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La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

lundi 31 mai 2010

Disparition de Louise Bourgeois



Fin des aventures de LOUISE LA MALICE



C'était en avril 2008. Je m'étais fait violence pour aller au Centre Pompidou ce soir-là. Il faisait gris. Il faisait froid. Je ne pouvais pas me décommander : la visite commentée de l'exposition d'une artiste (vivante et en activité) française de renommée internationale, cela ne se loupe pas.

Je m'attendais à être choquée. J'avais été bouleversée. Parce qu'on n'a pas besoin d'être grandement compétente en histoire de l'art ou de la psychanalyse, ce que je ne suis pas, pour réaliser qu'on déambulait parmi des œuvres majeures. A commencer par cette araignée géante qui donnait l'illusion de s'emmêler les pinceaux...

Quelques axes récurrents étaient déclinés à l'envie : la maison qui est aussi la famille, la mère qui est aussi le travail, le père qui est aussi la violence.

On accédait à l'exposition en empruntant les escalators des coursives (en rouge sur la photo). La vue magnifique sur les toits de Paris est la première récompense. On peut regretter de n'y avoir accès que si on possède le billet d'entrée pour une exposition, ce qui restreint l'accès aux simples touristes.

Le parcours de visite ne respectait pas strictement la chronologie. Il avait été conçu pour permettre d'accéder progressivement à l'univers de l'artiste. On découvrait d'abord la première maison. C'était celle de Choisy-le-Roi où ses parents tenaient une entreprise de restauration de tapisseries anciennes. Elle était représentée comme la maquette d'un palais, avec finesse, sculptée dans le marbre (dans les années 90) , enclose derrière un grillage qui contrastait avec la pureté et la blancheur de la pierre. C'était la maison de l'enfance. L'enseigne métallique "Aux vieilles tapisseries" désignait aussi le lieu de travail. Louise y avait fait ses premiers dessins professionnels en remplaçant à 11 ans un ouvrier. Elle dessinait alors les parties manquantes de tapisseries, se spécialisant dans les jambes et les pieds. C'était l'endroit où elle avait été confrontée à la trahison (celle de son père trompant sa mère avec sa nurse). C'était aussi une certaine vision de son pays tout entier, la France, dont l'emblème terrible est la guillotine qui ferme un des côtés de l'œuvre.

Louise Bourgeois, on l'aura deviné, affectionnait les contrastes et ne reculait pas devant les paradoxes. Elle dépassait ses souffrances au moyen d'une production artistique intense qui permet la sublimation. L'art était devenu très vite pour Louise Bourgeois un gage de maintien de la santé mentale. Elle travaillait sans cesse, comme une "abeille ouvrière", et notait sans relâche dans des carnets ses pensées en expliquant le trajet de son œuvre de création.

Jeune adulte, elle avait fait des études artistiques. A 25 ans, en 1936, elle quittait ses parents, louait un appartement dans un immeuble où André Breton avait sa galerie et où se trouvait aussi un atelier de fabrique de prothèses, ce qui la marquera sans aucun doute. Deux ans plus tard elle exposait déjà dans la galerie de tapisseries de son père, y rencontrait l'historien d'art américain Robert Goldwater, l'épousait, adoptait un orphelin français de 3 ans et partait s'installer à New-York. Le mal du pays l'a conduite à sculpter ce qu'elle appellait "personnages", véritables totems sculptés dans des troncs de séquoia à la lame de rasoir, inspirés de l'art primitif .

Parfois une touche de blanc virginal ou de bleu mystique suggèrent le féminin ou le masculin. Certaines œuvres, comme la mère et ses trois fils me font penser à d'énormes aiguilles percées de "chats". On ne peut s'empêcher de faire le lien entre leur forme et l'aiguille à tapisserie, remarquer que l'artiste a eu trois garçons et faire un jeu de mots entre fils et fil.

Elle appréciait l'action physique de la sculpture. Elle a dit : il faut abandonner le passé tous les jours ou bien l'accepter. Et si on n'y arrive pas,on devient sculpteur. Cependant, elle dessineait également, ce qu'elle désignait sous le nom de pensées-plumes.

Son fils, Jean-Louis, nait en 1940. Elle continue de travailler, rencontre Calder, Marcel Duchamp, le Corbusier, Joan Miro, qui exerceront probablement chacun une influence. Dans les années 60, elle a 50 ans et n'a pas encore produit l'essentiel de son oeuvre ... Elle expérimente le plâtre, le latex ... et produit des œuvres qui incitent à la comparaison avec une artiste plus jeune, qui commence à faire parler d'elle, Niki de Saint-Phalle qui imagine avec son mari Jean Tinguely la fontaine Stravinsky, installée sur le côté du Centre Pompidou, quoique les réalisations de Niki laissent moins voir la souffrance de leur auteur du fait de l'abondance des couleurs.

