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La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

dimanche 28 novembre 2010

Pain à l'épeautre et aux graines de courge

Les courges sont de merveilleux légumes avec lesquels on peut cuisiner des plats très parfumés.

J'avais proposé un crumble et un potage il y a deux ans.

Cet été j'ai découvert les graines de courge, un délice quand on les sert caramélisées à l'apéritif. Cette fois je les ai simplement associées à une pâte à pain.

On obtient quelque chose qui se situe entre le pain et la brioche.

On met dans l'ordre dans la cuve de sa machine à pain :
300 ml d'eau
1 cuillerée à soupe d'huile d'olive
1 cuillerée à soupe de sucre
1 cuillerée à café de sel
350 grammes de farine spéciale pain de type 55
150 grammes de farine d'épeautre type campagne T80
1 sachet de levure boulangère spéciale pains
programme pain normal

Au bip on ajoute 3 cuillères à soupe de graines de courge

Autres recettes de pain sur le blog en 2009 : le 3 avril (pain des écureuils gourmets et gourmands), 7 avril (banane, sirop d'érable et noix de pécan), 13 avril (garrimande, pain aux saveurs méditerranéennes), 15 avril (brioche), 18 avril (pain de seigle aux noix), 20 avril (pain châtaigne et graines de lin), 22 avril (brioche du Diable rouge au chocolat blanc), 7 mai (pain au curry et graines de lin), 9 mai (pain au cumin et à l'oignon), 21 mai (pain à l'anis vert et au miel), 9 juin (pain à la feta et au basilic), 29 juillet (pain à la moutarde et au miel), 31 juillet (pain cévenol au cacao), 11 août (Brioche des Reines)

En 2010 : le 7 octobre pain de seigle aux dattes, le 11 octobre pain d'épices, le 18 octobre pain aux graines, le 29 octobre pain aux noix, le 31 octobre brioche aux bouchons de champagne, le 20 novembre pain aux noisettes, Beaujolais nouveau et magret de canard.

samedi 27 novembre 2010

Vus en vitrine, prenez-en de la graine ...

C'était une des expressions qui me faisaient rire quand j'étais enfant. Je ne comprenais alors pas que prendre de la graine signifiait suivre un conseil, ou s'inspirer de l'expérience d'un ancien.

Mon œil a été attiré il y a quelques jours par une orchidée blanche en vitrine d'une boutique au nom prometteur de Graine d'intérieur, dans le quartier parisien des Halles. La marque est également présente en province.

J'ai énormément de mal à conserver en vie cette espèce florale, pour dire vrai je n'y suis jamais parvenu au-delà de trois semaines. L'idée d'acheter un pot qui ne va pas me désespérer rapidement m'a enchantée, surtout au même prix que chez un fleuriste. Et puis on est en plein dans le développement durable avec un tel investissement.

Je suis entrée pour voir s'il n'y avait pas quelques autres heureuses découvertes à faire. Ce que j'ai vu m'a donné envie de faire une sorte de page "cadeaux-déco", ce qui n'est pas fréquent du tout sur le blog.

On devine au lointain un rideau de franges argentées qui reste une valeur sûre. Mais ce sont surtout ces bougies qui m'ont fait rêver ...
Les parfums des bougies du Grand Carrousel sont d'une intensité gourmande qui frôle la perfection. L'intitulé Praline n'est pas mensonger. Pomme d'amour et Barbe à papa ne dénotent pas. A s'offrir pour se consoler de n'avoir pas le temps d'aller sur un vrai marché de Noël, alsacien en l'occurrence, et pas dans ces baraques peintes en blanc que villes et villages se croient obligées de planter durant l'Avent.

Ces bougies, de fabrication française, sont présentées dans un design élégant rappelant les baraques foraines. On en trouve dans des boites à musique. D'autres sont plus tournées vers la cuisine avec des senteurs de gâteaux.

Il y a eu pour finir ce duo de tasses, retenues pour leur motif pied de poule, avec un petit rappel orange sur le bord de la soucoupe.

Elles sont posées sur un plaid en velours, en fausse fourrure (encore un bon point écologique) de 140x190 cm.

Ce billet n'est absolument pas sponsorisé. J'indique néanmoins les prix qui sont ceux que j'ai relevés le jour de mon passage et qui donc ne sont pas contractuels.

l'orchidée : 10, 95 euros
le rideau : 29,90
le plaid : 89
la bougie Grand Carrousel parfum praline : 24,95
les deux tasses : 14, 95

Sur le site de Graine d'intérieur vous connaitrez la liste des points de vente et les produits distribués.

mardi 23 novembre 2010

Edouard Baer fait Miam, miam à Meudon

Difficile de trancher. Est-ce la chaleur des projecteurs qui exerce une pression photovoltaïque sur le comédien ? Est-ce le contact avec le public qui agit comme dopant ? Ou bien est-il naturellement constamment survolté ? Certes il est entouré de nombreux comédiens, mais vu qu'il assure l'essentiel du texte on a le sentiment d'assister au parcours d'un athlète qui s'entraine pour le triathlon. Et on comprend mal qu'il puisse tenir la cadence presque deux heures d’un quasi one-man show.

De qui je parle ? Mais d'Édouard Baer qui signe le texte et la mise en scène de Miam, miam dont il interprète le plus gros morceau. Et si vous ne le voyez pas sur mes photos c'est parce que j'ai bien noté qu'il ne perdait pas une miette de ce qui se passait sur le plateau comme dans la salle ... Pas question de me faire remarquer (soit dit en passant je souris quand on me demande de ne pas prendre de photos ... pour ensuite me solliciter pour que je les donne parce qu'on les trouve intéressantes, ce que je fais toujours volontiers. Il y a même un cliché qui fait ainsi la couverture d'un livre.)

Je parie qu'à l'instar du couple Poiret/Serrault le duo Baer/Lionel Abelanski enjolive ses tirades d'un soir à l'autre. Dans les dernières représentations, la Cage aux Folles se prolongeait d'une demi-heure supplémentaire par rapport aux premières alors que traditionnellement les spectacles "gagnent" au contraire quelques minutes. Je parie aussi qu'on ne sert pas Miam Miam deux soirs de suite de la même façon. J'ai eu l'impression le jour de ma venue qu'une large part était accordée (intentionnellement d'ailleurs) à l'improvisation.

Les plats arrivent sur le mode "table ouverte". Chacun apporte sa spécialité au chef Édouard qui tranche dans le vif, saupoudrant allègrement ses grains de sel à tout va, avant de renvoyer le serveur en coulisses après avoir jugé son assaisonnement trop fade.

Le public, bon enfant, est venu pour voir de près les célébrités. Il en a pour son argent. Il s’esclaffe à chaque jeu de mots, à chaque clin d'œil, à chaque gag. Donc la salle rit beaucoup. L'acteur s'emballe, accélère, en rajoute, brode et rebrode, continue sans faiblir, étouffant ses propres fous rires.

Édouard Baer applique à la lettre le conseil qu'Isabelle Nanty lui a donné à ses débuts : soyez comme vous êtes, acceptez vos défauts.

Voulait-elle vraiment être comprise au premier degré ? Dire qu'il pouvait s'affranchir du regard d'un metteur en scène extérieur ? Certes l'homme enchaine les succès. Citons pour mémoire qu'il a reçu le Molière de la révélation théâtrale pour son rôle dans Cravate Club. Il a été maitre des cérémonies des festivals de Cannes 2008 et 2009. Miam miam était nominée parmi les meilleurs comédies aux Molières 2010. Ce sont Les 39 Marches de John Buchan d'après le film éponyme d'Alfred Hitchcock qui l'ont emporté. (ceux qui veulent relire le compte-rendu de la soirée peuvent cliquer )

Mais tout de même .... avoir de bons ingrédients ne dispense pas de suivre une recette. On ne peut pas jeter tout pêle-mêle dans la marmite. C'est par là que le spectacle pêche : on ne voit pas distinctement le fil conducteur, hormis celui de présenter des performances d'acteurs, et particulièrement celles d'Édouard Baer au centre d'un spectacle sportif combinant trois disciplines : le théâtre, le chant et la danse. Cette manie de sonoriser tous les dialogues est exaspérante. Le spectateur est littéralement bombardé de sons. Les salles sont conçues pour qu'on se passe de ces engins qui ne se justifient que pour les moments chantés. Allez, je passe le micro à Édouard Baer pour illustrer comment il défend son bout de gras dans cet extrait, assez représentatif.

