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La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

samedi 30 mai 2020

La salade de boeuf mariné de Cyril Lignac

Dans son émission Tous en cuisine, Cyril Lignac a proposé une salade de boeuf mariné qui est toute simple et savoureuse.

Outre la qualité des ingrédients de la marinade son intérêt provient du fait que la viande est mise à mariner sans être tranchée au préalable, que le morceau est ultérieurement cuit entier et qu'il n'est portion que par la suite.

De ce fait la viande conserve son jus et les parfums d e la marinade s'en trouvent valorisés.

Le chef préconise un onglet de boeuf mais on peut parier sur un résultat satisfaisant avec d'autres morceaux, de veau ou de poulet ...

La liste des ingrédients figure à la fin de l'article.

On commence par préparer cette marinade en mélangeant ail écrasé, moutarde, huile d'olive, jus de citron vert et piment d'Espelette. On y dépose ensuite la pièce de viande et on réserve au frais au moins 20 minutes.

On peut alors se concentrer sur la salade qui accompagnera la viande. La vinaigrette est composée d'huile d'olive et du jus d'un citron vert qui assaisonnera les feuilles de mâche, les radis, les tomates cerises et le maïs. On peut, comme on le souhaite, laisser les radis entiers ou les couper en rondelles. Le principe de base est de constituer une salade multicolore.

Peu avant l'heure de passer à table on fera griller la viande à la poêle en aller-retour et on la mettra de côté. On déglacera le contenu avec un peu de jus de citron vert et un trait de vinaigre balsamique.

On aura disposé la salade dans une assiette. On posera dessus quelques lanières de viande assez fines, quelques noix de cajou et on arrosera de la réduction du jus de viande. Ce sera encore meilleur si on saupoudre de coriandre haché et si on râpe un zeste de citron avec la Microplane.

vendredi 29 mai 2020

Un loup quelque part d'Amélie Cordonnier

Ce ne sera pas un coup de cœur alors que j’avais, il y a deux ans, plébiscité Trancher.

Pourtant la langue est belle. Le sujet passionnant. Le développement intéressant. Aucun reproche à faire mais ... je n’ai pas éprouvé ce "petit" plus qui fait qu’on a envie de partager un roman avec le maximum de lecteurs. Dommage.

Il démarrait bien, avec en exergue, quelques mots d'Albin de la Simone dont j'aime tant la chanson ... Dans la tête. Avec plus loin l'allusion au film Loving qui m'avait bouleversée (p. 96).

Entre temps était apparu sèchement (p. 36) le nom de Gregor Samsa, sans explication. Comme si le lecteur était censé savoir qu'il s'agit du personnage principal de La métamorphose de Kafka. C'était une référence très implicite, trop ... et je m'étais dit que j'avais dû en louper d'autres.
Une femme accouche d'un second enfant, magnifique de prime abord. Au début, elle a cru qu’il lui plaisait, ce petit. Seulement voilà, cinq mois plus tard, elle a changé d’avis. Ça arrive à tout le monde, non ? Elle voudrait le rapporter à la maternité. Qui n’a pas un jour rendu ou renvoyé la chemise, le pantalon, le pull, la ceinture ou les chaussures qu’il venait d’acheter ?
Que fait cette tache, noire, dans le cou de son bébé ? On dirait qu’elle s’étend, pieds, mains, bras, visage. Mais pourquoi sa peau se met-elle à foncer ? Ce deuxième enfant ne ressemble pas du tout à celui qu’elle attendait. Aucun doute, il y a un loup quelque part.
Pauvre animal qui est invoqué à toutes les sauces, trop souvent synonyme du mal alors que, dans la plupart des contes, c'est lui le dindon de la farce. Vous me direz que Pierre Perret lui a consacré une  chanson très tendre, sauf que son p'tit loup n'oubliera sans doute rien de ce qui l'aura fait pleurer.

J'étais intéressée par les interrogations de la narratrice sur l'amour maternel, la différence ... les secrets de famille mais aussi sur le devoir conjugal. Mais, sans qu'elle ne me mâche le travail, je ne voulais pas non plus devoir faire un effort de compréhension sur des sous-entendus qui, si je ne les comprenais pas, me privait de l'accès au sous-texte.