Louise a aussi beaucoup dessiné. Comme par exemple des tourbillons au pastel blanc sur du papier rouge en 1968, une œuvre sans titre sur laquelle nous pouvons projeter nos souvenirs de cette année-là, ou la rage de tout enfant submergé par la colère, à moins que l'on pense à la sensation du vent ébouriffant ses cheveux alors qu'elle travaillait en plein air dans son atelier new-yorkais, installé sur le toit d'un gratte-ciel.

Dans les années 90, Louise Bourgeois va exorciser un travail de mémoire en enfermant des objets dans des chambres demi-closes, sorte de lieux où se conjuguent magie et tragédie. Ses installations deviennent alors de plus en plus théâtrales.

Avec même l'emploi de véritables portes de théâtre new-yorkais. Je devrais dire "le recyclage", parce que Louise Bourgeois utilisait divers objets comme l'ont fait bien des artistes de l'art brut. Mais avec elle, les objets détournés avaient tous un lien avec sa propre histoire, et singulièrement son enfance. Elle va régler ses comptes avec le père, puis la mère. Il est amusant de remarquer à ce propos qu'elle se situait vraiment entre les deux en commençant systématiquement toute interview par : je m'appelle Louise Joséphine Bourgeois, ce qui prend un sens particulier si on observe que Louis est le prénom de son père (qu'elle transmettra pour partie son fils ...), Joséphine celui de sa mère, et qu'elle n'a jamais pris le nom de son mari.

Elle utilisa beaucoup la couleur rouge qui renvoie au festin cannibale. Mais qui est aussi la couleur du théâtre. Elle écrivait : "la couleur est plus forte que le langage (...) La couleur rouge est une affirmation à n'importe quel prix -sans se soucier des dangers du combat, de contradiction, d'agression. Elle est représentative de l'intensité de l'émotion éprouvée".

Son œuvre oscillait en permanence entre horreur et humour. Comment interpréter autrement cette installation de 1996 ? A la fois légère (la soie des vêtements bouge au moindre souffle) et macabre (ce sont de véritables clavicules de bœuf qui servent de porte-manteaux). La structure est un porte-bobines comme ceux d'un atelier de tapisseries. Au pied du socle on pouvait lire, en lettres capitales une suite d'indices qui résumait toute son enfance :

couturiere
maitresse
detresse
stress


A la fin des années 90 surgissent des araignées de plus en plus monumentales. La plus grande, de 9 mètres d'envergure, campera dans le jardin des Tuileries jusqu'au 2 juin.


Cette fois c'est clairement la figure maternelle qui nous était montrée, qui tissait, qui emprisonnait ... C'est un animal qui ne cesse jamais de sécréter son fil, une protéine de soie au demeurant si solide (plus résistante que l'acier) que la recherche médicale s'en empare pour la fabrication de valves cardiaques et que l'armée s'y intéresse pour concevoir de nouveaux gilets pare-balles.

Louise Bourgeois va aussi créer des poupées, toutes sortes de têtes et de figures rembourrées, composant des personnages plus ou moins hystériques et abimés, rappelant encore la lutte de l'artiste pour conjurer les traumatismes et lutter contre la dépression.

Ces dernières années Louise Bourgeois a surtout dessiné. L'exposition de 2008 s'achèvait avec 47 dessins encadrés sur le thème inaltérable du tissage, tous sobrement signés LB, disposés alternativement à la verticale ou à l'horizontale, composant une métaphore supplémentaire à la toile composée de fils de chaine et de trame. A-t-elle pu se tromper en écrivant le titre "tous les cinque", traduit tous les cinq (elle, son mari, ses trois garçons) ou a-t-elle fait une référence peu lisible à l'italien ? Un regard attentif repère des coulures blanches de typex sur quelques traits de couleur, ce produit utilisé par les correcteurs d'erreurs typographiques ...

Ce qui émanait de l'exposition c'était l'incroyable vitalité de Louise Bourgeois. Une femme qui, à 96 ans, produisait toujours et qui tenait salon chaque dimanche, prodiguant des conseils éclairés à de jeunes artistes. C'était quelqu'un qui forçait le respect. Les immenses portraits photographiques étaient étonnants parce que son visage, marqué naturellement par les années, était resté souriant et beau, sans aucun recours à la chirurgie esthétique.

C'est une artiste qui a autant été animée par la souffrance de l'enfance qu'elle a été propulsée par le bonheur de l'âge adulte. Tout demeurait double en elle : elle sculptait comme un homme, elle cousait comme une femme, elle était à cheval entre les deux cultures française et américaine. Elle offrait une œuvre en noir et rouge. Le terme anglais exhibition aurait mieux convenu au mot français exposition.

Inaltérable, surprenante, inclassable. Tous les adjectifs qu'on convoquait pour la qualifier étaient impropres. Parce qu'elle était inqualifiable, radicalement différente. C'est pourquoi on a raison de la considérer comme une artiste majeure. Et surtout de l'apprécier ... en l'approchant avec simplicité, les mains tendues.

