Publications prochaines :

La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

lundi 29 février 2016

De la caricature à l'affiche au Musée des Arts décoratifs


Vous avez jusqu'au 12 juin pour voir les expositions consacrées aux papiers peints, et aux tissus de Pierre Frey au Musée des art décoratifs. Vous aurez tout l'été pour vous immerger dans l'évolution de la caricature à l'affiche, de 1850 à la Grande Guerre, et un peu au-delà puisqu'on remarque à la fin quelques couvertures de Charlie-Hebdo.

J'ai eu le privilège de la visiter presque en avant-première au cours d'une soirée Vivez Lézard ! Elles sont destinées et réservées aux 18-25 ans et sont l’occasion de découvrir une exposition temporaire, un jeudi en nocturne en compagnie des conférenciers des Arts Décoratifs. Chacun profite chaque fois de l’entrée et de visites découvertes gratuites. (voir les prochaines en fin d'article).

Et si j'ai choisi comme première illustration cette lithographie en couleur de Sem (Serge Goursat, dit) intitulée La revue des Folies Bergère, Footit, 1910-1914, c'est parce que la ressemblance est frappante, et pour cause puisque c'est lui, avec le clown du film Chocolat qui est en ce moment sur les écrans.

dimanche 28 février 2016

Cuisses de poulet rôties, pommes de terre ou patates douces pour se régaler à la maison comme au travail

L’AFIDOL qui est l'Association Française Interprofessionnelle de l'olive a organisé un concours sur la thématique des repas au travail. Il s'agissait de se laisser inspirer par les huiles d’olive et de proposer une ou plusieurs recettes (recettes originales, jamais publiées) de bons petits plats à emporter au bureau.

Un jury choisira d'ici le 29 février les 4 recettes mettant le mieux en valeur les huiles d’olive qui peuvent, grosso modo, être réparties en trois grandes catégories selon leur goût, subtil, intense ou à l'ancienne comme j'ai déjà du l'écrire sur le blog.

Les gagnants seront convoqués pour réaliser leur recette en avril devant un autre jury pour gagner un séjour en Provence et un cours de cuisine avec un chef, ou un ensemble de cocottes Le Creuset, ou encore un panier gourmand aux saveurs provençales.

Les internautes, donc vous lecteurs, ne sont pas oubliés puisqu'ils sont invités à élire leur recette coup de coeur via une page dédiée au concours. Nous sommes plusieurs à n'avoir aucune chance de gagner mais sachant que l'un d'entre eux recevra, par tirage au sort un voyage en Provence, au pays des oliviers (valeur 250€), je vous invite à voter pour votre recette préférée, même si ce n'est pas la mienne.

En tout cas j'ai réellement joué le jeu et c'est vraiment une recette que j'ai consommée sur mon lieu de travail. Elle est facilement réalisable et transportable, surtout dans le plat Appolia qui fait la navette entre mon réfrigérateur et mon bureau.

samedi 27 février 2016

Et le silence sera ta peine d'Elodie Geffray

Je referme ce roman policier en ne pouvant pas me retenir de juger à haute voix : vraiment sympa !

Vous avez bien lu. Et le silence sera ta peine est un livre très agréable à lire. Et pourtant je ne raffole pas du genre policier. Ce n'est pas vraiment la couverture qui me l'a fait ouvrir. J'avais des lectures plus urgentes, mais je résiste peu de temps à la perspective de découvrir un premier roman.

Elodie Geffray est ingénieur des Mines et travaille dans le secteur des énergies renouvelables. J'ignore quelle fut sa motivation à s'atteler à la construction d'une telle oeuvre mais elle a eu raison de se lancer. Et j'espère qu'elle va récidiver.

Je ne vais pas vous donner le résumé du début parce qu'il y a un réel plaisir à découvrir l'architecture de la narration. Je ne ferais qu'une chose recommandation : lisez-le en confiance, sans chercher à tirer des conclusions trop vite.

N'allez pas voir ce que d'autres bloggeurs ou journalistes en ont dit. J'en connais qui reprennent systématiquement les communiqués de presse et les rebondissements s'en trouveront spoliés comme on dit dans le jargon.

S'il vous faut un indice, je n'en donnerai qu'un : Fiodor Dostoïevski a inspiré sans aucun doute Elodie Geffray avec Crime et Châtiment que l'on peut avoir envie de rouvrir après avoir terminé le sien.

A toute chose malheur est bon dirait Dominique. Cela ne prouve pas que le coupable (n'oubliez pas qu'on est dans l'univers policier) sera puni. Qui paiera l'addition ? Nicolas, fils de ministre dont le père trouve toujours le moyen d'arranger les choses, Dominique, chômeur vaincu d'avance, Ivan, homme de mains sans scrupules ou Martine, éleveuse de chèvres perdue en pleine nature ? Les paris sont ouverts et c'est le commissaire Osmond qui rédigera la note.