J'ai fait l'effort d'entrer dans son cerveau, cherchant un message dans le choix des prénoms de ses enfants. Peut-être n'y avait-il aucune idée préconçue avec Esther, mais celui d'Alban ne pouvait pas être neutre. Le pauvre garçon devient, de jour en jour le scrupule qui la blesse, à l'instar d'un caillou,   de cette petite pierre pointue qui, lorsqu'elle s'interpose entre le pied et la semelle de la sandale, ralentit la progression du légionnaire romain.

jeudi 28 mai 2020

Les Mallorcas de Philo

Chacun son défi. Voici celui que je m'étais lancé en prévision du Top chef d'hier soir et que je vous raconte aujourd'hui.

Il consistait à m'approcher des Mallorcas dont Philo avait publié la recette sur son blog.

Je suis comme mon amie Philo. Je me mets des recettes sous le coude en me promettant de les réaliser un jour. Cette fois je n'ai pas différé parce, hasard ou nécessité, je suis parvenue à trouver l'ingrédient indispensable à cette (simple) recette : de la levure sèche.

J'ai donc pu me lancer dans la confection de ces pains de Majorque qui ne nécessite pas de pétrissage. Malgré leur nom, et c'est mon amie qui me l'a appris, ils sont originaires de Porto Rico. Leur avantage est d'être vraiment peu sucrés, surtout si comme moi on se dispense de la dernière étape consistant à les saupoudrer de sucre glace (lequel sucre est le plus sucré au monde).

Elle les recommande pour le petit-déjeuner ou pour le goûter mais je les ai directement appréciés en dessert, en accompagnement d'un fromage blanc à la menthe. Vous trouverez les proportions en fin de billet. Voici comment comment procéder :

D'abord on recouvre la levure sèche d'un peu d'eau tiède et on laisse reposer dans une coupelle environ 5 minutes jusqu'à ce qu'il soit mousseux.

On mélange dans un saladier le lait, le beurre fondu, le sucre, le sel, les jaunes d'oeuf et l'extrait de vanille puis on ajoute la levure. On remue au fouet jusqu'à ce que le tout soit homogène.

On ajoute ensuite la farine graduellement en mélangeant la pâte à la cuillère en boisson la spatule jusqu'à obtenir une grosse boule qui se détachera de la paroi. On couvre avec un torchon propre et on  laisse la pâte lever pendant 1h30.

Il faut alors la dégonfler (la malaxer quelques instants, sans pour autant la pétrir puisque c'est inutile). est venu le temps de l'abaisser au rouleau sur un plan de travail fariné, autant que ce peut en rectangle, sur une épaisseur de 3 mm. On badigeonnez ensuite la pâte de beurre fondu.
Vous remarquerez que j'ai utilisé une roulette dentelée pour alors la découper en bandes dans la plus grande longueur. Philo parvient à en faire une douzaines. les miennes sont irrégulières mais ce ne fut pas un désagrément car, une fois cuites, ces mallorcas satisferont différent appétits.

On roule chaque bande en spirale et on les dispose en les espaçant sur une plaque de cuisson chemisée ou une feuille spéciale d'Exopat comme la mienne. On couvre et on laisse lever pendant une nouvelle heure. Leur volume va sensiblement augmenter.
On préchauffe le four à 180° pour faire cuire les mallorcas pendant 12-18 minutes ou jusqu'à ce qu'ils soient légèrement dorés. les saupoudrer de sucre glace après refroidissement les rend plus élégants mais ce n'est pas une étape que je retiens.

mercredi 27 mai 2020

Les cœurs imparfaits de Gaëlle Pingault

J'avais hâte de découvrir Les cœurs imparfaits de Gaëlle Pingault parce que j'avais immédiatement plébiscité il y a trois ans son premier roman Il n'y a pas Internet au paradis.

Celui-ci est un livre très touchant, également, avec une fin ouverte qui invite le lecteur à poursuivre longuement en pensée le trajet des protagonistes.

Le coeur de l'action se situe en EHPAD, ce qui, dans le contexte actuel, est loin d'être anodin, d'autant que c'est aussi le cadre d'Une vie et des poussières de Valérie Clo (chroniqué le 30 mars) et de Si belles en ce mouroir de Marie Laborde (le 2 mai). A ce titre Gaëlle Pingault, dont je sais qu'elle connait bien cet univers, nous en donne une critique caustique qui sera particulièrement entendue.

