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La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

vendredi 30 novembre 2012

Little Bird de Boudewijn Koole


Le réalisateur, Boudewijn Koole, signe un long-métrage à la fois puissant et sensible. Loin d’être un film pour enfants Little Bird s’adresse à un très large public. Rien d’étonnant à ce qu’il ait reçu le prix du meilleur premier film au festival de Berlin et qu'il a été choisi pour représenter les Pays-Bas aux Oscars en 2013.

Il y a des circonstances où la détresse des parents est telle qu’ils sont dans l’incapacité de donner à leurs enfants la sécurité psychique qui leur est nécessaire. Dans la famille de Jojo la mère semble être partie pour un bon moment, le père est retenu très tard à son travail et quand il est à la maison il ne semble pas davantage présent.

Le jeune garçon est souvent livré à lui-même. Certes, il s’emploie à faire quelques bêtises, ou du moins des facéties sans grandes conséquences mais cela ne réussit pas à occuper tout son temps libre et il s’ennuie ferme. Aucun adulte ne se rend compte de sa solitude. Peut-être parce que c’est un garçon qui ne pleurniche pas et qui parait bien supporter la situation.

Il découvre un jour un oiseau tombé du nid. Et quel oiseau ! Un chouca au cri disgracieux que l’enfant imitera à merveille. Dans un premier temps le garçon fait preuve de courage en tentant de remettre l’animal dans son nid. Le voilà escaladant les branches tordues d’un grand arbre. Mais le chouca fait une nouvelle chute.

L’enfant n’a plus d'autre solution que de le ramener à la maison alors qu’il sait que son père s’opposera à ce qu’il le garde. Plusieurs scènes très touchantes sont filmées en gros plan. Jojo se plonge dans des livres d'ornithologie, nous apprend que cette espèce peut vivre 25 ans, quelle a l'intelligence d'un chimpanzé, qu'elle est loyale, adore jouer, qu'elle se lie pour la vie avec l'âme soeur ... ce qui renvoie à l'image du père qui vit désormais seul lui aussi.

L'enfant instaure un dialogue avec l'oiseau, le rassurant, l’encourageant. Il lui fait entendre sa musique préférée en se brossant les dents et on devine que c’est la voix de sa mère qu’il écoute. Il n'a pas été facile de trouver qui interprétait la bande son du film. J'avais tout d'abord songé à Marianne Faithfull à cause de la dernière chanson, Somewhere in the future qui fait penser a A place for us. Mais les voix ne coïncidaient pas.

La musique du film est une musique folk populaire qui vient du cœur. Les chansons sont de Ricky Koole, une chanteuse et actrice célèbre aux Pays-Bas. C’est elle qui apparaît sur les photos et dans les rêves de Jojo. Et j'ai déniché une bande-annonce du film où l'on entend un des titres qu'elle a enregistré spécialement pour Little Bird, You are the one.

Cliquer ici pour la lire.

On pourrait reprocher au réalisateur d'avoir construit un personnage d'enfant qui se comporte avec une certaine sauvagerie qui rend son amitié avec l'oiseau noir tout à fait réaliste. Il faut le voir lui donner la becquée en criant Ah Ah comme s’il en était la mère.

L'enfant se débrouille à la va-comme-je-te-pousse pour exécuter les tâches ménagères que son père délaisse. Il fait la cuisine, la vaisselle, lave le linge ... avec des gestes un peu brouillon. Il a de qui tenir, le père n'est pas plus soigneux quand il prépare un plat de pâtes. Il est instable, violent et alcoolique. Les contours de son personnage se dessinent peu à peu. On devinera son métier à un gros plan sur une épaulette.

Il y a beaucoup de scènes où la tension est palpable. mais il y en a d'autres très drôles, équilibrant les tensions dramatiques. Peu à peu le dialogue renait entre le père et le fils, atténuant le drame qui a secoué le foyer. Et Jojo fera aussi la découverte du sentiment amoureux auprès d'une très grande jeune fille en maillot de bains, inséparable de ses chewing-gums bleus.

