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La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

jeudi 31 décembre 2009

Crème d'olives écologique pour soir de Réveillon

Si je dis "écologique" c'est parce que cette purée d'olives a un goût d'anchois sans que ce poisson n'ait été utilisé. Et comme vous savez sans doute qu'il sera bientôt en voie de disparition voilà de quoi se régaler en toute bonne conscience.

Et puis cette préparation me fait penser au pâté d'olives auquel Blaise Cendrars attribue une valeur comparable à une potion d'amour.

Je prends des olives vertes, déjà dénoyautées pour gagner du temps. Mais je les achète "fraiches" au marché. J'ajoute une boite de sardines à l'huile d'olive, avec l'huile.
Puis quelques tomates confites et ... c'est là le premier "secret" : des câpres, puis le second "secret" : un jus de citron. Tout cela tourne dans le blender et j'ajoute de l'huile d'olive pour lier.

J'entends vos questions : combien ?
On met ce que l'on a selon son goût, disons en proportions "raisonnables".
A servir sur du pain de campagne ou du pain de mie toasté ou encore dans des demi-avocats.

mercredi 30 décembre 2009

Entre le Guérisseur et Un pied au paradis

(billet mis à jour le 5 mars 2010)
Le jury dit de Mars doit choisir entre deux romans policiers, tous deux excellents, mais puisqu'il faut les départager ce sera Un pas au paradis que je vais favoriser parce qu'on tient là un livre vraiment très fort. Plus un roman qu'un roman "policier" d'ailleurs. Mon enthousiasme me vaut d'ailleurs d'être citée en page 126 du ELLE spécial mode du 5 mars.

Dommage pour le Guérisseur qui avait des qualités supérieures à certains policiers des autres sélections (ce n'est pas par hasard s'il a été élu l’un des meilleurs romans policiers de l’année 2008 par le magazine Publisher ‘s Weekly, mais that's life et la compétition est rude ... ). Attardons-nous quand même un instant sur ce livre dont j'ai beaucoup apprécié l'intrigue dépaysante et constamment surprenante.

L'action se passe dans une bourgade égarée du bout du Canada où il ne se produit d'habitude rien d'extraordinaire. Un de ces endroits que l'on est certain de retrouver intact après dix ans d'exil. L'inspecteur Hazel Micallef, divorcée, la soixantaine, est revenue vivre chez sa mère avec qui elle entretient pourtant des rapports conflictuels. Elle fait fonction de commissaire d'un poste de police menacé de fermeture, à quelques mois d'une retraite qui lui permettrait enfin de soigner des maux de dos qu'elle calme en combinant médoc et alcool.

Se produit alors un meurtre incroyable de cruauté, puis un autre et bientôt une série. Hazel, l'anti-héro par excellence, se met sur le pied de guerre et entreprend vaillamment avec les moyens du bord et des méthodes peu orthodoxes de chercher l'identité du tueur en série dans ce bout du monde d'atmosphère glaciale. La première chose à faire serait de comprendre quel est le mobile des crimes puisque les victimes semblent consentantes.

Inger Ash Wolfe imagine des rebondissements multiples en réussissant à nous embarquer très vite dans une folle course poursuite. Il construit un thriller dans la plus pure tradition des romans macabres, sans nous épargner aucun détail. Les personnages secondaires sont tous très bien construits, comme cette petite Rose qui donne une jolie définition du courage : c'est quand on a peur mais qu'on ne le montre pas.

Lors de sa parution, l'an dernier, sur tout le continent américain on a salué la découverte d'un nouveau talent pour s'apercevoir très vite que le prolifique et talentueux Russel Smith s'était caché derrière un pseudonyme pour mieux surprendre le lecteur. Je recommande la lecture du Guérisseur à tous les amateurs de romans noirs.

Un pied au paradis se situe lui aussi sur le nouveau continent. C'est le (vrai) premier roman d'un auteur qui, depuis, n'a cessé d'écrire. Mais il a fallu attendre 7 ans pour qu'il soit traduit, de main de maitre, par Isabelle Reinharez dont il faut saluer la justesse de ton. J'espère que les éditions du Masque vont poursuivre la collaboration avec elle car si les autres romans sont de la même veine c'est dommage d'en priver les lecteurs français.

Les amateurs de littérature jeunesse connaissent bien Une histoire à quatre voix d'Anthony Browne. Le père, la mère, Charles (le petit garçon) et Réglisse (le chien) racontent successivement la même courte tranche de vie. C'est très éclairant pour faire comprendre aux enfants la notion de point de vue. Ron Rash exploite le même principe avec talent, non seulement sur le plan de la psychologie des personnages mais aussi sur celui de la construction de l'intrigue.

C'est d'abord le shérif du Comté qui essaie de résoudre une sombre affaire de disparition. Très vite on sent les "embrouilles" familiales s'infiltrer dans l'enquête. Son propre frère et son père luttent pour conserver des terres que la Carolina Power cherche à inonder pour faire un barrage. Nous sommes dans un comté rural des Appalaches du sud, dans un ancien territoire cherokee, au début des années cinquante, et on perçoit combien le poids des traditions a forgé le caractère des personnages. Pourtant personne ne semble être de taille pour détourner le destin. On a beau tenir à la terre et parvenir à y survivre les récoltes sont maigres malgré les efforts fournis. Un champ de choux, quelques rangs de maïs, du tabac et des haricots flétris, çà n'est pas la fortune.

Le shérif était promu à une belle carrière de footballeur et sa femme l'a épousé avec la perspective de sa réussite. Un croche-pied mit un terme brutal à sa carrière. Dans un ultime sursaut il a voulu (p.70) échapper à un boulot sans avenir dans une filature, échapper à cette fausse couche et à un mariage dont sa femme et lui savent que c'est un échec.

Quand c'est utile l'auteur n'hésite pas à user des répétitions (comme échapper dans la phrase précédente), ce qui renforce l'effet contraire : il n'y a aucun échappatoire pour personne. Et si Holland Winchester est revenu presque indemne de la guerre de Corée il n'a pas pour autant gagné la paix. Et s'il boite lui aussi c'est parce que la polio a ralenti sa croissance.

Puis c'est la femme qui prend la parole. Amy s'est désespérée de n'avoir pas d'enfant ; elle cherche à ruser avec la fatalité. Elle semble avoir plus de détermination que l'épouse du shérif sur ce point et va jusqu'à consulter la veuve Glendower, dont tout le monde est persuadé que c'est une sorcière, alors qu'elle est simplement fine observatrice et herboriste hors pair. Pendant quelques années la bonne fortune sourit à Amy jusqu'à ce qu'elle soit rattrapée par le drame qui déboule comme une inondation à la vitesse d'un cheval au galop. Pourvu que je me réveille dans mon lit et que tout çà soye que des inventions (p.121) ... Rien ne pourra chasser les mauvais esprits.

Le mari s'exprime après elle. Il a bien vu son ventre gonfler comme un cantaloup et ni l'un ni l'autre ne pouvait feindre de ne pas savoir (p.148). Mais nous sommes en territoire cherokee et l'auteur nous fait sentir le poids des anciennes superstitions. Les siffleux sont des serpents dont il ne sert à rien d'écraser le ventre blanc pour espérer attendrir les nuages. L'ombre du grand chêne blanc demeure inquiétante, surtout si l'étoile du Grand Chien se lève avec le soleil. La rudesse de la vie exacerbe les sentiments. Les récoltes sont aléatoires. Les outils rudimentaires : on travaille évidemment encore les champs à la houe. La syntaxe reste fidèlement abrupte : quand j'ai eu aiguisé ma faux ... j'ai commencé à conjecturer, l'eau ruisselait sur elle comme de l'or en fusion, (...) mes pensées me portaient souventes fois vers elle.

Je regrette de ne pas pouvoir lire le roman dans la version originale. On peut supposer que la traductrice a cherché à rester fidèle à l'auteur dont le style mixe très habilement d'anciennes formes grammaticales, quelques archaïsmes et des néologismes, quand ce ne sont pas pures inventions, avec des formules d'une grande dimension poétique.

Sam le cheval, joue un rôle capital mais la parole ne lui est pas donnée. C'est le fils qui termine l'histoire qui, on le comprend alors, se déroule sur plusieurs dizaines d'années. Un suspense digne d'Hitchcock qui aurait réalisé un film éblouissant !