Le personnel y subit les objectifs de rentabilité, les postes fermés, la pression permanente (sans compter l'attachement aux résidents, les non remplacements). On comprend combien se déconnecter est un impératif déontologique. Toute allusion aux dysfonctionnements de ces établissements me fait l'effet d'une craie grinçant sur un tableau noir. Et je crois que le sigle écrit en majuscules dégage une agressivité qui me blesse.

Le réquisitoire est accablant (p. 144-145) car s'il faut jongler, comme partout ailleurs, avec les lignes budgétaires et les contraintes financières (...) Charles, le médecin-chef, souligne qu'il n'a pourtant jamais rencontré au cours de sa carrière un seul soignant qui jette l'argent par les fenêtres, en se disant après moi le déluge ! Les soignants sont des gens sérieux, responsables et souvent engagés. Personne ne s'en est donc encore aperçu ? (...)  Il n'y a quasiment plus de soignants de formation dans les équipes de direction, mais des diplômés en master de gouvernance (...) tablant sur la conscience professionnelle de ceux qui restent afin d'éviter les catastrophes.

Si le roman n'était pas paru "avant" la crise sanitaire qu'on espère traverser on le trouverait opportuniste.

A propos du diktat de la rentabilité (p. 146), l'auteure émet des hypothèses toujours par la bouche de Charles : mascarade éhontée, volonté de nuire, avidité stupide ou déni ? le problème du déni étant qu'on n'en sort pas quelqu'un malgré lui, notion de base. Et les décideurs n'ont aucune envie d'être exfiltrés de leurs certitudes. (...) Le fric comme arme de destruction massive.

La directrice répondra qu'elle est attentive aux équipes (en fonction des moyens qu'on lui consent) et elle en donnera à la fin une preuve de bonne foi, signifiant combien Gaëlle ne leur jette pas la pierre. Cette notion de rentabilité est depuis devenue totalement dérisoire quand on songe à ce que le confinement aura coûté par suite d'incurie et d'imprévoyance. Aurait-il pu être évité ? Sans doute.

Mais revenons à l'essentiel de ce roman qui n'est pas du tout un réquisitoire contre la main mise de l'administration sur la société. Concentrons-nous sur Barbara, Charles, et Lise... qui ont chacun dans leur histoire personnelle, des empêchements venus enrayer leur possibilité d'être pleinement heureux,  sans entraver néanmoins complètement leur capacité à aimer.

dimanche 24 mai 2020

Le curry coco de Cyril Lignac

Cyril Lignac proposait il y a deux jours dans son émission Tous en cuisine une façon de cuire les crevettes qui peut tout aussi bien se décliner avec des blancs de poulet ou avec des filets de poisson comme je l'ai fait aujourd'hui.

Je vous donne les proportions de ce Curry coco en fin de billet.

La première étape consiste à préparer la marinade avec sel, poivre, curcuma, piment et huile d'olive (en quantité raisonnable car les filets comme les crevettes ne doivent pas baigner). Si on a choisi des gambas on décortique t retire le boyau noir du milieu.

On remue et on réserve. Dans quelques instants on fera revenir dans une cocotte chaude et un peu d'huile tous les épices à feu fort pour faire ressortir les arômes : laurier, cannelle, cardamone, fenugrec, piment et curry. On baisse le feu et remue quelques minutes. On ajoute l’oignon et l’ail entière (si on veut ensuite la retirer, sinon on peut l'émincer), puis le gingembre (on remet un peu d'huile d'olive si nécessaire). On cuire quelques minutes.

On ajoute la tomate coupée en dés. Cyril préconise le couteau à pain mais sachez qu'il existe des couteaux à tomate, crantés bien entendu mais à longue lame fine, notamment chez Jean Dubost. L'ajout de cet ingrédient contribuera à allonger la sauce. On peut ajouter un verre d'eau environ pour aider à mijoter.

Dans une poêle bien chaude, on verse les crevettes (ou on dépose délicatement les filets de poulet ou de poisson) avec la marinade sans ajouter d'huile. On colore les deux faces puis on baisse un peu le feu.

On retire ce qui ne se mangera pas : le laurier, la cardamome, le bâton de cannelle et le cas échéant la gousse d'ail.

On ne fait quasiment pas cuire le lait de coco (il devient amer) et on le verse à la fin dans le mélange avec les tomates, et on assaisonne de sel, puis les crevettes (ou poulet ou poisson) et la marinade.

Hors du feu, on presse un  jus de citron. On peut ajouter du piment et des feuilles de coriandre.

