tag:blogger.com,1999:blog-4604432699303919018.post2294522740907326585..comments2024-03-05T13:24:15.692+01:00Comments on A bride abattue: Pourquoi y-a-t-il des inégalités entre les hommes et les femmes ?Marie-Claire Poirierhttp://www.blogger.com/profile/09809866380742906909noreply@blogger.comBlogger1125tag:blogger.com,1999:blog-4604432699303919018.post-67832206149214699742018-04-20T23:45:57.582+02:002018-04-20T23:45:57.582+02:00J'ai remarqué, en tant qu’enseignant-chercheur...J'ai remarqué, en tant qu’enseignant-chercheur en Economie du Travail combien l’inégalité hommes/femmes se décline à toutes les étapes de la vie des femmes :<br />Dans la vie scolaire, le système éducatif génère un paradoxe de taille : dans tous les pays de l’OCCE, une fille obtient à 15 ans d’aussi bons résultats qu’un garçon en mathématiques. Elle maîtrise bien mieux que lui sa langue maternelle. Mais elles sont sous-représentées dans les filières sélectives après l’équivalent du Bac, et surreprésentées dans les filières longues (droit & lettres notamment) où le système éducatif semble davantage les conduire, ce qui correspondrait d’ailleurs à leurs choix spontanés, … «Sélection adverse» diraient les économistes, contraire sans doute à l’intérêt général.<br />Dans la vie professionnelle : les femmes sont l’objet, dès leur premier emploi, de la part des DRH, de multiples formes de discrimination, y compris de DRH femmes, car elles se font les vecteurs du schéma masculin de l’emploi. Soupçonnées d’absentéisme en cas de maladie de leur enfant -la crèche les refuse-, ce sont les femmes aussi que l’Ecole appelle en cas d’incident. Elles seraient ainsi limitées pour la plupart à l’aspect alimentaire de l’emploi, celui dans lequel il n’est pas nécessaire d’investir. Surreprésentées dans les métiers du social et du public (éducation, santé, collectivités territoriales) on les voit moins dans les emplois du secteur marchand notamment dans les entreprises compétitives du CAC40, dans ces emplois très qualifiés qui caractérisent «les manipulateurs de symboles». Elles sont dès les premiers signes de la crise impactées au premier chef par «la déstabilisation des emplois stables» selon l’expression de Robert Castel (1995). Paradoxe : il n’y a presque plus d’emplois exclusivement masculins, les femmes pouvant devenir pilote de ligne, de TGV, même «grutière» dans le bâtiment. Parallèlement les hommes peu qualifiés ont désormais investi les métiers autrefois strictement féminins (caissière,«sage-femme», …). Pour autant ces désenclavements de métiers jusque-là liés au genre ne doivent pas cacher le maintien d’inégalités tous azimuts : inégalité salariale, discrimination à l’embauche, conditions de travail, précarité, restriction d'accès à la formation professionnelle et continue, etc…)<br />Dans la vie domestique : L’enquête « Emploi du temps des ménages » de l’INSEE pointe régulièrement le déficit hebdomadaire en loisirs des femmes par rapport à leurs homologues masculins, au sein du couple : au fil des années ce déficit ne se comble pas. S’agissant du partage des tâches ménagères, on remarque que les hommes, même si leur participation a nettement augmenté, ont toujours tendance à se consacrer aux tâches ménagères nobles (bricolage, jardinage) laissant les moins valorisantes aux femmes (ménage, repassage,..). Seul le progrès technique depuis les années 1960 a permis aux femmes de diminuer progressivement le temps consacré aux tâches ménagères (lave-vaisselle, lave-linge, micro-ondes…). Il le fallait bien car le taux d’activité des femmes ne cesse encore de progresser : ainsi entre 2005 et 2015, l’Enquête Emploi montre que le taux d'activité des femmes de 15-64 ans a ainsi progressé de 3,2 points pour atteindre 67,6 % quand celui des hommes est resté quasi-stable (+ 0,3 point) pour s'établir à 75,5 % en 2015. Les deux tiers des femmes en âge de travailler sont donc dans l’emploi, contre les trois/quarts des hommes.<br />Mais c’est surtout dans l’éducation que la participation des hommes en France est singulièrement faible, notamment par rapport à leurs homologues nordiques. Ce sont les femmes qui surveillent les devoirs, vont chercher les enfants à l’école, les emmènent au sport, à leurs activités culturelles. C’est sans doute, à pas feutrés, l’élément discriminant le plus représentatif de l’inégalité hommes-femmes, explicatif, en retour, de l’inégalité dans l’accès à l’emploi et dans les perspectives de carrière. Comme le disaient Baudelot et Establet de l’INRP dans le titre de leur ouvrage déjà ancien : « Allez les filles ! »Jeannoreply@blogger.com