Plusieurs personnalités américaines qui revendiquent leurs origines cherokee comme les chanteuses Cher et Tina Turner, les acteurs Kevin Costner, Chuck Norris et Johnny Depp, les actrices Kim Basinger et Cameron Diaz, sans oublier Elvis Presley et Jimi Hendrix et Quentin Tarantino.

Le guérisseur d'Inger Ash Wolfe, Fleuve Noir, 347 pages
Un pied au paradis de Ron Rash, traduit par Isabelle Reinharez, Editions du Masque, 262 pages

mardi 29 décembre 2009

Petits croissants de lune

C'est une des recettes traditionnelles qu'on fait en Alsace pour la fin de l'année. Je vous la promettais hier et la voici. Elle est vraiment facile à réaliser:

On mélange dans l'ordre :
150 grammes de beurre demi-sel ramolli
100 grammes de sucre
100 grammes de noisettes en poudre
1 blanc d'œuf

Puis on incorpore 200 grammes de farine. On forme une boule qu'on laisse reposer une heure au frais. Ensuite on la coupe en 4 quartiers qu'on façonne en longs boudins de 2 centimètres de diamètre (le froid facilite la manœuvre).

On les coupe en morceaux de 4 cm et on forme des croissants qu'il n'y a plus qu'à cuire 15 minutes à 150° (th 5).

Il ne reste qu'à saupoudrer de sucre glace pour faire joli.

Si on manque de beurre demi-sel on peut prendre du beurre doux à condition de saler généreusement la pâte.
On peut aussi adapter la recette en ajoutant 2 cuillères à soupe d'eau de fleur d'oranger et farcissant chaque boudin de pâte d'amande. On obtiendra des cornes de gazelle pour un résultat ... plus exotique.

lundi 28 décembre 2009

Y aura-t-il des roses à Noël ?

Oui bien sur ... si ce sont des roses de Noël !
Je ne résiste pas à ces fleurs si délicates dont on dit qu'une pincée rend fou.

Hellébore, tel est le nom savant de cette renoncule.

La table basse est un pur produit de récupération, 100% développement durable, inspiré des meubles danois d'une célèbre grande surface. Comme vous le voyez Copenhague a laissé des traces.

Quand au contenu de l'assiette ... je vous en donne la recette demain matin. Pour l'heure j'ai encore des Cantucci à faire d'ici ce soir.

Je suis un peu en retard cette année car en décembre 2008 ils étaient déjà dans la boite en début de mois. Pour ceux qui voudraient s'y mettre c'est ici.

dimanche 27 décembre 2009

Tout ce que je sais du Prix des lectrices de ELLE

article mis à jour le 1er juin 2010

Avant toute chose je voudrais dire que l'expérience du Prix des lectrices de ELLE est très enrichissante et qu'on ne lit pas avec les mêmes yeux quand on a la charge de chroniquer. Que ce qui est très difficile avec les premiers livres devient plus fluide avec le temps et je sais déjà que cette activité va me manquer l'an prochain.

Que ce qui est peut-être le plus gênant est de ne pas savoir à l'avance quels livres nous allons devoir lire, ce qui prive parfois d'autres plaisirs parce qu'on se dit qu'il ne faut pas avoir trop de bouquins "sur le feu" faute de ne pas réussir à terminer dans les temps.

Les habitués du blog m'interrogent souvent sur l'architecture du prix. Je suis loin de tout savoir mais je vous dirai tout ... ce que j'ai compris du fonctionnement.
D'abord je laisse la parole au magazine en reproduisant le communiqué de presse de la rédaction en caractères bleus pour faciliter la reconnaissance. Ensuite je formulerai quelques interrogations ... en espérant que les membres du jury qui écrivent dans un blog liront le billet et complèteront avec leurs propres expériences. J'en connais certaines à qui je transmettrai d'un clic mais d'autres se révèleront peut-être.

Créé en 1970, ce Grand Prix est construit à l’envers des autres prix qui voient des professionnels du monde littéraire couronner d’autres professionnels. Ici, c’est le public qui siège, qui délibère et qui juge en direct des auteurs aux lectrices.

Pas tout à fait "en direct" puisque c'est la rédaction de ELLE qui sélectionne les livres qui sont envoyés à lire et à juger aux lectrices. Le premier choix est donc réalisé par des journalistes. Aucune lectrice n'est sollicitée pour faire une suggestion. Cela serait sûrement trop compliqué à mettre en place.

J'ignore s'il y aura une délibération. On nous demande de respecter des délais impératifs pour renvoyer par courrier ou par mail une note sur 20 et un commentaire motivé d'une page environ. Jusqu'à présent je n'ai pas eu de demande de précision, de félicitations ou de reproches sur les avis que j'ai (scrupuleusement) écrits. Je sais néanmoins qu'ils sont bien arrivés car je reçois systématiquement un mail de remerciement (qui a un effet rassurant).

Lors de sa création, et pendant 7 ans, il a récompensé exclusivement des romans.
A partir de 1977, il a été décerné à deux catégories : un roman et un document, et depuis 2002, il couronne également un policier.
Jusqu’en 1992, huit comités de lecture régionaux désignaient dans un premier temps « les livres du mois » et un jury national prenait le relais pour élire les deux grands Prix dans les catégories « roman » et « document ». Aujourd’hui, un seul grand jury élit les trois prix.

Effectivement nous recevons chaque mois un livre de chaque catégorie. Avec quelques surprises tout de même car les catégories ne sont pas très étanches : tel livre apparait en document alors que c'est un roman, tel autre est catalogué policier alors qu'il pourrait lui aussi être un roman.

8 jurys mensuels de quinze lectrices composent le Grand Jury de cent vingt lectrices.
Chaque mois, de septembre à avril, et tour à tour, les huit jurys de quinze lectrices choisissent parmi sept livres (trois romans, deux documents et deux policiers) soumis à leur appréciation par la Rédaction de ELLE. Ces lectrices lisent les sept ouvrages, les commentent et les notent (de 0 à 20). La moyenne des notes ainsi obtenue permet de désigner les trois livres du mois, celui de la catégorie « roman », celui de la catégorie « document » et celui de la catégorie « policier ». Tout au long de l’année, et au fur et à mesure, l’ensemble des cent vingt lectrices de ce grand jury est amené à lire, commenter par écrit et noter les huit romans, les huit documents et les huit policiers nommés « Livres du mois ».

En fait cela commence bien avant septembre puisque j'ai reçu la première sélection (dite de septembre) en juillet. Elle était désignée comme étant les trois ouvrages retenus par le premier jury dit de septembre. Comme je vous l'avais dit dans le billet du 28 juillet de Paris-Brest de Tanguy Viel, aux éditions de Minuit, Enfant 44 de Tom Rob Smith, chez Belfond et l'Homme qui m'aimait tout bas d'Eric Fottorino, chez Gallimard, qui ont chacun fait l'objet d'un billet au mois d'aout.

Cela voudrait dire que ce jury de septembre a commencé à travailler en juin ...
La sélection qui lui avait été soumise comprenait aussi deux autres romans :
Histoire de l'oubli de Stefan Merril Block, chez Albin Michel
Le remède et le poison de Dirk Wittenborn, au Seuil
Il y avait aussi un autre roman policier : La mauvaise heure de Denise Mina, au Masque
Et un second document : Le journal 1973-1982 de Joyce Carol Oates, chez Philippe Rey

La deuxième sélection (jury d'Octobre) a retenu les titres apparaissant en orange parmi :
3 romans :
Tableaux d'une exposition de Patrick Gale, chez Belfond
Des roses rouge vif, d'Adriana lisboa, chez Métailié
Mausolée de Rouja Lazarova, chez Flammarion
2 documents :
La vie passera comme un rêve de Gilles Jacob, chez Robert Laffont
L'Intranquille de Gérard Garouste, chez l'Iconoclaste
2 policiers :
Dans l'œil noir du corbeau, de Sophie Loubière, au Cherche-Midi
et les Pièges du crépuscule de Franck Tallis, éditions 10/18
Les livres ayant passé le cap de ce jury ont chacun fait l'objet d'un billet au mois de septembre.

