jeudi 8 mai 2025

Cabane d'Abel Quentin

En l'espace de trois livres, Abel Quentin s’est imposé comme une figure incontournable de la littérature contemporaine française.

Il n'empêche que je n'avais pas été convaincue par son deuxième roman, Le voyant d’Étampes, publié en 2021. Ce roman social critiquait l’antiracisme et la cancel culture. Il avait été salué par Télérama et Figaro Magazine, et il a reçu plusieurs distinctions, dont le prestigieux prix de Flore.

Peut-être avais-je été sévère dans ma critique. Je me suis donc sentie obligée d'ouvrir son troisième, Cabane, dont le sujet m'intéressait d'ailleurs au plus haut point. J'étais doublement motivée puisqu'il faisait partie de la sélection du Prix des lecteurs d'Antony.
Berkeley, 1973. Département de dynamique des systèmes. Quatre jeunes chercheurs mettent les dernières touches au rapport qui va changer leur vie. Les résultats de l'IBM 360, alias "Gros Bébé", sont sans appel : si la croissance industrielle et démographique ne ralentit pas, le monde tel qu'on le connaît s'effondrera au cours du xxie siècle. Au sein de l'équipe, chacun réagit selon son tempérament ; le couple d'Américains, Mildred et Eugene Dundee, décide de monter sur le ring pour alerter l'opinion ; le Français Paul Quérillot songe à sa carrière et rêve de vivre vite ; et l'énigmatique Johannes Gudsonn, le Norvégien, surdoué des maths ? Gudsonn, on ne sait pas trop. Certains disent qu'il est devenu fou.
Le roman était caractérisé par l'éditeur comme étant le récit d'une traque se déroulant depuis la tiède insouciance des seventies jusqu'à la gueule de bois des années 2020, et la satire féroce d'une humanité qui danse au bord de l'abime.

J'aurais peut-être dû lire son premier, Soeur (sélection prix Goncourt 2019) qui est un thriller politique sur la radicalisation islamiste. Hélas le troisième ne m'a pas touchée davantage que le second et ses presque 500 pages m'ont fait l'effet d'une autoroute sans fin. J'ai sans doute lu trop d'excellents livres plus courts et j'ai du mal avec les romans fleuve dont l'écriture n'est pas suffisamment rythmée.

Je sais que l'auteur s'est inspiré du rapport Meadows, Les Limites de la croissance, dans lequel des scientifiques du MIT prédisaient en 1972 la fin du monde tel que nous le connaissons, un effondrement économique et démographique total si la croissance continue de façon exponentielle. Je sais aussi que les dirigeants qui ont le pouvoir d'inverser les choses ne font rien pour, voire même précipitent la catastrophe. Du coup, ce roman ne m'interpelle pas sur l'issue et ne fait qu'alimenter mes craintes et mon pessimisme.

Je n'ai pas eu le sentiment d'avoir entre les mains le plaidoyer d'un lanceur d'alerte, surtout venant de la part d'un avocat. Au final je suis même très dérangée par son succès puisque rien ne change …

Né en 1985, Abel Quentin est diplômé de Sciences Po Paris, et est devenu avocat pénaliste en 2011. Il commence sa carrière au sein du cabinet d’Isabelle Coutant-Peyre et se fait connaître par sa défense de Farid Kharkhach lors du procès des attentats du 13 novembre 2015. En 2014, il est élu quatrième secrétaire de la conférence du Barreau de Paris, ce qui ne l'empêche pas de trouver le temps d'écrire trois romans en l'espace de six ans.

Cabane d'Abel Quentin, Editions de l'Observatoire, en librairie depuis le 21 août 2024 Prix des Libraires de Nancy Le Point 2024  
Sélectionné pour le Prix des Lecteurs d'Antony 2025
Liste des livres sélectionnés pour le Prix des Lecteurs d'Antony 
Badjens de Delphine Minoui
Dors ton sommeil de brute de Carole Martinez
Absolution d'Alice McDermott
Source de chaleur de Soichi Kawagoe
Plus grands que le monde de Meredith Hall
Cabane d'Abel Quentin
Je pleure encore la beauté du monde de Charlotte McConaghy
Le sang des innocents de S.A. Cosby
Bien-être de Nathan Hill

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