Ces dernières années les mains ont pris une symbolique à plusieurs titres, nettement décryptable au quatrième étage du Centre Pompidou où se tenait une petite exposition complémentaire. Les mains sont les premiers outils de travail de l'artiste. Celles qui tissent, qui cousent, qui dessinent, qui tiennent les ciseaux (même nom pour l'outil du sculpteur et celui de la couturière ...), qui caressent l'enfant et qui se tendaient chaque matin vers Jerry Gorovoy, l'assistant et l'ami qui apparaissait chaque matin vers 10 heures. Une venue qu'elle a célèbrée en imprimant sur du papier à musique ses bras recouverts de peinture rouge et en réalisant une série de gravures rehaussées à la gouache rouge : 10 AM WHEN YOU COME.

Mes yeux s'étaient écarquillés sur un poème :

I had gone back to
Antony with my children
to see the house where I had grown up
and where the river Bièvre flowed
through the backyard.
But the river was gone.
Only the trees that my father had planted
along its edge
remained as witness.
J'avais découvert avec stupéfaction cette Ode à la Bièvre, composée en 2002, accompagnée d'une sorte de série de "dessins textiles", à partir de tissus découpés puis brodés qui auraient pu être reliés en un livre étant donné les 4 anneaux apparents sur le côté. La surprise ne tenait pas tant à ce patchwork délicat aux motifs abstraits qu'au fait que je connais la Bièvre, qui coule à côté de chez moi, et dont je savais la réputation historique (le fort taux de tanin de la Bièvre était bon pour les travaux sur la laine et aidait à fixer les colorants).

Je suis revenue à Antony avec mes enfants pour revoir la maison où j’ai grandie et la rivière qui traversait le jardin. Mais la rivière avait disparu. Ne restaient que les arbres que mon père avait plantés sur ses rives, demeurant là comme uniques témoins.

On m’a raconté qu’autrefois la Bièvre était une jolie rivière. Devenue un égout au 19ème siècle, elle a été, depuis, enfermée dans un tuyau et enterrée. Sous l'impulsion notamment d'élus de Verrières-le-Buisson, elle a été récemment réhabilitée sur le territoire des Yvelines et de l'Essonne, … jusqu'à l'entrée d'Antony.

On ne peut que souhaiter le prolongement de cette action sur Antony, avec le réaménagement des abords de ses affluents, permettant à la maison de la famille Bourgeois, 11 avenue de la Division Leclerc, (en plein centre ville, face au cinéma le Sélect) de retrouver les bords de sa rivière.

La fondation italienne Emilio-e-Annabianca-Vedova préparait à Venise une exposition d'œuvres inédites de l'artiste intitulée "Louise Bourgeois. The Fabric Works" sur laquelle elle est intervenue activement, jusqu'à il y a deux jours. L'inauguration était programmée pour vendredi.

vendredi 28 mai 2010

Tout savoir (ou presque) de la soirée de remise du Grand Prix des Lectrices de ELLE

Je suis totalement bluffée par Sandra, la très active bloggeuse de In the mood of cinema à qui je décerne sans aucune réserve le grand prix du compte-rendu de la soirée.

Allez lire son reportage sur son blog (en cliquant sur son prénom à la fin de ce billet). Enrichi de photos, de petits films ... vous aurez le sentiment d'avoir été parmi nous. Je reviendrai sur ces moments mais je peux, grâce à son superbe travail, m'accorder un peu de temps en toute sérénité.

Merci infiniment Sandra.

mercredi 26 mai 2010

Les gagnants du Prix 2010 des Lectrices de ELLE

L'annonce vient d'avoir lieu dans les Salons France-Amériques :




Catégorie Document :

L'homme qui m'aimait tout bas d'Eric Fottorino, Gallimard







Catégorie Policier :

Les visages de Jesse Kellerman chez Sonatine





Catégorie Roman :


Ce que je sais de Véra Candida de Véronique Ovaldé,
à l'Olivier




On remarquera que les trios que j'avais annoncé avant-hier comportaient deux lauréats. Bientôt compte-rendu du débat avec les auteurs lauréats et invités et de cette soirée mémorable.

lundi 24 mai 2010

Mes votes pour le Prix des lectrices de ELLE

Je ne vais pas faire semblant de faire des pronostics ... je sais qui va recevoir un Prix mercredi soir mais je vais honnêtement vous dire quels sont les trois livres auxquels j'ai attribué les meilleures notes dans chaque catégorie.