La vie semble de nouveau s'orienter vers la sérénité. Ce petit oiseau, pourtant fragile, donne à l'enfant la force d’affronter la réalité...mais une nouvelle catastrophe survient.   Jojo est terrassé. Le cri muet de l‘enfant sous le vol de choucas est terrifiant.

Le réalisateur parvient à nous raconter avec légèreté une histoire terrible dans laquelle il instille de la poésie. Par un jeu de ralentis, de pauses, d'arrêts sur image, des cadrages serrés, laissant parfois l'essentiel hors champ pour nous le laisser entrevoir.

Il filme l'oiseau et l'enfant comme deux partenaires, s'appuyant sur son expérience personnelle puisqu'il a recueilli lui-même un chouca dans son enfance. Au final ce premier film est bien plus qu’une simple histoire d’amitié entre l’enfant et l'animal.

jeudi 29 novembre 2012

Cucinema au Théâtre de l'Onde par les Cies Laika et Circo Ripopolo

Dès notre entrée sur la scène à Vélizy (78) (parce que pour cette fois nous y sommes tous, acteurs, spectateurs et techniciens) on sent les odeurs de cuisine. Les parfums promettent que l'on va se régaler.

Un vestiaire est installé en amont pour qu'on soit à l'aise sur notre tabouret. Un olibrius nous accueille et nous aide à gravir les quelques marques du kiosque à musique avant de nous guider vers les places libres. Musicien, serveur, clown ... il assumera plusieurs rôles. Comme ses camarades. Nous voilà au complet, le film peut commencer.

Le film ? On se croyait au théâtre et nous voilà face à la projection d'un cinéma muet. Une histoire un peu loufoque d'un certain Roger, chef cuisinier ... chef c'est beaucoup dire, cuisinier aussi d'ailleurs parce que ses pratiques sont douteuses. Ce n'est pas sa technique pour émincer le poireau qui lui permettrait de remporter le casting de Master chef. Il aura tôt fait de jeter la toque.
Les images sont en noir et blanc, dans un rythme saccadé qui fait craindre la rupture de la pellicule. La musique est jouée en direct et on se passe de paroles comme au temps du cinéma de Pagnol ou de Chaplin.

La farine se renverse et on tousse. Le son vient tout à coup de l'intérieur. Il est temps de boire un coup. L'image crève l'écran, c'est le cas de le dire. Place au théâtre !
Au théâtre ? On se croirait au restaurant. La nappe est prête, couverts inclus pour 6 personnes. Il y a des idées à breveter coté déco. Et sur scène, la découpe du concombre au ventilateur amuse autant qu'elle inquiète quand on nous apporte le breuvage qui compose le premier plat, dans le même broc de verre qui a recueilli le jus à la sortie de la canalisation de l'évier.
La frayeur est de courte durée. Cette entrée en matière est de bonne facture. On va vite deviner que les ingrédients avec lesquels les comédiens s'amusent sont les mêmes qui sont travaillés backstage pour atterrir dans nos assiettes. Le saumon qui fait un pied de nez au serveur sera fumé puis toasté entre deux gaufrettes.
Nous assisterons à une multiplication des brocs et des brochettes et on se prend à rêver à une cuisine idéale où on pourrait nous aussi ouvrir à l'infini la porte du frigo ou du four pour récupérer un second, puis un troisième plat identique ... Si c'est pas de la magie ...
De la magie ? Un énorme travail en fait, qui a démarré à 16 heures cet après-midi, et qui ne s'achèvera qu'une heure après notre départ car il y a une montagne de vaisselle à laver, et le décor à remettre d'aplomb. Nous découvrirons après les saluts qu'ils sont assez nombreux en coulisse à s'activer pour régler le ballet aux petits oignons. Le repas a été conçu pour 108 convives, pas un de plus, pas un de moins. Deux spectateurs font défaut. Il faudra liquider les restes.