Vous aurez remarqué Atmen Kelif, alias monsieur Sémir, qui est formidable à plusieurs moments ... quand il a la parole.
L'essentiel était réuni pour qu'on fasse un excellent dîner. Peut-être qu'avec un peu d'allègement le service aurait été moins lourd. Ces plats là ne donnent pas envie d'être repassés. C'est dommage.

Reste que l'acteur est réellement capable du meilleur. je l'ai surpris en pleine promo de son dernier film, Mon Pote, dire qu'il fait tout un travail sur la modestie en ce moment (cela ne s'invente pas !). Et je conviens volontiers qu'il m'a touchée dans l'interprétation qu'il y fait d'un patron de presse au grand cœur et au caractère bien trempé. Un rôle sur mesure pour sa forte personnalité. J'irai le voir avec plaisir.

J'ai vu Miam miam au Centre d'art et de culture de Meudon qui célèbre avec panache son dixième anniversaire en offrant au public une programmation alléchante, où se côtoient de "grands" noms et d'autres un peu moins. Je salive d'avance d'y retourner pour voir Michèle Guigon (que j'ai découverte il y a longtemps aux côtés de Jérome Deschamps). Ne loupez pas la Vie va où ? !
Pour vous convaincre regardez-la ...

La vie va où ? par Michèle GuiGon
envoyé par Bernardweb. - Plus de vidéos fun.
Ce sera le mardi 25 janvier à Meudon (92100) 15 boulevard des Nations-Unies, tel 01 49 66 68 90. Pour connaitre les dates de la tournée voir le site de l'artiste.

lundi 22 novembre 2010

Didon et Enée en création au Centre culturel de l'Onde, à Vélizy (78)

C’est une image que vous n’avez pas vue. Si vous aviez pu vous faufiler derrière le décor vous auriez aperçu trois techniciens allumant des bougies et les faire glisser sur un plan d’eau. Accroupi, un homme les aidait dont ce n’est ni le métier, ni la fonction.

Jean-Marie Puissant assure la direction musicale de cet opéra. Mais il peut aussi prêter main forte à l’équipe. Loin de l’anecdote, cette confidence illustre la nature de la relation de confiance qui s’est construite entre le directeur musical et le metteur en scène, entre les musiciens et les chanteurs et avec les acteurs.
Tout est extrêmement construit dans cet opéra. A commencer par le décor, sorte d’usine abandonnée, rouillée et engloutie par la mer, telle une cité perdue où les protagonistes vont s’exalter avant de disparaitre littéralement dans l’espace.

Continuons par la musique qui, chaque soir n’est jamais tout à fait la même ni tout à fait une autre. Il y a chez Purcell une part d’improvisation absolument organisée qui rend chaque représentation particulière.

Enchainons avec les musiciens qui ont accepté (comme d’autres mettent la main à la pâte) de mettre le pied à l’eau. Leur arrivée sur scène est un moment rare. Elle est jouée. Elle trouble le public qui souffre un peu de les savoir travailler dans leurs chaussures trempées. Si bien que nous sommes prêts, nous, spectateurs confortablement et chaudement installés, à mieux ressentir le drame qui va se dérouler. Le processus d’identification s’installe plus solidement, et à notre insu.

Comment saluer les chanteurs qui se jettent à l’eau, réellement et sans trucage aucun ! Quelle évolution avec les corps statiques, rigides en bord de scène, qui étaient comme plantés dans les décors, souvent des palais aux colonnes effondrées, qui meublaient les plateaux jusque dans les années 80. A l’exception du travail de Patrice Chéreau qui fut un des premiers à oser faire jouer ténors et sopranos à partir de 1976. On cria pourtant au scandale en sortant de l'Opéra de Bayreuth où il avait mis en scène la Tétralogie de Richard Wagner, à la demande de Pierre Boulez, pour le centenaire de l’institution.

Comme j’aurais aimé que ces deux hommes soient hier au théâtre de l’Onde !

Tout cela ne serait qu’artifices si ce n’était pas profondément justifié par la lecture attentive du livret de Nahum Tate que Denis Chabroullet en a faite. Cet homme, profondément modeste et humain, fait partager la richesse des images qu’il a en tête. Son univers prend sa source dans le rock et dans la bande dessinée. Cela se sent. Cela se voit. Mais sans discordance avec l’époque baroque de Purcell.

Le public a gouté cela hier soir. Tous les âges étaient réunis et ont quitté tardivement le théâtre. La discussion avec le collectif artistique semblait infinie. Un groupe d’élèves de Viroflay ne fut pas des moins passionnés.

Le Didon et Enée du Théâtre de la Mezzanine est une création, qui a été rendue possible grâce à une coproduction avec le théâtre d’Esch-sur-Alzette (Luxembourg) et l’Onde-Théâtre et Centre d'art de Vélizy-Villacoublay (78). Plusieurs co-réalisateurs et partenaires sont intervenus.

Distraire, faire réfléchir, provoquer des prises de conscience, s’ouvrir, aimer … faire grandir … telles sont les missions que les équipements culturels ne doivent pas perdre de vue. Mission accomplie ! Bravo et merci !

Cela s’oublie parfois dans des créations très artistiques mais déconnectées des réalités (je ne vais pas revenir sur un spectacle qui m’a récemment hérissé le poil … et dont vous pouvez lire la critique en remontant plusieurs jours en arrière).

Photos Théâtre de la Mezzanine, sauf mention A bride abattue pour la dernière.

Théâtre de la Mezzanine, La Serre, Route de Nandy, 77127 Lieusaint, http://www.theatredelamezzanine.com/
Tel : 01 60 60 51 06, Fax : 01 60 60 41 30

L'ONDE - THEATRE ET CENTRE D'ART - 8 bis av Louis Breguet- 78140 VELIZY VILLACOUBLAY www.londe.fr
Tél.: 01.34.58.03.35 Fax : 01.34.58.03.36 labilletterie@londe.fr

dimanche 21 novembre 2010

La Tour Eiffel aurait-elle perdu la tête ?

C'était suffisamment inhabituel pour que, malgré le froid piquant, je tente de prendre une photo fenêtre ouverte. Le brouillard flottait haut dans le ciel parisien. La dame de fer semblait avoir été fauchée à la diagonale, sorte d'allumette géante brisée en deux.

Nous n'étions pas un 11 septembre. Aucune sirène ne retentissait. Juste un trio inoffensif se hâtait de rentrer.

samedi 20 novembre 2010

Noisettes, rosette ... et trompette

(billet mis à jour le 14 décembre)
C'est le troisième jeudi de novembre à zéro heure que l'on peut commencer à boire dans les bars et restaurants le Beaujolais nouveau, ou tout autre vin nouveau. Donc le 18 novembre pour cette année.

Frank Debieu, le boulanger de l'Étoile du berger, a décidé de célébrer évènement à sa manière en associant noisettes et rosette pour accompagner une dégustation.

Je n'ai pas eu la patience d'attendre et je me suis lancée mercredi 17 dans la version domestique de ce pain original. Plutôt loupé parce que le gras du saucisson s'est si bien fondu dans la pâte que je n'ai retrouvé que d'infimes morceaux de viande, quasi invisibles à l'œil nu.

Ce fut tout de même très bon avec une salade de carottes râpées et de pamplemousse rosé assaisonnée d'un vinaigre à la pulpe de figues ramené du Salon papilles en fête (une des merveilles de Aix&terra).

Forte de mon expérience j'ai décidé de réitérer très vite en améliorant la préparation. Gardons les noisettes mais grillons les pour dégager plus d'arômes. Remplaçons le saucisson par du magret de canard. Utilisons le vin en guise de liquide. Recette validée que voici !

On met dans la cuve de sa machine à pain dans l'ordre :
300 ml de Beaujolais nouveau
2 cuillerées à soupe d'huile d'olive (Papillon)
1 cuillerée à soupe de sucre
1 cuillerée à café de sel
500 grammes de farine spéciale pain (type 55)
1 sachet de levure boulangère spéciale pains
programme pain normal

Au bip on ajoute 60 grammes de magret de canard en tranches fines et 50 de noisettes grillées.