Catégorie Document :

L'homme qui m'aimait tout bas d'Eric Fottorino, Gallimard

Les enfants de Staline d'Owen Matthews chez Belfond

Lila, Etre esclave en France et en mourir par Dominique Torrès et J-Marie Pontaut, chez Fayard



Catégorie Policier :
Un pied au paradis de Ron Rash, Editions du Masque

Epouses et assassins de Kwei Quarty chez Payot

Fakirs d'Antonin Varenne
, chez Viviane Hamy


Catégorie Roman :
L'année brouillard de Michelle Richmond chez Buchet-Chastel

Mausolée de Rouja Lazarova chez Flammarion

Ce que je sais de Véra Candida de Véronique Ovaldé, à l'Olivier



Je me réjouis de faire connaissance avec les autres jurés-bloggeuses en début d'après-midi puisque nous avons prévu de nous retrouver avant le débat avec les auteurs, lequel précédera lui-même l'annonce officielle.

Les noms des gagnants seront publiés sur le blog dès mercredi 19 heures 30.

samedi 22 mai 2010

Coaching gastronomique : un métier à inventer

J'étais invitée ce midi dans ce qui m'avait été annoncé comme une excellente table des Yvelines, un restaurant spécialisé dans les poissons. Frédéric Berqué m'avait tant mis l'eau à la bouche avec sa Cuisine à bâbord (cf. billet de mercredi) que c'était vraiment le type de restaurant dont la carte allait me réjouir.

La déception a été constante tout au long du repas, tant du côté de mon assiette que de celle de mon hôte. Je ne donnerai pas le nom et l'adresse de l'endroit parce que "casser" n'est pas ma philosophie, que les produits étaient de bonne qualité et le service aimable (sans plus néanmoins). Si le prix du menu était divisé par deux j'aurais même pu applaudir gentiment.

Mais je ne vais tout de même pas jeter la serviette sans broncher !

Ayant annoncé que j'écrirai peut-être un billet pour le blog (je ne prends jamais un commerçant, un restaurant ou quiconque en traitre) j'avais eu l'autorisation de photographier chaque plat. En les regardant estomac reposé je me suis dit qu'il s'en était fallu de peu pour que chaque plat soit une réussite. D'où l'idée d'un relooking un peu particulier sans me prendre pour Gordon Ramsay parce qu'il suffirait d'un peu d'imagination pour que l'endroit soit parfait. Il l'était d'ailleurs il ya quelques mois.
Commençons par la désormais traditionnelle mise en bouche. On annonce un caviar de hareng, en clair des oeufs de harengs. C'est bon mais servi vraiment chichement. La photo (truquée) de droite est plus appétissante. Le poivre est trop prononcé et il manque un feuilleté pour apprécier la Chantilly.
Une des entrées consistait en un tartare de bar aux légumes croquants. Mais pourquoi donc le présenter dans une telle assiette ? Le conseil : jouer à fond la diversité et annoncer un trio de tartare avec chacun un poisson différent.

Parce que trois portions identiques comme celle-ci n'a pas de sens.

D'accord pour des légumes croquants, mais pas crus, surtout quand il s'agit de poivrons. On pourrait les attendrir par une brève cuisson vapeur. Et puis oser fenouil, artichaut ...

L'entrée que j'avais choisie était un dos de cabillaud avec une mousse de coco et ananas rôti.

Très belle présentation, même si je reprocherais qu'il y ait encore une Chantilly. L'ananas était fondant à souhait. La mousse légère et parfumée. Le poisson parfaitement cuit mais un peu fade et assez "ridicule" tout juste posé avec sa peau sur l'assiette. Je le verrais plutôt recouvert d'une sorte de croute épicée.Passons au plat principal.
Ce filet de daurade est lui aussi posé sans manière dans l'assiette comme son frère cabillaud l'était précédemment. Le même trait de caramel balsamique souligne le bord de l'assiette. La présence de la salade de roquette est injustifiée et la purée de chou-fleur a ... un goût de chou-fleur.
On me prévient que les gambas sont décortiquées. Bravo , mais le travail n'est pas terminé et les crustacés sont fermes, très fermes. Le beurre fondu est bienvenu pour les accommoder, mais il ne s'accorde pas avec le risotto aux fèves. D'ailleurs pourquoi servir un tel risotto ? Les fèves ont vraisemblablement été broyées. Si le but était d'obtenir la couleur verte il y avait d'autres légumes ou herbes aromatiques à privilégier.

Les desserts seront-ils plus inventifs ?

La Tatin de nectarines est une pâte sablée surmontée de fruits qui ont été passés sous le grill. elle est donc "façon" Tatin. Et voici encore de la Chantilly. Quant au sorbet de fraises, on n'en comprend encore une fois pas l'intérêt. Les cuisiniers devraient comprendre que juxtaposer n'est pas synonyme d'accorder.


Le soufflé au chocolat était recouvert d'une généreuse couche de sucre glace que je me suis pris dans les narines en soufflant sur ma cuillerée pour la refroidir.
Le bouquet de menthe était inesthétiquement enfoncé dans la croute mais je reconnais que les deux saveurs s'accordaient.