Cela ressemble à une joyeuse pagaille. La désorganisation règne en reine. Ce sera Jean le fournisseur qui sera réquisitionné pour imaginer le plat principal. François coupe-tout tranchera les oeufs. Une carotte fera office de rouleau à pâtisserie. C'est pas dans la poche ...
Dans la poche ? Ah si, tout s'y retrouve et celle de François semble sans fond. Jacqueline se fait obéir au doigt et à l'oeil, surtout à l'oeil. C'est qu'il faut sortir un plat qui se tienne. ce sera une sorte de calzone de poulet aux petits légumes. Fort surprenant et fort savoureux à la fois.
La viande cuit avec du fenouil, des carottes artistiquement tournées en billes, du thym et de l'orange, le tout à l'étouffé dans une pâte à pain faite (et c'est là le secret de sa saveur) pour un tiers avec de la farine de sarrasin, pour un autre de farine de blé et pour le dernier de farine de blé dur.

C'est bon, très bon, copieux. On se régale. On vit une autre époque. Nous sommes au milieu des années cinquante, peut-être avant. Serveur et serveuse peuvent roucouler tranquille derrière le piano.
Nous on déguste la Kriek, avec modération s'entend, une vraie de vraie, fermentée avec des cerises acides. C'est un vrai voyage.

La gestion du temps est aussi parfaite que celle du suspense. On a oublié qu'on était au théâtre et pourtant voilà qu'on annonce la "fin". La fin du film mais pas celle de la pièce ni du repas dont on s'évertue à deviner le dessert.
On jurerait qu'il sera question d'une crème brûlée. C'est presque ça, mais en cornet.
Cela fait 15 ans que Peter De Bie de la Cie Laika ne choisit plus entre son amour pour le théâtre et sa passion pour la cuisine. Ce soir il les combine avec son intérêt pour les slapsticks, des sortes de comédies cinématographiques qu'il réinvente avec la complicité de Ief Gilis du Cirque Ripopolo. Leur Cucinema nous a littéralement transportés hors du temps en bousculant nos repères. Ce repas partagé avec nos voisins de table est une expérience hors du commun. Nous sommes à la fois spectateurs et pourtant acteurs. Nous vivons le présent en oubliant qu'il y avait un avant et qu'il y aura un après.
Et nous pourrons même rééditer le menu dans notre propre cuisine puisque les recettes nous sont distribuées à la sortie.
Lionel Massétat peut se réjouir d'avoir réalisé son rêve : construire un théâtre autour d'un restaurant. La démonstration est magistrale. Nos repartons avec le sentiment d'avoir changé ... et une petite culpabilité tout de même de leur laisser la vaisselle et le rangement.
La semaine prochaine, à Calais, c'est un autre monument, Don Giovanni, que Peter adaptera à sa sauce. Opera Buffa sera le titre de ce spectacle où le chef sera chargé de séduire une assemblée de 200 spectateurs.
Cucinema : Concept Peter De Bie et Ief Gilis, avec Stef Geers, Katrien Pierlet/Ellen Dierckx, Alain Rinckhout, Michiel Soete, Cinéaste Stefan Vanbergen,  Conseil musical Peter Vermeersch, Costumes Manuela Lauwers, Gestuelle Bert Van Gorp,  Regard extérieur Jo Roets, Lumières Anton Van Haver, Technique Pieter Smet, Rik Van Gysegem, Dramaturgie Caroline Fransens.

Les 22, 23 et 24 mars prochains Cucinema s'installera à la Ferme du Buisson (tel 01 64 62 77 77)

mercredi 28 novembre 2012

L'Affaire de l'Esclave Furcy au Tarmac

En tout premier lieu, pour ceux qui ne suivent pas les pérégrinations des théâtres parisiens il faut préciser que le Tarmac est la Scène internationale francophone et qu'il est installé à Paris depuis un peu plus d'un an 159 avenue Gambetta dans les anciens locaux du Théâtre de l'Est parisien, qui pfuitt s'est évaporé (mais une partie de l'équipe est restée sur place). Autrefois c'étaient les avions qui voyageaient. Maintenant ce sont les théâtres, et certains se perdent en chemin.