La troisième sélection (jury de novembre) se composait de
3 romans :
L'année brouillard de Michelle Richmond, chez Buchet-Chastel
Alain Delon est une star au Japon de Benjamin Berton, chez Hachette littérature
L'histoire d'un mariage d'Andrew Sean Creer, Editions de l'Olivier
2 documents :
Retour d'exil d'une femme recherchée d'Hélène Castel, au Seuil
L'espérance de vie d'Alexandre Diego Gary, chez Gallimard
2 policiers :
Le touriste d'Olen Steinhauer, éditions Liana Levi
Obscura de Régis Descott, chez J.C. Lattès

Seule l'Année brouillard a été chroniquée en octobre sur A bride abattue parce que j'avais décidé de mettre davantage l'accent ce mois là sur d'autres auteurs comme PPDA, Muriel Barbery et Delphine de Vigan que de consacrer des lignes à Hélène Castel ou Olen Steinhauer qui ne m'avaient guère transportée.

J'ai lu sur le blog de Sophie (qui appartient au jury de décembre) que le 19 octobre était sa deadline pour envoyer ses commentaires. J'ai compris que les choix de ce jury devaient se porter entre
3 romans :
• Ce qui était perdu, de Catherine O’Flynn, éditions Jacqueline Chambon
Ce que je sais de Vera Candida, de Véronique Ovaldé, éditions de l'Olivier
• L’hirondelle avant l’orage, de Robert Littell, chez Baker Street
2 documents :
• Mille jours à Venise, de Marlena de Blasi, au Mercure de France
Lait noir, d’Elif Shafak, chez Phébus
2 policiers :
• Une tombe accueillante, de Michel Koryta, au Seuil
Fakirs, d’Antonin Varenne, chez Viviane Hamy

Effectivement, on m'a annoncé le 22 octobre l'expédition de la quatrième sélection comprenant les livres typographiés en orange. Je commence à comprendre pourquoi les notes sont attendues au jour près.

Le 25 novembre on m'a prévenue que j'allais recevoir les livres de la septième sélection (en toute logique puisque j'appartiens au jury de mars). C'est à mon tour d'avoir deux mois pour décider qui sera retenu parmi ces 3 romans :
Lark et Termite, de Jayne Ann Phillips, Christian Bourgois éditeur
Le chœur des femmes, de Martin Winckler, chez P.O.L.
• Assez parlé d'amour, de Hervé Le Tellier, chez J.C. Lattès
2 documents :
• Diane Arbus, de Violaine Binet, chez Grasset
Lila, être exclave en France et en mourir, de Dominique Torrès et Jean-Marie Pontaut, chez Fayard
2 policiers :
• Le guérisseur, de Inger Ash Wolfe, éditions Fleuve noir
Un pied au paradis, de Ron Rash, éditions du Masque

J'ai jusqu'au 18 janvier au plus tard pour envoyer mes textes. Deux extraits sont cités dans le ELLE n° 3349 spécial Mode du 5 mars 2010. Je n'avais pas placé en premier Lark et Termite qui l'a finalement emporté. par contre c'est le policier et le documentaire que je préférais qui ont correspondu aussi au choix de mes coéquipières. Tous les livres sont vraiment excellents cette fois et que ce fut un déchirement que de mettre une note pour les départager (sauf celui de Diane Arbus qui très franchement n'est pas exceptionnel).

Vous aurez compris que je loupe pour l'instant la cinquième et la sixième sélection ... que je vais peut-être recevoir ultérieurement.

le blog d'Armande m'avait fourni des indices sur la sélection de janvier (donc ce serait la sixième ) que j'ai complété par la lecture de ELLE puis par un message de Tricia:

En roman Les insomniaques de Camille de Villeneuve, chez Philippe Rey,
la Faculté des rêves de Sara Stridsberg, chez Stock,
et le Ciel de Bay city de Catherine Mavrikakis, chez Sabine Wespieser éditeur

en document Les enfants de Staline, d’Owen Matthews, chez Belfond,
Un amour exclusif de Johana Adorjan aux presses de la Cité

et en policier Sauver sa peau de Lisa Gardner, chez Albin Michel,
Tu ne jugeras point de Armel Job chez Robert Laffond (que Tricia juge excellent)
J'ai reçu les livres notés en orange début janvier.

J'ai en tout cas deviné sur le blog de Sandra M (qui appartient au jury de février) qu'elle doit choisir entre 3 romans :
• La délicatesse, de David Foenkinos, chez Gallimard
• Personne, de Gwenaelle Aubry, au Mercure de France
Le testament caché de Sebastian Barry, éditions Joelle Losfeld
2 documents :
• Belle époque, de Kate Cambor, chez Flammarion
Le sens de la famille, de A.M. Homes
, chez Actes Sud
2 policiers :
Les visages, de Jesse Kellerman, chez Sonatine
• Les fantômes de Saint-Michel, de Jake Lamar, aux éditions Rivage

Je devrai donc recevoir le 20 février les livres qui auront passé le barrage. Ce choix est au moins aussi difficile que celui auquel je participe en ce moment parce que les trois romans méritent chacun de gagner. Mais j'ai vu sur un blog qui avait été retenu et j'ai donc passé les titres à la couleur orange. (ce sont effectivement eux que j'ai reçus ultérieurement)

J'espère qu'une certaine Evanouche (dont j'avais cru comprendre qu'elle faisait partie d'un autre jury) nous éclairera sur la sélection qu'elle recevra. Flora m'a communiqué la sélection envoyée au jury d'Avril pour compléter la liste :
Catégorie Roman :
- Une année étrangère, de Brigitte Giraud, chez Stock
- Les saisons de la solitude, de Joseph Boyden, chez Albin Michel
- La théorie du moustique, de Nancy Werlin, chez Nil Editions

Catégorie Document :
- La traque, les criminels de guerre et moi, de Carla Del Ponte, éditions Héloïse d'Ormesson
- Adolfo Kaminsky, Une vie de faussaire, de Sarah Kaminsky, chez Calmann-Lévy

Catégorie Policier :
- Epouses & assassins de Kwei Quartey, chez Payot
- Souvenez-vous de moi de Richard Price, aux Presses de la Cité

Au total ce sont 16 documents, autant de romans policiers et 24 romans qui auront été retenus en première instance, soit 56 ouvrages. Ensuite ce ne sont pas moins de 24 livres qui concourent pour les 3 Prix. Sachant qu'il y a 8 groupes de 15 lectrices , donc un total de 120 personnes, recevant chacune 28 bouquins cela fait 1360 livres distribués et je pense que l'on peut remercier l'effort du secteur de l'édition.

Je sais aussi pour en avoir discuté avec des auteurs au Livre sur la Place, à Nancy, en septembre, que le prix ELLE est une reconnaissance qui les touche. Ils sont sensibles aux avis du lectorat. La rédaction du magazine nous a dit qu'elle les leur transmettait. Je soigne donc particulièrement les commentaires que j'écris en appui de mes notes alors que je me sens plus libre sur le blog lorsque je parle du même livre.

Le résultat final sera proclamé le 26 mai. Ce sera le moment où le magazine sélectionnera les nouveaux jurés. Préparez-vous dès la fin du mois de mars !

Blogs des jurés ELLE 2010 :
Flora, l'attrape-livres, très spécialisée dans la littérature sous toutes ses formes
Zarline, la voyageuse de un moment pour lire
Armande, les livres bonheurs d'Armande, qui est extrêmement douée en brodéries et facéties du même ordre
Carine, la lectrice infatigable du Bookomaton
Sandra M, la grande cinéphile de In the mood for cinema et sa rubrique spéciale Prix ELLE
Sophie, la parisienne de Sophie lit
Kornaline, du blog Des pages et des pétales
Et puis Le blog de Jostein

enfin ceux de quelques jurés 2009 : parce que ce n'est pas parce qu'elles ne font pas partie du jury de cette année qu'elles ont arrêté de tourner les pages
Anna, Des livres et tout
Clochette de Littérature passion
Enna qui lit et qui vit
Emmyne à lire au pays des merveilles
Annie du Soleil sur la page
Antigone qui un Jour sera grande
sans oublier l'inénarrable Renée de Quoi j'emmêle qui n'a pas son pareil pour relater un évènement ...
et puis Amanda d'Amanda Meyre dont je viens de découvrir l'existence (merci Enna, qui raconte avec brio la soirée de remise du Prix en mai 2009. Puissent les organisateurs suivre sa "reco" et la programmer un samedi cette année !)

Le compte-rendu de la soirée de remise des prix est ici.

Et l'ensemble des 35 billets consacrés au Prix sont répertoriés .

samedi 26 décembre 2009

Bella ciao d'Eric Holder

Voilà un livre que j'ai lu pour mon simple plaisir de lectrice et non par obligation (l'appartenance au jury des lectrices de ELLE conditionne 80% de mes choix littéraires, forcément). Parce j'avais aimé la Baïne et parce que l'actualité cinématographique plaçait cet auteur au premier plan avec le film Mademoiselle Chambon très vite suivi par L'homme de chevet.