Par contre la tuile à l'orange était une fausse note et bien trop grasse. Elle n'avait rien à faire sur la cassolette de sorbet cacao. Le sorbet lui-même ne relevait pas le plat. Une glace au lait d'amande aurait eu plus d'intérêt. Ou un sorbet pêche blanche qui n'aurait pas été trahi par la menthe.

Le café était accompagné d'un minuscule blini, d'une verrine de fromage blanc au citron (le nom était plus savant) à boire à la paille, et d'un tout petit financier aux noisettes. L'appareil photo n'a pas été activé pour immortaliser l'instant. Le café avait le mérite d'être servi "gourmand" mais ces petites choses n'ayant rien d'exceptionnel le client s'en trouve déçu.

On peut me trouver sévère en voyant les photos, mais ce ne sont que des photos et il ne faut pas oublier que le prix était TRES élevé. Et surtout que l'important n'est pas l'assiette (pour cela elles sont jolies les assiettes !) mais ce qui est dans l'assiette.

Le but est double : faire réfléchir le chef (à qui je vais envoyer le billet) qui dispose à mon avis d'un potentiel pour reconquérir le titre de meilleure table de la région ou qui devra songer à changer ses tarifs. La salle était d'ailleurs clairsemée, ce qui est peut-être un indicateur.

Et puis donner aux lecteurs des idées d'associations à partir de poissons. Enfin il faudrait qu'on soit davantage courageux en osant répondre la vérité au serveur qui demande systématiquement : cela a été messieurs-dames ? en desservant.

vendredi 21 mai 2010

La ronde du carré de Dimitris Dimitriatis, mis en scène par Corsetti au théâtre de l'odéon

Un, deux, trois, quatre couples en crise.
Les protagonistes jouent la scène de la rupture une première fois devant une salle qui assiste en toute impuissance à des échanges plutôt violents.

Et puis voilà qu'ils recommencent, sans vraiment remettre les pendules à zéro parce que chaque histoire s'accélère. Les changements de décor s'orchestrent un peu plus vite, enfermant de plus en plus les personnages.

Quand c'est fini, çà recommence sans délai, sans entracte, comme un manège qui s'emballe. La métaphore du titre devient limpide : c'est que cela ne tourne sérieusement pas rond dans aucune des quatre situations amoureuses.

Jusqu'au bout, les couples qui sont parfois des trios, seront pareils à ces insectes qui cherchent inlassablement l'issue du vivarium sans jamais la trouver.
C'est violent. C'est tragique. Mais c'est aussi comique et diablement intelligent tant du côté de la mise en scène que de la scénographie. Les comédiens sont tous parfaitement à l'aise dans chacune des facettes successives de leurs personnages. On se demande comment ils font pour ne pas s'emmêler dans leurs répliques. D'autant qu'ils ne sont que huit pour incarner onze personnages et que les changements se font presque à vue en un clin d'œil.

La presse fait référence à l'image du Rubik's cube probablement parce que hommes et femmes portent des noms de couleur et parce que que le décor ressemble à une boite qui se plie et se déplie à l'envie. Sans doute aussi parce qu'on n'en a jamais terminé avec l'histoire qui se répète à l'infini, à l'instar de ce jeu de patience qu'on ne parvient plus à reconfigurer dans sa position initiale une fois qu'on en a détruit l'ordonnancement.

J'ai pensé surtout au mythe de Sisyphe, avec son implacable conclusion : les lettres du mot C.O.N.T.I.N.U.E. glissent sur le pan incliné du décor entrainant les comédiens à la limite extrême du bord du plateau.

On songe aussi à Arthur Schnitzler et sa Ronde. Mais également à Feydeau qui vient de trouver son maitre en Dimitris Dimitriatis en matière de dissection des relations amoureuses. Quand on croit avoir compris tout de la relation les rapports dominant-dominé se renversent soudain. Claudine Galéa a traduit la pièce en balisant son travail des mots-thèmes euphorie, danger, férocité, ambivalence, radicalité, instabilité, frime, perversion, angoisse, oscillation, enfermement et farce. Elle affirme avoir effectué de bout en bout un travail jubilatoire.

Jubilation partagée !

La ronde du carré de Dimitris Dimitriadis
Mise en scène de Giorgio Barberio Corsetti, Traduction de Claudine Galéa

Avec Julien Allouf, Anne Alvaro, Bruno Boulzaguet, Cécile Bournay, Luc-Antoine Diquéro, Maud Le Grevellec, Christophe Maltot, Laurent Pigeonnat

Du mardi au samedi à 20h, dimanche à 15h - Odéon, théâtre de l'Europe, Place de l'Odéon, 75006 Paris - Renseignements : 01.44.85.40.40

jeudi 20 mai 2010

Retour d'exil d'une femme recherchée d'Hélène Castel

Voilà le dernier livre dont je vais parler en tant que membre du jury des lectrices de ELLE. Mais ce ne sera pas le dernier billet sur le Prix puisqu'il y aura l'annonce des lauréats très bientôt, exactement mercredi prochain (je sais tout mais je ne dirai rien !!!!!). Concourant dans la catégorie Document. Cet ouvrage préfacé par la célèbre Nancy Huston m'avait laissé augurer une lecture passionnante. Le témoignage mérite d'être lu mais je ne dirais pas qu'il est écrit de manière éblouissante.