Si j'insiste c'est parce que la signalétique urbaine n'a toujours pas mis ses pancartes à l'heure, que ce soit à la sortie du métro Saint-Fargeau comme dans le Parc de la Villette où il se trouvait auparavant. L'équipe doit en avoir pleine conscience à moins que ce ne soit par humour que la pancarte "c'est ici" est accrochée au fronton du théâtre. Ce nouvel endroit lui permet de disposer de deux salles et de pouvoir créer d'autres formes que le "simple" one man show.

Son fief précédent est désormais investi par le Hall de la chanson, dont la visibilité en fin de journée et en hiver est quasi nulle puisque les lettres rouges du Tarmac étincellent toujours à la Villette, non loin d'un Théâtre du même nom qui lui se trouve au bord du drame, tandis que les rames du futur tramway T3 tournent à vide inlassablement. Il semble que de tous temps il faille laisser du temps au temps pour que les choses entrent ou rentrent dans l'orde. Ou s'évanouissent définitivement.

Je m'éloigne du sujet mais c'est pour mieux y revenir. L'Affaire Furcy est terrible parce qu'elle relate un combat humain qui s'inscrit dans une longue lutte. On le sait d'emblée, à la lecture de la présentation qui nous en est faite : Je me nomme Furcy. Je suis né libre dans la maison Routier, fils de Madeleine, Indienne libre, alors au service de cette famille. Je suis retenu à titre d’esclave chez Monsieur Lory, gendre de Madame Routier. Je réclame ma liberté : voici mes papiers.

Nous sommes en 1817 à Saint-Denis de La Réunion alors île Bourbon et l’homme qui prononce ces mots tient dans sa main la Déclaration des Droits de l’Homme. Un esclave qui réclame ses droits. Du jamais vu. De l’inédit. Pourtant l’esclave Furcy ose revendiquer ses droits, juste ses droits. Il devra assigner son maître en justice pour obtenir sa liberté. Il sera aidé par un procureur général mais les esclavagistes sont là, puissants, influents. Le combat durera vingt-sept ans… Et le Tarmac contribue à abolir les frontières en clamant haut et fort la richesse de nos différences comme le souligne sa directrice, Valérie Baran.
Mohammed Aïssaoui a mené l’enquête et révélé cette affaire au grand public par un livre qui a reçu le prix Renaudot de l'essai 2010 et qui figure bien entendu en bonne place sur les étagères de la librairie du théâtre. 

Hassane Kassi Kouyaté a choisi la voie du conte en interprétant tous les rôles avec énergie, émotion et humour également. L'écoute était d'une densité exceptionnelle le jour de ma venue.

Des images sont projetées sur la toile de fond, associant de très beaux paysages avec des visages durs et des chiens menaçants. On pense un instant au film d'animation Valse avec Bachir. Le récit commence. 

Le conteur ne nous fait grâce d'aucune étape, d'aucun rebondissement, dont certains manifestement l'amusent. Quand il mime un combat il s'arrête un instant, savoure le moment, nous confiant qu'il aime particulièrement cette partie de l'histoire. Et le public rit, soulagé que tout ne soit pas sombre. L'histoire est terrible mais l'interprétation ne manque pas d'humour et les éclats de rire sont fréquents malgré tout.

Qu'est-ce qui pousse un homme à tendre la main à un autre ? Un regard, presque rien ? Le procureur va s'emparer du dossier et concevoir un argumentaire.
La voix d'Hassane se teinte de diverses intonations. Il entonne un très beau chant assis devant ce bateau qui nos emporte avec lui sur les mers bleus de Maurice.

Chacun l'approuve lorsqu'il émet une critique : on aurait aimé que le monde soit simple mais il ne l'est pas.

Chacun se mettrait bien à danser comme lui avec la chaise lorsque le dénouement est enfin positif. Une simple chaise qui se trouvait renversée sur la terre, comme au centre d'une arène au début du spectacle. Il aura fallu longtemps avant qu'elle ne soit remise sur pieds, témoignant de la longueur de la procédure judiciaire.