Et puis parce que je suis toujours tentée par ces romans écrits dans le terreau des vraies expériences sans être tout à fait des autobiographies. On appelle ce genre l'auto-fiction. Bella ciao est un exemple représentatif et réussi de ce tissage entre vérité et mensonge.

Ce n'est pas indispensable de démêler le vrai du faux. C'est un roman, ne l'oublions pas. Mais il importe de savoir qu'Eric Holder a vraiment travaillé six mois dans les vignes du Médoc et dans une scierie et qu'il se coltine au problème de l'alcool, comme on dit. Le sujet est plutôt d'actualité (avec le film Un dernier pour la route, sorti au même moment) mais l'écrivain en parle avec lucidité : il faut 23 jours pour que toute trace d'alcool disparaisse dans le sang. Après tu es libre de boire un vere ou non, mais si tu bois c'est en connaissance de cause : tu n'ignores plus que tu ouvres les portes de l'enfer (p. 95)

Il n'a pas eu besoin non plus d'inventer l'accident de voiture. Il ne sait pas planter un clou sans se blesser. Aucun nom des personnages n'est exact mais celui de sa fille est bien composé de quatre lettres, commençant par un L (Lola et pas Lise). Elle a fait, comme il l'écrit, des études supérieures de cinéma : un master dont le titre "le cinéma est une arme" a dû grandement intéresser son scénariste de papa.

C'est toujours troublant qu'un homme dit "intellectuel" témoigne d'une toute autre expérience professionnelle. On dit qu'il faut avoir mis les mains dans le cambouis pour comprendre le métier de garagiste. Eric Holder n'a pas ménagé sa peine ni ses mains. Il n'a pas connu tous les malheurs du narrateur de l'histoire (on peut tout de même pas cumuler tous les ennuis) mais on ne met pas en doute ses aventures tant leur enchainement est plausible. La rédemption par le travail n'est pas un thème nouveau mais il a une façon bien à lui de livrer le combat, en n'ayant pas peur de s'abimer des mains qui lui servent aussi pour son travail d'écrivain. Comme il le précise en citant Roger Judrin (p. 112) le vrai rival de soi n'est pas un autre. Et puis le style "Holder" est là, impeccable, avec des phrases qu'il peut avoir besoin de peaufiner des jours durant jusqu'à obtenir un assemblage impeccable taillé au cordeau.

Bella ciao est aussi le titre d'une chanson très connue, très fredonnée, dont vous ignorez peut-être qu'elle porte le symbole de la Résistance italienne dans sa lutte contre le fascisme. Voici la version très "enlevée" de Thomas Fersen :


Bella ciao, d'Eric Holder, éd. du Seuil, 148 p., 16 €.

vendredi 25 décembre 2009

LE ROI NU de Evguéni Schwartz mis en scène par Philippe Awat

Vivifiant, drôle et intelligent, ponctué de références inventives, c'est une soirée où l'on regrette de n'avoir pris que deux billets alors qu'on aurait dû entrainer tous ses amis. Il y a beaucoup d'excellents spectacles mais une pièce aussi jubilatoire que celle-là c'est assez rare pour que j'insiste.

Je l'ai vue à Villejuif dans les premiers jours de sa création. Vous avez la chance d'être prévenus. La tournée est assez longue et c'est une belle idée pour commencer 2010 dans la joie et la bonne humeur tout en abordant de fines questions philosophiques sur la nature humaine.

Le Roi nu est une comédie où s'emboitent trois contes d’Andersen (le porcher amoureux, la princesse au petit pois et les habits neufs de l'empereur). Un gardien de cochons tombe amoureux d’une princesse dont le père a décidé le mariage avec un roi voisin, dictateur tyrannique et fanatique. Le jeune porcher, aidé de son meilleur ami, va monter un incroyable stratagème pour renverser la situation à son avantage.

Si l'auteur (1896-1958) a puisé dans le répertoire du conteur danois c'est tout simplement parce que ses contes ont enchanté son enfance. Une de ses tantes lui avait offert un livre dont les images étaient jaunies par le temps. Le jeune Evguéni s'amusait à les lécher pour leur redonner du brillant l'espace d'un instant ... comme la jeune fille aux allumettes. En 1934, il écrit le Roi nu sous les aspects du conte pour dénoncer le conformisme et la terreur que suscite un pouvoir politique implacable. Il faut dire qu'il en connait un rayon sur le sujet puisqu'il vit en Russie. De plus il est plongé dans une atmosphère plutôt yiddish chez sa grand-mère paternelle alors que les amis de ses parents appartiennent à l'intelligentsia. Autant dire qu'il est habitué à faire le grand écart en matière de langage.

Le texte n'a pas pris une ride et le metteur en scène, Philippe Awat, réalise puissance 10 les gags que l'auteur avait conçus par écrit. La traduction est fidèle au mélange des styles, aux accumulations verbales et aux onomatopées. Le décor réduit à un mur et un escalier fonctionne dans une parfaite illusion pour rendre aussi bien la campagne que la Cour royale. Les jeux de lumières rendent les illusions parfaites.

J'hésite dans le choix des photos. Les costumes vont paraitre extravagants alors que sur scène tout est si "naturel". On ne s'étonne d'aucune apparition : le magicien d'Oz, Shrek, les gendarmes Dupond et Dupont d'Hergé, Mary Poppins, Laurel et Hardy, Groucho Marx, les danseuses du Crazy Horse. Les comédiens jouent chacun au moins deux rôles et même au premier rang on se laisse prendre par leur interprétation.
Il faut entendre la dénonciation du comportement humain dans ce qu'il a d'idiot : toutes les traditions tiennent sur des imbéciles inébranlables reconnait le Premier Ministre, prêt à jurer que le Roi est élégamment vêtu alors qu'il est ... tout nu ... La pièce sera interdite en Russie avant même sa création car on n'appréciait pas son coté subversif qui, aujourd'hui apparait avec moins de force parce qu'on a l'habitude de la liberté d'expression.

Schwartz était un désespéré mais il ne voulait jamais terminer sur une note triste. Il faut donc écouter attentivement les derniers mots, qui sont un appel à la raison, saluant l'amitié, l'amour, la joie, la vie.

Calendrier des représentations en 2010:
le 5 janvier 2010 au Théâtre La Piscine de Chatenay-Malabry (92)
du 9 au 10 janvier 2010 à l’Atelier Théâtre de la Cité de Saint-Maur-des-Fossés
du 20 janvier au 14 février au Théâtre de la Tempête (Paris)
le 17 février 2010 à l’Avant Seine-Théâtre de Colombes
le 9 mars 2010 au Carré Magique de Lannion
le 12 mars 2010 à l’Espace Culturel André Malraux du Kremlin-Bicêtre
du 17 au 21 mars 2010 au Théâtre de l’Ouest Parisien de Boulogne
le 1er avril 2010 au Théâtre des Sources de Fontenay-aux-Roses
le 9 avril 2010 au Théâtre de Choisy

dimanche 20 décembre 2009

Copenhague et moi, et toi, et vous ...

Sur qui compter si ce n'est sur moi, sur toi, sur vous ... pour prendre soin de la planète parce que si vous pensez que les Grands de ce monde vont défendre NOS intérêts c'est couru d'avance à grandes foulées vers notre perte.

L'histoire se répète : les puissants ont appris dès la conférence d'Evian en 1938 (je dis bien 38) que la Shoah était programmée mais qui a fait quelque chose pour l'éviter ? Quelques sentinelles (c'est le titre du formidable roman de Bruno Tessarech, sur lequel je reviendrai longuement car j'ai eu le bonheur de rencontrer cet auteur) ont essayé mais on sait ce qu'il en fut.

Pourquoi voudriez-vous qu'ils soient plus courageux aujourd'hui alors que leurs intérêts bassement économiques seraient compromis par des comportements écologiques ???

Le plus Grand -selon leurs critères bien à eux de grandeur et de petitesse- n'est même venu à Copenhague que parce que c'était sur son chemin pour aller chercher un cadeau de Nobel à Stockholm. Je ne vais pas chanter d'une voix énamourée comme le faisait Marylin à un autre (dont la vie scandaleuse est désormais connue) : happy Xmas Mister Président pou pou pi dou !