L’actualité interroge sur la question de la prescription alors qu’un célèbre cinéaste, Roman Polanski, essaie de se soustraire à la justice, au motif que les faits reprochés appartiennent à l‘histoire ancienne et que la victime a déjà été indemnisée.

Le livre d’Hélène Castel a surgi comme une réponse ; la préface de Nancy Huston donnait le ton : Hélène Castel est une erreur, une merveilleuse erreur. L’oxymore n’est pas superflu. Car cette arrestation qui finalement aurait pu ne jamais avoir lieu permet en fin de compte à cette femme de retrouver l’identité qu’elle a abandonnée.

L’affaire est orchestrée par la police et les médias, superposant l’image d’une terroriste à celle d’une thérapeute stable offrant un soutien actif à ses patients. C’est aussi une femme forte, intelligente, capable de remise en cause, et surtout de mettre du sens à ce qui lui tombe sur la tête.

Ce n’est pas la prison qui favorise ce travail, surtout la prison française, abrutissante, synonyme de déchéance et contraignant au blindage. Quelle force de caractère, quelle intelligence il faut avoir pu conserver intactes pour arriver au procès en ayant encore une possible défense, au moment d’entrer mal nourrie, mal lavée et mal reposée, et puiser dans le bagage intellectuel qui subsiste les mots qui feront la différence. Car alors seuls les mots peuvent sauver.

La prison accule au bilan et sera l’occasion d’une forme de résurrection. Sans l’épreuve du jugement Hélène Castel serait restée à jamais coupable. La voici de nouveau réellement libre, et sans doute grandie.

Son épreuve aurait pu se dérouler dans une clandestinité comparable à ce qu’était sa seconde vie, au Mexique ; elle fait le choix de l’exposer, de l’analyser et d’en tirer toutes les leçons. Son livre est comme un cadeau à tous ceux qui croiraient qu’il soit préférable d’échapper à son destin.

Plus récemment j'ai vu le film de Jacques Audiard, Un prophète, qui témoigne d'une autre facette de la violence de l'univers carcéral, surtout quand on n'a pas comme Hélène Castel, les mots pour mettre du sens là où il n'y en a pas.

Retour d'exil d'une femme recherchée d'Hélène Castel, au Seuil

mercredi 19 mai 2010

Effilochée de lieu jaune à la mode de Toscane

D'accord le titre est ronflant mais cela m'est venu en cherchant un nom qui sonne l'Italie. La faute à Frédéric Berqué dont les très belles photos de sa Cuisine à bâbord m'ont fait un peu divaguer.

J'ai reçu ce dernier-né de la collection Toquades de First éditions hier soir dans le cadre du partenariat engagé avec Babelio et j'étais aux fourneaux dès aujourd'hui. Non pas pour exécuter une recette mais pour laisser libre cours à mes propres envies.

Je vous explique pourquoi : ce livre m'a tout d'abord enthousiasmée parce que je me sens toujours un peu coupable de ne pas manger assez souvent de poisson. Je trouve ce type de plat difficile à réussir. Je dois ce que je sais à ma grand-mère qui était davantage familière des abats, escargots et autres plats bourguignons en sauce. Préparer un poisson ne m'est donc pas "naturel".

Ce fut la déception dans un second temps car il n'y a rien de très original dans les propositions de Frédéric Berqué. Qu'à cela ne tienne je me suis lancée dans une version tribord. Et c'est là que ce livre est finalement une valeur sûre. Parce qu'il présente tout l'éventail des déclinaisons faciles et classiques qu'on peut souhaiter faire avec poisson et fruits de mer. Et c'est ce type de livre qui manque trop souvent sur nos étagères. Avec Cuisine à bâbord vous garantissez la réussite de votre diner.

Voici donc la version tribord du mille-feuille de cabillaud à l'écrasé de pomme de terre de la page 48.
Ce que j'ai gardé : les pommes de terre, cuites avec leur peau, épluchées encore chaudes et écrasées à la fourchette avec huile d'olive et basilic. et puis le principe de la présentation en utilisant un emporte-pièce rond garni d'écrasé de pomme de terre mais sur 2 cm seulement de hauteur et surmonté de morceaux de poisson émiettés chauds.

Ce que j'ai ajouté : une purée de brocolis, que j'ai intercalée sur deux autres centimètres entre pomme de terre et poisson; une décoration avec une cuillerée à café d'un confit de citron au gingembre, une tomate cerise caramélisée (deux cuillères à soupe de sucre dans une poêle chaude et le tour est joué) et une olive noire.