Les personnages ont des accents authentiques malgré leur aspect border-line. Je verrais bien plusieurs suites à ce premier essai. Mon petit doigt me dit que les hasards de l'écriture pourraient en mettre quelques-uns de nouveau face à face.

Et le silence sera ta peine d'Elodie Geffray, Belfond, en librairie le 18 février 2016

vendredi 26 février 2016

Vins d'Auteurs s'installe à Malakoff (92)

Le restaurant a ouvert il y a trois semaines, pile en face du Théâtre 71 de Malakoff où je vais si souvent. Il y fait un peu frais pour le moment mais la terrasse promet d'être agréable quand les beaux jours seront revenus.

Aux vins d'auteur n'est pas un bar et justifie cette position en proposant des assiettes de charcuterie ou de fromage pour accompagner la dégustation d'un vin servi au verre.

A l'heure du déjeuner, point de menu mais une carte resserrée qui s'organise autour de produits de qualité. Catherine L'Héritier officie toute seule en cuisine, comme à la plonge, avec le sourire et l'amour de l'assiette bien faite.

jeudi 25 février 2016

Lapidée à la Comédie Bastille

Voilà un spectacle qui ne me "disait" pas. Il y a des thèmes que j'évite. Des quartiers aussi. Pour cause de mauvais souvenirs.

Mais il faut savoir se bouger un peu quand les circonstances l'exigent.

En l'occurence Lapidée mérite très largement d'être vu. D'abord parce que la direction d'acteurs est exemplaire. Ensuite parce que la pièce est très bien écrite. Enfin parce que sur un sujet délicat toute l'équipe parvient à faire vivre l'émotion sans tomber dans un pathos exacerbé.

Ne m'en veuillez pas si je campe d'abord le décor extérieur. Nous sommes à quelques pas des anciens (et pour cause) locaux de Charlie Hebdo. Et face à l'immense mur peint qui borde la Comédie Bastille on découvre les plus modestes mais saisissants portraits de Charb et de Cabu.

La programmation de Lapidée par Christophe Segura, le nouveau directeur du théâtre depuis le 1er juillet dernier, est courageuse et prend tout son sens. La fonction première du théâtre n'est pas que de divertir mais de bousculer les consciences et Lapidée soulève une forme d'exécution archaïque et monstrueuse encore pratiquée de nos jours dans une quinzaine de pays.

Si les victimes sont majoritairement des femmes les hommes ne sont pas épargnés. L'histoire commence comme un beau roman :
Aneke est hollandaise et étudie la médecine à l’Université de Maastricht. comme un étudiant yéménite, Abdul. Ils se marient et décident d'aller vivre au Yémen. Les premières années sont heureuses, mais après la naissance de leurs deux filles, Aneke décide de ne plus avoir d’enfant, afin de se consacrer à son métier de médecin. Ce n’est pas dans la Tradition, surtout sans héritier mâle…La pression du village et des religieux, et surtout de sa propre mère, pousse Abdul vers ce qu’il pense être LA solution; il épouse une deuxième femme. La réaction d'Aneke est vive, et elle commet la grave erreur de l'exprimer en public ! Abdul est dès lors forcé de réagir.
La pièce commence à ce moment là. Abdul exige que sa femme lui remette son téléphone, son passeport et ses clés en vociférant que, dans ce pays, il y a un sens de l'honneur.
Aneke (très juste Pauline Klaus) ne comprend pas. C'est sa belle-soeur Nouria (prodigieuse Nathalie Pfeiffer) qui va faire toucher la réalité à la jeune femme, et au public. C'est le tour de force de l'écriture de Jean Chollet-Naguel. Dénoncer sans juger.

Abdul (rôle difficile endossé par Karim Bouziouane) pourrait fléchir s'il ne se sentait pas si coincé par les exigences de sa culture d'origine.
Nouria rappelle à Aneke la valeur et la force de son engagement auprès des femmes. Elle en a sauvé de la mort. Elle aurait pu exercer son métier de médecin. Elle avait de grands espoirs dans la capacité de sa belle-soeur à faire bouger les choses, même si elle l'exprime à demi-mots : tu aurais sans doute pas provoqué de remords mais peut-être un petit malaise. (...) Tu aurais pu ouvrir une brèche.

Les femmes se sont réfugiées dans leur coutume pour condamner Aneke, puis elle l'ont adoptée. Toutes, sauf une, sa belle-mère à qui elle n'a jamais rien demandé, sans doute par fierté. Il n'aurait pas fallu qu'elle soit si droite dans ses convictions.
Nouria adopte progressivement le point de vue de Aneke qui lui fait prendre conscience que le Coran ne prône pas la lapidation. Mais elle sait que "chez eux il n'est pas nécessaire d'avoir des preuves pour condamner". Elle tente pourtant de s'opposer à son frère : "je défends une femme contre la folie des hommes, je trahis rien, c'est tout".