Il ne pouvait pas comme tout le monde attendre que le vieux bonhomme au manteau rouge et à la barbe blanche le laisse tomber dans sa cheminée ? Il a fallu que son jet privé brûle des milliers de litres de kérosène alors qu'il n'y a pas plus économique que le traineau du Père Noël ?

Alors je suis en colère
Tu es probablement en colère
Nous sommes en colère ...
que ce Copenhague qui nous promettait la lune (au fait le même Von Braun qui a tant oeuvré dans les camps a réussi à négocier sa peau contre la promesse d'envoyer des américains sur la lune. Et il l'a fait.) ait fini en eau de boudin à quelques jours de Noël. Copenhague était un mauvais choix. L'écologie a toujours été une sirène.

Vu que nous sommes les plus nombreux nous pouvons agir individuellement 1+1+1=+... etc ... font des millions. S'il vous faut des pistes je vous en donnerai et je suivrai les votres.

En voici une : boycottez les sacs en plastique ! Statistiquement ils ne servent pas plus de 15 minutes et mettent des milliers d'années à se décomposer. Offrez à vos amis un panier pour faire leurs courses !

En voici une autre : circulez à vélo tant que vous le pouvez. C'est tellement plus pratique que de s'échiner dans les bouchons et de chercher une place pour se garer. Vous gagnerez du temps dans les trajets de moins de 5 km (qui sont les plus fréquents en ville) et vous doublez la mise parce que vous pourrez vous dispenser d'un couteux abonnement à un centre de gym. Y'a pas mieux que le vélo comme cardio-training.

Quand j'étais petite il y avait une campagne de pub où celui qui laissait tomber un papier par terre se retournait avec un groin à la place du nez. A comportement de cochon tête de cochon ! Il suffirait d'aménager cette communication en l'adaptant aux gestes écologiques. Pensez-y !

mardi 15 décembre 2009

Mignonne allons voir si la rose

Les marchés de Noël investissent les places des villages et des villes avec plus ou moins d'intérêt. Je ne retrouve pas l'atmosphère des premiers marchés alsaciens, leurs odeurs, leurs musiques, le croquant des pommes d'amour toutes chaudes, le goût des sablés au gingembre, le parfum des oranges piquées de clous de girofle et l'émerveillement n'est plus guère au rendez-vous.

En voici un tout de même où, heureux hasard, j'ai fait une découverte intéressante quoique légèrement incongrue parce qu'elle n'a rien à voir avec Noël : le falun parfumé à la rose, deux spécialités françaises. Je vous dirai plus loin ce que c'est que ce falun mais un peu de patience ...

Je savais qu'on cultivait des roses à Douai-la-Fontaine (Anjou) depuis 150 ans mais j'ignorais tous les développements qu'un petit producteur-artisan a réussi à mettre au point sous l'appellation de la Sablière. L'entreprise est spécialisée depuis 1993 dans la fabrication et la vente de produits artisanaux aux plantes et notamment à la rose. Elle emploie 7 personnes, ce qui n'est pas une mince affaire.

Les roses sont galliques, une variété médicinale, davantage retenue pour ses propriétés que pour son parfum. Les pieds sont arrachés tous les ans et partent dans les jardins et les parcs. Car leur destination première est la vente à des pépiniéristes ou des particuliers.

Mais avant cela, de mi-juin à mi-août, ce ne sont pas moins de 100 kilos de pétales de rose qui auront été récoltés quotidiennement sur les 6 hectares de plantation. Les jours fastes ce sont même 200 kilos ! Peut-on s'imaginer un tel volume ?

Il y a largement de quoi distiller de l'eau de rose et des élixirs qui parfument toute une série de produits de beauté et qui embaument des savons dont certains sont enrichis de pétales de rose afin de les rendre aussi exfoliants.

Un grand nombre de recettes ont été créées. Si les formules sont mises au point à Douai par contre ce sont d'autres artisans (tous français) qui les mettent en œuvre. A coté de la rose on trouve des articles à la lavande (cultivée elle aussi sur place) ou à la violette qui, elle, est échangée contre de la rose auprès de producteurs toulousains.
La région est truffée d'habitations troglodytes, directement creusées dans la roche, les seules à exister en Plaine. Le sous-sol est sableux, plus précisément composé de falun, une roche utilisée d'habitude pour amender les terres. Elle se charge facilement en parfum. D'où l'idée de l'utiliser pour rafraichir l'atmosphère d'une maison. une pincée dans le sac de l'aspirateur et le falun libérera ses fragrances chaque fois qu'on fera le ménage.

Il y a une boutique sur place, ouverte tous les jours de l'année. La clientèle aime venir en Anjou et en profite pour assister directement à la distillation des plantes (pendant la période estivale). Mais elle s'organise aussi pour se réapprovisionner par correspondance.

La Sablière, 1 rue de la Conception, 49700 Doué-la-Fontaine,
02 41 50 98 79 www.histoirederose.com

lundi 14 décembre 2009

La double inconstance

La double inconstance est une comédie écrite par Marivaux en 1723 et régulièrement reprise au théâtre.

En résumé Silvia, jeune paysanne amoureuse d'Arlequin, lui aussi de condition paysanne, a été enlevée et est retenue dans le palais d'un prince amoureux d'elle. Flaminia et Trivelin , conseillers du prince tentent de rompre l’amour entre les deux jeunes gens. Flaminia réussit à gagner leur sympathie et leur confiance. Silvia lui avoue que, malgré son amour pour Arlequin, elle a de l'intérêt pour un officier du palais qui lui a rendu visite plusieurs fois. Mais, elle ignore qu’il s’agissait, en fait, du prince incognito. Peu à peu, les deux jeunes paysans apprécient la vie de château. Arlequin tombe amoureux de Flaminia et néglige Silvia. Il ne reste plus au prince qu’à dévoiler sa véritable identité et tout se termine par deux mariages.

Cette fois c'est Carole GIACOBBI qui s'est attelée à une adaptation pour la télévision en revisitant complètement l'intrigue pour lui donner un souffle contemporain en l'installant dans le monde de la nuit et du luxe.

Le Prince possède plusieurs boîtes de nuit où Silvia est danseuse et Arlequin barman. Ces deux-là s'aiment depuis l'enfance. Sylvia est enlevée et "séquestrée" dans un palace parisien. Flaminia et Trivelin vont déployer mille ruses pour convaincre Silvia et Arlequin qui finiront par succomber.

Le texte de la pièce n'est pas modifié et pourtant il sonne avec justesse. Jalousie, amour-propre, argent sont toujours d'actualité. L'interprétation est brillante, avec des comédiens excellents (Elsa Zylberstein, Jean-Hugues Anglade, Eglantine Rembauville, Clément Sibony) qui sont finement manipulateurs ou manipulés. Le dénouement, sans surprise pour qui connait la pièce, justifie le titre, et l'histoire s’achève sur cette double inconstance où chacun trouve ce qui lui convient.

Même si le propos flirte avec les Liaisons dangereuses il ne s'agit ici que de comédie et tout finit bien puisque chacun épouse sa moitié d'orange. C'est brillamment réussi et j'ai vraiment apprécié ce travail qui réconcilie théâtre et cinéma avec audace et impertinence et un zeste de glamour pour faire briller le tout. Je ne sais pas quand on pourra voir le film sur le petit écran mais on peut d'ores et déjà l'acquérir en DVD. Voilà un choix original pour les amateurs quelques jours avant Noël.

J'ai découvert La double inconstance par le Nuage des filles, une communauté de blogs que je consulte régulièrement, et qui est en partenariat avec le producteur la Compagnie Phares & Balises.

dimanche 13 décembre 2009

Affaires de famille

La presse se déchaine contre le chirurgien qui a opéré un chanteur de notoriété internationale. Je dois être douillette mais je n'aurais pas pris un avion à ma sortie de clinique après une intervention à la colonne vertébrale, même pour une "petite" hernie discale. Je n'aurais donc pas connu les mêmes ennuis que notre célébrité.

Je ne vais pas pour autant jeter la pierre à ces gens célèbres qui n'ont qu'à laver leur linge sale en famille. C'est pas un effet de style mais pure vérité puisque le chirurgien n'est autre que (accrochez-vous) le beau-frère de la fille du chanteur. Je suis sûre qu'à sa place, vous aussi, vous lui auriez fait confiance !

On comprend mieux maintenant qu'une célèbre actrice, qui se trouve être la mère de la fille du chanteur, se soit précipitée à Los Angeles, assez ennuyée de la tournure des choses. On a donc bien raison de dire que le motif de son déplacement n'est pas la proximité de la dernière heure de son ex.

