L'affiche rose tyrhien ne vous aura pas échappé. Elle éclate sur les bus avec la promesse d'une joyeuse soirée. Et ce n'est pas mensonger. Valérie Donzelli a réussi à faire au cinéma un miracle comparable à celui qu'elle a vécu dans sa vie personnelle, à savoir transformer un drame en évènement porteur de vitalité.
Ni drame, ou comédie, pas davantage que comédie dramatique, ceux qui le disent « inclassable » avancent sur une fausse piste. Disons qu’il est le premier d’un nouveau genre : la tragédie musicale. Et à tous ceux qui s'interrogent sur l'issue du film, je dirais qu'au terme de happy end je préfère créer celui de hoppy end.
La bande-son occupe une place déterminante, faisant partie intégrante des dialogues. Jérémie Elkaïm a une culture musicale immense et il a su conseiller Valérie dans le choix des titres avec un éclectisme remarquable. Il est certain que le CD du film fera un carton et qu’il ouvrira les oreilles des auditeurs vers des registres qu’ils ne sont pas enclins à écouter, le classique pour les uns avec un menuet de Bach, ou une cantate de Vivaldi, le contemporain d’il y a trente ans pour d’autres, avec le son distordu , très expérimental, de O Superman de Laurie Anderson, Rectangle, le titre de Jacno, le pape de la pop électronique, ou encore l’électro-dance d’aujourd’hui avec Break Ya mixé par Yuksek pour l’album Away of the see, ou le hard-rock Blind, chanté en anglais par les 5 parisiens du groupe Frustration.
On redécouvrira aussi des standards indélébiles de notre mémoire collective comme la guitare d’Orfeu Negro égrenant Matin de carnaval, les violons de l’Hiver de Vivaldi ou les voix haut perchées de la Vie parisienne d’Offenbach.
On aura tous dans la tête The bell tolls five du premier album de Peter von Poehl (Going to where the tea-trees en 2006 ), entrepris après des collaborations avec Alain Chamfort, ou Vincent Delerm. On redécouvrira Je ne peux plus dire je t'aime, chanté initialement par Jacques Higelin avec Isabelle Adjani. Et le générique composé par Georges Delerue pour lancer les Radioscopies cultissimes de Jacques Chancel va devenir universel.
Coté images on pensera à François Truffaut, à Claude Sautet, à tous ceux qui ont initié la Nouvelle vague. Sauf que Valérie et sa monteuse Pauline Gaillard surfent plus haut, plus loin, avec un talent exceptionnel. Et on n’a pas fini de s’extasier de l’usage cinématographique qu’on peut faire avec un simple appareil photo.
L’affiche ne triche pas. Si la vie n’est pas toujours rose bonbon c’est bien de ce coté là qu’il faut piocher sans relâche pour gagner la guerre. Celle de la vie bien sur, sans craindre des dommages collatéraux inattendus comme l’explosion du couple.
Valérie Donzelli ne s’appesantit pas sur l’aspect technique et médical de la maladie qui a réellement touché son fils. Quand elle tourne dans les hôpitaux, en décor réel, c’est uniquement pour situer l’action et non pour la décrire. Il n’y a pas une image qui pourrait heurter la sensibilité, ou effrayer. Ce n’est pas la douleur physique qui est filmée mais la violence qui secoue le psychisme dans le contexte de la maladie dite « mortelle ». S’il y a de la pédagogie à débusquer c’est dans la manière dont les personnages s’y prennent pour résister.
Comme avec cette mise en garde de Roméo à Juliette : pas de spéculations foireuses et pas d’Internet ! La maman fera confiance aux médecins, dont les noms sont exacts, et résistera à l’envie d’en apprendre plus sur les sites médicaux.
Il y aussi une très jolie scène, la nuit précédent l’intervention chirurgicale, où les parents conjurent leur angoisse en se disant tous les trucs qui font peur pour après se sentir mieux. Le dialogue est accumulatif comme une randonnée en ajoutant à chaque fois un souci de plus. Ils craignent que leur enfant se réveille sourd, muet, aveugle … et dérapent vite dans l’irrationnel (je ne vais pas vous raconter, laissons le suspense) jusqu’à en éclater de rire.
On sent que tout est vrai mais qu’on se situe tout de même dans la fiction. C’est en cela qu’il n’y a rien d’impudique, aucun ressort mélodramatique, aucune complaisance. Mais une énorme pulsion de vie. Un hymne à la solidarité. Une leçon d’invincibilité offerte à un spectateur qui n’est jamais pris en otage.
Ils ressortent de l’aventure détruits, mais solides. Nous on quitte la projection avec une pêche incroyable. Libre et sans peur … de rien.