Aucune alternative ne sera acceptable par tout le village. Aneke est prise au piège. Seule la force d'opinion internationale pourrait inverser le cours du destin. Avec un père avocat, une mère journaliste, Aneke devrait bénéficier d'une médiatisation positive. Elle y croit, et nous aussi lorsque s'élèvent des clameurs.
Hélas, le piège était trop serré. La situation est sans issue. Nouria apporte sa plus belle robe, celle qu'elle réservait pour son futur mariage. Le cérémonial du bain est très émouvant, ainsi que le chant qui s'élève. Elle se prosterne aux pieds de Aneke, qui prend soudain le statut de martyr.
La bande-son du spectacle est toujours juste, laissant deviner l'activité d'un village entier.

Une voix off rappelle que la lapidation est encore pratiquée en 2016 dans des pays dont les noms sont égrenés, faisant écho à la voix de Roland Giraud qui, une heure trente plus tôt présentait la région comme l'ancien royaume de la reine de Saba. Son miel vaut de l'or, la musique envoute et la cuisine est raffinée.
Avec une mise en scène sobre et des paroles authentiques Lapidée témoigne que la barbarie n'est pas une anecdote.
Lapidée
Texte, mise en scène et lumières : Jean Chollet-Naguel
Distribution : Nathalie Pfeiffer, Pauline Klaus, Karim Bouziouane
Voix off: Roland Giraud
Du mercredi au samedi 19h30
Dimanche 15h
Au moins jusqu'en avril 2016
à la Comédie Bastille
5, rue Nicolas Appert
75011 Paris
Tél : 01 48 07 52 07

Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Ludovic Lisee

mercredi 24 février 2016

Le plaisir de la nature au Musée Cognacq-Jay

Voilà un joli prétexte pour aller au Musée Cognacq-Jay qui rend hommage depuis quelques jours au séduisant talent de Jean-Baptiste Huet(1745-1811), auteur prolifique d’oeuvres peintes, dessinées et gravées, appartenant à une importante lignée d’artistes d'un XVIIIe siècle élégant et séduisant.

Trois salles seulement pour cette première grande exposition monographique, cela semble maigre. Et pourtant ce sont plus de 70 tableaux, oeuvres graphiques et objets décoratifs de sa main ou inspirés de ses meilleures inventions, qui nous sont donnés à voir.

Conçue par le commissaire, Benjamin Couilleaux, conservateur du patrimoine au musée Cognacq-Jay, cette exposition de toute beauté s'articule autour de 3 sections thématiques :

Sur le vif (salles 1 et 2)
Cette première partie de l’exposition est consacrée aux oeuvres animalières. Basées sur des espèces locales et exotiques, ces oeuvres sont le reflet d’une observation attentive de la nature et de l’animal, mais aussi de l’influence des maîtres hollandais du Siècle d’or qui initièrent dans l’art français un essor sans précédent du genre animalier. Son Dogue se jetant sur des oies, peint vers 1768-1769, et qui a été prêté par le musée du Louvre, est absolument saisissant. J'ai photographié un détail dans une glace, ce qui explique que l'image soit inversée. Le peintre excelle autant avec la sanguine que le pastel, l'encre ou la pierre noire.

Cette section est également dévolue à l’étude de plantes, représentée essentiellement par des sanguines, saisissantes par leur finesse et leur monumentalité comme ci-dessous Herbacées, pierre noire et rehauts de blanc sur papier bleu-gris.
Au bonheur des bergers (salle 3)
On découvre au coeur de cette section, des images pastorales comme celle de La Bouquetière, huile sur toile, vers 1780-1785. Le peintre a été inspiré par les badinages amoureux tout autant que par les occupations journalières des campagnards dont il nous propose une vision idéalisée. Ses paysages évoquent la quiétude supposée d'un monde rural qui évoque François Boucher.
Décors au naturel (salle 4)
En sa qualité de peintre du roi, Jean-Baptiste Huet pouvait accéder aux spécimens de la ménagerie royale. Mais il appréciait autant la faune rurale, comme on le constate avec cette Perdrix rouge, deux passereaux, quatre têtes d'épagneul, huile sur papier, 1769
Même si son Berger, mouton et chien (vers 1750) n'est pas réaliste sur le plan de sa tenue vestimentaire, la fraicheur des visages n'a rien à envier à Fragonard, en moins coquin. Huet se révèle aussi fin observateur des animaux que des humains.
Ses gravures et dessins d’ornement ont contribué de façon déterminante à l'essor de la toile de Jouy. C'est en effet 1783, que Oberkampf, fondateur de la manufacture royale de Jouy-en-Josas, fait appel aux services de Huet pour créer des motifs imprimés. Leur collaboration se poursuivra jusqu'à la mort de l'artiste. Le loup et l'agneau, vers 1805, plume et encre noire, encre brune et lavis gris, aquarelle sur papier, prêté par le Musée des arts décoratifs de Paris, en est un exemple.
Les créations légères des débuts, encore dans le goût rococo, cèderont peu à peu la place à des formes plus droites et ordonnées dans le sillage du néoclassicisme. Jusque dans ses ultimes témoignages, l’œuvre de Huet constitue un formidable hommage à la beauté de la nature, entre rêverie et fascination.

