
La quatrième de couverture m’a donné envie de lire Jan (sur un air de jazz) qui vient juste de paraître chez Finitude.
Cette lecture aura été très fluide. Chaque chapitre est surmonté d’un chapeau, comme on dit dans le jargon de l’édition, lequel, en italiques, est un commentaire musical d’une dizaine de lignes. Comme j’aimerais savoir si bien décrire un morceau quand je dois faire une critique d’album ou de concert !
Un dimanche d’été, désœuvrée, elle est entrée par hasard dans un club de jazz de Bruxelles. Jan était au piano et elle est tombée amoureuse. De l’homme, de l’artiste. Émerveillée par leur complicité et leur entente charnelle, elle s’investit dans cette histoire avec une ferveur qui la surprend elle-même. À soixante ans, elle sait le prix du bonheur et c’est avec une passion que l’âge n’a pas émoussée qu’elle fera tout pour le protéger.
D'elle on ne saura jamais son prénom mais on apprendra à la connaitre à mesure qu'elle nous livre -à son rythme- ses confidences à propos de Jan, de son étrange ami Josef, de la mère de ce célèbre (mais fictif) pianiste et plus généralement de sa vie. On progresse lentement dans l’histoire. Il faut accepter le tempo qui nous est imposé et patienter pour en approcher les secrets et en comprendre les clés, tout autant le "tout va bien " récurrent de Jan que le "ça me suffit" de son amoureuse.
Ce n’est pas une forte contrainte parce que l’écriture d'Emmanuelle Pol est superbe. En voici un exemple, extrait d'un très beau portrait de Josef sur deux pages magnifiques pour décrire la personnalité du chat de gouttière maléfique qui gonfle ses poils pour impressionner l’adversaire (p. 56).
L'autrice doit avoir conscience que les lecteurs ne lisent pas un livre d'une traite. Que bien souvent il est ouvert après une difficile journée de travail et que la disponibilité à entrer dans l'histoire, ou à s'y replonger, n'est pas immédiate. Du coup ces débuts de chapitre représentent, à l'instar d'une citation, une aide à se préparer à entendre la suite et je les ai beaucoup aimés.
Elle nous offre un portrait sensible d'un homme au prénom qui sonne bien (p. 75) essentiel en effet pour devenir musicien. Sa déclaration d'amour à l'égard de cet homme qui révèle un talent inhabituel pour la cuisine (p. 106) s'étend largement à son univers musical, au jazz qui est un genre réclamant de formidables capacités d'adaptation (p. 90) mais aussi pleinement à la Belgique qui est devenue son pays d'adoption. Le chapitre XXI racontant un week-end dans la région touristique de Spa est un bijou.
Emmanuelle Pol est née en 1965 à Milan, d’une mère française et d’un père italien. Si elle a passé son enfance en Suisse elle vit depuis vingt-cinq ans à Bruxelles et connait très bien ce territoire fortement attachant. Jan est son septième roman.
Jan (sur un air de jazz) d'Emmanuelle Pol, Finitude, en librairie depuis le 14 mai 2025
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