vendredi 13 décembre 2024

Paul Galiana sort un nouvel album intitulé De la vie

Voilà encore un chanteur-compositeur que je découvre à travers un nouvel album, De la vie que le guitariste Paul Galiana a sorti le 27 novembre 2024, conçu avec ses fidèles musiciens Alain Gibert à la basse et Guillaume Glain à la batterie.

Rien d'étonnant à ce que les guitares y soient à l'honneur, qu'elles soient électriques, acoustiques, ou dobro, parfois soutenues de claviers (rhodes, piano, orgue).

Il démarre avec le titre qui a donné le nom de l'album, De la vie (piste 1) sur une note un peu rock, me faisant penser aux intonations de Jean-Félix Thiéfaine et qui nous promet de la vie, de la vraie pourvu qu'on accepte la prière comme un réconfort en temps de crise, en l'occurrence la tentative d'assassinat de Salman Rushdie en 2022. Suit Ledru-Rollin (piste 2) qui vous entraine dans le Paris des bistrots où on vivait comme dans un village que Robert Doineau aimait photographier. C'est à la fois le temps qui passe et l'écologie que le musicien célèbre.

En ligne (piste 3) est imprégnée de ruralité avec une nouvelle fois l'évocation du temps qui passe mais avec tendresse. C'est tout juste si on ne se lève pas pour danser nous aussi sur le parquet. Nous défendrons l'automne (piste 4) est interprété avec Clément Verzi dont certains d'entre nous se souviennent peut-être de ses passages dans The Voice après son interprétation de Je te promets qui avait provoqué l'intérêt de tous les membres du jury. Il sera finaliste de l'émission face au grand gagnant, Slimane.

On découvrira un autre duo avec l'artiste estonienne Lembe Lokk avec La fille du train pour Tallinn (piste 8), écrite suite à la lecture d'un article de Libération à propos d'une étudiante ukrainienne fuyant la guerre à destination de … l'Estonie. A signaler les sublimes reprises de cette jeune femme des chansons de Leonard Cohen dans Secret Chords.

Entre le fleuve et la rivière (piste 5) est un hommage à la ville de Lyon, signalant combien cet album a des inspirations autobiographiques. L'artiste s'en explique : Je me suis aperçu que la vie des gens, la vie des villes était le fil rouge qui reliait ces 14 chansons. Pour ce nouvel album, j’ai flâné en chemin, j’ai croisé un blues électrique ici (Genghini blues - piste 7, en hommage au footballeur international français, milieu de terrain sochalien jusqu'en 1982), une valse acoustique plus loin, et puis quelques rock-à-guitares-qui-crachent-leur-mère avant une ballade intimiste. Ce voyage au long cours permet aussi la conversation. Après avoir conté la vie des autres, glosé sur le monde comme il va, je me livre dans mes envies, mes doutes et ma vie.

C'est bien ce qu'on devine dans Ta place (piste 6) qui aborde un des sujets des plus intimes qui soient (en l’occurrence, son père) avec une musique comme un hommage aux Innocents de JP Nataf et Jean-Christophe Urbain. Elle démarre avec une intro ponctuée de notes que je reconnaitrais entre mille, celles du fameux Blue Hotel de Chris Isaak (1986) et qui reviennent plusieurs fois dans le morceau.

Punchline (piste 9), qui fait référence aux réseaux sociaux, a des sonorités qui font penser à plusieurs titres de Jean-Jacques Goldman lorsqu'il va au bout de ses rêves et que la musique est bonne.

C'est sans doute parce qu'il est né en Espagne qu'il a gardé Le goût de l'horchata (piste 10), du nom d'une boisson à base d'eau de riz, très consommée dans ce pays, comme au Mexique d'ailleurs.

Dans les remerciements on trouvera la mention de Sort Chalandon dont le roman Une joie féroce (Grasset, 2019) lui a inspiré l'histoire de Jeanne Pardon (piste 11), une femme qui à force de se sentir illégitime à tout finit par accepter d'être coupable d'être en vie.

La main qui tremble (piste 12) fait l'éloge de l'incertitude et du doute alors que pourtant, si on a bien écouté Jeanne Pardon, on a compris que le chanteur sait très bien ce qui est vrai, ce qui est faux.

Le signal (piste 13) a pour cadre un autre lieu où vécut Paul Galiana, un immeuble situé en Gironde, derrière la dune, en bordure de la mer laissant passer les voiliers venus d'Oléron. Le décor me parle car je connais ces endroits si attachants.

Sans Paris (piste 14) termine le parcours en s'éloignant de la capitale française pour rejoindre la ville si chère à Brel autant qu'à Dick Annegarn ou plus près de nous, Angèle qui chantait son amour pour Bruxelles en 2021. La vie se teinte d'ironie puisque Dick Annegarn avait beau chanter en 1974 
Bruxelles, ma belle, je te rejoins bientôt
Aussitôt que Paris me trahit
 … l'auteur-compositeur-interprète d'origine néerlandaise, auteur de chansons principalement en français, est resté vivre en France, ce qui n'a pas empêché les élus de la ville, appartenant à la fois à la Communauté française de Belgique et à la Communauté flamande, de le nommer citoyen d'honneur en 2005.

Né en Espagne, et ayant grandi en Haute-Savoie où il a mené durant onze années le groupe estonien Profane, Paul Galiana écrit, compose et joue sur scène depuis l’âge de 16 ans. Il est diplômé de l’Ecole des Technologies Musicales (ETM), à Genève (1996). Arrivé à Paris en 1998, ce guitariste multi-tâches a multiplié les rencontres et les collaborations, du rock à la chanson et du folk au rock, tout en menant son projet personnel, sous le nom de Lune Papa, qui commença à prendre forme dès 2012.

En 2017-18 il participa au projet Champagne pour Jacques Higelin. Il collabora à cette occasion (en tant que chanteur, arrangeur, guitariste, bassiste…) avec des artistes tels que (entre autres) Hey Sarah, Olivier Eyt, La Bestiole, Cat Loris, Armelle Yons, Kiefer ou encore Diabolo… Cette expérience renforça son désir de poursuivre son parcours musical sous son nom propre, avec à ses côtés Alain Giber et Guillaume Glain tout en  donnant à son répertoire une couleur plus électrique et pop, ce qu'il réussit depuis l'EP, Marque-Page sorti en 2021.

Ce qui ne l'a pas empêché cette année de poursuivre les concerts avec, entre autres, Clément Verzi (Zèbre de Belleville) ou Armelle Yons (Café de la Danse) qui est aussi sa photographe.

De la vie, paroles, musiques et arrangements de Paul Galiana
Mixé par Fred Lafage. Dans les bacs à partir du 27 novembre 2024
En concert le 2 février 2025 à la Mécanique Ondulatoire - 8 Passage Thiéré - 75011 Paris
Photo © Armelle Yons

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