Je vous conseille de programmer votre venue plutôt le matin (après l'avoir préparé en consultant le site dédié) car l'exposition connait déjà, et à juste titre, une affluence record en début d'après-midi. Beaucoup d'activités éducatives et culturelles sont également proposées, comme les visites-conférences,  ou des animations à destination des familles.

Profitez-en pour visiter ensuite la totalité des collections permanentes du musée. Pour ceux qui ne le connaissent pas il présente une sélection d'oeuvres du XVIII° siècle collectionnées par les fondateurs de la Samaritaine, Ernest Cognacq (1839-1928) et son épouse, Marie-Louise Jay (1838-1925).

D'origine modeste et sans enfant, les époux Cognacq ont consacré leur immense fortune à des actions sociales et philanthropiques destinées à améliorer les conditions de vie de leurs employés et concitoyens. Vers 1900, ils deviennent également de fervents collectionneurs d'art, tant du XVIII° siècle dont ils admiraient l'élégance et le raffinement, que de leurs contemporains, tels Renoir, Pissaro ou Manet.

Un premier musée ouvre peu de temps après le décès d'Ernest en 1929 et expose des oeuvres majeures de Watteau, Boucher, Fragonard, Tiepolo, Chardin, Canaletto, de La Tour... Suite à la fermeture des bâtiments de la Samaritaine de luxe, la collection déménage dans l'Hôtel Donon, restauré à ces fins et qui est l'un des premiers construits dans le Marais vers 1575. Il ouvre en 1990.

Je réserve les photos de quelques oeuvres pour illustrer la chronique que je publierai très prochainement sur le livre de Sylvie Yvert retraçant passionnément la vie de la fille de Marie-Antoinette, Mousseline la Sérieuse, paru il y a quelques jours aux éditions Héloise d'Ormesson.
Jean-Baptiste Huet, Le plaisir de la nature
6 février-5 juin 2016
Du mardi au dimanche de 10h à 18h
Fermé les lundis et les jours fériés
Musée Cognacq-Jay, 8, rue Elzévir, 75003 Paris, 01 40 27 07 21

mardi 23 février 2016

Naissance d'une étoile, avec Carolina, aux Feux de la rampe

J'ai failli louper le spectacle, ce qui aurait été rageant car il ne se joue que les lundis. En fait je n'ai pas vu l'entrée, trahie par ma mémoire visuelle, et ignorante de la transformation du lieu. On retire désormais son billet dans le hall tout neuf des Feux de la Rampe, qui jouxte les Folies Bergère. Dit comme ça c'est inratable alors que si je donne l'adresse officielle qui était sur le flyer que j'avais entre les mains, 2 rue Saulnier, je vous parie que vous passerez devant sans rien remarquer.

Le site des Feux de la Rampe mentionne prudemment que la billetterie est à l'angle de la rue Richer et de la rue Saulnier.

L'endroit ne désemplit pas. Forcément il y a 32 spectacles à l'affiche en ce moment. Et particulièrement Naissance d'une étoile, mais uniquement le lundi à 20 heures.

Accompagnée par Chupito au clavier, violon et maracas, Carolina revisite à sa manière des standards inoubliables de la chanson française tout en livrant quelques éléments de son parcours, riche en émotions : une enfance espagnole, des amours contrariées et des aventures hollywoodiennes. Après avoir mis Madrid, New-York et Milan à ses pieds, Paris sera sa prochaine "victime".

Une première version de ce stand-up a vu le jour à Nantes il y a deux ans et je n'aurais pas imaginé le soir de ma venue que j'assistais à la quatrième représentation dans la capitale. Le doute n'est pas possible, Carolina est une chanteuse. Et je n'ai pas été surprise d'apprendre qu'elle donne des cours de chant.

Carolina nous embarque dans son univers entre émotion et humour. Si elle respecte les paroles d'origine des chansons dont François Zabelski signe avec beaucoup de talent les arrangements musicaux, elle ne peut s'empêcher -et c'est très bien ainsi- de les ponctuer. Voyage, voyage de Desireless (1989) est prétexte pour s’exclamer "Et ne reviens jamais !... C’est ce que m’ont dit les jésuites quand ils m’ont mise à la porte du couvent." 

