
Je n’étais donc pas surprise qu’elle écrive un roman intitulé Divorce à la française même si je me sentais incapable de donner une définition de cette expression que j’ai parfois lue dans des articles de presse de géopolitique.
Antoine est chirurgien et Margaux est romancière. Ils se sont mariés et ont eu ensemble deux enfants. Nous les découvrons au moment du divorcer, et nous les voyons se déchirer pour la garde de leurs enfants. Chacun va donner sa version des faits. Puis interviendront le fils, la fille, la mère de l’un, la mère de l’autre, la deuxième épouse de l’un, le frère de l’autre, l’ami de l’un, l’amant de l’autre, l’éditeur de l’une, la comptable de l’autre. Les témoignages se contredisent sur les faits comme sur leur interprétation, et sont autant de versions à démêler. Ils sont destinés à convaincre la Juge aux Affaires familiales, et avant tout nous lecteurs qui vont devoir démêler le vrai du faux.
Je me suis lancée avec empathie en tentant d’être perspicace. Les propos du mari semblaient un peu trop couler de source et m’ont mise mal à l’aise. La prise de parole de la femme a confirmé mes soupçons … jusqu’à ce que je tombe sur une phrase-clé : nous n’avions peut-être pas vécu la même chose (p. 55).
Les arguments de Margaux m’ont semblé excessifs mais il aurait été invraisemblable qu’elle ait tout inventé. Cependant lorsqu’elle s’est projetée dans les motivations de Madame de Merteuil cherchant à se venger et à venger son sexe (p. 84) j’avoue que j’ai commencé à accélérer ma lecture. L’enchaînement des confidences m’a vite troublée et la lecture est bientôt devenue insoutenable. J’avoue avoir accéléré et commencé à lire en diagonale. J’ai été franchement malheureuse que les enfants se discutent, un lapsus très signifiant de leur détresse (p. 117).
En tant que lectrice on a tendance à se placer du côté de la femme. Il est probable aussi que j’ai de plus été influencée par une de mes dernières lectures, Féminicide. Toujours est-il que cette histoire, fort bien ficelée au demeurant et dont un scénariste ferait un chef d’œuvre cinématographique, m’est devenue insoutenable. N’en pouvant plus du suspense, je suis allée directement au dernier chapitre qui m’a donné le coup de massue final sans m’inciter à revenir en arrière pour tenter de démêler le vrai du faux.
Une chose est certaine, il est vrai que la garde alternée est un piège et que nombre de femmes renoncent à la séparation pour ménager les enfants. Il est sûr que pour que ce système fonctionne sans trop perturber leur progéniture il est indispensable que les parents s’entendent, et si c’était le cas pourquoi donc divorceraient-ils ? On voit bien que la situation est paradoxale.
Ce roman m’a fait l’effet d’un coup de massue et même si je n’ai pas pu le lire dans son entièreté il était nécessaire qu’il soit publié.
Divorce à la française d'Eliette Abécassis, Grasset, en librairie depuis le 2 octobre 2024
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