La vie n'est pas à un paradoxe près. Furcy sera libre grâce à une loi faisant de lui un meuble non enregistré, donc en quelque sorte en raison d'un vice de procédure puisque son maitre a omis de l'enregistrer en tant que marchandise.

Hassane Kassi Kouyaté nous dira que ce qui l'a poussé à se pencher sur cette histoire là n'est pas l'opposition entre le gentil Furcy et le méchant Lory mais qu'il a voulu travailler dans la continuité de son père Sotigui, qui avait subi des réactions violentes quand il avait osé s'attaquer à certains tabous. La réalité est plus complexe que la mise en cause classique du Blanc contre le Noir. Il faut regarder l'histoire en se méfiant du point aveugle. Ce ne sont pas les informations qui nous font défaut mais le courage de tirer les conséquences de ce que nous savons. C'est une de ses missions de griot de le faire et Hassane le fait merveilleusement. Qu'il en soit remercié.

L'affaire de l'esclave Furcy du 20 novembre au 15 décembre, les  mardi, mercredi, vendredi à 20h, le jeudi à 14h30 et 20h, le samedi à 16h
d'après L'affaire de l'esclave Furcy de Mohammed Aïssaoui (Gallimard)
avec Hassane Kassi Kouyaté
adaptation Patrick Le Mauff, complicité Hassane Kassi Kouyaté
mise en scène Hassane Kassi Kouyaté, complicité Patrick Le Mauff
assistante à la mise en scène Zmorda Chkimi
lumière et vidéo Cyril Mulon
création sonore Nathalie Estève
scénographie Hassane Kassi Kouyaté
dessins et image Stéphane Torossian
costumes Anuncia Blas

Coproduction Compagnie Deux Temps Trois Mouvements, Le TARMAC - La scène internationale francophone. Avec le soutien de la Mairie de Paris. tous renseignements sur le site du Tarmac.

Plusieurs rendez-vous, tous en entrée libre, mais sur réservation au 01 43 64 80 80, sont proposés autour du spectacle :
Mercredi 28 novembre, à l'issue de la représentation, soirée en écho avec Mohammed Aïssaoui
Samedi 1er décembre, toujours à l'issue de la représentation, sortie du livre "Rêves d'hiver au petit matin" (Editions Elyzad)
Mercredi 5 décembre à 19h, apérilivres avec Yamen Manai et Yahia Belaskri
Samedi 15 décembre à 18h, soirée hommage à Sotigui Kouyaté.

Photos A bride abattue sauf celle du bateau qui est d'Eric Legrand.

mardi 27 novembre 2012

Envie d'escargots ... en amuse-bouche ou même en plat complet


Depuis mon retour du Salon du blog culinaire de Soissons ce n'est pas de haricots que je rêve mais d'escargots. Ces petites bêtes m'ont fait saliver et je les ai accommodées de diverses manières.

En cassolette du vigneron
J'ai retiré la peau de gros raisins, puis les pépins (très important pour la saveur du plat parce que les pépins ont une âcreté ici insupportable).

L'opération n'est pas aussi difficile qu'épépiner des groseilles à la plume d'oie comme je l'ai vu faire en Lorraine mais c'est un peu délicat tout de même.

On caramélise ensuite les grains dans un mélange sucre-beurre,-sel vanillé,-poivre de cassis,-anis vert entier et girofle moulue. On ajoute une boite d'escargots à peine rincés parce que comme le disait Chef Damien à Soissons "le visqueux est vecteur de goût". 

On peut servir dès que l'ensemble est à bonne température ou détendre avec une bonne crème fraîche d'Isigny. Plusieurs présentations sont envisageables, en version tapas ou en mini cassolettes
ou même dans une coquille d'oeuf si on dispose de ce contenant là ...
Et s'il reste suffisamment de "matière" on peut aussi déguster à l'assiette, en ajoutant même des morceaux de pommes de terre cuite à l'eau (cf première photo).