On peut diminuer la quantité de vin (100 ml de vin et 200 d'eau conviennent très bien) et remplacer le magret par du jambon fumé de la Forêt noire qui donne un joli parfum de résineux. Le pain semble avoir été fait avec une farine bise, ce qui est probablement une conséquence de l'emploi du vin.

Ce que je ne vous ai pas encore dit c'est que j'avais gouté le vin nouveau, un Gamay, quelques jours avant, ce qui explique mon impatience à découvrir le pain correspondant.

Je vous raconterai cette soirée où le public du L'ONDE - THEATRE ET CENTRE D'ART de Vélizy-Villacoublay (78) a découvert des vins apportés par un vigneron ardéchois d'exception, Hervé Souhault sous la houlette, je devrais dire la trompette, d'un musicien tout autant extraordinaire.

C'est François Théberge qui a préparé une série de soirées-découvertes du vin et du jazz, lesquels font très bon ménage. Qu'on se rassure : les bouteilles qui ont été ouvertes ont été offertes. Car ce qui est interdit c'est la commercialisation du vin nouveau avant l'heure, mais pas sa dégustation.

La prochaine édition de la série In vino musica est programmée le mardi 14 décembre. François Théberge invite ce soir là Catherine Breton, vigneronne de la Loire.
Autres recettes de pain sur le blog en 2009 : le 3 avril (pain des écureuils gourmets et gourmands), 7 avril (banane, sirop d'érable et noix de pécan), 13 avril (garrimande, pain aux saveurs méditerranéennes), 15 avril (brioche), 18 avril (pain de seigle aux noix), 20 avril (pain châtaigne et graines de lin), 22 avril (brioche du Diable rouge au chocolat blanc), 7 mai (pain au curry et graines de lin), 9 mai (pain au cumin et à l'oignon), 21 mai (pain à l'anis vert et au miel), 9 juin (pain à la feta et au basilic), 29 juillet (pain à la moutarde et au miel), 31 juillet (pain cévenol au cacao), 11 août (Brioche des Reines)

En 2010 : le 7 octobre pain de seigle aux dattes, le 11 octobre pain d'épices, le 18 octobre pain aux graines, le 29 octobre pain aux noix, le 31 octobre brioche aux bouchons de champagne

vendredi 19 novembre 2010

Dernier étage, gauche, gauche d'Angelo Cianci, un premier long métrage déjà couronné

Si vous aimez la vraie comédie dramatique ne cherchez pas davantage, Dernier étage gauche, gauche est à voir d'urgence.

Je n'avais pas ri aussi sincèrement depuis longtemps au cinéma. Et pourtant ce film fait aussi réfléchir. Sur notre société qui laisse en fait peu de place à la négociation. Sur le cloisonnement entre les bons et les méchants. Sur la difficulté de communication. Sur la rapidité avec laquelle une situation peut déraper et un malentendu tourner à la catastrophe.

Le résumé de l'intrigue :
Mohand Atelhadj (Mohamed Fellag) vient de régler ses arriérés de loyer mais le chèque n'a pas encore été reçu. L'huissier (Hippolyte Girardot) arrive pour procéder à la saisie de ses biens, au dernier étage gauche, gauche. Le fiston (Aymen Saïdi), prévenu de l'arrivée de la police pour assister l'homme de loi, est pris de panique parce qu'il a quelque chose à se reprocher.

Ce qui ne devait prendre que quelques minutes vire au cauchemar pour tout le monde. Chaque tentative d'apaisement attise la catastrophe, enfin presque, jusqu'à un renversement de situation assez inattendu.

Sans raconter dans le détail un épisode de ma vie personnelle je suis bien placée pour apprécier le propos du film : j'ai été arrêtée par un policier me bloquant sur un trottoir après m'avoir fait une queue de poisson, convaincu d'avoir affaire à une dangereuse terroriste. J'avais le tort de me déplacer en pleine nuit à bicyclette en transportant mes affaires dans des sacoches où il pensait trouver des tracts compromettants. Je me retenais de rire quand il informait son PC que l'interpellée (moi-même) semblant coopérer il serait bientôt sur site (donc qu'il allait bientôt partir). Une fois rassuré il a renfourché sa moto, me laissant en plan avec mes affaires éparpillées sur la route.

Un film proche d'une réalité qui n'est pas perçue par tout le monde ...
Ce type de méprise peut arriver à tout le monde, très vite. Un autre soir, c’est un ami du réalisateur qui est arrêté parce qu’il transporte à bout de bras une bouteille de gaz. Cet homme, qui n’avait pas pris le temps ce jour là de se raser a ce qu’on appelle « un profil maghrébin ». Il a écopé de 24 heures en garde à vue.

Ce sont des anecdotes comme celle là qui ont décidé Angelo Cianci à écrire le scénario qui, dans sa première version, était plutôt franchement dramatique. Il a été bien inspiré de laisser le projet murir tout en rencontrant des professionnels susceptibles de lui souffler des dialogues.

Les témoignages étaient ahurissants. L’humour est venu avec le réel. Comme souvent, la fiction est en dessous de ce que les gens vivent dans la réalité de ce qu'on appelle le monde des banlieues. Il n’a pas été utile d’inventer. Même les paroles du préfet sont l’exacte réplique de ce qu’on a pu entendre sur une dalle ou au cœur d’une cité.

Il n’a pas été davantage nécessaire de photographier la plaque d’une Place du 19 mars 1962 pour la réinsérer au montage. C’est effectivement Place du 19 mars 1962 que le tournage a eu lieu, dans la ZUS du Grand Estressin-Portes de Lyon (Rhône-Alpes). Rien de très original : j’ai remarqué depuis que j’habitais moi-même à cent mètres d’un rond-point qui célèbre la date officielle du cessez-le-feu qui a mis fin à huit années de guerre en Algérie.

Par contre l’allusion aux évènements du 11 septembre 2001 et les références au Printemps berbère sont intentionnelles. Le choix d'un 11 septembre pour situer l'action évoque l'idée du repli sur soi et de la peur de l'autre, mieux que tout autre jour dans notre histoire récente. Le réalisateur tenait aussi à rappeler l'ensemble des manifestations réclamant l'officialisation de la langue tamazight et la reconnaissance de l'identité et de la langue berbère (parlée par un quart de la population algérienne) à partir de mars 1980 en Kabylie et à Alger. Il s'agissait du premier mouvement populaire d'opposition aux autorités depuis l'indépendance du pays en 1962 face à la volonté d’éradiquer la culture et la langue berbères.

Il est important pour Angelo Cianci qu’il existe des films qui pointent les problèmes de notre époque comme aussi par exemple les difficultés de communication entre les couches de la population. Ce qui ne l’empêche pas de croiser aussi avec des choses personnelles, au travers des rapports entre un père et son fils.

Un traitement qui reste en deçà de la caricature
Çà commence comme un épisode de feuilleton. La vie est belle. Chacun dit au-revoir à sa chacune. Le générique plante le décor sans donner de ton au film. Rien ne laisse présager qu’on sera devant une comédie ou un drame. Le spectateur ne reçoit pas d’indices, ou très peu. Hippolyte Girardot est à peine reconnaissable, filmé d’abord de trois quarts dos puis sous casque intégral.

Tout se met en place pourtant. C’est un enfant qui appuie sur la touche de son téléphone pour prévenir en langage codé de l’arrivée des keufs. La mèche est allumée.

L’huissier serre la main du serrurier qui commente, bavard, le succès de son entreprise. Son père a fait sa fortune en équipant les 120 bloc-portes de la cité. Lui désormais assure la sienne en venant les casser. Erreur de porte. Téléphone. Travelling ignorant la mère. Précipitation. Affolement. La situation nous échappe. Dérapage sans bavure. Terrible, mais on rit.

L’escalade ne fait que monter, du simple incident au plan ORSEC. Alors oui, faut trouver un médiateur, un bon, un arabe, pas un type avec une gueule à revenir des croisades. La préfecture envoie un algérien qui, manque de pot, ne comprend pas le kabyle, mais qu’on renonce à renvoyer, parce que les protagonistes se sont habitués à lui.