Mais l'essentiel n'est pas dans la révélation. Au-delà des paillettes, d'un éventail derrière lequel elle avance comme masquée, d'un look incroyable et des artifices, Carolina ne cache pas une tendresse qui s'exprime dans sa manière très personnelle d'interpréter des chansons que nous connaissons souvent par coeur.

Il est beaucoup question d'amour, et particulièrement de la difficulté à exprimer ses sentiments.  En commençant avec J'aime pas l'amour d'Olivia Ruiz (2003). Et plus tard d'Amour ou d'amitié créé par Céline Dion en 1983 :
Je rêve de ses bras oui mais je ne sais pas comment l'aimer
Il a l'air d'hésiter entre une histoire d'amour ou d'amitié
Et je suis comme une ile en plein ocean
On dirait que mon coeur est trop grand

Naissance d'une étoile n'est pas seulement un tour de chant. Les interactions avec les spectateurs sont multiples. La show-woman alterne la mélancolie avec le rire. Il faut la voir danser en coiffe bigoudène, ou porter une fourrure rouge en implorant Téléphone-moi de Nicole Croisille (1975). Quelqu'un d'autre serait ridicule. Elle, jamais. Et quand Carolina se risque à commencer Que je t'aime que Johnny Halliday hurlait en 1992 la salle retient son souffle face à une interprétation toute en douceur.

Très belle surprise aussi, cette fois à la limite du rap, avec Tous les mêmes de Stromae (2013) qu'elle complète d'un ... mais je vous aime. Auparavant nous aurons eu Parle à ma main que Michaël Youn et Yelle ont popularisé en 2007.

Et si Carolina termine dans la fantaisie la plus pure avec la recette d'Amor y tortilla écrite pour elle par Christian Faviez c'est sans aucun doute pour mettre définitivement à distance une trop forte sensibilité. Son intérêt pour la singularité ne doit pas faire oublier la taille de son âme comme l'aurait chanté Daniel Darc.

Le public l'a bien compris mais, bon enfant, il chante en choeur, en goutant sans aucun frein cette tranche de bonne humeur et de dérision. Parce que cela fait un bien immense de passer un début de soirée avec une star très sérieuse qui ne se prend pas au sérieux.

En compagnie de Carolina (et de son complice Chupito qui est juste raccord sur tous les morceaux) la scène promet des merveilles ... et vous n'avez pas fini d'en entendre parler.

Car cette artiste a de multiples projets, entre la production du DVD du spectacle, un biopic avec un grand comédien, sa participation dans l'émission d'Isabelle Bres sur Sud Radio le lundi de 16h à 17h, et le Carolina Show qu'elle mitonne avec toute son équipe de MAS Productions dans un registre radicalement différent avec une pléiade d'invités.

Le prochain est programmé le mercredi 30 mars à 20 heures au Théâtre Trévise.

Naissance d'une étoile
le lundi à 20 heures au moins jusqu'au 25 avril 2016
avec Carolina et Chupito, mise en scène Rémi Cotta, arrangements musicaux François Zabelski. 
Théâtre des Feux de la Rampe
A l'angle de la rue Richer et de la rue Saulnier 75009 Paris 01 42 46 26 19

lundi 22 février 2016

Fermez les yeux de C.J. Cooper chez Préludes

C.J. Cooper rédige, dans la "vraie" vie, des discours ministériels et des publications pour le Gouvernement britannique. Cette femme a sans doute souhaité s'évader de ses fonctions habituelles en écrivant ce premier roman et en choisissant le genre thriller psychologique.

Si Fermez les yeux est, de mon point de vue, parfois maladroit, c'est malgré tout un livre qui signe le (beau) début d'une nouvelle carrière.
Déterminée à combattre sa phobie de l'avion pour obtenir le poste dont elle rêve, Sara décide de recourir à l'hypnose, sous la conduite du fascinant docteur Stephen Devane. Au fil des séances, la jeune femme est victime d'hallucinations, chaque fois plus terrifiantes... Elle va se lancer dans une quête d'identité effrénée, à ses risques et périls.
Ce que l'auteur réussit avec déjà une grande maitrise, c'est à induire des conclusions dans le cerveau du lecteur. Avec par exemple une petite phrase comme : Il y avait quelque chose. Un truc. Je l'aurais juré. (p. 68)

On échafaude, et je n'ai pas échappé à la règle, tout en me méfiant de mes intuitions puisqu'on me promettait en quatrième de couverture une "révélation finale, totalement inattendue".

L'écriture est extrêmement vivante. C.J. Cooper a choisi de faire parler tous les protagonistes de l'affaire à la première personne. Chacun répond aux questions d'un journaliste-écrivain imaginaire qui pourrait lui-même être le lecteur, ce qui justifie que les interrogations ne soient pas formellement exprimées.