Car le frère du petit ami de la fille du chanteur risque fort d'être bien dépourvu si la bise n'arrête pas bientôt de souffler. On ignore si la médiatrice réussira à éviter le procès. Vous vous demandez pourquoi je vous raconte tout cela ? Parce que c'est bon que de temps en temps avec preuves à l'appui vous compreniez bien qu'effectivement : on ne nous dit pas tout !

jeudi 10 décembre 2009

Max et les Maximonstres

J'ai assisté en avant-première à une projection du film inspiré du célèbre album du même titre que Maurice Sendak avait écrit en 1963 et je suis revenue totalement conquise.
Les puristes ont critiqué. C'est toujours la gue-guerre entre les aficionados du livre et les partisans du cinéma. Comme s'il y avait une hiérarchie entre les deux médias ! Les premiers s'énervaient du budget colossal que les effets spéciaux ont coûté. Les seconds n'avaient pas été invités pour se défendre.

J'ai BEAUCOUP aimé ce film mais je mets en garde ceux qui ne connaissent que l'album : l'adaptation n'est pas destinée aux enfants de 3-4 ans, âge à partir duquel on commence à raconter l'histoire de Max, mais plutôt à ses grands frères et aux adultes. Je ne lui aurais pas donné le même titre pour ne pas susciter de confusion. A ce propos l'intitulé original anglais Where the wild things are, (Là où sont les choses sauvages) est sans doute plus approprié pour la version cinématographique.

C'est Maurice Sendak lui-même qui a collaboré à la mise en scène. On peut donc être rassuré : son univers a été respecté, plus précisément "développé". Max a grandi. Il a une sœur qui se plait davantage avec ses propres copains qu'en sa compagnie. Sa maman travaille dur pour ne pas risquer de perdre son emploi. Le papa habite loin. Max essaie d'attirer l'attention des uns et des autres mais à peine commence-t-il à s'amuser que la bataille de boules de neige vire au drame, que ses élucubrations exaspèrent les adultes et que finalement il se retrouve seul avec ses émotions.

Dans le livre l'enfant est puni dans sa chambre. Il fait l'apprentissage de la colère et se calme sans qu'un adulte n'intervienne. L'album a cette vertu de traduire en images fortes mais simples la puissance des sentiments et l'appel de la raison. Cela n'a pas empêché les puritains de l'interdire parce qu'en 1963 ce n'était pas éducativement correct de laisser dire qu'un enfant pouvait éprouver de tels affects. La polémique fut acharnée. On craignait que l'ouvrage donne le "mauvais exemple" alors que l'effet fut tout le contraire : il n'y a pas un bambin énervé qui ne se soit calmé après que je lui ai lu ce livre. ... bien plus efficace qu'une leçon de morale. Sendak était un des premiers à aborder des notions de psychanalyse, encore peu connues dans les années 1960.

Dans le film (de plus d'une heure trente) le pré-ado fugue et sa rencontre avec les maximonstres semble plus réelle et plus inquiétante pour de jeunes esprits. L'imagerie de synthèse sert parfaitement le propos. Le jeune comédien est formidable de naturel. La musique est intelligemment dosée, très énergisante, suggérant régulièrement une bataille comme au temps des bons vieux westerns qu'on regardait à la télé le dimanche après-midi quand j'étais petite. D'ailleurs est-ce que le genre "western" existe encore ?

Il y a aussi beaucoup d'inventions par rapport au livre. Max, désœuvré, a l'imagination très fertile. Il joue avec les lattes de la clôture comme si elles représentaient une armée de soldats au garde-à-vous. Il renonce au combat en brandissant un sac de plastique blanc en guise de drapeau. Max n'arrive pas à prendre sa place dans une famille assez déchirée. C'est lui qui raconte une histoire à sa mère pour apaiser sa dure journée de travail. Une histoire de vampires qui portent encore des dents de lait.

Son père (absent) lui a offert un globe terrestre où il a fait graver : pour Max, le maître du monde. Cela laisse songeur ... surtout quand le prof de sciences illustre son cours de catastrophes : tsunami, pollution, météorites ; il prédit que le soleil va bientôt mourir. Max se sent mal dans sa peau. Il enfile son déguisement de loup, fait descendre la cagoule sur ses cheveux comme un casque et ouh-ouh-ouh part en guerre contre ses rages, ses peurs. Les scènes où sa colère est perceptible sont tournées caméra à l'épaule et à hauteur de son visage, d'où un réalisme assez impressionnant qui rend le film assez "dur", même pour un spectateur adulte. On en sort en se disant que le monde est tout de même peu clément pour les enfants.

Les maximonstres (terme inventé par le génial Bernard Noël, traducteur de Sendak) représentent toutes les pulsions destructrices et constructives de l'enfant. Ils font des batailles de boules de terre comme les gamins se lancent des boules de neige. Ils construisent des cabanes comme les enfants font des tentes ou des igloos. Ils se jettent sauvagement les uns sur les autres ... comme des joueurs de rugby. Rien de plus naturel au fond ... Il est vrai que le film s'essouffle un peu mais le ralentissement de l'action permet au spectateur de prendre lui aussi le temps de penser autrement. Ce n'est donc pas un inconvénient, loin de là.

Pour ceux qui aiment les infos "people" sachez que c'est Charlotte Gainsbourg qui fredonne la chanson du générique de la version française... et que Max et les maximonstres est le livre préféré de Barak Obama. Mais vous préféreriez peut-être regarder un court extrait, en version originale of course:

Max et les maximontres, avec Max Records (époustouflant) dans le rôle de Max
Réalisation de Spike Jonze
Sortie nationale en France le mercredi 16 décembre 2009.

L'œuvre de Maurice Sendak a été publiée en France par l'Ecole des Loisirs et je vous encourage fortement à la découvrir ou à la relire. La librairie parisienne Chantelivre offre rue de Sèvres un choix particulièrement abondant (quasi-exhaustif) en littérature de jeunesse.

mercredi 9 décembre 2009

Cook & Coffee

C'est un espace de 150 m2, presque caché dans une toute petite rue du 8ème arrondissement qui n'est ouvert au public que depuis une quinzaine de jours et je suis ravie de vous faire partager ma découverte. Le leader mondial des machines à expresso s'est associé avec le leader européen de la préparation culinaire pour créer un lieu de démonstration, d’expérimentation et ... le cas échéant de vente (mais ce n'est pas la priorité qui est affichée). Le premier c'est De'Longhi, le second est Kenwood.

Côté Coffee, on pourra admirer, essayer et réaliser des expressos avec les machines des gammes Lattissima Nespresso, Perfecta et la toute dernière ligne petit-déjeuner de la marque : Icona.

Ne vous fiez pas aux photos qui laissent à penser que les espaces sont déserts. Vous serez guidés par des professionnelles très très gentilles : Caroline et Alison officiaient le jour de mon passage. Mais Agnès et Sophie ne sont pas moins aimables. On se sent très vite à l'aise.
Côté Cook, avant de râper, émincer, hacher, émulsionner, on pourra contempler l'intégralité de la gamme kMix et le mur d'accessoires des différents robots du fabricant avant d'interroger un écran mural interactif qui a réponse à tout sur les robots et leurs accessoires.
Après avoir hésité entre plusieurs cafés on peut essayer sans plus attendre un robot, comme le Cooking Chef ... histoire de décider en toute connaissance de cause s'il est digne de figurer sur notre lettre au Père Noël. Mais ne me faites pas dire ce que je n'ai pas écrit : la maison n'achemine pas le courrier au bonhomme en cape rouge.

Ce robot nouvelle génération fait tout comme le précédent (mélanger, pétrir, fouetter, mixer, râper, émincer) mais en plus il cuit (avec un système à induction) tout en mélangeant, ce qui permet de faire de longues cuissons sans risquer de les brûler ni de devoir rester debout à les surveiller. L'idéal pour moi qui cherche à concilier cuisine et écriture ...