Les gaffes s’enchainent. On livre des tranches de jambon pour apaiser l’appétit des forcenés. Un policier troque une cagoule du GIGN contre un peu de paix sociale. Le repas du mariage de l’assistant social de secteur est pillé. Le caid assène un « c’est moi qui te sonne » (pour dire qu’il rappellera à sa guise). Les jeux de regards alternent avec les demi-sourires. On aimerait bien pouvoir s’en sortir mais il y a un « cadavre » dans un tiroir et des comptes à régler de part et d’autres dans cette cité où la haine du képi est plus forte que la peur du gendarme.

Un humour qui fait réagir ceux qui n'en ont pas
La Chambre nationale des Huissiers de Justice a assigné en référé les sociétés de production et de distribution du film, Memento, au motif que l'affiche porterait atteinte à leur "intégrité physique » et constituerait un trouble manifestement illicite qu'il aurait convenu de faire cesser immédiatement. Le syndicat regrette du même coup une image dégradée de la profession d’huissier.

Le Tribunal de grande instance de Paris a rejeté toutes les demandes de la CNHJ considérant que le film se présentait "comme une comédie et non comme un drame" et qu'à ce titre, il n'existait pas de "trouble illicite à l'ordre public". Pardon d’ajouter (encore) une expérience vécue mais à l’heure où j’écrivais ces lignes on sonnait à ma porte pour m’amener une mise en demeure émanant du syndic de la copropriété où j’ai emménagé, suite à une erreur d’adresse d’un clerc qui ne veut rien reconnaitre et me menace de m’envoyer … un huissier !

J’ai vite mesuré que dans cette profession là aussi on ne savait pas ce que le mot humour signifie. L’emballement qui est au cœur du film est trop vrai comme on pourrait se plaire à conclure. Le réalisateur cependant ajoute, bon prince, qu’aujourd’hui le métier d’huissier se rapproche de la médication sociale et qu’il y a de l’humanité derrière la fonction. A voir …

Des musiques discrètement présentes
Angelo Cianci a voulu apporter du second degré et de la respiration, comme dans le second film de Jacques Audiard (un Héro très discret). On croit la bande-son légère alors qu’il y a beaucoup de musique dans le film, avec un total inhabituel de près de trois quarts d’heure. Joué par un quintette, sur un rythme parfois guilleret l’accompagnement musical est à peine décalé, intentionnellement à la limite du ridicule.

Des comédiens également excellents
Angelo Cianci a été le scénariste de Pigé ?, un long-métrage réalisé par Hippolyte Girardot en 2002 . Il a spontanément pensé à lui pour interpréter cet huissier qui lui ressemble dans la vie par son coté « cocote –minute ».

Actuellement duc de Montpensier du film de Bertrand Tavernier, La Princesse de Montpensier, Michel Vuillermoz est le préfet, très ressemblant avec des fonctionnaires ayant existé …

Désigné dans son enfance sous le sobriquet d'arabe en sandale, Angelo Cianci est né au sud de la Sicile. N’étant donc pas lui-même kabyle, le réalisateur avait besoin de clarifier des points historiques et d’enrichir son lexique d’expressions locales. Il a rencontré Fellag, un humoriste habitué des scènes de théâtre (son dernier spectacle Tous les Algériens sont des mécaniciens, co-mis en scène avec Marianne Epin, a été un beau succès en 2008). L'histoire rejoint sa propre trajectoire puisque lui-même a du fuir la Kabylie. Non seulement Fellag collabore, mais il est si emballé qu’il se propose pour le rôle du père.

Son expérience des plateaux de cinéma est mince bien que très réussie (on l’a remarqué dans Inch'Allah dimanche, de Yamina Benguigui en 2001, plus récemment dans Reste-t-il encore du jambon). Angela Cianci lui donne cette fois un rôle à sa mesure.

Curieusement Fellag est le moins expérimenté de toute la bande. Le « jeune » garçon d’origine algérienne a déjà une belle filmographie avec trois ou quatre films comme premier rôle. Il n’a que 12 ans quand il débute en 2002 pour être Lucien dans Fais-moi des vacances. Il se fait un nom en 2005 avec Saint Jacques... La Mecque de Coline Serreau. Il enchaine l’année suivante avec L'École Pour Tous de Eric Rochant.

Au théâtre Aymen Saïdi fut le très remarqué Momo, l’enfant recueilli par Madame Rosa (Myriam Boyer) dans la Vie devant soi, Molière du meilleur spectacle privé en 2008. Il est tellement méconnaissable que je n’ai fait le rapprochement qu’à la fin du film. Cet acteur d’une vingtaine d’années a une capacité bluffante à passer de l’enfance à l’adolescence d’un rôle à l’autre. On le verra bientôt dans le prochain Costa-Gavras.

Il a décroché le Prix spécial du jury de l'espoir au 15ème Festival des jeunes réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz où Dernier étage, gauche, gauche a obtenu la récompense du prix du jury, ainsi qu’au Festival du Film de Paris.

Judith Henry est la future ex-épouse de l’huissier. Elle aussi a commencé ce métier très tôt (à 11 ans). Son rôle dans la Discrète lui a permis d’être connue, lui ouvrant des portes au théâtre comme au cinéma.

Les habitants du Grand Estressin ont vraiment joué et sont donc crédités au générique. Ils ne découvriront le film que le 1er décembre et leurs réactions seront probablement savoureuses à entendre.

Angelo Cianci signe un film de genre, très cinématographique, qui s’inscrit dans la double lignée des comédies italiennes des années 70 qui ont imprimé son enfance et des films noirs (dont il s’est rassasié adolescent quand il travaillait dans un vidéoclub). Contrairement aux Amours imaginaires où les citations deviennent exaspérantes, c’est un vrai film personnel qui ne s’adresse pas qu'aux cinéphiles experts. A signaler la collaboration avec Laurent Brunet, précédemment directeur de la photo sur Séraphine, de Martin Provost.

Voilà une véritable comédie dramatique, oscillant avec équilibre entre le burlesque et le cauchemardesque. Je l’ai recommandé autour de moi en promettant le remboursement en cas d’insatisfaction et on ne m’a renvoyé que des échos positifs, évidemment.

Rencontré dans un cinéma au début de sa "tournée" des banlieues réalisateur exprimait ses doutes, se demandant si c'était une bonne voie que de continuer sur cette route, entre comédie et dérision. La salle répondait OUI avec force applaudissements.

En salle depuis le 17 novembre
Photos © Memento Films Distribution sauf mention A bride abattue

jeudi 18 novembre 2010

L'effet Papillon ... d'une huile qui en porte légitimement le nom

Vous connaissez tous le roquefort « papillon ». Mais savez-vous que c’est aussi une huile ? Ceux qui lisent régulièrement le blog le savent déjà puisque je leur ai fait part de cette découverte, faite au Salon Papilles en fête il y a quelques jours.

Ce qui étonne en premier lieu c'est le parfum qui vient exciter les narines. D'abord arrivent les notes végétales, avec un vrai parfum d’herbe fraichement coupée. Suivent des fragrances légères et florales, de jasmin peut-être, et puis des arômes de fruit, de banane, de sapin, d'amande. Avec en prime quelque chose de marin.

C'est rare de solliciter un lexique œnologique pour décrire une huile d'olive mais celle-ci mérite qu'on s'y arrête.

Passons à la dégustation, réussie d'abord en version crue sur un duo de salades de tomates et de fenouil.

Parfaite aussi en version cuite, pour confire à l'étouffé un émincé de panais et de fenouil. On peut remettre un filet d’huile au moment de servir pour profiter davantage de ses parfums. Croyez-moi, il est par contre inutile d’employer le moindre grain de sel.

Préparé de cette façon on penserait que le panais est l’enfant qu’une châtaigne a eu avec un fond d’artichaut.

L’huile d’olive Papillon est une huile d’olive vierge extra pluri variétale de catégorie supérieure obtenue directement des olives et uniquement par des procédés mécaniques qui lui permettent de conserver tous ses arômes de fruits verts d’une grande finesse. Elle est très équilibrée. Son acidité est extrêmement basse, sans amertume ni piquant.