La Guerre est déclarée a été projeté en ouverture de la Semaine de la Critique du Festival de Cannes 2011. Le film a remporté le Grand Prix du Festival de Cabourg, puis le Prix du jury, le Prix du public et le Prix des blogueurs au Festival Paris Cinéma 2011.
Ni drame, ou comédie, pas davantage que comédie dramatique, ceux qui le disent « inclassable » avancent sur une fausse piste. Disons qu’il est le premier d’un nouveau genre : la tragédie musicale. Et à tous ceux qui s'interrogent sur l'issue du film, je dirais qu'au terme de happy end je préfère créer celui de hoppy end.
La bande-son occupe une place déterminante, faisant partie intégrante des dialogues. Jérémie Elkaïm a une culture musicale immense et il a su conseiller Valérie dans le choix des titres avec un éclectisme remarquable. Il est certain que le CD du film fera un carton et qu’il ouvrira les oreilles des auditeurs vers des registres qu’ils ne sont pas enclins à écouter, le classique pour les uns avec un menuet de Bach, ou une cantate de Vivaldi, le contemporain d’il y a trente ans pour d’autres, avec le son distordu , très expérimental, de O Superman de Laurie Anderson, Rectangle, le titre de Jacno, le pape de la pop électronique, ou encore l’électro-dance d’aujourd’hui avec Break Ya mixé par Yuksek pour l’album Away of the see, ou le hard-rock Blind, chanté en anglais par les 5 parisiens du groupe Frustration.
On redécouvrira aussi des standards indélébiles de notre mémoire collective comme la guitare d’Orfeu Negro égrenant Matin de carnaval, les violons de l’Hiver de Vivaldi ou les voix haut perchées de la Vie parisienne d’Offenbach.
On aura tous dans la tête The bell tolls five du premier album de Peter von Poehl (Going to where the tea-trees en 2006 ), entrepris après des collaborations avec Alain Chamfort, ou Vincent Delerm. On redécouvrira Je ne peux plus dire je t'aime, chanté initialement par Jacques Higelin avec Isabelle Adjani. Et le générique composé par Georges Delerue pour lancer les Radioscopies cultissimes de Jacques Chancel va devenir universel.
Coté images on pensera à François Truffaut, à Claude Sautet, à tous ceux qui ont initié la Nouvelle vague. Sauf que Valérie et sa monteuse Pauline Gaillard surfent plus haut, plus loin, avec un talent exceptionnel. Et on n’a pas fini de s’extasier de l’usage cinématographique qu’on peut faire avec un simple appareil photo.
L’affiche ne triche pas. Si la vie n’est pas toujours rose bonbon c’est bien de ce coté là qu’il faut piocher sans relâche pour gagner la guerre. Celle de la vie bien sur, sans craindre des dommages collatéraux inattendus comme l’explosion du couple.
Valérie Donzelli ne s’appesantit pas sur l’aspect technique et médical de la maladie qui a réellement touché son fils. Quand elle tourne dans les hôpitaux, en décor réel, c’est uniquement pour situer l’action et non pour la décrire. Il n’y a pas une image qui pourrait heurter la sensibilité, ou effrayer. Ce n’est pas la douleur physique qui est filmée mais la violence qui secoue le psychisme dans le contexte de la maladie dite « mortelle ». S’il y a de la pédagogie à débusquer c’est dans la manière dont les personnages s’y prennent pour résister.
Comme avec cette mise en garde de Roméo à Juliette : pas de spéculations foireuses et pas d’Internet ! La maman fera confiance aux médecins, dont les noms sont exacts, et résistera à l’envie d’en apprendre plus sur les sites médicaux.
Il y aussi une très jolie scène, la nuit précédent l’intervention chirurgicale, où les parents conjurent leur angoisse en se disant tous les trucs qui font peur pour après se sentir mieux. Le dialogue est accumulatif comme une randonnée en ajoutant à chaque fois un souci de plus. Ils craignent que leur enfant se réveille sourd, muet, aveugle … et dérapent vite dans l’irrationnel (je ne vais pas vous raconter, laissons le suspense) jusqu’à en éclater de rire.
On sent que tout est vrai mais qu’on se situe tout de même dans la fiction. C’est en cela qu’il n’y a rien d’impudique, aucun ressort mélodramatique, aucune complaisance. Mais une énorme pulsion de vie. Un hymne à la solidarité. Une leçon d’invincibilité offerte à un spectateur qui n’est jamais pris en otage.
Ils ressortent de l’aventure détruits, mais solides. Nous on quitte la projection avec une pêche incroyable. Libre et sans peur … de rien.
La Guerre est déclarée a été projeté en ouverture de la Semaine de la Critique du Festival de Cannes 2011. Le film a remporté le Grand Prix du Festival de Cabourg, puis le Prix du jury, le Prix du public et le Prix des blogueurs au Festival Paris Cinéma 2011.
1 commentaire:
Une merveille de cinéma !
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