En coquille
Celui qu'on appelle le plus doux des fromages bleus, à savoir la Fourme d'Ambert, s'associe avec bonheur à l'escargot. Suivant, encore une fois les conseils du chef Damien, j'ai mélangé en proportions égales de la chapelure de pain d'épices (du pain d'épice grillé puis émietté et passé au pilon), de la crème fraiche et du fromage. J'ai ajouté quelques gouttes de vinaigre de cidre.
Une fois l'escargot rentré dans sa coquille on ferme avec la préparation et on passe au four quelques minutes. 
C'est aussi simple que cela.

A la coque
J'ai pensé à ceux d'entre vous qui n'ont pas dans leur placard une réserve de coquilles vides ou qui seraient rebutés à l'idée de devoir les laver après emploi dans l'optique de les réutiliser. Pour cela j'ai confectionné des coquilles de pâte feuilletée (dont certaines me serviront pour un dessert minute comme on le devine sur certaines photos) que j'ai précuite à blanc sans me préoccuper que la pâte lève un peu. J'avais un moule à madeleines en silicone parfaitement adéquat parce qu'il dispense l'emploi de beurre mais un moule en métal pourrait être employé.
Lorsque la pâte commençait à colorer j'ai déposé une grosse cuillère de la préparation de la recette précédente avec un escargot dessus, ai replié la coque et lui ai fait faire un quart de tour en la laissant dans le moule.
Quelques minutes de cuisson plus tard j'obtenais une entrée chaude plutôt originale et délicieuse.

En petit bateau
C'est une variante des deux précédentes. La coquille de pâte est remplie de préparation et on y fait voyager un grain de raisin cru avec un escargot.
Je me demande quelle est ma préférence ...

Et pour ceux qui voudraient "faire" eux-mêmes leurs escargots voici la marche à suivre telle qu'elle m'a été donnée à Soissons par la Collective de l'Escargot de Bourgogne. On ramasse les petites bêtes, façon de parler puisqu'elles doivent avoir au moins 30 millimètres de diamètre. On les fait jeuner quelques jours (pas quarante comme s'y employait ma grand-mère) avant de les rincer à grande eau.

On les laisse égoutter quelques heures sur un lit de gros sel qui vont en prime les faire se recroqueviller au fond de leur coquille. C'est là que les choses deviennent franchement cruelles puisqu'on va les ébouillanter 3 minutes, poignée après poignée. On les égouttera, les décoquillera, coupera le tortillon (son appareil digestif) avec une paire de ciseau, un par un.

Cette chair brute prête à l'emploi sera cuisinée dans un bouillon de thym, laurier, piment oiseau 2 h 30 à 3 heures. Les animaux marineront une douzaine d'heures dans le jus de cuisson auquel on aura ajouté du vin de Chablis. Leur chair sera attendrie en se regorgeant de jus parfumé. On pourrait à ce stade les congeler dans le liquide, les mettre en conserve ou les cuisiner sans plus attendre.

Je vous conseille une balade sur le site pour apprécier combien l'escargot a plus d'un tour dans sa coquille.

lundi 26 novembre 2012

Concerts à l'Eglise de la Madeleine en décembre 2012 et au Premier trimestre 2013

L'église de la Madeleine demeure un lieu d'exception même si l'acoustique y est imparfaite (je vous conseille les premiers rangs ou les derniers car entre deux le son est cyclonique).

De l'intention de Napoléon Ier d'en faire un temple maçonnique dédié à la gloire de sa Grande Armée il reste la demi-coupole où l'on reconnait l'empereur et son aigle emblématique, mais aussi Richard Cœur de Lion, Saint Louis, Godefroy de Bouillon,  Clovis à côté de Sainte Clotilde, Charlemagne, Alexandre III, Jeanne d'Arc, Raphaël, Michel-Ange ... Henri IV ... quelle assemblée ! 

