Un rayon lumineux intime l’ordre de faire silence parmi les spectateurs alors qu’une ambiance de Carnaval retentit sur le plateau. Yannick Jaulin esquisse quelques pas de danse (il en fera bien d’autres au cours de la soirée). La soirée démarre comme une fête de patronage avec des vivas et des bravos préenregistrés comme dans un banal sitcom.
Le conteur se propose de livrer l’histoire d’un drôle d’oiseau disparu en 1860. On retrouve le Yannick que l’on connaît bien faire un parallèle constant entre le volatile et un certain Maurice qui vivait, non pas dans l’ile du même nom, mais dans le célébrissime village de Pougne Hérisson (Deux-Sèvres).
Tous deux sont ébaubés … ce que l’artiste s’empresse de traduire, au cas improbable mais, où nous n’aurions pas compris : abruti, naif, gentil. Ce dernier mot instaure un silence de plomb, sans doute parce que les spectateurs hésitent entre deux inclinaisons, du coté des gentils, au risque de passer eux-mêmes pour des demeurés ou du coté des vifs d’esprit, ce que l’on pense être naturellement sinon que venons-nous faire ici ?
Comparaison n’est pas raison mais tout de même … Le Dodo, aux ailes et aux pieds raccourcis était dans l’incapacité de courir, pouvant tout juste piéter en rond autour de son île comme Maurice dans sa cahute. Soit-dit en passant Yannick égratigne la dérive consistant à prendre l’auto pour aller chercher une baguette de pain, s’alarmant que bientôt personne ne saura plus marcher.
Le cri du Dodo était assez discordant. Il blerquait un peu comme la mère à Maurice quand elle l’appelle. Il mangeait de tout comme l’homme. Il n’était pas un oiseau mais un oisif, comme devinez qui ? Pour preuve Maurice répétait à l’envie : mon père y fait rin, et moi y l’aide.
Nos oreilles se délectent des sonorités patoisantes qui sont la marque de fabrique de Yannick. Une fois transcrites elles composent des dictons qui peuvent avoir une coloration ironique mais sur scène elles ne sont que sucre. Il n’est pas faux de croire que Maurice n’est pas bénaise par bêtise mais par sagesse. Car le s’compare pas, comme çà l’est heureux.
La question de la langue mérite qu’on s’accorde une pause pour en discuter. A intervalles réguliers l’ami Yannick intervient en lieu et place du personnage qui occupe la scène, prenant à témoin sa mère pour lui confier un rôle d’arbitre. Pâtois ou pas, il y a du pour et du contre. Il sonne avec beauté. Mais il est juste beaucoup trop local, pas assez universel, quoique …
La définition scientifique se discute aussi. Buffon décrivait le dodo comme une tortue affublée d’une parure d’oiseau. Lewis Caroll a lui aussi mis son grain de fantaisie dans la construction de sa légende. Jamais animal n’aura suscité autant de versions, si bien qu’à la fin on va perdre de vue la recherche de la vérité, biologiquement parlant.
L’important en fin de compte, ou de conte, c’est selon, c’est de ne jamais céder au fatum. S’il y a un message à retenir de la soirée c’est bien celui-là et il me satisfait pleinement de l’entendre sur scène : ne pas céder à la victimisation.
Nous avons tous un rôle à jouer là dedans. En premier lieu bien sur le conteur dont c’est le métier de raconter des histoires. Qui mieux que l’artiste a ce pouvoir d’exhorter l’individu à oser être ce que nous sommes ? Yannick l’a dit clairement tout au long de la soirée, à travers de multiples métaphores (y compris la dernière, du combat de boxe de Ali qui certes peut sembler incongru au premier abord, moins au second).
D’autre l’ont chanté comme Christophe l’an dernier. Et cela fait partie des axes que je défends d’article en article, en témoignant de l’immense vitalité qui irrigue notre pays, et singulièrement aussi la banlieue et ce qu’on désigne sous le nom de « régions » depuis que le mot province n’est plus politiquement correct.
Yannick nous le dit : il y a urgence. Il y a le monde entier à sauver. On ne va pas passer notre temps (précieux) à pleurer ! En ce sens le Dodo devient un symbole donnant espoir à ceux qui vivent au bord du monde, avant de n'être réduit qu'à un pauvre petit tas de plumes ...
Ceux qui voudraient revoir le spectacle, lequel mérite qu’on y revienne pourront sélectionner une ville de la tournée :
3 et 24 novembre 2011, La Comète, à Châlons-en-Champagne (51) Tél: 03 26 69 50 99
25 novembre 2011, au Théâtre des Sources, à Fontenay aux Roses (92) Tél: 01 41 13 40 80
13 décembre 2011, au Théâtre de l'Hôtel de Ville, à Saint Barthélémy d'Anjou (49)
En janvier 2012 à Yzeure (03), Rezé (44), Bellac (87), Auray (56) et Pantin (93)
Les 03 et 04 février 2012 au Théâtre Antoine Vitez d'Ivry (94), Tél: 01 46 70 21 55
Puis VIenne (38), Pont-Audemer (27), Saint Benoît (86)
Toutes les dates sur le site de Yannick Jaulin
1 commentaire:
Je trouve que c'est très intéréssent et j'espère qu'un jour on trouvera un moyen de faire revivre cette espèce et je voudrais bien savoir qu'elle le cri de cette animal
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