Ce que j'ai changé : j'ai préféré du lieu jaune, beaucoup moins cher et tout autant goûteux.

J'ai servi avec une salade verte mélangée avec quelques feuilles de roquette pour apporter un peu d'acidité et un jus de tomate jaune pour surprendre les convives avec un peu de douceur.

Le citron confit au gingembre est un des produits-phares du Coq noir, une société familiale née de la culture malgache et réunionnaise, installée à L’Ile la Sorgue (84800) dont la devise est "cuisine facile pour cuisine gourmande".

J'ai découvert les jus et nectars de fruits d'Alain Milliat il y a presque deux ans au Murano, le temps d'un brunch d'exception que j'ai raconté dans le détail ici. Hélas, ce fournisseur, qui a démarré dans les années 90 au pied des Pyrénées, a ensuite été rayé de leur carte. Imaginez ma joie quand j'ai vu l'alignement des petites bouteilles à Nancy dans le frigo de l'Epicerie du goût qui distribue aussi le citron confit.

Épicerie du Goût, 4 place Vaudémont (juste derrière la place Stanislas) - 54000 Nancy 03 83 20 28 21

mardi 18 mai 2010

Les enfants de Staline d'Owen Matthews

On nous avait promis une année russe. Elle a été surprenante en théâtre avec la venue en France de la troupe Kolyada qui a présenté particulièrement un Hamlet revu et corrigé qui a réussi à nous faire rire avant de nous tirer les larmes.

Elle est extrêmement riche en littérature. Après Ce que je sais de Marina Marinova, Mausolée de Rouja Lazarova , les Enfants de Staline composent une nouvelle saga qui nous prend les tripes et nous transporte. Encore une saga certes, mais sans être une saga de trop. Les secrets de l’histoire du communisme commencent à éclater au grand jour mais chacun ayant sa manière d’écrire nous entrevoyons cette période trouble sous des faisceaux croisés et c’est totalement passionnant.

Être fidèle à la petite histoire en respectant la grande est un art qu’Owen Matthews maitrise déjà alors qu’il signe son premier ouvrage. A la fois roman et documentaire, le genre est peut-être plus plaisant à lire, permettant d’entrevoir le positif derrière un terrible destin qui ne parvient jamais à couper l’insatiable appétit de vivre.

D'autres jurés ont des avis très positifs, comme Flora de l'Attrape-livres qui s'est passionnée pour cette biographie familiale.

Les Enfants de Staline vont devenir un incontournable pour quiconque voudra comprendre ce qui a pu se passer, et surtout le comment du pourquoi. C’est un livre à lire et à relire.


Les enfants de Staline d'Owen Matthews

lundi 17 mai 2010

Les visages et Le touriste, deux romans policiers qui ne furent pas mes préférés

Deux chroniques pour le prix d'un seul billet aujourd'hui : ces deux romans policiers, lus dans le cadre du Prix des lectrices de ELLE, ne m'ont pas réellement enthousiasmée.

Avec Les visages Jesse Kellerman a composé un cocktail très apéritif en situant l’intrigue dans le milieu artistique newyorkais. Il y fait se rencontrer un très riche galeriste et une jeune femme désargentée, fille d’un policier prématurément décédé. L’ingrédient principal est un artiste probablement psychopathe qui pourrait aussi être un tueur en série d’enfants violés.

A l’instar d’un vrai Manhattan (4 centilitres de whisky, 2 centilitres de vermouth rouge, 1 trait de bitter angostura et une cerise pour décorer) certains passages assomment le lecteur alors que le récit devient soudain plus léger à d’autres moments.

Jesse Kellerman est hanté par le 11 septembre. Il abuse des ellipses et des allusions pour initiés. Il s’amuse en faisant dire à un personnage qu’il connait le père de l’autre après l’avoir « googlisé », joli trait de plume. Sauf que le lecteur doit lui aussi googliser à tout va pour comprendre les références artistiques qui truffent le bouquin. J’aurais apprécié quelques notes de bas de page m’expliquant quelle sorte d’artiste étaient par exemple Julian Snabel ou Richard Serra, pour ne citer qu’eux, plutôt que de devoir toutes les 50 pages interrompre la lecture et faire des recherches personnelles.

Certes le roman n’est pas « que » policier. C’est aussi une leçon d’histoire et un drame familial autour de la question de la filiation. On pourrait dire que c’est « encore » une leçon d’histoire et un drame familial autour de la question de la filiation. Après l'Homme qui m'aimait tout bas d'Eric Fottorino, le Sens de la famille de Homes, un Amour exclusif de Johanna Adorjan, les Enfants de Staline, le Testament caché, les Saisons de la solitude ... je commence sincèrement à avoir envie de lire autre chose. Je suis probablement trop critique mais je n’ai pas éprouvé de véritable plaisir de lecture. Armande fait aussi une analyse en demi-teinte. Mais j'ai lu des articles plus enthousiastes.