Ces qualités sont le résultat d'un savant mélange de deux variétés - l'Arbequine, catalane et la Koroneiki, crétoise. Les analyses de cette huile par un laboratoire indépendant révèlent des performances en termes de qualité et de bonne conservation dans le temps. L'indice d’acidité est 8 fois sous le seuil réglementaire et l’indice de Peroxyde 4 fois. De plus l’huile d’olive Papillon est en cours de conversion vers l’agriculture biologique, certifiée par Qualité-France SAS FR-BIO-10.

Fromageries et l'huilerie Papillon, 8 bis avenue de Lauras , 12250 Roquefort sur Soulzon, Tél. : 05 65 58 50 00

mercredi 17 novembre 2010

L'homme à tête de chou du trio Bashung-Gainsbourg-Galotta

La création a eu lieu il y a exactement un an, à la Maison de la Culture de Grenoble avant de s’installer au Théâtre du Rond-Point des Champs-Elysées du 27 novembre au 19 décembre 2009. Je n’avais pas entendu parler de cet Homme à tête de chou. J’étais alors insuffisamment sensibilisée sur le sujet, n’ayant pas encore admiré de près la statue ayant inspiré un album entier à Serge Gainsbourg. Je n’ai découvert les œuvres de François-Xavier et Claude Lalanne qu'en mars de cette année au Musée des arts décoratifs. C'était une superbe exposition . Et plus récemment c’est la biographie (p. 229) de Bruno Lesprit et d'Olivier Nuc qui m’a alertée sur le trio Bashung-Gainsbourg-Galotta au même moment que le programme du Théâtre de Saint Quentin en Yvelines m’arrivait entre les mains.

Il y a des spectacles dont on n’entend pas parler alors qu’ils sont excellents. Les tambours et les trompettes médiatiques ne célèbrent pas suffisamment les créations qui ne sont pas étiquetées grand public. Peut-être pensent-ils qu’il faudrait donner quelques clés pour mieux les comprendre et qu’il leur est plus facile de « faire la promo » des méga-productions privées …

Je ne suis pas certaine que l’art ait toujours besoin d’explication. J’ai vu le spectacle au Théâtre de Saint Quentin en Yvelines le 17 novembre. J’entendais à la sortie des spectateurs estimer que l’idée d’utiliser un fauteuil de barbier sur scène était géniale … C’est le seul accessoire (avec une guitare) et libre à chacun de faire après tout sa propre interprétation. Et je fais mienne la devise de ce centre culturel : Vivre le spectacle !

Cela avait été largement précisé : la présence sur le devant de la scène d’un fauteuil à roulettes aurait symboliquement pour fonction de nous rappeler qu’Alain Bashung devait interpréter en direct les chansons du spectacle. Le fauteuil illustre l’absence, comme une coquille vide. L’arrivée silencieuse de chaque danseur est un premier moment d’émotion. Chaque pas de danse est une condoléance, jusqu’au dernier qui relève le fauteuil renversé, le saisit par les bras, le berce et l’emporte.

Il n’est plus là et sa voix pourtant nous arrive avec naturel. On a l’habitude d’entendre un chanteur sans le voir et il est plaisant de croire, l’espace d’une heure, qu’il est encore parmi nous.

Alain Bashung avait travaillé avec Serge Gainsbourg, 24 ans plus tôt, (1982) sur l'album Play Blessures. Ils signent conjointement les paroles de son quatrième album. On se souvient particulièrement du C'est comment qu'on freine ... Même si Christophe fut un moment pressenti pour l'Homme à tête de chou c'était en quelque sorte légitime que ce soit Alain qui l'interprète. Il avait donné son accord en novembre 2006 au producteur Jean-Marc Ghanassia qui en a le premier l'idée, après avoir un bref instant songé à Arno. Il était prévu qu’il interprète les douze chansons en direct. La maladie lui courait après. Il s’est hâté de faire un enregistrement par sécurité. Il travaillait alors parallèlement à son propre album, le dernier, dont le titre, Bleu pétrole, lui aura été inspiré par celui de Gainsbourg (on entend ces paroles sur la piste 9 Variations sur Marilou ). Bashung est parti. Jean-Claude Galotta n’a pas lâché l’affaire. Il aurait pu choisir une photo grandeur nature pour illustrer la collaboration. C’aurait été indécent. Ce fut le fauteuil où le chanteur se serait assis. Idée juste car le fauteuil roule, tourne, va et vient, se renverse comme un humain qui trébuche.

Une histoire qui n'aurait pas lieu aujourd'hui

Reprenons au tout début. Gainsbourg ne supportait pas de se voir. Il se trouvait laid. S’il avait été ado en l’an 2000 il aurait reçu 3 coups de bistouri et c’en aurait été fini de son complexe. Mais en lui redressant les oreilles le chirurgien aurait peut-être coupé son inspiration.

L'ado devenu adulte ne se serait pas arrêté en 1968 devant la vitrine d'un galeriste exposant une statue de Claude Lalanne, un homme assis, penché comme le sculpteur de Rodin dont la tête est un énorme chou aux feuilles frisées. Personnellement je serais davantage émue par l’Olympe qui esquisse un pas de danse dans le jardin du Petit Château, que la duchesse du Maine réservait au XVIIIe siècle à ses enfants et qui est situé en bordure du Parc de Sceaux (92).

Gainsbourg a le coup de foudre, l'achète et l'installe dans son domicile parisien, 5 bis rue de Verneuil. Huit ans plus tard apparait dans les bacs "L'Homme à tête de chou" qui est un concept-album de 35 minutes dont chaque morceau fait progresser une intrigue unique. Comme auparavant dans "Melody Nelson", il est question d'une fille, une certaine Marilou, shampouineuse de son état. Et comme cinq ans plus tôt, la chute est douloureuse. Marilou meurt, non pas dans un accident d'avion, mais assassinée à coups d'extincteur.

Les métaphores aéronautiques émaillent le disque enregistré à Londres. L'influence rock est manifeste mais la présence de rythmes africains est nette (piste 7 "Premier Symptômes" ou piste 4 "Transit à Marilou"). La Jamaïque est déjà présente avec "Marilou Reggae", piste 3, et l'on entend le didgeridoo sur "Lunatic Asylum", piste 12. Le public n'est pas prêt. La sortie est un bide. C'est devenu un album-culte 25 ans plus tard.

Homme à tête ou à la tête ...
Nouvelle polémique, faut-il retirer le "la" ? Gainsbourg maniait la syntaxe avec une assurance exigeante. Donc c'est l'homme à tête de chou. Mais Bashung chante l'Homme à la tête de chou ... C'est l'un et l'autre ... ou l'un ou l'autre. Galotta nous départage en lui mettant une tête de singe !

Et Marilou ?

C'est Marilyn qui pop pom pi dou. C'est Brigitte (Bardot), Jane (Birkin) et pas encore Bambou ... Ce sont toutes les femmes que Serge a aimées même s'il s'en défend toujours :
Quoi ! Moi , l'aimer encore ? Des clous !
Il y a dans la chorégraphie de Jean-Claude Galotta des moments qui font penser à ces histoires d'amour mythiques comme Roméo et Juliette ou plus près de nous, West side Story. Ou encore Cyd Charisse dans Beau fixe sur New-York (1955), quand elle jaillit sur le ring parmi les boxeurs en longue robe verte moulante.

Elles sont toutes Marilou. Ils sont tous hommes à tête coupée, soit cagoulée, soit remplacée (par un masque de singe). Elle et lui pourraient être chacun de nous.

Et si l'impudeur était dans le visage ? C'est la partie du corps qui est la moins visible tout au long du ballet. Les corps sont facilement dénudés quand les visages sont peu reconnaissables, protégés par une cagoule, un masque ou par une longue chevelure. Gainsbourg aimait les femmes aux cheveux longs.

D'infimes et multiples variations

Comme le vent fait tournoyer un tapis de feuilles, Galotta exprime les émotions sans les figurer directement. Les paroles des chansons sont suffisamment explicatives pour ne pas les souligner visuellement de manière trop appuyée.
Le plateau est nu et on y voit pourtant nettement apparaitre tour à tour un salon de coiffure, un bar et un tarmac d'aéroport.
Les costumes sont sobres et pensés dans leur moindre détail. Tout est dans la nuance. Pieds nus, à talons, chaussures plates, chaussettes hautes ... En jean, en slim, en levis, en satin noir ... En chemise noire, blanche, avec ou sans cravate, soutien-gorge noir, slip blanc, peau nue, guitare cache-sexe ...

