J'avais ouvert le livre le 28 octobre dernier, en grignotant des muffins à la pistache.
On m'avait annoncé un essai sur la dépression post-natale et je me sentais guère concernée. En remontant le temps bien avant la conception de son enfant l'auteure mène une réflexion qui dépasse l'anecdote. Elle s’interroge en toute franchise sur sa difficulté à choisir entre la maternité et son métier en craignant de ne pouvoir mener les deux de front. C'est une exploration de la difficulté de tout être humain à prendre des décisions, quand on cherche à concilier l’irrationnel et la sagesse.
Elif Shafak échafaude ses réflexions en les étayant d’exemples puisés dans le monde littéraire (non pas dans les romans, mais dans les biographies de femmes écrivains comme Simone de Beauvoir, Virginia Woolf, Zelda Fitzgerald, Doris Lessing, Sylvia Plath et de nombreux auteurs turques moins proches de nous).
Parallèlement elle analyse le cours de ses pensées en donnant corps à quelques traits de caractère, sorte de voix intérieures, contradictoires, représentées par six petites bonnes femmes auxquelles elles donnent de savoureux noms : Miss Cynique Intello et Miss Ego Ambition, Miss Intelligence Pratique et Dame Derviche, Maman Gâteau et Miss Satin Volupté.
Elle convoque aussi une mythologie orientale qui surprend nos esprits cartésiens, éduquant notre esprit à la culture musulmane. Elle compose un ouvrage inclassable, pour partie autobiographique, pour partie essai psychologique qui force à réfléchir sans être difficile à lire car les concepts sont toujours expliqués en termes simples. Du coup chacun peut se sentir concerné.
A l’instar des CD des artistes de variété elle nous offre en bonus des renseignements pratiques sur la dépression avec un test pour vérifier si on en souffre et des pistes pour en guérir.
Le livre aurait malgré tout gagné à entrer plus vite dans le vif du sujet. On a parfois l’impression que l’auteur va nous égarer mais le ton, tout à la fois ludique et sérieux, nous retient de décrocher. Elle nous ramène sans relâche au poids relatif de l’intuition, face au fatum (la destinée est–elle incontrôlable ?), et pose la difficulté de la remise en question.
Lait noir, d'Elif Shafak, éditions Phébus, 2009
On m'avait annoncé un essai sur la dépression post-natale et je me sentais guère concernée. En remontant le temps bien avant la conception de son enfant l'auteure mène une réflexion qui dépasse l'anecdote. Elle s’interroge en toute franchise sur sa difficulté à choisir entre la maternité et son métier en craignant de ne pouvoir mener les deux de front. C'est une exploration de la difficulté de tout être humain à prendre des décisions, quand on cherche à concilier l’irrationnel et la sagesse.
Elif Shafak échafaude ses réflexions en les étayant d’exemples puisés dans le monde littéraire (non pas dans les romans, mais dans les biographies de femmes écrivains comme Simone de Beauvoir, Virginia Woolf, Zelda Fitzgerald, Doris Lessing, Sylvia Plath et de nombreux auteurs turques moins proches de nous).
Parallèlement elle analyse le cours de ses pensées en donnant corps à quelques traits de caractère, sorte de voix intérieures, contradictoires, représentées par six petites bonnes femmes auxquelles elles donnent de savoureux noms : Miss Cynique Intello et Miss Ego Ambition, Miss Intelligence Pratique et Dame Derviche, Maman Gâteau et Miss Satin Volupté.
Elle convoque aussi une mythologie orientale qui surprend nos esprits cartésiens, éduquant notre esprit à la culture musulmane. Elle compose un ouvrage inclassable, pour partie autobiographique, pour partie essai psychologique qui force à réfléchir sans être difficile à lire car les concepts sont toujours expliqués en termes simples. Du coup chacun peut se sentir concerné.
A l’instar des CD des artistes de variété elle nous offre en bonus des renseignements pratiques sur la dépression avec un test pour vérifier si on en souffre et des pistes pour en guérir.
Le livre aurait malgré tout gagné à entrer plus vite dans le vif du sujet. On a parfois l’impression que l’auteur va nous égarer mais le ton, tout à la fois ludique et sérieux, nous retient de décrocher. Elle nous ramène sans relâche au poids relatif de l’intuition, face au fatum (la destinée est–elle incontrôlable ?), et pose la difficulté de la remise en question.
Lait noir, d'Elif Shafak, éditions Phébus, 2009