Il sera question de faire la part du bien et du mal, surtout celle du mal, comme l'exprime Stephen qui, lui aussi, exerce un droit de parole (p. 408).

Sans jouer moi aussi au petit jeu des devinettes j'ajouterais que les aliments jouent un rôle déterminant et que j'ai été amusée de constater que l'auteur faisait référence à des coquelets façon Nigella Lawson (p. 86). C'est probablement la recette qui figure page 20 du livre que j'ai chroniqué en octobre 2012, et le plus amusant est que je constate à l'instant que j'ai fait presque le même plat il y a quelques jours alors que je n'avais pas rouvert le Nigella Express depuis, ce que je vais m'empresser de faire dès que j'aurais posté ce billet parce que cette cuisinière est vraiment unique et agréable à lire.

Fermez les yeux de C.J. Cooper chez Préludes, en librairie depuis le 10 février 2016

dimanche 21 février 2016

Welcome à St Tropez ... au Palace

Je suis allée voir Welcome à St-Tropez parce que je ne supporterais pas qu'on me colle une étiquette d'intello. Je suis prête à défendre plusieurs formes de théâtre. Peu m'importe qu'il soit privé ou public. Et s'il est "de boulevard" pourquoi pas puisque c'est un genre en soi.

C'est une esthétique particulière qui n'a pour ambition que de viser le divertissement et le vaudeville en est l'image la plus représentative. Et ce sont les théâtres situés sur la ceinture des Grands Boulevards qui se sont spécialisés dans cette forme.

Welcome à St Tropez occupe une place un peu spéciale. La pièce offre des rebondissements en cascade, et c'est un de ses points forts. Il y a une originalité en ce sens que ce ne sont pas les amants qui surgissent des placards. Disons sans révéler les chutes que les personnages peuvent avoir des motivations insoupçonnées.

Le boulevard est aussi traditionnellement grivois et ce spectacle ne déroge pas à la règle, loin de là. Aussi bien sur le plan des répliques que des costumes, hautement fendus. A tel point que je me demandé si Rémi Rosello, qui est l'auteur, mais aussi le metteur en scène et le premier rôle, n'a pas cherché à faire un pastiche du théâtre de boulevard.

En résumé : Astrid Ferrari riche jet-setteuse, assistée d'Albert, une sorte d'Eddy Murphy voyageant entre New-York et le 93, invite dans sa villa de St-Tropez trois personnes inscrites à Pôle Emploi. Arrivent donc Sylvie, ex caissière et véritable boulet, Francky ex DJ au Club Med et dragueur à temps complet et Mariana, bombe atomique et délicieusement toquée. Ils vont cohabiter pour le meilleur et surtout le pire !

samedi 20 février 2016

Les Arts et Sciences Réunis, un restaurant particulier dans le quartier de la Villette

C'est une amie (merci Irène) qui m'a donné l'adresse et après y avoir dîné ET déjeuné je peux vous recommander la maison en connaissance de cause. Les Arts et Sciences Réunis sont situés à deux pas (un tout petit peu plus) du Parc de la Villette, et vous y mangerez mieux et plus sainement que dans un fast-food, et à bien meilleur prix.

C'est une vraie cuisine de terroir, avec juste ce qu'il faut de modernité pour assurer la surprise des papilles. De plus le décor est surprenant. Avec les chefs d'oeuvre de charpentiers appartenant à la confrérie des Compagnons du Devoir et du Tour de France.

Vous pourrez même visiter le musée attenant si vous venez après 18 heures un soir de semaine, quand les compagnons sont là pour l'ouvrir.

A l'heure du déjeuner c'est une clientèle qui travaille dans le quartier, augmentée des apprentis charpentier puisque l'endroit est la "cantine" des "Compagnons du devoir". Mais il est ouvert à tous aussi bien le midi qu'en soirée. Et vous serez servi avec la même chaleur humaine quelle que soit votre origine.

Avant tout, et au cas où vous ne connaitriez pas la Grande École des hommes de métier en compagnonnage je voudrais préciser que ceux qui la choisissent pour leur formation partagent des valeurs d'excellence qui les animent toute leur vie. Les compagnons visent autant l'épanouissement professionnel, à la pointe des dernières technologies, que l'aspect humain. Ils ont de tous temps privilégié la solidarité, la réussite individuelle et l'exemplarité professionnelle.

Les Compagnons ont participé à la construction des cathédrales, de la Tour Eiffel, et sont aujourd'hui à la pointe des réalisations les plus modernes. Ils participent bien entendu aux restaurations d'ouvrages prestigieux et aux grands chantiers contemporains.
La transmission est un des piliers de la formation. Chaque compagnon fait son Tour de France, durant lequel il rencontre, échange et apprend dans toutes les régions qu'il traverse. Si la plupart sont liés à la construction et au bâtiment il y a une large palette de métiers allant de la carrosserie, à la nature et au paysage, jusqu'aux métiers de bouche. Frank Debieu, le patron de la boulangerie-patisserie l'Etoile du berger, a suivi cette formation.