Une chorégraphie qui exalte la beauté païenne


Le mot est de Gainsbourg. Galotta l'exécute et sa chorégraphie est une vraie écriture corporelle dans l'espace. Il se dégage quelque chose d'universel dans l'histoire qui nous est racontée et qui serait glauque si on la regardait au premier degré. Qui aurait pu n'être qu'un truc show-bizz, un de ces opéras rock trop baroques. Au lieu de çà on nous donne à vivre de vrais moments de bonheur soulignés par la voix chantée-parlée, quasi slamée, de Bashung :
Quand Marilou danse
Contrairement à ses habitudes le chorégraphe a choisi d'engager un grand nombre de danseurs et cela permet de multiplier les effets et les déclinaisons. Le rythme est toujours soutenu. Sans doute épuisant pour les danseurs même si le public n'y voit que légèreté. J'en ai souvent compté 13 en scène, six couples + un, le quatorzième reprenant son souffle en coulisse. Impossible de tous les citer.

Galotta aime les duos. Bashung devait être impliqué dans quelques-uns s'il avait été là. Deux plus un égale trois. Voilà pourquoi les trios ont une place importante.

Ça pulse et ça glisse et ça tangue, çà chaloupe, çà bondit, çà rebondit et çà galope dans un mouvement général qui implique le corps entier en sarabande, jusqu'au bout des bras qui balancent, jusqu'au bout des cheveux qui tracent d'amples arabesques.

C'est une histoire d'amour, de jalousie et de mort. Le ballet est tout cela avec élégance, joyeuseté parfois, dérision aussi. Y compris quand Eléa Robin mime la mort derrière la simple protection d'une guitare cache-sexe, rouge comme une flaque de sang, comme aussi l'extincteur censé la faire périr (piste 11 : Marilou sous la neige) :
Sur fond de rock-and-roll, S'égare mon Alice
Au pays des malices, De Lewis Caroll.

Pas question de verser dans une atmosphère de soufre. Galotta ne l'aurait pas supporté. Bashung pas davantage qui reconnaissait, en spécialiste des vertiges de l'amour, avoir connu ces moments de tension. Je suis parti du jour au lendemain pour éviter çà ( p. 34 de sa biographie). Sa voix exprime elle aussi tout cela : la nervosité, tempérée par du flegmatisme, un récitatif tendre et violent formulé d'une voix écorchée.

La vulgarité n'a jamais place, y compris lorsque Cécile Renard interprète clairement le désir sur cette Variation sur Marilou.
Tout en jouant avec le zip / De ses Levi's
Je lis le vice / Et je pense à Caroll Lewis.

Cette Narcisse / Se plonge avec délice
Dans la nuit bleu pétrole / De sa paire de Levi's
(...) Sur fond de rock-and-roll / S'égare mon Alice
Au pays des malices / De Lewis Caroll.

Des musiques additionnelles totalement intégrées à l'univers

Il fallait multiplier par deux la durée de l'album original. Alain Bashung et Denis Clavaizolle ont discuté longuement de l'univers sonore du spectacle avant de composer des plages musicales pour relier les tableaux. Ils se sont arrêtés sur Satie, Ravel, Mahler, Debussy, Steve Reich, Les Doors, John Barry, Can, Suicide, Captain Beafheart … Et ce sont Jimi Hendrix, Elvis Presley ,T-Rex, Alice Cooper, Lou Reed et les Rolling Stones qui sont cités par le chanteur.

Des musiciens africains interprètent des morceaux reggaes. Et ce n'est pas un hasard si Jean-Claude Galotta a intégré Ibrahim Guétissi dans le ballet.

Je n'ai pas réécouté l'album original de Gainsbourg. La version chorégraphiée est si juste qu'il vaut mieux ne pas chercher à la comparer. Peu importe qui a fait quoi, ce que l'on doit à l'un ou à l'autre. C'est pure poésie alors qu'il aurait été facile de verser dans le misérabilisme. C'est beau et évocateur sans satisfecit nécrophage.
Quand Marilou danse reggae / Au bord climax faire le guet
Changer vitesse changer braquet / Et décoller avion Bréguet

Jean-Claude Galotta a déclaré le soir de la première que le spectacle portait probablement l'empreinte d'une sorte de vertige entre tristesse et enthousiasme. Il entendait sans doute le crooner lui murmurer à l'oreille osez Galotta, osez Galotta ! C'est du rêve de cette veine là que tout spectateur espère vivre dans les salles.

Dehors les étoiles se posaient sur l'eau.
Les représentations se poursuivent au long d'une grande tournée jusqu'en juin 2011 et qui passera par Namur (Belgique), Lyon, Bordeaux, Angoulême, Poitiers, Noisy-le-Grand, Evry, Epinal, Lens, Sochaux, Douai, Amiens, Creil, Tours, Angers, Chateauroux, La Baule, La Roche-sur-Yon, Montréal (Québec), Montluçon, Libourne, Pau, Biarritz, Niort, Chateaudun, Le Mans, Valence, Davézieux, Béziers, Narbonne, Rouen, Aix-en-Provence, Montpellier, Mâcon, Caen, Colombes, Rennes, Nantes, Nice, Limoges, Vitry-sur-Seine, dates ici.

Bashung l'Imprudent, de Bruno Lesprit et d'Olivier Nu, éditions Don Quichotte, 2010

Biopic de Gainsbourg (Vie héroïque) du réalisateur Joann Sfar, 2010

Tout le programme du Théâtre de Saint Quentin en Yvelines .

dimanche 14 novembre 2010

Papilles en fête à la Grande Halle de la Villette

Quatre jours durant la Grande Halle de la Villette a presque retrouvé sa vocation première. Ne regrettez pas longtemps de n’être pas venu ce week-end : les blogs peuvent annoncer les évènements mais aussi en rendre compte, assurant en quelque sorte une séance de rattrapage.

Le Salon existe depuis 3 ans. Il ne figure pas encore dans tous les agendas. Vous y penserez l’an prochain (15 jours après le Salon du chocolat, ou mieux en mémorisant la date du 11 novembre).

La majorité des exposants a désormais un site permettant de commander sur Internet. Certes ce n’est pas aussi agréable que voir, sentir, juger et gouter sur place mais c’est un moyen démocratique d’acquérir des produits de qualité sans entreprendre un tour de France.
C’est en pensant à vous que j’ai sillonné les allées du salon. Voici mes découvertes et mes coups de cœur.

La maison Gabriel Coulet, plusieurs fois médaille d'or au Concours général agricole, fournit des tables prestigieuses comme le Negresco, Petrus, les frères Troisgros. Vous aurez peut-être la chance de le trouver ce roquefort chez les grands fromagers. Vous pouvez encore programmer une visite des caves (45 minutes) sur la route de vos vacances. Elles sont gratuites, 7 jours sur 7 et sans discontinuer de 9 h 30 à 18 h 30.
Vous entrerez par une cazelle. C'est le mot pour désigner, dans le Quercy (en Provence on dirait une borie) une cabane de pierres sèches qui servait au vigneron, au pâtre ou au berger à se protéger des intempéries. Vous poursuivrez par les caves. Un diaporama explique la fabrication et précède la dégustation. Ce roquefort là est très aromatique, onctueux et plus ou moins doux selon le degré d'affinage. Il a été apprécié sous mes yeux par Patrick Beau, directeur des ventes de l'huile d'olive Papillon (du même nom que le roquefort, et pour cause puisque c'est la même maison). C'est dire ...

Papillon est donc également une huile d'olive dont les notes végétales m'ont séduite. Le parfum d’herbe coupée est très net, avec un peu plus tard des effluves marines. Je pourrais vous en parler comme d'un vin, ce que je ferai très bientôt puisque j'en ai ramené un flacon.

Les analyses de cette huile par un laboratoire indépendant révèlent des performances en termes de qualité et de bonne conservation dans le temps. L'indice d’acidité est 8 fois sous le seuil réglementaire et l’indice de Peroxyde 4 fois. L’huile d’olive Papillon est en cours de conversion vers l’agriculture biologique, certifiée par Qualité-France SAS FR-BIO-10.