En refermant Le Touriste d'Olen Steinhauer j'avais intégré tout ce que le métier d’agent secret a de compliqué et de déstabilisant. Impossible de douter de l’existence de ces touristes d’un genre très particulier après cette lecture qui semble avoir infiltré les multiples réseaux d’influence et de contre-influence.

Il y a quelques jolies pages un peu nostalgiques, à l’instar de la description des grands aéroports (page 123) et les personnages sont diversement attachants. Trahisons, manipulations … la trame est si complexe que j’en ai souvent perdu le fil.

Je n’étais apparemment pas la seule. Fitzhugh avoue (page 185) « là je n’y comprends foutrement plus rien ». Et plus loin (page 249) James Einer déclare n’avoir « aucune prétention à comprendre ce qui se passe ».

Je suis un peu ironique mais il est agaçant de mesurer combien la politique internationale échappe complètement au quidam que nous sommes. Ce ne serait rien s’il n’y avait des vies humaines en jeu. Dans ce roman qui se fonde sur des faits tristement réels il y a une juste mesure d’humour qui permet de digérer les évènements et de ne pas renoncer. Il n’empêche que le fond de réalité qui reste toujours sous-jacent est plutôt oppressant.


Les visages
, de Jesse Kellerman, chez Sonatine
Le touriste d'Olen Steinhauer, éditions Liana Levi

dimanche 16 mai 2010

Trio de tentations autour d'un confit de lait de brebis

Tout m'intriguait : ce petit pot rond estampillé d'une étiquette aux couleurs insolites (le bleu et le rose figurent rarement sur une étiquette alimentaire). L'intitulé aussi : confit de lait de brebis au gingembre et au clou de girofle ... d'autant que je ne suis pas fan de la confiture de lait que je trouve plutôt écœurante.

Ce produit est référencé par l'Épicerie du Goût, nouvellement ouverte à Nancy. Alors, forcément, cela méritait qu'on en ouvre un pot. Ma main a hésité avec d'autres variantes : fève de Tonka, géranium, thé matcha, violette mais je suis restée sur ma première impression.

Ce fut une vraie découverte. Mes papilles ont été séduites par la délicatesse des parfums, présents dans la douceur,. Mon palais a apprécié l'onctuosité d'une pâte légère, point trop sucrée, qui se tartine sans plus d'effort qu'une caresse.

J'ai eu envie d'imaginer, non pas cette fois des bouchées apéritives comme les jours précédents mais une déclinaison sucrée à déguster en fin de repas, ou pour un five o'clock un peu sophistiqué. Il est trop tard pour venir déguster le résultat à la maison puisqu'il ne subsiste pas une miette de mes petite créations. Mais je vous donne la marche à suivre, qui est plutôt facile car tout se prépare à l'avance en parallèle de manière à pouvoir servir ces trois desserts simultanément.

Pour la dégustation on commencera par la roulade : du confit tartiné sur du pain pita et recouvert d'un mélange de fromage (j'ai pris un chèvre frais, mais un fromage frais de brebis aurait mieux convenu cela va de soi) allongé de crème et parfumé de cardamone en poudre.

On poursuivra avec deux mini-tatins : de la pâte sablée découpée avec un emporte-pièce en forme de fleur et cuite au four quelques minutes. Une fois les disques refroidis on les recouvre d'une couche de confit et on pose ensuite une rondelle d'ananas préalablement poêlée dans de la vergeoise pour la caraméliser (c'est encore meilleur en parfumant le caramel avec un hachis de gingembre frais). Il n'y a plus qu'à ajouter une framboise pour la couleur et l'acidité.

On terminera par une verrine de glace au citron avec une demi-cigarette fourrée de confit. La cigarette pourra avoir été faite maison avec un disque de pâte sablé roulé sur un manche en bois à la sortie du four.

Les noms sont plutôt quelconques mais l'ensemble est assez surprenant pour qu'il ne soit pas nécessaire d'inventer des intitulés originaux.

Le plus difficile est de se procurer le produit de base, ce fameux confit de lait de brebis au gingembre et à la girofle. Soit vous allez au Sud en Lozère dans la ferme des Mille pattes qui confectionne cette spécialité.

Soit vous vous rendez à l'Est, à Nancy, où l'Epicerie du goût la distribue dans ses rayons avec d'autres parfums tout aussi étonnants.

Soit encore vous attendez le prochain Salon de l'agriculture ...

Et puis si la réalisation d'une recette vous semble compliquée n'oubliez pas que c'est déjà délicieux nature sur un pain grillé.

Ferme découverte des Mille Pattes, Salvinsac, 48150 Meyrueis tel 04 66 45 44 31
Épicerie du Goût, 4 place Vaudémont
(juste derrière la place Stanislas) - 54000 Nancy 03 83 20 28 21

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