Juste en dessous se déroule une mosaïque néo-byzantine composée par le peintre Charles-Joseph Lameire et réalisée à la manufacture de Sèvres pour les carreaux de verre coloré.

Un groupe statuaire représentant le ravissement de Marie-Madeleine exécuté par Carlo Marocchetti a été placé derrière l'autel.

Le bâtiment mit presque trois quarts de siècle à devenir une église en 1845.

Il faillit être transformé en 1837 en gare ferroviaire, la première de Paris. Ses orgues ont eu des musiciens célèbres comme Camille Saint-Saens et Gabriel Fauré en furent les organistes.

Le Requiem de Mozart est une des oeuvres les plus troublantes de l'histoire de la musique. C'est la dernière attribuée au grand musicien qui l'a commencée alors qu'il était à l'agonie. Il n'a pas eu le temps de l'achever avant de mourir. Elle a été complétée par ses élèves à la demande de sa femme Constance. Et Jean-Louis Petit en a fait une nouvelle orchestration à partir du manuscrit original en tenant compte de l'acoustique particulière de cette église.
C'est lui qui dirigeait, de main de maître, le concert samedi 24 novembre comme il l'a déjà fait plusieurs fois dans cet endroit qu'il connait bien.
L'austérité de l'oeuvre, composée en ré mineur, fut d'emblée atténuée par l'association de l'Ave Maria, non pas celui de Schuman comme on peut le lire dans certains communiqués de presse mais de Schubert. Cet air est dans toutes les mémoires, même les moins mélomanes et la pureté de la voix de la soprano Lisa Levy a fait frissonner l'assistance.

Schubert écrivit cette musique à l'âge de 28 ans en s'inspirant d'un poème de Walter Scott, "La Dame du Lac" (1810), traduit en allemand par Adam Storck. Il y voit un encouragement à chasser les démons de la terre, comme ceux du ciel, et accepter son destin.
Plus tard le joyeux Alleluia du Messie de Haendel pouvait tout autant surprendre. On l'oublie, mais ce compositeur est né en Allemagne et doit sa nationalité anglaise à une demande de naturalisation. Nous l'écoutâmes, assis sagement. Nous serions nous levés si le chef nous en avait intimé l'ordre ? Il est vrai que nous ne sommes pas en Angleterre où il est de coutume de le faire, en mémoire au roi George II qui se leva devant la beauté de ce morceau la première fois qu’il l’entendit.

A l'origine le Requiem a été écrit pour un chœur à quatre voix, un orchestre symphonique et quatre solistes (soprano, alto, ténor et basse). Outre les morceaux habituels comme le Benedictus qui les met en jeu en même temps, chacun a pu donner la puissance de sa voix avec des morceaux additionnels.

Le Libera me de Fauré était bienvenu puisque le compositeur le créa ici même, le 16 janvier 1888 au cours de funérailles où il interpréta la totalité du requiem dont le morceau est tiré. Bien qu'également en ré mineur, ce chant évoque une délivrance heureuse, atténuant l'austérité associée d'habitude au Requiem de Mozart et qui restera au programme plusieurs autres samedis :

Prochains concerts à l'Eglise de la Madeleine, à Paris, toujours à 21 heures
Le Requiem de Mozart, avec Ave Maria (cette fois de Schumann), Alleluia de Haendel, Libera me de Fauré le samedi 15 décembre 2012
Le Requiem de Mozart, avec Ave Maria de Schumann, Ave Maria de Gounod, Ave Verum de Mozart les samedis 29 décembre 2012, 12 janvier et 9 février 2013
Toujours avec l'orchestre Jean-Louis Petit, sous la direction Jean-Louis Petit, le choeur Amadeus, avec le Chef de Choeur Laurent Zaïk, Lisa Levy soprano,  Muriel Souty mezzo, Georges Wanis (ou  Pierre Vaello) ténor,  Olivier Peyrebrune basse.

D'autres activités culturelles et caritatives sont bien entendu organisées par la Maison paroissiale. plus de renseignements sur le site www.eglise-lamadeleine.com

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