Restons dans le sud avec un énorme coup de cœur pour Aix&terra dont c'est la première participation à un salon gastronomique parisien. Richard Alibert et Benoit Destresse avaient mobilisé leur équipe pour faire découvrir leurs spécialités provençales. J'en ai connu des tapenades, des thés parfumés et autres préparations à tartiner. Chez aix&terra on aime les reliefs. On coupe, on malaxe mais on laisse des morceaux. Mais les leurs sont exceptionnelles. Jusqu'à une riste d'aubergines qui n'attend pas l'heure de l'apéritif pour se laisser déguster sur un toast de pain grillé.

Leur crème de citrons de Menton, absolument sublime, se laisse manger à la petite cuillère alors qu'il serait plus raisonnable d'en recouvrir une pâte sablée, de saupoudrer de sucre glace et de la servir en dessert "maison" dimanche midi. Le produit était en rupture dès le troisième jour du salon.

Leurs huiles délicatement parfumées par un procédé de maturation naturelle (citron, basilic, fenouil sauvage) sont merveilleuses mais c'est un vinaigre à la pulpe de figues que je rapporte, désirant le tester de plusieurs manières.

La marque est encore jeune. Elle a été créé en 2006. Elle vient d'arriver au Printemps Haussmann et chez Lafayette Gourmet. Le site sera prochainement opérationnel et je prédis qu'il y aura des coffrets gourmands aix&terra sous les sapins à Noël.

Les treize desserts de Noël sont une tradition dans le sud. Les fruits confits sont incontournables. La Ferme du Plessis cuit les récoltes de son exploitation à l'ancienne et au chaudron, sans sucre. Le goût du fruit arrive doucement sur le palais en fin de dégustation. Et la richesse en pectine naturelle permet de les mouler directement dans de jolis formes.
Leur grande spécialité reste la prune et le pruneau. Alexandra Poueymidanette m'en a expliqué l'origine. On doit la méthode de la prune séchée aux chinois, et aux croisés qui ont appris ce savoir-faire au cours d'un de leur périple, il y a quelques années ... au XII° siècle. C'est tout ce qu'ils ont rapporté, d'où l'expression "y être allé pour des prunes" ...

Plus à l'ouest, le Tarn-et-Garonne m'a étonnée avec les bières que Jackie Courmont distribue sous la marque OC'ALE. Secret de fabrication (réellement et définitivement artisanale) ? Question de degré d'alcool (Elles sont toutes à 6°) ? De dosage entre l'orge et le blé ? De fermentation (systématiquement un procédé de haute fermentation) ? Blanche, blonde ou rouge, elles ont vraiment le goût des anciennes bières, sans amertume excessive (y compris la rouge, ce qui est plutôt rare).
Autre découverte avec le treipaïs, une spécialité limousine que Sophie et Jean-Paul Chevreux avaient amené pour la première fois à Paris. Ce gâteau en forme de triangle honore les trois départements de la Lozère, la Creuse et la Haute-Vienne. Si je n'étais pas venue par les transports en commun j'en aurais fait provision, quitte à les congeler, parce que c'est inhumain de le goûter juste une fois dans sa vie. Biscuit noisette, mousse chocolat, mousse châtaigne et croustillant de chocolat s'accordent parfaitement.

On pouvait se consoler avec les macarons, réalisés à la poche, avec leurs sympathiques irrégularités attestant un travail artisanal. Derrière des couleurs un peu vives se cachent des alliances très bien dosées entre citron et gingembre, menthe et réglisse, rose et passion. Comment Jean-Paul s'y prend-t-il pour qu'on distingue l'un puis l'autre sans qu'un parfum n'exerce une domination sur l'autre ? Son conseil, à suivre, c'est de servir frais pour atténuer le sucre.

Il sera présent au Salon terroir d'Enghien et au prochain salon de l'Agriculture sur le stand du Limousin.
J'ai moins apprécié les macarons de MG Traiteur, surtout connu pour son gigot bitume dont la recette remonterait au déluge.

En effet, Noé aurait utilisé le bitume pour enduire son arche et le reliquat aurait permis de cuire les aliments pour nourrir l'hétéroclite colonie durant le périple. Cette technique de cuisson assez particulière est utilisée par les étancheurs français depuis le début du siècle dernier. Une fois les travaux d'étanchéité des toitures terminés, ils plongent dans leur fondoir à bitume la viande soigneusement protégée par une papillote, généralement un gigot d'agneau. qui compose le traditionnel repas de clôture de chantier. Certains entrepreneurs le dégustent lors de la pose de la première pierre ou encore lors de la fin du gros œuvre.

J'espère qu'ils ont dans leur assiette une portion congrue (ce qui signifie "suffisante") , à l'inverse du tiers de quart de miette de macaron qui m'a échu. C'était sans doute trop peu pour mes papilles personnelles. Mais la production reste jolie. Les associations sont originales, aux petits pois ou au cresson.

D'autres macarons, très différents, Aux plaisirs du bon Goût, où l'on veut me convaincre que ce petit gâteau a été inventé pour aider à déguster le vin, à Saint Emilion. J'ai déjà entendu cette légende mais je reste à la version que j'ai donnée il y a plus de deux ans, ici. La recette nous est arrivée d'Italie dans les bagages de Catherine de Médicis.
N'empêche que la jeune femme a une manière très personnelle et très sympathique d'aborder la clientèle en vraie spécialiste des salons. Son accent lui-même est coloré des saveurs du sud-ouest et de la Cote d'Argent qu'elle affectionne.

Coté douceur, la chocolaterie de Beussent continue elle aussi à être bien connu du public qui fréquente les salons. Elle était bien évidemment au Salon du chocolat. Elle était ici aussi, avec ses kilos de chocolat "marteau", dont l'épaisseur était triple il y a 25 ans quand le créateur en a déposé le nom. On ne pouvait alors le casser qu'avec cet outil.

Ses parents confiseurs fabriquaient des sucettes. Alain Derick peut être fier. Il a réalisé son rêve, celui de contrôler toute la filière, depuis les plantations qu'il surveille depuis 5 ans en Équateur jusqu'à la vente directe, en passant par le séchage, la fermentation et la torréfaction.

Sa buche Maya, combinaison de praliné et de noisettes grillées, est un régal. S'il fabrique pour certains chocolatiers qui apposent ensuite leur étiquette (je ne donnerai pas de nom !) il a aussi 15 magasins, qui ne sont pas des franchises, sur la Cote d'Opale, Fontainebleau, Compiègne ...

La chocolaterie se visite à Beussent et cette forme de tourisme gourmand est toujours instructive pour petits et grands.

Toujours dans le Nord, avec le Porc d'attache, venu avec des charcuteries et des fromages lillois. Depuis le film Bienvenue chez les ch'tis on sait que dans le Nord il est banal de tremper le maroilles (inventé en 962, AOC en 1976) dans son café du matin. Il sent très fort mais se révèle très fin au final.

C'est ce dôme orangé qui m'attirait, me rappelant un des fromages que ma grand-mère adorait, une spécialité de la Thiérache où elle était née, la Boulette d'Avesnes. Il est fait de brisures de maroilles et de maroilles non affiné (blanc), écroutées et assaisonnées d'ail, poivre, sel, estragon, origan, sarriette, ciboulette, clou de girofle et persil,

On façonne toujours à la main. Elles étaient conservées à la cave dans des pots en gré. Le séchage s'effectuait dans un endroit aéré, ensuite elles étaient lavée à la bière et remises à sécher. L'enrobage de paprika ou de rocou évitaient qu'elles ne moisissent au fond de la mine.Car c'est le fromage que les mineurs emmenaient au travail.

Nos grands-mères influencent nos gouts d'adulte. Celle de Lilye, de Kathi et de Sabrina a travaillé chez un grand traiteur français. Les trois sœurs, aidées de leur maman, ont ouvert leur propre maison à laquelle elles ont donné le nom du grand voyageur Magellan. Chacune son domaine qui de la confiserie, qui des gâteaux ou de la vente. Elles donnent aussi dans le salé avec des soupes plutôt raffinées comme ces veloutés d'asperges ou de châtaignes. Leur épicerie fine (et biologique) est ouverte aussi le dimanche à Versailles.

