ces romans écrits dans le terreau des vraies expériences sans être tout à fait des autobiographies. On appelle ce genre l'auto-fiction. Bella ciao est un exemple représentatif et réussi de ce tissage entre vérité et mensonge.
Ce n'est pas indispensable de démêler le vrai du faux. C'est un roman, ne l'oublions pas. Mais il importe de savoir qu'Eric Holder a vraiment travaillé six mois dans les vignes du Médoc et dans une scierie et qu'il se coltine au problème de l'alcool, comme on dit. Le sujet est plutôt d'actualité (avec le film Un dernier pour la route, sorti au même moment) mais l'écrivain en parle avec lucidité : il faut 23 jours pour que toute trace d'alcool disparaisse dans le sang. Après tu es libre de boire un vere ou non, mais si tu bois c'est en connaissance de cause : tu n'ignores plus que tu ouvres les portes de l'enfer (p. 95)
Il n'a pas eu besoin non plus d'inventer l'accident de voiture. Il ne sait pas planter un clou sans se blesser. Aucun nom des personnages n'est exact mais celui de sa fille est bien composé de quatre lettres, commençant par un L (Lola et pas Lise). Elle a fait, comme il l'écrit, des études supérieures de cinéma : un master dont le titre "le cinéma est une arme" a dû grandement intéresser son scénariste de papa.
C'est toujours troublant qu'un homme dit "intellectuel" témoigne d'une toute autre expérience professionnelle. On dit qu'il faut avoir mis les mains dans le cambouis pour comprendre le métier de garagiste. Eric Holder n'a pas ménagé sa peine ni ses mains. Il n'a pas connu tous les malheurs du narrateur de l'histoire (on peut tout de même pas cumuler tous les ennuis) mais on ne met pas en doute ses aventures tant leur enchainement est plausible. La rédemption par le travail n'est pas un thème nouveau mais il a une façon bien à lui de livrer le combat, en n'ayant pas peur de s'abimer des mains qui lui servent aussi pour son travail d'écrivain. Comme il le précise en citant Roger Judrin (p. 112) le vrai rival de soi n'est pas un autre. Et puis le style "Holder" est là, impeccable, avec des phrases qu'il peut avoir besoin de peaufiner des jours durant jusqu'à obtenir un assemblage impeccable taillé au cordeau.
Bella ciao est aussi le titre d'une chanson très connue, très fredonnée, dont vous ignorez peut-être qu'elle porte le symbole de la Résistance italienne dans sa lutte contre le fascisme. Voici la version très "enlevée" de Thomas Fersen :
Bella ciao, d'Eric Holder, éd. du Seuil, 148 p., 16 €.
Et puis parce que je suis toujours tentée par ces romans écrits dans le terreau des vraies expériences sans être tout à fait des autobiographies. On appelle ce genre l'auto-fiction. Bella ciao est un exemple représentatif et réussi de ce tissage entre vérité et mensonge.
Ce n'est pas indispensable de démêler le vrai du faux. C'est un roman, ne l'oublions pas. Mais il importe de savoir qu'Eric Holder a vraiment travaillé six mois dans les vignes du Médoc et dans une scierie et qu'il se coltine au problème de l'alcool, comme on dit. Le sujet est plutôt d'actualité (avec le film Un dernier pour la route, sorti au même moment) mais l'écrivain en parle avec lucidité : il faut 23 jours pour que toute trace d'alcool disparaisse dans le sang. Après tu es libre de boire un vere ou non, mais si tu bois c'est en connaissance de cause : tu n'ignores plus que tu ouvres les portes de l'enfer (p. 95)
Il n'a pas eu besoin non plus d'inventer l'accident de voiture. Il ne sait pas planter un clou sans se blesser. Aucun nom des personnages n'est exact mais celui de sa fille est bien composé de quatre lettres, commençant par un L (Lola et pas Lise). Elle a fait, comme il l'écrit, des études supérieures de cinéma : un master dont le titre "le cinéma est une arme" a dû grandement intéresser son scénariste de papa.
C'est toujours troublant qu'un homme dit "intellectuel" témoigne d'une toute autre expérience professionnelle. On dit qu'il faut avoir mis les mains dans le cambouis pour comprendre le métier de garagiste. Eric Holder n'a pas ménagé sa peine ni ses mains. Il n'a pas connu tous les malheurs du narrateur de l'histoire (on peut tout de même pas cumuler tous les ennuis) mais on ne met pas en doute ses aventures tant leur enchainement est plausible. La rédemption par le travail n'est pas un thème nouveau mais il a une façon bien à lui de livrer le combat, en n'ayant pas peur de s'abimer des mains qui lui servent aussi pour son travail d'écrivain. Comme il le précise en citant Roger Judrin (p. 112) le vrai rival de soi n'est pas un autre. Et puis le style "Holder" est là, impeccable, avec des phrases qu'il peut avoir besoin de peaufiner des jours durant jusqu'à obtenir un assemblage impeccable taillé au cordeau.
Bella ciao est aussi le titre d'une chanson très connue, très fredonnée, dont vous ignorez peut-être qu'elle porte le symbole de la Résistance italienne dans sa lutte contre le fascisme. Voici la version très "enlevée" de Thomas Fersen :
Bella ciao, d'Eric Holder, éd. du Seuil, 148 p., 16 €.
j'ai lu aussi ce roman en novembre dernier mais je n'ai pas pris le temps de le chroniquer... peut-être parce qu'il m'a un peu déçue ? je l'ai trouvé un petit peu baclé...
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