L'année prochaine, c'est-à-dire dans quelques jours, des démonstrations et des ateliers de cuisine seront programmés le samedi et accessibles gratuitement sur réservation. (sur place ou sur les sites www.delonghi.fr et www.kenwood.fr)

Espace Cook & Coffee - 3 rue Paul Cézanne - Paris 8ème
Ouvert du lundi au samedi de 10h à 19h
Téléphone : 01 53 75 44 44 ou cookandcoffee@dkdistribution.fr

mardi 8 décembre 2009

Public sous INFLUENCES

Les bureaux de vote se suivent et ne se ressemblent pas. Après celui que je vous ai montré mardi dernier voici ceux que Thierry Collet et Michel Cerda ont conçus pour un spectacle qu'ils définissent comme étant de la magie mentale interactive et théâtrale et qui était présenté mardi 9 décembre au Théâtre Firmin Gémier d'Antony (92).
Pensez-vous que quand on joue ainsi cartes sur table les spectateurs soient plus vigilants ? Point du tout ! Je les ai vus se laisser manipuler sans méfiance et même, je dirais, avec délectation. Allant jusqu'à se faire complices d'une duperie éhontée. Je ne leur confierai pas un bureau de vote parce que la triche électorale est passée ce soir là comme une lettre à la Poste.

Ce n'était pas bien grave puisqu'il fallait voter, non pour un candidat censé sortir le pays de la crise (vous n'avez encore rien vu et je vous l'annonce ... elle arrive), mais pour la couleur que l'on préférait. Sans obligation de participation d'ailleurs. Mais le public bon enfant montait joyeusement sur scène pour l'occasion, regardant les autres spectateurs avec un petit sourire en coin, avant de passer dans l'isoloir et de glisser son enveloppe dans l'urne transparente.

Au moment du dépouillement tous les bulletins étaient de la même couleur. Et la salle entière a trouvé cela normal. Expliquez-moi donc comment tout le monde aurait pu faire le même choix ? Pour ceux d'entre vous qui auraient un doute j'insiste sur le fait que des billets bleus, verts, rouges, blancs, noirs ... ont été mis dans l'urne, et en quantités.

Personnellement je suis blanche comme neige dans cette affaire puisque j'avais voté sans qu'on ne me le suggère pour la couleur qui a remporté les suffrages. Un hasard ? Peut-être ... quoique en choisissant la couleur jaune je vous avouerais que j'avais ma petite idée derrière la tête. J'avais essayé de deviner ce que Thierry Collet s'attendait à ce que la majorité d'entre nous allait faire. J'ai imaginé qu'il nous prenait pour des insectes et j'ai réagi comme une petite abeille industrieuse se dirigeant vers le cœur de la fleur, tout jaune ...

Et puis le jaune est situé au centre du spectre lumineux. C'est la couleur que nous voyons le mieux. Apprendre que c'était la gagnante m'a plutôt fait plaisir. Le conformisme a quelque chose de rassurant. Mais me rendre compte que mes voisins n'avaient pas mis le même bulletin et qu'ils se taisaient m'a plutôt inquiétée. Je pensais qu'au moins une voix allait s'élever pour dénoncer la supercherie. Je ne pouvais pas le faire ayant voté jaune ...

Le spectacle est un spectacle et il le reste jusqu'au bout même s'il prend l'apparence d'une conférence. Costume gris, cravate fine, Thierry Collet a une jolie formule : faites-moi confiance, je ferai le reste. Son dispositif d’expériences fait éprouver aux spectateurs des sensations et des sentiments forts ... censés tout de même les amener ensuite au questionnement.

Je n'attendais pas d'explication sur les éventuels trucages employés. J'ai passé une excellente soirée, fort distrayante mais je suis restée sur ma faim. Ce qui m'a manqué c'est le débat rationnel et critique qui aurait permis de comprendre, non pas pourquoi l'être humain accepte si plaisamment de se comporter en mouton mais bien d'apprendre comment faire autrement.

Je n'étais manifestement pas la seule car la foule fut abondante devant le théâtre à discuter et argumenter. Dommage donc que ces discussions informelles n'aient pas été intégrées. Une autre fois peut-être ...

Pour tout savoir des spectacles de la Scène conventionnée d'Antony-Châtenay : 01 41 87 20 84
et www.theatrefirmingemier-lapiscine.fr

samedi 5 décembre 2009

L'arbre des souhaits

La fin de l'année approche et nous allons échanger des vœux selon la coutume. La ville de Clamart a commencé il y a plusieurs semaines à collationner les souhaits des uns et des autres dans une expérience artistique très originale.

La médiathèque François Mitterand est un bâtiment assez rébarbatif. Son intérieur alliant des murs de béton brut avec un sol bleu glacier est plutôt froid et les quelques touches orangées ne parviennent pas à réchauffer véritablement l'atmosphère.

D'où l'idée d'une œuvre d'art qui animerait (au sens de mettre de l'âme) l'endroit. Ce sera un arbre dont les feuilles seront en papier roulé. Chacune portera le souhait d'un lecteur.

La procédure est simple : on prend un bulletin sur lequel on écrit son souhait, bien à l'abri des regards dans un isoloir.
On le glisse ensuite dans un cylindre métallique et on le glisse dans l'urne.

C'est le genre de vote qu'on souhaiterait permanent.

Une maquette permet de se représenter ce que sera l'œuvre achevée.

Chaque "votant" recevant un numéro d'enregistrement il pourra repérer sur l'arbre où se trouve son vœu.

Le règlement ne prévoit pas qu'il doive l'arroser ... Nul besoin donc d'avoir la main verte , ou orange en l'occurrence.
Il n'y a pas non plus de procédure de suivi ni de réclamation en cas d'insuccès. L'important c'est d'y croire, non ?

Il est parait-il essentiel de en pas révéler ce qu'on a demandé. Je ne vous dirais pas ce que j'ai écrit. J'ai failli quand même demander à ce que toutes les médiathèques s'équipent du même système de retour des livres que celui que Clamart a adopté et qui facilite la vie de tous (cf billet du 9 novembre) mais je me suis recentrée sur quelque chose de plus personnel.

Pour connaitre adresses et heures d’ouverture des médiathèques de Clamart :
http://www.clamart.fr/

vendredi 4 décembre 2009

Amélie Blaise

Prenez une trentenaire aux doigts de fée capable de fabriquer une panoplie de grigris et de poupées vaudou. Munissez-la d'un appareil photo. Soufflez-lui l'idée de concrétiser sa formation de designer professionnelle et vous obtiendrez assez vite quelque chose qui ressemblera à un petit bijou. Amélie Blaise invente de la fantaisie à foison.

Ce que j'ai pu moi-même vernir comme collier de pépins , torsader des fils de cuivre, enfiler des perles, nouer des brins de ficelle, tisser des rubans ... je n'ai jamais dépassé le stade micro-artisanal. Nous étions des centaines de milliers de nanas à bricoler main nos parures. Les filles d'aujourd'hui aiment autant les fanfreluches que celles d'hier. La différence c'est qu'elles ont les moyens (techniques) de transformer leurs désirs en réalités.

Amélie Blaise adore raconter des histoires. Chaque collection est une occasion pour en inventer de nouvelles . L'an dernier c'était Alice et Scarlett. Cet hiver ce sont trois univers très proches qui se télescopent :

L'esprit vaudou, imprégné de magie noire, tourné vers la sorcellerie, utilisant des matières naturelles dans des couleurs un peu terreuses pour un rendu assez brut sans être pour autant ethnique.

Le monde des superstitions, sur un mode ludique , avec un chat noir, une pâquerette qu'on effeuille, le chiffre 13.
Un monde fantasmagorique de chimères, avec des animaux qui n'existe pas comme un lapin à pattes de tigres ... qui aurait pu s'inspirer des modèles des Maximonstres de Maurice Sendak.

Sa soeur, Mathilde, assure la commercialisation et la gestion. Amélie se charge de la production qu'elle confie à des artisans parisiens, spécialisés dans la dorure, la résine, la découpe. S'il est toujours vrai qu'il est difficile d'être atypique, il n'empèche que cette détermination à faire de la fantaisie de fabrication entièrement française lui vaut une vraie reconnaissance dans le milieu.

Elle travaille à Paris mais sans pouvoir encore tenir boutique. Elle est distribuée depuis presque 5 ans chez Insolite où elle vient régulièrement renconter ses fidèles clientes. Ce sont des moments qu'elle apprécie parce qu'elle aime voir des modèles identiques portés par des femmes très différentes. Cela lui permet de constater qu'elle devient en quelque sorte "intemporelle".

J'anticipe les questions des lecteurs : la liste des points de vente est sur le site http://www.amelieblaise.com/

Amélie Blaise ne semble pas prête d'épuiser son originalité et pourtant elle désire déjà prolonger ce type de création sur d'autres objets de décoration. Souhaitons lui prospérité et abondance comme elle nous le promet sur ses pendentifs et gageons donc que nous verrons bientôt de nouvelles choses.

INSOLITE, 8 rue d'Antony, 91370 Verrières-le-Buisson, 01 69 81 71 03

jeudi 3 décembre 2009

Christophe infiniment

Mylène FarmerChristophe. Je ne peux m’empêcher de les mesurer. Deux artistes majeurs en terme d’excentricité et néanmoins discrets sur leur vie privée. On dit de l’un comme de l’autre qu’ils vivent sur une autre planète. Qu’ils sont tétanisés par une timidité terriblement maladive que, paradoxalement, seule la scène parvient à endormir.

Deux travailleurs pareillement acharnés et hyperexigeants. Elle écrit. Il compose. Elle est androgyne. Il a quelque chose de féminin. Elle, je l’ai devinée sur la scène du Stade de France à St Denis, à peine plus grande qu’une tête d’épingle ; lui, inutile de songer aux jumelles pour le voir sur la scène de la Piscine de Châtenay.

Pas besoin non plus d’écran géant : je l’ai suivi en plan serré sans quitter mon siège du premier rang. C’est un des privilèges offerts par les salles de spectacle conventionnées que de pouvoir choisir sa place pourvu d’arriver en avance. Second intérêt, des tarifs vraiment abordables qui méritent d’être pointés pour ceux qui veulent consommer en toute décroissance.

Il y a des chanteurs/euses qu’on prend plaisir à voir évoluer sur scène parce qu’ils font leur show : choristes, danseurs, décibels, lumières, projections … c’est grandiose. On leur pardonnera de chanter en play-back. La voix de Christophe est brisée quand il parle (et il parle peu). Mais qu’il chante et c’est toute autre chose ! En concert tout est techniquement parfait. Je craignais que mes oreilles ne souffrent de la proximité des enceintes. Pas du tout. Chaque détail est minutieusement exécuté. Extrêmement. Chanteur comme musiciens (tous formidables) ne pourraient pas faire mieux, ni davantage. Ils nous donnent un je ne sais quoi de plus que le CD. Du coup le récital est un régal. Les guitares de Christophe Van Huffel sont magiques. Il en joue avec fantaisie. Que Christophe invoque les violons et son compère se saisit d’un archet pour faire pleurer son instrument.

Comment résumer la soirée avec les mots justes ? Tout ce qu’on a écrit sur lui et sur son dernier album Aimer ce que nous sommes est vrai et faux à la fois. Je réécoute le CD en boucle et je n’entends pas la même chose.
Ce ne sont pas les lumières (très belles) qui me manquent. Ni le public (chaleureux). Ni la mise en scène (sobre, à la limite de l’absence) … alors quoi ? Il émane de Christophe quelque chose de fantastique, de fantasque aussi, de l’ordre de l’improbable et du prévisible à la fois. Il faudrait inventer un terme rien que pour le définir : pourquoi pas musique-fiction à l’instar de la science-fiction.

Lire les paroles de ses chansons n’a guère d'intérêt. Il faut les écouter pour qu’elles prennent sens. Et surtout voir le chanteur les exprimer. Une main s’accroche au siège où il est comme vissé et l’autre main trace une ponctuation en direction du public, avec une gestuelle de chef d'orchestre ou d'artiste peintre, c'est selon. Il chante comme avance un aveugle, en alerte permanente, l’oreille aux aguets de chaque note de musique. Il est certain que rien ne lui échappe.

Il chante très lentement et c’est ce qui renforce le mystère parce que chaque mot conserve sa puissance. Le phrasé est syncopé, heurté sur les syllabes finales comme pour rebondir. A la fois facile à comprendre et compliqué à saisir. D’où le qualificatif de surréaliste qu’on commence à lui scotcher dans le dos. Ce dos qu’il tient si droit, à la limite de la raideur, les mains croisées sur sa veste longue, jointes, parfois en un salut quasi oriental.

Pas de "choré", pas de chœur, pas d’ascenseurs, quelques fumées, de jolies lumières, les efforts sont concentrés sur la musique pour un son extra. Le piano est un Steinway. Les guitares sûrement géniales, avec une andalouse en tout cas. Et puis, pour sourire, mais aussi parce qu’il les collectionne, un juke-box pour nous passer un morceau du King Presley à l’entracte avant de revenir nous souffler qu'Elvis et lui c'est kif-kif.

J’ai lu le dossier de presse, énorme, et je pourrais écrire des tonnes, balancer les anecdotes, chercher les clés. Mais y’a pas de clés. Tout est grand ouvert. Suffit de savoir regarder, écouter, vibrer. Et s'il vous faut malgré tout quelques éclaircissements sachez que ce fou de voitures n'a pas choisi son nom de scène par hasard puisque Saint Christophe est le protecteur des voyageurs. Il ne conduit plus depuis perpète le cheval cabré (une Ferrari) mais il y pense toujours et le vrombissement des moteurs traverse la musique de Stand 14.

J’ai été très dérangée par le crépitement des flashs des appareils photos au début du concert. La frénésie d’une poignée de spectateurs cherchant à capturer une belle image m’a semblé n’avoir aucune limite. On a beau porter des lunettes, ce doit être énervant. Qu’auriez-vous fait à sa place ?

Pas de discours moralisateur. Il a pris un petit jetable et a cliqué sur tout, sur rien, ostensiblement. Puis il s’est avancé vers le public et a posé doucement l’appareil au bord de la scène. Il a repris le récital comme si rien ne s’était passé. Quelques minutes à peine et une main s’est tendue, a raflé l’objet, comme un renard affamé serait venu chaparder un morceau de viande.

La première partie est consacrée à une dizaine de titres du dernier album qu'il interprète avec un modernisme inouï. Ensuite ce sont les grands standards qui sont réinventés. Christophe est tellement inimitable que lorsqu’il reprend Aline ou les Mots bleus c’est pour en donner une interprétation tout à fait nouvelle. Je jurerais que quelle que soit la chanson il la chante toujours comme si c’était une première fois. Il nous fait une version rock des Marionnettes, en faisant résonner les fins de mots comme un claquement de doigt. Croyez-moi quand je vous dis qu’il n’y a pas de double emploi entre l’album et la scène.

Et puis arrêtez quand je vous parle de lui de m'interroger : Christophe Wilhelm ? non ! Mahé alors ? NON NON NON Christophe est un objet artistique unique. Juste le dernier des Bevilacqua.

Il entretient un rapport particulier avec le rythme et le temps. Ses valeurs diffèrent des nôtres et il faut le suivre pour le comprendre. A la toute fin il a prévenu qu’il n’y aurait pas de rappel. Il y avait derrière lui un panier en plastique rouge qui m’intriguait depuis un moment et qui ne pouvait pas se trouver là par erreur. Le genre de contenant hideux où l’on met ses achats dans la supérette du coin de la rue. Il s’en est saisi comme si c’était un objet précieux et il en a sorti des canards en plastique mou qu’il a fait voler au-dessus de la foule … sans un mot … bzzz … des canards clignotants comme des lampions un soir de quatorze juillet.

Après une vingtaine de chansons et plus d'une heure trente de concert (quelle performance !) il a jeté le trouble et hop, il s’est éclipsé.

Il reviendra le 11 décembre au Grand R (Le Manège) - Scène Nationale, La Roche Sur Yon, le 14 à l'Ancienne Belgique, Bruxelles (Belgique), le 18 au Théâtre du Casino, Enghien Les Bains. Le 22 janvier 2010 au Centre Culturel Juliette Drouet, Fougères, le 29 au Casino des Palmiers, Hyères et le 30 au Théâtre Georges Galli, Sanary Sur Mer. Le 5 février au Centre Culturel Guy Gambu, Saint Marcel de Vernon, le 12 au Théâtre, Chelles, le 20/ à l'Espace des Trois Provinces, Brive La Gaillarde, les 15 et 16 mars à la Cité de la Musique, Paris, le 19 au Centre Culturel Jean l’Hôte, Neuves Maisons, le 23 au Carré Belle Feuille / Carré Club, Boulogne Billancourt, le 6 mai au Train Théâtre, Portes les Valence, le 10 au Grand Casino, Bale (Suisse), le 12 au Théâtre Jean Vilar, Bourgoin Jallieu et pour finir le 21 au Centre Culturel de Saint Avold.
Pour tout savoir des spectacles de la Scène conventionnée d'Antony-Châtenay : 01 41 87 20 84 et www.theatrefirmingemier-lapiscine.fr

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