Dans cette même ville, chaque mardi, vendredi et dimanche, vous retrouverez Saveurs du monde (présent aussi au Lafayette Gourmet). J'adore les épices et même si j'ai mes fournisseurs préférés je m'arrête dès qu'on me demande de tendre la main pour y déposer ... même du poivre !

Le poivre sauvage de Madagascar est une surprise. Il est minuscule, prolongé d'une queue. La saveur de ce voatsi perifery est inoubliable combinant le piquant et le citronné. J'apprends que chaque poivre est différent et que l'on peut composer des mélanges particuliers, un peu comme on le ferait avec des thés.

Le choix est immense aussi bien en poivres qu'en sels. Le rose et le noir n'ont guère d'intérêt gustatif mais visuellement ils font leur effet dans l'assiette.
L'univers des poivres me semble immense. Celui-ci est un poivre long qui pousse à l’état sauvage sur les contreforts de l’Himalaya. Il mesure 2 à 3 cm de longueur et sa couleur varie du gris au brun foncé. la taille ne fait rien à l'affaire. Il est moins fort que le minuscule poivre sauvage de Madagascar avec une note faisant penser à la cannelle.

Quant au poivre du Setchouan (qui n'est pas un poivre mais une baie) on me suggère d'en mettre un dans une coupe de champagne avec un bouton de rose. A tester ...

Saveurs du monde a aussi un large choix de mélanges. Le sel du trappeur est composé de fleur de sel, de poivre et de pépites de sucre d'érable. Le Pan massala (ci-dessous à gauche) est une combinaison d'aneth, de fenouil, de réglisse et de feuilles de béthel. Les indiens le croquent à la fin du repas pour faciliter la digestion.

On trouve aussi les baies de Goji, dont l'action relève quasiment du miracle. Moins chères que la gélée royale elles auraient une action anti-âge, stimuleraient les défenses immunitaires, réguleraient sommeil et humeur, assureraient un bien-être général et apporteraient une multitude d'autres bénéfices, à condition d'en croquer 6 à 7 chaque matin pendant trois mois.


















Papilles en fêtes c'est aussi l'occasion d'apprendre et de réaliser soi-même.

Les enfants d'abord avec Lucullus Sucullus, une revue spécialisée dont le premier numéro (trimestriel) est sorti en mars 2008.

Cette revue s'adresse aux enfants en leur racontant des histoires, que les parents doivent apprécier aussi. Ce peut être la grande saga de la fabrication du fromage, un dossier complet sur le veau, depuis le veau d'or des Hébreux jusqu'au Marengo qui célébra la victoire napoléonienne, en passant par l'escalope Lucullus, évidemment.

Un fait scientifique ou historique, ou une idée de bricolage sert de prétexte à donner une recette. On apprend beaucoup de choses. Comme par exemple l'emploi de la muscade pour parfumer le vin au Moyen-Age.

Les rubriques sont vivantes. La recette insolite l'est vraiment, comme la pintade au chocolat ou le tiramisu salé.
La directrice de publication, Christel Monge, mène quelques croisades avec humour. Elle réhabilite les abats dont elle parle sans tabou et avec humour. Son conseil de servir le "fromage" de tête coupé en cubes, piqués sur morceau de feuille de chou rehaussé d'une touche de moutarde Savora est facile à suivre.

Elle a raison de dire qu'il faut gouter avant de dire non. Le magazine plait beaucoup aux mamans car tout est fait pour leur éviter l'échec. Rendre accessible la vraie cuisine sans vulgarisation excessive, tel est le pari gagné de Lucullus Sucullus qui s'améliore encore en janvier prochain pour proposer davantage de recettes.

Christel coordonnait des cours de cuisine adaptés à l'âge des jeunes visiteurs de Papilles en fête alors que le magazine Maxi-Cuisine, en association avec la Fédération française de cuisine amateur, s'adressait aux adultes alors que se déroulait la finale de la troisième édition du Championnat de france de cuisine amateur. C'est dire combien cela "bouillonnait" sur le stand de la FFCA.

J'ai suivi un cours de Geneviève Lenain, qui nous a enseigné l'art de la papillote de poisson tout en nous prodiguant moult conseils sur la bonne manière de choisir son poisson, ou ses champignons.

C'est une femme énergique qui a le sens de l'économie et du recyclage. Chez elle on ne jette pas la peau du bar. On la passe au four entre deux feuilles de papier sulfurisé et elle se pose en biais sur le plat où elle apporte une touche argentée.

Je donnerai sa recette un autre jour (sinon ce compte-rendu n'en finira pas d'en finir) mais retenez son nom et n'hésitez pas à la contacter. Je crois qu'elle a réponse à tout.

D'autres chefs ont donné des cours thématiques, comme Anil Abhimanyu Sharma qui a failli ne pas s'arrêter tant ses élèves étaient passionnés par sa connaissance de la cuisine indienne.

Je reviendrai aussi sur l'initiation à l'oenologie qu'Emmanuelle Voinier a faite sur des Cote-du-Rhône. Elle m'a démontré comment on pouvait chercher les arômes en faisant travailler ses papilles. Je me souviens particulièrement d'un Haut-Musiel blanc, aux senteurs de tilleul et de vanille, avec une touche boisée, giroflée, qui ensuite développe des notes fumées et grillées.

La journée s'est achevée avec l'annonce des lauréats du Championnat. Depuis que j'ai été juré d'une demi-finale, il y a deux ans, je sais combien ce que l'épreuve représente en terme de travail pour les candidats et de sérieux pour les jurés.
La nuit était tombée sur la Grande Halle illuminée, traversée de lumières. Ce fut une belle journée et on peut supposer que l'édition 2011 le sera encore davantage car son organisateur, Eric Bouhsane, a déjà de nouvelles idées de développement vers l'épicerie fine et les arts de la table, tout en respectant sa philosophie "de la terre à l'assiette".
Coordonnées des exposants cités:
Roquefort Gabriel Coulet, 5 avenue de Lauras , 12250 Roquefort sur Soulzon, Tél. : 05 65 59 59 21
Les Fromageries Papillon, 8 bis avenue de Lauras , 12250 Roquefort sur Soulzon, Tél. : 05 65 58 50 00
Aix&terra, place Richelme, 32 rue Vauvenargues, 13100 Aix-en-Provence, 04 42 09 43 81, également au Printemps Haussmann et chez Lafayette Gourmet
Fruits confits de la Ferme du Plessis 47150 Saint Aubin
Sophie et Jean-Paul Chevreux
19130 Objat, 05 55 25 01 20
OC'ALE, bières du Tarn-et-Garonne, St Simon, 82130 Lafrançaise, 05 63 65 91 73
Treipaes
MG Traiteur, 1000 rue Charles de Gaulle, 77100 Mareuil-les-Meaux, tel 01 60 38 09 95
Au Plaisir du Gout, 11 rue Jean Baspeyras, 33670 Créon, Tél. : 05 56 23 06 46

Chocolaterie de Beussent, 66 route de Desvres, 62170 Beussent, 03 21 86 17 62
Au Porc d'attache, sur les marchés de Dunkerque, Lille, Roubaix etc ...
Le Comptoir de Magellan, épicerie fine biologique, 7-9 rue des Deux portes, Cour du passage, 78000 Versailles, 01 79 29 05 69
Saveurs du monde, 9 rue des Erables, 88150 St Mathurin, tel 06 62 69 11 28
Lucullus Sucullus, 19 rue Yves Toudic, 75010 Paris, tel 01 48 0519 80
Geneviève Lenain, l'évènement gourmet, cours de cuisine et art de vivre, 154 rue de Charenton, 75012 Paris, 01 43 42 34 38
Anil Abhimanyu Sharma, 29 avenue de Stalingrad, 94120 Fontenay-sous-Bois, tel 06 22 57 53 71
Interprofession des Vins AOC Côtes du Rhone et Vallée du Rhône, Hôtel du marquis de Rochegude, 6 rue des Trois Faucons, 84024 Avignon Cedex 1, tel 04 90 27 24 14
Fédération Française de Cuisine Amateur
, sur leur site

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