Au cours de leur voyage, les adolescents sont accueillis dans des maisons, dans une ambiance chaleureuse et éducative à la fois. Il est donc logique qu'il existe des espaces de restauration.
Commençons par un déjeuner :
Il ne vous en coutera pour un repas complet (sauf samedi et jours fériés) que 13, 90 € ou même seulement 12 si vous ne voulez pas d'entrée ou si vous décidez de vous passer du dessert.

En entrée ce pourrait être un velouté de châtaignes, une assiette de crudités maison, l'entrée du jour (par exemple harengs pommes à l'huile). J'ai choisi un flan de foie gras, qui me fut apporté tiède, accompagné d'une petite salade dont la vinaigrette était délicieusement parfumée.
Comme plat le choix est large, depuis la pièce de boeuf grillée (de 140 grammes), un risotto aux fruits de mer et crustacés, un pavé de saumon aux lentilles, sauce curcuma ou la "gamelle du jour", en référence au récipient métallique dans lequel l'ouvrier transportait sa portion. J'ai choisi la saucisse de chevreuil, purée de pomme de terre et butternut, sauce aux airelles, parfaitement équilibrée en terme de saveur, d'acidité et de douceur.
Voici venu le moment du dessert avec une crème caramel, un clafoutis aux pommes, un fromage blanc nature coulis de framboises, ou une charlotte poire chocolat. Le dessert du jour était un tiramisu qui n'appelle là encore que des compliments.
Le soir, le décor ne change pas.
Le menu s'étoffe. Les portions sont plus généreuses, mais les tarifs demeurent raisonnables avec entrée-plat-dessert à 26 € ou si on ne souhaite pas d'entrée ou de dessert 19, 20 €, sachant que l'on peut aussi commander à la carte.
Comme entrées je recommande aussi bien le velouté de châtaignes au foie gras, servi chaud bien entendu,
que la mousse de butternut et saumon mariné au piment d'Espelette, surprenante, équilibrée,
ou encore la salade au magret fumé et toast de pommes granny-smith et chèvre chaud, plus classique mais réussie.
Pour suivre, le tartare du charpentier préparé par nos soins pommes rissolées et salade verte est un des plats signature de la maison. Si la photo n'est pas très avantageuse le goût était présent. Rien à redire.
On pouvait aussi opter pour un duo de gibier sauce aux airelles purée de pomme de terre et butternut, ou un dos de morue poché au fumet de crustacé, niçoise de légumes et sauce au curcuma, ou encore une souris d'agneau confite à la graisse de canard, lentilles vertes et sauce à la sauge. J'en ai vu passer une, généreuse.
Le croustillant de magret de canard et jambon, sauce aux figues, tatin de pomme de terre et légumes d'été a tenté un des convives de ma table. C'est peut-être pas le plat le plus réussi même si l'assiette est repartie vide en cuisine.
Quant à la cote de boeuf grillée sauce béarnaise pommes rissolées et salade, le supplément 5 € au menu est justifié par son poids, de 350 grammes.
Une petite place restait pour le dessert pour deux d'entre nous. Bien que la tarte "arts et sciences" pâte feuilletée, compote de pommes et crème brulée est une spécialité, nous avons opté pour le Mi-cuit au chocolat parfumé à l'orange confite, dont le sorbet à l'orange est un vrai régal.
Le café gourmand est une autre alternative quand on ne parvient pas à choisir. Avec une petite coupelle de Parfait glacé aux pommes aromatisé à la manzana, une mini crème brûlée, une portion de mousse au chocolat et un échantillon de mousse à la crème de marrons.
Dois-je le rappeler : le service est efficace, ni trop rapide, ni trop lent. le pain est bon. Les vins sont à prix raisonnables. Le sourire est constant. On remarque une clientèle d'habitués et on les comprend. Si on peut arriver à l'improviste pour déjeuner (quand il n'y a plus de plat du jour la cuisine a toujours un plan B à proposer), il est vraiment conseillé de réserver pour le soir.
Je ne connais pas meilleur rapport qualité-prix en ce moment.

Les Arts et Sciences Réunis
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vendredi 19 février 2016

Andorra, autopsie d'une haine ordinaire

C'était jusqu'au 14 février au Théâtre 13 mais le spectacle va tourner et vous pouvez par exemple le voir le vendredi 11 mars à 20 h 30 au Théâtre Victor Hugo de Bagneux (92).

