
Je me suis rendue compte qu’il y a beaucoup d’autres lieux fort attractif comme la Manufacture, toujours à Roubaix, consacrée à l'aventure textile de la métropole lilloise, d'hier à aujourd'hui, et qui promet, à travers une visite guidée d’en comprendre les enjeux humains, sociaux, économiques et urbains. Ou dans un autre registre la villa Cavrois, qui est une des constructions emblématiques de Robert Mallet-Stevens. Sans parler de patrimoine gustatif avec les fameuses gaufres du Nord et autres spécialités culinaires.
La disponibilité m’a manqué pour voir tout cela et je me suis concentrée sur le musée sans même avoir le temps de jeter un œil sur l’exposition temporaire.
Je ne reprendrai pas ici l’historique de la création du musée. Je vous renvoie pour cela aux articles précédents. Les photos du présent article devraient vous en donner l’envie.
On devine au centre la Fontaine réalisée par Elsa Sahal en 2012, en céramique, avec système hydraulique 290 x 120 x 60 cm et qui fait l'objet de Pool Dance, une exposition temporaire à laquelle je consacre un article spécifique.
Mon regard a été attirée par ce baigneur solitaire, semblant imposer sa présence dans un univers déserté des sportifs comme l'est aujourd'hui l'espace muséal. Nous sommes loin du motif des baigneuses qui joue plus souvent sur le registre de la séduction. Suzanne Hay nous renvoie avec cette oeuvre, issu d'une série de tableaux à la piscine Armand-Massard à Paris, à un sentiment de solitude et de fragilité.
Huile sur toile de Suzanne Hay (1962-2004) Piscine IV -1996
Formée à Stuttgart et Paris, elle a hérité des peintres allemands de l'après-guerre, mais également d'un rapport cru au corps présent dans la peinture britannique contemporaine.
Il faut arpenter les couloirs. On y voit par exemple cette oeuvre récupérée dans un hôtel particulier à Roubaix lors de la démolition rue de l'hôtel de ville.
Atelier Latteux-Bazin, XIX° siècle, Les Arts et l'Industrie, verre peint et émaillé, fonte et plomb
Le musée est aussi riche de céramiques et de faïences dont certaines évoquent Picasso qu est d'ailleurs représentés par de multiples pièces.
Maurice Louis Savin (1894-1973) Statuette de céramique Le Hibou, vers 1957
A gauche, Pichet Petites têtes, 1953
A droite, Pichet gothique aux oiseaux, 1953
Au centre, devant, Assiette Tête de chèvre de profil, 1950
Au centre, au fond, Gros oiseau visage noir, 1951
Toutes ces pièces ont été créées par Pablo Picasso (1891-1973) dans les ateliers Madoura à Vallauris, et sont des tirages spéciaux hors commerce, en terre de faïence blanche pour les trois premières, en terre cuite blanche pour le gros visage. Le premier pichet a été décoré à la paraffine oxydée, émail blanc, le second a été décoré aux engobes, gravé au couteau, intérieur sous couverte. L'assiette est décorée en relief à la paraffine oxydée et bain de couverte tandis que le Gros oiseau est peint aux oxydes et à l'engobe sous couverte partielle. Il n'en existe que 25 exemplaires numérotés. Par contre il y eu 100 exemplaires numérotés du pichet gothique, 200 de l'assiette et 300 du pichet Petites têtes.
Compotier poisson, 1958-59 de Picasso en argent fin 1er titre repoussé et ciselé, pied rapporté et soudé
Derrière, table vers 1956 en carreaux de céramique de Picasso, sur des pieds en bronze de Giacometti
Vase Poisson en polyester peint et métal en 1992 par Niki de Saint Phalle (1930-2002)
Le dialogue est permanent entre les murs et les cabines, à l'instar de ce Portrait de vénitienne, vers 1923-24, huile sur toile d'André Maire (1898-1984) avec le Vintage Swimsuit, 2016 en faïence et cheveux synthétiques d'Elsa Sahal.
Ou encore entre Le portrait de Georges Menier, huile sur toile vers 1925 de Bernard Boutet de Monvel (1884-1949) ou La robe tricolore, huile sur toile de 1985 d'Arthur Van Hecke (1924 à Roubaix- 2003) qui tous deux nous incitent à faire des allers et venues avec les cabines abritant l'exposition Sens Dessus Dessous à la quelle je consacre une publication spécifique.
Il en va de même avec le Maillot "Bains municipaux Roubaix n°2" en porcelaine, 2016 d'Isabelle Ramnou. On le rapprochera aussi de la première utilisation des lieux dont il subsiste des traces, précieusement conservées derrière une vitre fermée, comme ces baignoires et espaces de douches.
Ainsi que la salle des machines, toujours visibles sous leur couche de poussière.
On connait bien L'ours de François Pompon (1855-1933), mais moins Le grand cerf, 1929. Parmi mes sculptures préférées se trouve La Petite Châtelaine, marbre poli avec de la cendre d'os de mouton que Camille Claudel (1864-1943) réalisa en1896.
C'est pendant son séjour au château de l'Islette, près d'Azay-le-Rideau où elle se remet d'un avortement que Camille fait poser la petite fille du propriétaire du domaine, Marguerite Boyer, âgée de 6 ans. Elle la représente un peu sauvage, au regard comme halluciné. A noter qu'il existe plusieurs autres variantes de cette oeuvre.
Quand la météo est favorable il faut en profiter pour arpenter les jardins dont les plantes ont été choisies en lien avec la tradition textile de la région.
Le musée abrite aussi des toiles de peintres régionaux dont celles-ci sont deux exemples que l'on doit à Rémy Cogghe (1854-1935 à Roubaix).
Jeu de bourles (j'ai bien écrit bourles) en Flandre française - 1897, huile sur toile
Le combat de coqs en Flandre, huile sur toile, 1889
La Piscine – Musée d’art et d’industrie André Diligent
23 rue de l'Espérance - 59100 Roubaix
Fermé le lundi et plusieurs jours fériés
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire