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La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

jeudi 24 juin 2010

Cavalo Kanibal plante son cirque forain dans la cour d'une école d'Antony (92)

Je gage que demain les langues seront déchainées à la rentrée des classes. Le spectacle de cirque forain qui a été offert dans le cadre du Festival Solstice a "déménagé" plus d'un esprit ce soir. Il y a presque eu polémique : est-ce bien raisonnable de montrer ses fesses en public, d'avaler des lames de rasoir devant des petits enfants et de s'inspirer de scènes de violence conjugale pour monter un spectacle ?

OUI. Bien sur que çà l'est. Ce qui l'est moins c'est de ne pas avoir averti le public de prendre tout cela au second degré pour mieux réfléchir ensuite avec leurs enfants sur ce que c'est que la tendresse, sur ce que c'est que l'amour et le désir d'enfant.
Est-ce que le public n'était "vraiment" pas prévenu ? Les parents qui furent choqués ce soir feraient bien de relire la note de présentation qui était tout sauf de la désinformation mensongère :
Attention, faites place, bonnes gens, voici la vieille roulotte rouillée des forains malfamés ! Avaleurs de cintre et de parapluie, joueur de scie musicale et casse-cou tout feu tout flamme, ce couple bizarre venu de nulle part va vous en mettre plein la vue... car entre cette femme à poigne un peu cruelle, et ce nounours ahuri en haillons, va se jouer tout un jeu tyrannique de numéros de foire à faire grincer des dents ! Tours de fakir et tours de force, numéros d’équilibre et de voltige sur une mobylette pétaradante, leurs exploits vont vous faire frissonner... et vous faire rêver aussi, car ces deux vagabonds ont beau être des marginaux décalés, ils n’en sont pas moins drôles et émouvants. Un moment brut et magique de cirque forain.
On ne faisait pas mystère de leur particularisme. Pas un mot à retrancher.

Les enfants ont réagi avec leur coeur. Leurs yeux pétillaient, débusquant les moment où la comédienne roulait son partenaire : oh la tricheuse ! s'écrièrent-ils. Ils ont l'habitude de la télévision. Ils savent bien comment on doit regarder des choses qui ne sont pas la réalité. Avec quelle distance. Quand Mickey tire sur la queue d'une vache pour faire sonner la cloche qu'elle a autour du cou l'enfant sait que c'est pour de faux, et curieusement les parents ne s'affolent pas à l'idée que le lendemain leurs bambins vont répéter le geste.

Les ados se sont régalés. L'univers trash et les codes sado-maso traversés par une belle poétique, c'est tout ce qu'ils apprécient.

Mais une poignée de parents affolés a soudain pris peur. N'écoutant que leur mauvais sang à défaut de leur bon cœur ils ont extirpé leur progéniture qui s'inquiétait : "mais où on va Papa ?"

C'est vrai que le fakirisme est impressionnant. C'est étudié pour comme aurait dit Fernand Raynaud. Ah comme je regrette que la batterie de mon appareil photo ne m'ait lâchée car j'aurais publié un reportage qui aurait fait sensation. Merci à Claire d'avoir suppléé en me prêtant le sien avant que sa propre batterie ne s'épuise elle aussi.

Tout était discordant à souhait. Les vieux numéros de foire ont été ressuscités et intégrés pour servir une belle histoire. Le fakirisme était prétexte à des jeux d'adresse sadiques et ludiques pour faire ressortir le contraste, le paradoxe et servir les thèmes qui sont chers à la compagnie la différence, la pauvreté, le rejet de la société....

Pas étonnant alors que certains n'aient pas supporté.
La femme avait le regard dur. Ses pupilles lançaient des étincelles. Elle n'hésitait pas à brocarder l'homme. Lui, tatoué, tentait de l'adoucir en jouant de la scie musicale. Elle se régalait de lames de rasoir alors qu'il s'étranglait de rire. Il avalait un cintre en forme de coeur pour lui signifier ses sentiments. Elle inventait alors un manège infernal pour le faire tourner en bourrique. Il brûlait pour elle. L'escalade semblait sans limites. Et pourtant c'est la tendresse qui gagne avec l'arrivée d'un petit, symboliquement représenté par une poupée-funambule qui roule sur le fil reliant Elodie et Jean-Alexandre.

L'espoir est revenu même si on reconnait en arrière-plan une sorte d'étirement de la célèbre chanson du temps des cerises : chagrin d'amour dure toute la vie ...

Leur roulotte rouillée et leur moto-tricyle occupera demain le Parvis des Tours de la rue Joseph Delon à Antony, et après-demain le terrain de sport La Bruyère, à deux pas du théâtre de la Piscine de Chatenay-Malabry, toujours en accès libre. Pour en savoir davantage sur ce terrible duo visitez leur site sur MySpace.
Pour tout savoir sur l'ensemble du festival :
• Théâtre La Piscine – 254 av. de la Division Leclerc à Châtenay-Malabry : Mardi de 14h à 19h /Mercredi au vendredi de 11h à 19h / Samedi de 11h à 17h
• Théâtre Firmin Gémier – Place Firmin Gémier à Antony : aux mêmes horaires mais fermé de 13h à 14h
Sur www.theatrefirmingemier-lapiscine.fr
06 33 29 85 30 Le jour des représentations, pour tout renseignement de dernière minute

mercredi 23 juin 2010

Vincent Warin, acrobate avec et sur BMX au festival Solstice

La seconde partie de la Ballade de Cirque que j'ai racontée en images s'est poursuivie avec la performance de Vincent Warin. L'homme est connu des milieux sportifs professionnels mais très peu du grand public en tant qu'artiste. Personne n'a pensé à lui quand il est arrivé avec son vélo sous le bras, en faisant la tête du curieux "qui venait voir ce qui se passait".

Il faut dire que nous avions suivi un accordéoniste pour être rassemblés, quasi parqués, derrière le gymnase de l'IUFM, organisme de formation des professeurs des écoles , où sont passés presque tous les enseignants de primaire du département et qui est voué à la disparition, comme chacun le sait.
L'homme au vélo a un peu bousculé le public qui sagement ne dépassait pas l'entrelacs de la triple ligne vert fluo délimitant une piste. A entendre les ronflements des moteurs l'artiste allait arriver en kart. Rien d'étonnant à ce que celui-ci se cramponne à son engin, un vélo c'est précieux, cela se volerait vite.
Il s'assoie en riant et très vite sa bonne humeur est communicative. Pourtant il ne se passe à vrai dire rien. On se demande même pourquoi il se lève en gesticulant. La magie opère aussitôt.

Vincent Warin porte son vélo à bout de bras, le fait glisser, à la manière des "portées" que l'on voit d'habitude sur une scène de cirque. L'engin glisse, s'enroule autour de l'homme, à moins que ce ne soit le contraire. Très vite on oublie qui est la machine et qui est l'humain. C'est un couple qui danse sur la pointe des pieds, en équilibre maitrisé.
Suivent des figures qui s'apparentent à des exercices de musculation. La musique connait une mutation et le duo évolue vers une chorégraphie de plus en plus subtile. la voix chantée accompagne parfaitement la prouesse technique qui s'efface derrière l'esthétisme. Le vélo est alors un vrai partenaire.
Parfois on se dit qu'il va se coincer et qu'il faudra aller à la rescousse. Mais que nenni !Le sol crisse. Le vélo roule, tourne, s'envolerait presque. C'est fou l'infinité de figures que ce virtuose peut réaliser sur un espace aussi restreint. L'artiste devient écuyer, patineur, échassier, toujours acrobate bien sur.Oh tu vas tomber ! s'exclame un enfant. Mais l'homme est à terre parce qu'il s'est doucement posé sur le sol.
Après une série de ralentis il enchaine des passes de rock, se lance dans la cabriole. C'est un numéro de rodéo qu'il exécute au son endiablé d'une musique dynamisante.

Dans la dernière partie de sa performance il excellera aussi dans l'art du surplace, s'amusant à repositionner son pédalier en se situant à la frange du burlesque.

L'acrobate est littéralement électrisé par son engin. Difficile de croire que c'était sa première sortie en extérieur ! Il ne doit plus craindre de s'exposer devant tous les publics, sur scène et dans les rues. Que tous nos bravos le portent haut sur la route du succès. Son talent fera beaucoup de spectateurs heureux.

Pour tout savoir sur l'ensemble du festival :
• Théâtre La Piscine – 254 av. de la Division Leclerc à Châtenay-Malabry : Mardi de 14h à 19h /Mercredi au vendredi de 11h à 19h / Samedi de 11h à 17h
• Théâtre Firmin Gémier – Place Firmin Gémier à Antony : aux mêmes horaires mais fermé de 13h à 14h
Sur www.theatrefirmingemier-lapiscine.fr
06 33 29 85 30 Le jour des représentations, pour tout renseignement de dernière minute

mardi 22 juin 2010

Installation Tripode en première partie de la Ballade de Cirque du festival Solstice

Je ne vais pas faire un long discours, préférant faire parler les images et vous livrer une sorte de BD photographique. Plus de 300 spectateurs ont suivi cette Ballade offerte dans le cadre du Festival Solstice et dont le point de départ était repérable par cette affiche sous des ballons gigotant au vent, ne disons pas "mauvais" mais vif pour un soir d'été.

L'étang du soleil portait mal son nom. L'eau n'était pas très propre. Des moustiques affamés guettaient la viande. Les pêcheurs réfrénaient leur envie de poisson. Deux personnages insolites patientaient dans l'attente d'emmener promener quelqu'un, mais qui ?
Voilà qu'un jeune homme en chemise blanche engage la conversation avec eux, les secouant de leur torpeur. Il fut plus persuasif que nous puisqu'il fut embarqué illico. Qu'a-t-il promis au rameur ?La jeune femme au tee-shirt turquoise a un doute mais les voilà déjà partis. Pour quelle traversée ?
Nous sommes sur la rive opposée, face au fameux "tripode" planté au milieu de la pièce d'eau. Une corne de brume annonce l'arrivée de la barque qui s'approche avec détermination.
Le jeune homme s'échappe du bateau et grimpe. Un rayon de soleil arrose l'étang. Un court instant le ciel se teinte de couleurs d'orage qui rappellent Songes, le superbe spectacle de danse de Béatrice Massin.
Rameur et musicien vont-ils repartir ou tourner en rond ?
Mais non. Ils restent pour l'encourager, l'accompagner dans ses acrobaties. Les promeneurs eux aussi suspendent leur propre ballade pour suivre celle-ci.
Tête en l'air. Tête en bas. Tête brûlée peut-être ...
On peut dire qu'il n'a pas peur de mouiller la chemise.
Plouf fait le seau. La barque, elle re-tourne en rond.
Et ce sera le plongeon final. Boris Gibé a le courage de nager vers le bord pour saluer les spectateurs transis pour lui avant d'être repris en charge par la barque. Un accordéon nous entraine plus loin. On le suit comme s'il nous jouait l'air du joueur de flute de Hamelin, vieille légende allemande.
A demain pour la seconde partie de cette ballade ...

Pour tout savoir sur l'ensemble du festival :
• Théâtre La Piscine – 254 av. de la Division Leclerc à Châtenay-Malabry : Mardi de 14h à 19h /Mercredi au vendredi de 11h à 19h / Samedi de 11h à 17h
• Théâtre Firmin Gémier – Place Firmin Gémier à Antony : aux mêmes horaires mais fermé de 13h à 14h
Sur www.theatrefirmingemier-lapiscine.fr
06 33 29 85 30 Le jour des représentations, pour tout renseignement de dernière minute

lundi 21 juin 2010

Pique-nique en Corée un dimanche après-midi

Ce n'est pas parce qu'il ne faisait pas beau hier qu'on allait renoncer au pique-nique lancé par la Fédération Française de Cuisine Amateur et rien qu'à voir les photos vous pouvez juger de l'intérêt du déplacement.










Nous étions une vingtaine à découvrir une cuisine coréenne, préparée "à la demande" au bord de l'eau sur un barbecue portatif.
Les canards (pas laqués du tout) auraient bien voulu profiter de quelques miettes. Les petites poules d'eau noires au bec rouge ont bien essayé elles aussi mais nous sommes restés stoïques, tous groupés sous l'abri pour ne pas mouiller nos sandwichs coréens.













Je n'avais jamais gouté ce plat, imprononçable pour nous occidentaux, concocté par Ae-ja qui composait une sorte de "rouleau d'été" dans une feuille de sésame.
Nous avons aussi gouté le riz que Lalaina parfume avec de l'extrait de vanille et qu'elle a servi avec un bœuf mijoté, lui aussi parfumé avec cet épice qui s'accorde bien avec un plat salé.

Chacun avait amené sa spécialité ou l'innovation du jour (comme la terrine de macaronis juste tiède et sa délicieuse sauce au pesto de Virginie), comme le roulé aux légumes verts d'Aurélie, les cannelés au pesto et à la mozzarella et les muffins tomate séchée-parmesan-origan de Sophie.

Il y avait aussi une étonnante tarte aux pommes et au gingembre de Kim, sur un fond de pâte à pizza. Et beaucoup d'autres choses délicieuses que je ne saurais plus aujourd'hui attribuer à l'un ou l'autre.
Mais il y a eu surtout la tarte aux fraises de Rova, qui fut à se damner, et dont chacun a voulu connaitre la recette. La voici dans sa version d'origine. Nous avons dégusté une variante avec de la noisette qui était, faut-il insister, absolument parfaite.

120 g de pistaches réduites en poudre
8 biscuits petits-beurre émiettés
55 g de sucre en poudre
zeste de citron vert
85 g de beurre fondu et refroidi
2 jaunes d'œufs (gros)
400g de lait concentré sucré
12 cl de jus citron vert
450g de fraises
50g gelée d'abricot ou autre fruit pour le glaçage (pour nous ce fut de la gelée de fraises)

Préchauffez le four à 175°.
Réduisez en poudre au mixeur, les pistaches, les biscuits, le sucre et le zeste de citron.
Ajoutez le beurre et mélangez jusqu'à obtention d'une pâte dont vous foncerez le moule beurré ou recouvert de papier sulfurisé. Enfournez 10 min, puis laissez refroidir sur une grille.

Battez les jaunes avec le lait concentré sucré et les 12 cl de jus de citron vert. Versez sur le fond de tarte et lissez à la spatule. Faites cuire 15 min puis laissez refroidir. Disposez dessus, en cercles concentriques les morceaux de fraise.

Faites chauffer la gelée de fruits sur feu doux dans une petite casserole. Ajoutez une cuillère à café d'eau et remuez jusqu'à l'obtention d'un mélange lisse. Réalisez le glaçage des fruits à l'aide d'un pinceau à pâtisserie.

Un prochain pique-nique est prévu début juillet. Ce sera l'occasion de partager d'autres spécialités. Pour ma part je me suis engagée sur une tarte aux pommes au safran et à la vanille "Lord vanilla".

Que ceux qui voudraient nous rejoindre contactent la FFCA sans crainte de se ruiner avec le prix du billet d'avion ... parce que nous nous étions donné rendez-vous en fait ... en plein Paris, dans le Parc de Bercy, derrière l'étang du Soleil, lequel soleil était bien le seul à n'être pas venu.

dimanche 20 juin 2010

Les Augustes ont planté leur Petit Théâtre Baraque au festival Solstice

J'avais annoncé le spectacle dans le billet de présentation du Festival. Je les ai découverts hier soir et si je vous en parle sans tarder c'est parce que vous avez la semaine, mais pas davantage, pour découvrir ce duo de clowns très peu ordinaires. Vous ne serez pas plus de 32 privilégiés à pouvoir assister chaque soir à leurs numéros. Alors forcément il y aura peu d'élus, mais cela vaut le coup de tenter votre chance. Surtout pour 3 euros ! Je vous donne tout de suite le numéro 01 41 87 20 84

C'était comme cela à l'Espace Cartier du boulevard Raspail (Paris) l'année dernière. C'est ainsi partout où ils passent, toujours des "jauges" minuscules, sans doute pour regarder chaque spectateur dans les yeux. Difficile de faire plus intime.
Le Petit Théâtre Baraque est vraiment de petite taille, mais de grande ambition. Et on n'y entre pas sans frapper. D'abord on se réchauffe autour d'un brasero avec les autres futurs spectateurs. En juin 2010 on apprécie la chaleur des flammes. On regarde la lune commencer à s'élever dans le ciel et on se souvient qu'il y a quelques mois on était là, sur cet espace cirque d'Antony, les pieds dans la neige, le visage chauffé par les flammes, à suivre le travail du forgeron d'Obludarium. Leur chapiteau n'était pas bien grand non plus et d'autres points communs vont se multiplier, comme cet amour inconsidéré pour les chevaux volants.

Quand le groupe est au complet on nous invite à grimper en haut de la structure que Nigloo et Branlo désignent sous le nom de "tonneau", une sorte de cylindre au fond duquel ils vont évoluer le nez en l'air, ce qui déforme la vision que nous avons de leur réalité. Parce que nous, spectateurs, serons toujours en surplomb, debout dans la coursive des passagers, suspendus au-dessus de la scène, accoudés à la balustrade.

Cela commence plutôt classiquement. Le clown est un peu déjanté. Il essaie de se lier avec chaque spectateur, faisant surgir une botte de spaghettis de ses poches, pleurant des jets d'eau, tirant au pistolet ... à eau, jouant de la trompipette. Il bafouille, bref il mélange tout, comme lui reproche sa compagne dont la voix nous parvient étouffée derrière un air de p'tit quinquin. Il se balance sur son échelle, s'accroche à une corde, nous effraie un peu avec ses gesticulades qui le mettent en danger mais ce ne sont pas ses os qui se brisent au sol, de simples assiettes blanches accrochées au plafond comme des araignées que ses grandes mains décrochent ... la folie le guette.
Notre regard s'enfonce un peu plus loin dans le cylindre et se pose sur elle qui ramasse les morceaux de porcelaine en titillant la toile de sa longue et fine cravache. Quatre chevaux sont couchés là comme épuisés d'avoir couru leur vie durant dans un manège.

Quatre chevaux qui évoquent le théâtre équestre et musical Zingaro qu'ils ont créé, puis laissé à Bartabas.

Quatre chevaux qui auraient pu s'être échappés aussi bien du Guernica de Picasso.

Quatre chevaux indressables, même en grimpant sur une chaise.



Quatre chevaux de rêve qui sont un songe, comme la chaise bleue de Van Gogh, comme les spectateurs que l'on découvre au dernier tableau.

Le Tonneau est un miroir déformant, un kaléidoscope qui étire les corps, les voix, les gestes et modifie la perception du temps. Autrefois Nigloo et Branlo haranguaient le chaland qui passait dans la rue. C'était au temps où le cirque Aligre semait la panique dans les chaudes heures du festival d'Avignon. C'était une autre époque, mais l'esprit est demeuré le même et le pari est gagné puisqu'on sort de là la tête pleine d'interrogations. Des conversations ont été esquissées. Nous avons été saisis par le ronflement des trains et apaisés par des musiques douces. Nous avons découvert la troupe des animalicules, les petits grotesques qui se démènent en dessous de notre lorgnette. Nous avons assisté à un match de boxe en trompe l'œil qui laisse une double dépouille sur le flanc. Notre cœur en tout cas n'a pas été victime d'une illusion.
Augustes, jusqu'au 26 juin (Relâche le lundi 21) - A 22H / Espace cirque d'Antony
Tout public à partir de 10 ans, Durée : 1h,
3 Euros SUR RÉSERVATION au 01 41 87 20 84 et pour tout savoir sur l'ensemble du festival
:
• Théâtre La Piscine – 254 av. de la Division Leclerc à Châtenay-Malabry : Mardi de 14h à 19h /Mercredi au vendredi de 11h à 19h / Samedi de 11h à 17h
• Théâtre Firmin Gémier – Place Firmin Gémier à Antony : aux mêmes horaires mais fermé de 13h à 14h
Sur www.theatrefirmingemier-lapiscine.fr
06 33 29 85 30 Le jour des représentations, pour tout renseignement de dernière minute
Photos A bride abattue à l'exception de celle non signée provenant du site du Théâtre Garonne dont le copyright m'est inconnu.

samedi 19 juin 2010

Prix du Roman des Lecteurs d'Antony 2010

(billet mis à jour le 26 juin 2010)Ce Prix là va avoir trois ans et j'ai toujours été là pour le suivre. La première année le livre gagnant fut l'extraordinaire Cage aux lézards dont je continue à recommander la lecture à tous ceux qui ne le connaissent pas. L'an dernier ce fut la Route.

Le règlement avait été modifié cette année : parmi les dix titres sélectionnés figuraient huit romans choisis par les bibliothécaires, un par l'association "Bibliothèque pour tous" qui avait proposé Cette vie de Karel Schoeman, aux Editions Phébus et enfin un par les lecteurs, réunis en jury le samedi 14 novembre dernier qui avaient élu (déjà) D'autres vies que la mienne d'Emmanuel Carrère.

Se sont donc trouvés en lice :
Cette vie de Karel Schoeman Ed. Phébus
D’autres vies que la mienne d’Emmanuel Carrère Ed. POL
Les chaussures italiennes de Henning Mankell Ed. Seuil
Ce que je sais de Vera Candida de Véronique Ovaldé Ed. de l’Olivier, lequel a été couronné par le prix ELLE
L’annonce de Marie Hélène LAFON Ed. Buchet Chastel
Un pied au paradis de Ron Rash Ed du Masque
Au zénith de Thu Huong Duong Ed. S. Wespieser
Celui qui sait de Aleksandra Marinina Ed. Seuil
Les mains nues Simonetta Gregio Ed. Stock
Démon de Thierry Hesse Ed. de l’Olivier

L'actualité littéraire est si abondante que j'ai beau lire énormément (et beaucoup écrire) je n'ai pas fait le compte-rendu de chacun. J'avais beaucoup aimé les Chaussures italiennes, honoré du Prix robinsonnais samedi dernier. Les mains nues avaient été une forte et belle découverte. Et si j'avais sans cesse remis la critique de Celui qui sait c'était uniquement parce que le prix ELLE m'avait énormément mobilisée. J'avais chroniqué l'Annonce, un Pied au paradis et Ce que je sais de Vera Candida.

Il n'y avait qu'un livre de la sélection que je n'avais pas lu, n'ayant pu l'obtenir que ... quelques secondes avant la clôture du vote. Et il se trouve que c'est le gagnant, exaequo avec D'autre vies que la mienne. La liste des livres est d'ailleurs copiée en suivant le nombre de voix. Les chaussures italiennes se classent au premier rang de la découverte (à juste titre).

Karel Schoeman est l’un des auteurs les plus connus (et prolifiques) d’Afrique du Sud, décoré par Mandela pour son combat contre l’apartheid. Publié en France depuis 2004, seulement, il a connu le succès avec son livre Retour au pays bien-aimé. En février dernier, Phébus a édité Cette vie, un roman paru en 1993 dans son pays, chronique de l’existence d’une jeune fille timide, au début du XIXème siècle, devenue femme effacée au fil des années, puis vieille fille enfermée dans une solitude intérieure de plus en plus affirmée. Au moment de mourir, elle se souvient de sa vie, plutôt insignifiante, et surtout de celle de sa famille, dans une ferme perdue au milieu du veld.
Je reviendrai sur l'ouvrage lorsque je l'aurai lu.

Ce plébiscite autour de deux livres correspond au choix d'une poignée de lecteurs, sans doute influents puisque ces deux titres avaient été ajoutés au choix des bibliothécaires. Un résultat qui soulève tout de même cette année quelques interrogations :

- quelle est la valeur d'un prix décerné par moins d'une centaine de personnes ?
- le principe d'associer des lecteurs au choix des livres est peut-être à conserver mais si c'est pour qu'ils votent précisément pour ces livres là les dés sont pipés. Vous me direz que comme le vote n'était pas anonyme il est facile de vérifier.
- l'obligation d'écrire son nom sur le bulletin de vote laisse-t-elle toute liberté au votant ?
- est-il légitime de voter si on n'a lu que quelques livres ?

Arrivée à mon troisième prix littéraire de l'année l'enthousiasme n'est plus au rendez-vous. Je prendrai du recul face à ce genre de manifestation qui tout de même canalise nos lectures (en nous empêchant presque de faire nos propres découvertes) à une exception près car la nouvelle formule de la médiathèque du Plessis est assez "appétissante".

Le terme a de quoi surprendre mais il me semble correspondre à la veine de la rentrée littéraire qui s'annonce forte en sensations.

Depuis la publication de ce billet j'ai appris que la bibliothèque d'Antony aussi allait changer sa formule l'an prochain avec une proposition qui sera une évolution très intéressante et innovante par rapport au concept de Prix littéraire. Je la suivrai avec enthousiasme, pour vous et avec vous !

vendredi 18 juin 2010

Swap café

Le swap est une opération financière qui consiste en un échange de flux financiers entre deux contreparties, selon un échéancier fixé à l'avance. L'échange peut porter sur des créances (swaps d'actifs ou de créances), des créances en actions (debt-equity swaps), des devises (swaps de devises), des matières premières (swaps de matières premières), ou encore des taux d'intérêt (IRS, Interest Rate Swap).

Alors quand Armande a publié une annonce de swap café sur son très sérieux blog littéraire je me suis dit qu'elle avait du confondre les confessions de Jérôme K. avec celles de Jérôme K Jérôme, qu'elle débloquait un grain ou décidé de changer de voie. J'ai deviné ensuite que ce n'était pas un business spéculatif, ou alors seulement sur le bonheur de faire plaisir.

J'ai soumis timidement ma candidature à la condition express qu'elle m'explique les tenants et les aboutissants. Je la connaissais insuffisamment pour faire mes choix sans trembler. Le joker (celui qui est censé conseiller sur les goûts et les couleurs du binôme) a failli me lâcher, confondant mon mail intitulé swap avec un spam ...

Mais comme dans les bonnes séries, mêmes noires, tout fut bien qui finit bien et l'échange put avoir lieu. Car pour ceux qui l'ignorent (j'ai des lecteurs TRÈS variés) un swap Internet c'est l'envoi d'un colis correspondant à une liste un peu liste de mariage, mais en plus court et plus précis, à une personne qui prépare dans le même temps l'équivalent pour vous sans savoir ce que vous allez lui envoyer.

Le principe de base (si j'ai tout bien compris) est de faire le plus original possible mais pas trop et en collant au maximum à la personnalité de l'autre. Nous avons failli remporter le premier prix Armande et moi parce qu'il s'en ait fallu de peu que je lui envoie strictement le même grand récipient que celui qu'elle m'a adressé. Quel bol !
Son colis, énorme, était très joliment empaqueté. Vous remarquerez au passage comment j'ai proprement ouvert le colissimo ... qui s'annonce recyclable, mais comment ?

J'ai pu aussi rassurer Armande sur l'état de réception sans détruire le bel agencement des cadeaux, me disant du même coup que je n'avais pas songé au suremballage des objets envoyés.
Voilà bien la preuve que j'en étais à on premier swap.







Ce n'était pas ces paquets là qui l'inquiétaient mais le gros cube que j'ai donc délicatement vérifié pour y trouver intact LE bol que j'avais hésité à lui adresser avant de me décider pour un duo de tasses afin que le joker puisse avec elle savourer les breuvages.










J'avais arrêté là mon exploration, désirant attendre qu'elle ait reçu son colis pour poursuivre.

Les commentaires sur les jolies tasses imprimées et collées sur les papiers d'inspiration cubistes suffisaient à me faire rêver.

J'ai été comblée. Jugez vous-même. Les photos parlent toutes seules. J'ajoute des gros plans qui vaudront mieux qu'un long discours.

Les deux articles les plus essentiels étaient des romans policiers (n'oublions pas que les participantes étaient des lectrices acharnées) et du café (puisque c'était le thème du swap). Vous remarquerez aussi que le Pérou est bien représenté, beau présage pour un avenir plus joyeux. Quant au moka cette appellation désigne un cru doux et parfumé, en provenance d'Afrique de l'Est, à faible teneur en caféine, en référence aux cafés de légende du Yémen exportés dès le XVI° siècle depuis le port de Mocha.











En ajoutant ce livre de Trish Deseine Armande touchait triplement mes cordes sensibles.
J'adore cette créatrice culinaire. J'adore le chocolat. J'adore cuisiner.

Je me suis mise aussitôt aux fourneaux et miracle d'Internet, je vous invite à une dégustation qui ne vous fera pas prendre un gramme.

Je me souviens à ce propos d'une réplique de la femme de Maigret à propos des croissants (voilà bien une gourmandise qui s'accorde avec le café quand on est l'épouse d'un policier) : quelques minutes dans la bouche, deux heures dans l'estomac, toute la vie sur les fesses !

Des blondies avec du chocolat blanc et du beurre salé ...
Quelques mendiants ...
Une ou deux truffes , c'est pas tous les jours Noël ...
Impossible de refuser ces cookies aux flocons d'avoine ...
A moins de préférer celles-ci aux noix du Brésil et aux deux chocolat ...
Vous resterait-il une "petite" place pour LE gâteau d'anniversaire ... ?


Je passe aux aveux. J'ai franchement exagéré. Mais reconnaissez que j'ai un excellent appareil photo (acquisition récente, nécessaire parait-il ...). Et pour me faire pardonner je vous offre une recette du livre, parue il y a quelques années dans ELLE, une référence pour nous qui fumes jurés de ce prestigieux magazine.

Comme le chargement des photos était très très très long j'en ai profité pour zieuter background les blogs des autres swapeuses. Incroyable profusion d'idées et de projets ! Il me semble que certaines sont devenues swap-addicts ... En voici un qui me tenterait bien. Je me contente aujourd'hui sagement d'en faire la publicité. C'est chez Sofynet.

Et mille mercis à Armande qui a devancé ce swap là en m'envoyant en prime aujourd'hui la trousse de la rentrée. Que de douceurs pour finir l'année scolaire ...

Trish DESEINE, C'est fort en chocolat, collection Les Petits Plats chez Marabout, février 2010

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