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La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

mercredi 20 juin 2018

Inauguration de Beaupassage

La journée était baptisée "pré-ouverture" et ce mercredi avait, en fin d'après-midi, une allure de vacances. On célébrait la naissance prochaine de Beaupassage, conçu par l’architecte Franklin Azzi.

Ils étaient "tous" là mais je ne les ai pas shootés comme on dit vulgairement, parce que je respecte l'intimité de tous, mêmes célèbres comme Yannick Alléno, Thierry Marx, Lionel Jospin ...

L'endroit était annoncé comme destiné à devenir le nouveau temple de la gastronomie et force est de constater que le pari est tout à fait réaliste en rassemblant de telles pointures dans un endroit aussi attrayant, pensé comme un lieu de vie à ciel ouvert, à la croisée de la rue de Grenelle, la rue du Bac et du boulevard Raspail.

Peut-être parce qu'il subsiste dans cet l’îlot de près de 10 000 m² quelque chose d'impalpable de l’ancien couvent des Récollets qui se trouvait là ... en 1703. 

Par qui et par quoi commencer ? Par la gastronomie sans nul doute car elle va tenir une place de choix ce vaste projet urbain initié par Emerige qui s'accompagne aussi de la création de 59 logements privés et sociaux, donc l’arrivée de nouveaux résidents dans le quartier.
L'entrée principale, au 53 rue de Grenelle, est adjacente de la fromagerie Barthélémy. La charismatique patronne, Nicole, était en grande discussion avec plusieurs MOF (vous savez, ces spécialistes qui se sont soumis aux épreuves de Meilleur Ouvrier de France et qui sont reconnaissables à leur veste blanche bordée d'un col bleu-blanc-rouge) et parmi eux le truculent Xavier Thuret, je le dis avec tout le respect qu'il mérite.
Juste à gauche de cette entrée, le chef doublement étoilé Olivier Bellin ouvre Mersea, consacré à des produits de la mer très frais, très gourmands et accessibles. Le nom est joli et j'ai été conquise par sa version du Fish&chips et ses pommes dentelle. La panure du poisson, un lieu jaune, est fine et croustillante. Il est servi avec une sauce tartare détendue au vinaigre de cidre et un condiment, à base de lentilles, inspiré du mushy pies des anglais (petits pois à la menthe). Il est probable que les pommes de terre, Agria ou Bluebell, seront fournies par Bayard, qui est la meilleure référence dans le domaine.
A la différence de l'établissement installé au 6 rue du faubourg Montmartre, celui-ci sera davantage brasserie mais il proposera aussi de la vente à emporter.

Plus loin à l'angle, changement de registre avec l’Allénothèque, qui est la cave à vins de Yannick Alléno (déjà à la tête de deux établissements triplement étoilés). Le sous-sol sera donc dédié au vin, avec 700 références et une très large amplitude de prix, de la bouteille très accessible à 6,5 euros jusqu'à l'appellation haut de gamme.
Le rez-de-chaussée est un espace de restauration, à l'esprit bistronomique, avec des  propositions très vives comme peut-être cette alliance de betteraves et coques réalisée pour l'inauguration,.
L'étage est une galerie d'art contemporain autour des arts de la table, comme on le remarque sur la photo ci-dessous.
Pierre Hermé s'est installé juste en face, avec les gâteaux que l'on connait, mais dans un espace dégustation conçu et décoré par l'architecte ​Laura Gonzalez (que j'avais rencontrée pour l'ouverture de La gare) pour inviter à une pause gourmande du petit-déjeuner jusqu’à l’heure de l’apéritif. Ce sera historiquement le premier Café de la Maison Pierre Hermé.
Thierry Marx, le chef étoilé du Mandarin Oriental, est son proche voisin. Il a choisi d'y installer sa seconde boulangerie. Il promet de très bons pains, d'excellents gateaux et bien entendu ses Breadmakis (des clubs sandwhichs toastés, roulés façon maki) déclinés de multiples façons. Ici le Kuromon, au saumon-radis daïkon-cream cheese-shiso que vous voyez sur le papier imprimé à l'effigie du chef.
Deux choix s'offrent au visiteur promeneur,  soit de tourner sur la droite, soit de poursuivre sur la gauche vers le boulevard Raspail.
A droite, le barista Junichi Yamaguchi, déjà installé Passage des Panoramas, dans le 2ème arrondissement,  sacré champion du monde de latte art, invitera à découvrir le plaisir du café réinventé, torréfié à la demande en boutique (à déguster sur place ou à emporter) sous la marque %ARABICA (prononcer pourcent arabica) qui est est "la" marque japonaise de café de spécialité, créée en 2014 dans l’ancienne capitale impériale, Kyoto.
Enseigne simple et élégante associée à un cadre design, intemporel et minimaliste d’inspiration japonaise, elle bénéficie d’une forte identité de marque. Très présente sur les réseaux sociaux, elle est connue et reconnue des foodistas du monde entier.

Sur la gauche c'est une valeur bien française, d’Anne-Sophie Pic, la cheffe aux 7 étoiles. Elle a voulu, avec Daily Pic, permettre de composer un repas à 15,90 € pour la formule entrée, plat, dessert, présentés sous forme de verrines copieuses et faites maison ... à Valence. Si elles sont aussi gouteuses que l'ile flottante fraise menthe de ce soir il y a fort à parier que le concept fera un carton.
Le boucher Alexandre Polmard figure aussi les artisans du goût de ce passage avec sa boucherie-restaurant et ses viandes d'exception.
Ces trois allées ne sont pas dédiées qu'à la gastronomie. Elles ont aussi été pensées comme lieu de flânerie au milieu d’une soixantaine de variétés d’arbres (érable du Japon, bouleau de l’Himalaya, pin sylvestre…) et quelques œuvres d’art monumentales. J'ai retenu les Mangoustes de Rinck qui forment un totem à triple face et triple corps, en écho à la forêt de carton d’Eva Jospin, qui est la fille du Premier ministre, poétiquement baptisée La Traversée, un décor sylvestre composé de une tonne et demi de carton, sculptée à la main à la scie sauteuse et au ciseau, que l'on découvre derrière des parois de verre hautes de 3,50 mètres qui vient se refléter dans un miroir installé de l'autre côté, en entrant (ou sortant) coté boulevard Raspail.
Il y aura aussi une salle de sports avec mur d’escalade et divers équipements sportifs ainsi qu'une supérette. La Rive droite fourmille de passages. Dès la fin de l'été, la Rive Gauche aura le sien, une parenthèse enchantée du beau, du bon et du bien-être, pour relier le boulevard Raspail aux rues de Grenelle et du Bac.
Beaupassage
53-57 rue de Grenelle
Paris 7e
Ouvert du lundi au dimanche, de 8h à minuit
Ouverture officielle prévue le 25 août

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