vendredi 23 mai 2025

La Piscine de Roubaix, #3 Exposition temporaire Sens Dessus Dessous

À l’occasion de l’exposition des formes intimes et organiques réalisées par la céramiste Elsa Sahal pour Pool Dance (voir La Piscine #2), les cabines Mode de La Piscine se peuplent d’objets de la collection du musée.

Lingerie ou tenue du quotidien ? Cette exposition revient sur ces pièces mode qui ont flirté avec la frontière entre l’intime et le public depuis que Marie-Antoinette s'est exhibée en robe de chambre, corsets provocateurs ou nuisettes assumées et qu'elle a été portraiturée par Elisabeth Vigée-Le Brun en 1783 ni coiffée, ni maquillée, portant un ample chapeau de paille simplement posé sur la tête, vêtue d’une robe de mousseline au tissu vaporeux et transparent.

Nombreuses sont les femmes qui adopteront cette silhouette jugée provocante. Le vêtement de dessous deviendra alors officiellement tenue de dessus et la confusion règnera au fil des époques. Les textiles, les coupes, les coloris et les matières associées aux sous-vêtements se jouent des codes et réinventent la mode par la même occasion.

Entre tissus légers, coupes audacieuses et détournements historiques, et illustrant les propos de l’écrivain français du XVIIIe siècle Louis Antoine Caraccioli : Il y a souvent plus d’art dans le déshabillé que dans la grande parure, cette exposition explore comment nos vêtements du dessous ont pris le dessus. C'est l'occasion de voir ou revoir des créations iconiques.

A commencer par la pièce choisie pour l'affiche : 
Cardigan et robe, de Lolita Lempicka, automne-hiver 1998-1999, dentelle de viscose, polyamide et élasthanne, jersey damassé de polyamide et d’élasthanne. Don de la Société 3 Suisses en 2016.

Comme je le signale dans le premier article consacré ce mois ci à ce musée l’exposition est prétexte à redécouvrir des oeuvres du musée appartenant à une autre catégorie, comme ce Maillot "Bains municipaux Roubaix n°2" en porcelaine, 2016 d’Isabelle Ramnou.
Mais flânons le long des vitrines et rêvons à ce que nous oserons encore porter à la vue de tous. Sans doute pas cette chemise de nuit en crêpe de Chines, datant de la fin XIX° de Liberty and Co, maison fondée à Londre en 1975.
Et pourtant elle n’est pas si différente que cette robe beige réalisée par un Anonyme vers 1920 en mousseline de soie, dentelle de fils métalliques, agrafes métalliques.
Le doute est permis avec cet ensemble à dentelle, jersey de polyamide et d’élasthanne, dentelle de coton, réalisé pour l’automne-hiver 1998-1999 par Lolita Lempicka pour les 3 Suisses, qui en ont fait don au musée en 2016, marque locale fondée à Paris en 1983, marque locale fondée en 1932. On devine sur la gauche le modèle qui a été retenu pour l'affiche.
Il l’est encore pour cette Robe d'inspiration guêpière, été 2005 en jersey de polyamide, d'élasthane et de lycra, baleines mécaniques, don de la société La Redoute en 2005, créé par Jean-Paul Gaultier pour La Redoute, maison fondée à Pais en 1982, marque fondée à Roubaix en 1837.
Et bien entendu encore pour ce tailleur années 1990 en Tergal de coton, dentelle de coton, boutons de plastique, satin de polyester de John Galliano, maison fondée en 1984.

Comme je le faisais remarquer dans un précédent article on aime à passer d’un tableau à un vêtement en comparant les styles et les allures. Par exemple du Portrait de Georges Menier, huile sur toile vers 1925 de Bernard Boutet de Monvel (1884-1949) à La robe tricolore, huile sur toile de 1985 d'Arthur Van Hecke (1924 à Roubaix- 2003) qui tous deux nous incitent à faire des allers et venues avec les cabines.
De l’autre coté, des planches de dentelle apportent un autre contrepoint d’autant que leur graphisme semble s’intégrer à l’architecture.
Planche de dentelle de Flandres - France XIX° en lin et fuseaux
Maison Lefébure, Bayeux-Paris, 1829 - 1932 dentelle de Chantilly
 Michele Lemaire, Walincourt - France - 2003, Fleurettes roses , broderie de polyamide qui elle-même fait écho à un des jupons à volants en polyester de cette même artiste Michele Lemaire.

L’exposition et les oeuvres annexes démontre l’étendue de la palette de l'intime, du rouge intense (non photographié) au jaune acidulé. La lingerie -originellement produite en lin dans l'Antiquité- se développe en Occident à partir du XVI° siècle et séduit alors par sa blancheur et son éclat, gages de propreté, de respectabilité et de richesse. Portée en dessous des vêtements d'apparat, elle protège et dissimule une anatomie intime alors associée à la luxure.

Dès le XVII°, les dessous vont se faufiler sur les dessus. Le linge de corps immaculé dépasse des poignets de manches et du col de l'habit masculin. Dans les années 1920, arrivent les couleurs chair. Le glamour des années 1950 annonce l'arrivée de couleurs vives sur les dessous et les dessus, déclinées en une multitude de teintes dès l'apparition de pigments de synthèse dans les années 1970.

Sens Dessus Dessous du 1er mars au 8 juin 2025
Cabines de la Mode du Premier étage
Commissariat scientifique et régie : Amélie Boron, chargée de la collection Mode
A La Piscine – Musée d’art et d’industrie André Diligent
23 rue de l'Espérance - 59100 Roubaix
Fermé le lundi et plusieurs jours fériés
L'exposition étant présentée dans les espaces dédiés aux collections permanentes, elle est accessible gratuitement chaque premier dimanche du mois.

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