Fabian Chappuis signe l'adaptation, la mise en scène et une scénographie assez originale mais très fonctionnelle. Trois pans de murs mobiles, qui dès le début de la représentation sont badigeonnés dans un camaïeu de blanc-Terre de Sienne-gris bleuté. D'abord support pour des courtes vidéos, un peu à la manière de ce qu'avait tourné Andy Warhol, avec ses portraits de célébrités censées ne pas bouger.

Les visages sont muets, devant l’objectif, mais expressifs, fixant le spectateur avec gravité. Une certaine gêne s'infiltre parmi le public qui s'installe alors que les films s'enchaînent sans qu'un mot soit prononcé.
Ces panneaux deviendront plus tard une rue, une place, l'intérieur d'une maison, un chemin de fuite. Une chorégraphie muette d’entrées et de sorties annonce le réel commencement de la pièce. Barbeline (Elisabeth Ventura) remet du blanc sur la maison de son père. La peur d'une attaque est bien présente.

À la fois cruelle et bouleversante, parfois drôle aussi, Andorra dénonce les mécanismes sournois de la haine et de l’exclusion. C'est un portrait acide et sans concession de ces "petites gens" qui les attisent et les propagent mais aussi de ceux qui en deviennent les victimes expiatoires.

Écrite en 1961, la pièce est un formidable appel à la vigilance, à la résistance, au refus de l’obéissance aveugle et résonne encore aujourd’hui de toute sa vérité.
Andorra est un petit pays imaginaire "pays pauvre et inoffensif, tranquille, où on sert Dieu" qui attend avec angoisse l’invasion des Casaques Noires, les redoutables soldats de la dictature voisine. Jusqu’ici, il s’agissait d’un îlot de tranquillité, autoproclamé pur et "vierge de toute culpabilité" par ses habitants. Les façades de leurs maisons ne sont-elles pas blanches comme neige ? Ne tolèrent-ils pas justement chez eux la présence d’un Juif, preuve irréfutable qu’ils ne sont pas comme les "barbares" d’à côté ?
Ce Juif, c’est Andri (Romain Dutheil) un jeune homme que le maître d’école (Laurent d’Olce) aurait, selon la version officielle, courageusement enlevé des griffes du pays des Casaques Noires. Un acte magnifique dont se gargarise la population d’Andorra. Les mêmes vont changer d'avis au moment où une menace d’invasion se précise… grandioses de mauvaise foi et affligeants de lâcheté, estimant qu'il vaut peut-être mieux se débarrasser de cet encombrant réfugié.

Le venin de l’antisémitisme s’insinue doucement mais inexorablement : le menuisier ne veut pas d’Andri comme apprenti, le soldat le provoque continuellement, le médecin rechigne à le soigner, l’aubergiste à le servir. Le drame paraît désormais inéluctable.
Le maître d’école finit par dévoiler la vérité : Andri n’est pas juif mais le fruit d’une relation extraconjugale qu’il eut jadis avec une femme du pays des Casaques Noires, la Senora (Anne Coutureau). L’enseignant, n’ayant pas eu le courage d’assumer sa liaison, inventa de toute pièce la belle histoire du Juif sauvé d’une mort certaine.

Malheureusement il est trop tard pour arrêter les loups. Andri, à force de subir la vindicte populaire, endosse fermement et fatalement une identité qui n’est pas la sienne. Le sacrifice ne pourra pas être évité. Toute la question est de juger de son utilité.
On ne peut que saluer le travail de troupe choral, précis et exigent, qui porte cette histoire, en lui donnant un souffle émouvant et un rythme toujours soutenu. Le texte dénonce les comportements des villageois en décortiquant le mécanisme :
La haine m’a fait pousser des ailes. La haine rend patient et dur.

Malgré tout la dernière réplique est déconcertante : Un jour ou l’autre faut savoir oublier, c’est mon humble avis.

Andorra, autopsie d'une haine ordinaire
De Armand Jacob (Max Frisch Édition de 1965)
Par la Cie Orten
Adaptation, mise en scène et scénographie : Fabian Chappuis assisté : d'Emmanuel Mazé
Vidéo : Bastien Capela et Quentin Defalt
Avec : Alban Aumard, Anne Coutureau, Romain Dutheil, Stéphanie Labbé, Hugo Malpeyre, Laurent d'Olce, Loïc Risser, Marie-Céline Tuvache, Elisabeth Ventura, Eric Wolfer
Lumière : Florent Barnaud
Le vendredi 11 mars à 20 h 30
Théâtre Victor Hugo, 14 avenue Victor Hugo, 92220 Bagneux, 01 46 63 96 66

Création janvier 2016 - Théâtre 13 / Paris Production Compagnie Orten, avec le soutien du Festival d'Anjou - Prix des compagnies 2013. Spectacle créé en collaboration avec le Théâtre 13 coproduction Théâtre Victor-Hugo Bagneux

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