L’affiche de Un mari idéal est assez charmante, plutôt réussie visuellement parlant, mais je ne sais pas si elle aurait suffi à me décider à me rendre à l’avant-première.
Et puis, même si c’est relatif pour chacun de nous, le théâtre dans lequel la pièce est programmée se trouve vraiment très loin de chez moi.
Je ne connaissais pas le Théâtre Clavel et j’ai été très agréablement surprise par son cadre qui fait oublier la distance. Cette statue antique, endossant la veste de Monsieur Loyal nous y accueille avec humour.
C’est essentiellement parce que j’ai déjà vu jouer Matthieu Le Goaster que je me suis déplacée. J’ai été conquise par le résultat et j’espère que je vous communiquerai mon enthousiasme. Tout est bon dans ce mari idéal depuis l’adaptation au jeu des comédiens, en passant par la mise en scène, les costumes (formidable travail de Claire Jacob), les décors y compris les lumières.
Justement côté décor, ce sont les accessoires qui font tout, avec d’élégants sofas et des lustres qui signalent dans quel monde on évolue.
Cela faisait longtemps que je n’avais pas pris autant de plaisir à entendre les bons mots d’Oscar Wilde. J’ai découvert que c’était lui qui disait qu’il n’y avait jamais de questions indiscrètes, à la différence des réponses. Il est manifeste que l’auteur s’exprime dans le personnage de Lord Goring (Matthieu Le Goaster) qui se chamaille affectueusement avec son père (Matthieu de la Taille) : j’aime beaucoup parler de rien, père, c’est la seule chose où je connais quelque chose.
Les répliques sont incisives. Très savoureuses parce qu’elles sont servies par un jeu d’acteurs qui est sans défaut. C’est un jeu de ping pong incessant pimenté de battements de cils, de froncements de sourcils, exclamations, soupirs, regards fuyants, lèvres pincées et autres minauderies.
L’humour est souvent très britannique mais Oscar Wilde a réussi à en décliner de multiples facettes. Il peut être direct, pince sans rire, ironique, n’être là que pour le plaisir d’un bon mot, ou celui de traiter en dérision un sujet sérieux, s’affirmer au premier comme au second degré, voire au-delà.
On a envie de noter des répliques d’anthologies : lorsque les dieux veulent vous punir ils exhaussent vos prières. Ou encore : la seule personne fréquentable, c’est soi-même.
Ce ne serait rien s’il n’y avait un jeu de séduction fort bien tricoté et une intrigue économique qui permet d’aborder la question de la sincérité sous un autre angle que celui de la fidélité. Il y a du suspens quant à la résolution de la problématique. Bien malin est le spectateur qui démasque le mari idéal … Est-il Sir Robert Chiltern (Christophe Par) comme en est persuadée son épouse, Lady Gertrude Chiltern (Céline Larmoyer), ou bien Lord Goring que la sœur de Sir Robert, Mabel Chiltern (Guillemette Regnault) rêve d’épouser ? A moins que ce ne soit le père après tout. On ne cesse de s’interroger à propos du couple idéal.
Quelles sont les qualités qui permettent d’en juger ? La fidélité ? L’honnêteté ? La puissance des sentiments ? Autant de thèmes qui seront fouillés par les agissements des uns et des autres, et surtout les révélations d’une invitée de dernière minute, Mrs Laura Cheveley (Margaux Wicart).
L’équipe sera sur la scène du Théâtre Clavel pour 9 représentations, mais je serais surprise qu’il n’y ait pas prolongation ou qu’un autre théâtre ne leur fasse pas d’alléchantes propositions.
Mise en scène de Guillemette Regnault
Avec Christophe Par, Margaux Wicart, Matthieu de la Taille, Matthieu Le Goaster, Céline Larmoyer et Guillemette Regnault
Costumes de Claire Jacob
Avant-première le lundi 4 Mars à 19h30 puis tous les mardis/mercredis à 19h30 du 23 avril au 13 mai 2024. Les places sont déjà disponibles : https://www.billetreduc.com/338865/evt.htm
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