Le lait de coco est utilisable de multiples façons comme je le mentionnais dans ce billet. Et je vous recommande, peut-être un autre soir, cette délicieuse soupe de lentilles corail.


Ingrédients (pour 4 personnes)
● 500g de crevettes type gambas crues décortiquées ou crevettes (ou poisson ou poulet)
● 1 oignon épluché et ciselé
● 4 gousses d’ail épluchées et dégermées
● 1 tomate lavée et coupée en petits dés
● 20 cl de lait de coco
● ½ jus de citron jaune
● 3 feuilles de laurier
● ½ bâton de cannelle (ou de la cannelle moulue)
● 4 pièces de cardamome verte (ou de la cardamome en poudre)
● 1 cuillerée à café de graines de fenugrec (ce n'est pas indispensable mais son parfum est typique du curry).
● 1 cuillerée à café de gingembre haché (ou en poudre)
● ½ cuillerée à café de poudre de curcuma
● 1 cuillerée à café de curry
● 1 cuillerée à café de piment en poudre
● quelques feuilles de coriandre
● huile de pépins de raisins ou huile d’olive
● sel et poivre

jeudi 21 mai 2020

Fief de David Lopez

Ils s'appellent Romain, Poto, Habib, Lahuiss, Ixe, Untel à graviter autour de Jonas qui n'est pas le centre du groupe, car on ne peut pas les désigner à proprement parler sous le terme de "bande" même s'ils passent presque tout leur temps libre ensemble. Du temps ils semblent en avoir à revendre. Et ils l'occupent à glander, au sens propre comme au sens figuré, sur le pré carré de leur Fief.

S'ils formaient une bande, Jonas en disputerait la tête avec Lahuiss. Mais oserait-il durablement, lui qui lui concède la capiteuse Wanda ?

Jonas est pourtant un mec qui pourrait en imposer. Il est boxeur. Mais il lui manque sans doute un modèle à qui s'identifier pour aller plus loin, plus haut. Un autre modèle que celui de deux fumeurs régulier de shit, son grand frère, et son père, dont on sait juste qu'il joue au football comme vétéran. Les mères sont totalement absentes du roman.

Et puis surtout, comme l'écrit avec beaucoup de justesse David Lopez, réussir c'est trahir (p. 87), donc risquer de perdre ses amis. Il n'y aurait rien de pire pour Jonas, surtout s'agissant d'amis d'enfance.

Ce roman fait penser à L'attrape-coeurs, autre roman de la Sélection Anniversaire des 68. Celui-ci est proposé par par Julie Estève, qui avait écrit Simple, un roman d'une grande sensibilité. Il est touchant, à condition d'accepter que la réalité (dérangeante) que nous narre David Lopez existe.

Je reconnais n'avoir eu guère d'envie à supporter leurs échanges verbaux, leur inaction, leur inclinaison pour d'interminables parties de cartes que nous lecteurs avons un peu de mal à suivre, entre des bouffées incessantes ... de bédo. Il faut s'acclimater au lexique comme à la syntaxe. Exemple (p. 44 ) : Ixe se place derrière Poto, et dans un rire il dit hey Poto pourquoi t'as un 8 un 2 une dame un valet un 7 et un 5 ?

On n'entre pas dans ce langage comme dans un moulin. L'auteur s'est manifestement battu contre les mots, pour construire ses phrases. Le texte est intentionnellement très parlé, mais très élaboré, d'une précision remarquable. Une fois apprivoisé, sa musicalité devient presque envoutante. On s'installe dans la conversation que Jonas entretient avec nous en le suivant dans l'analyse qu'il fait sur de multiples sujets, chapitre après chapitre, chacun pouvant presque être lu indépendamment des autres. Il nous raconte le meilleur moment de l'année en laissant émerger de la tendresse. Il nous invite à une séance de jardinage sous un angle plutôt décalé quand on s'interroge sur la mauvaise herbe. Et on goûte un humour savamment dosé.

Je referme le livre avec mélancolie, quittant Jonas à regret, avec le sentiment de l'abandonner à son sort sans avoir rien tenté, alors qu'il suffirait peut-être de pas grand chose pour que la partie ne soit pas jouée, et d'avance perdue.

On assiste avec délectation à une scène d'anthologie, avec la dictée de quelques paragraphes d'un extrait de Céline (Chapitre Virgule p. 85) et on en conclut qu'il sont au moins deux (Lahuiss et Jonas) à sortir du lot. Pas tant parce qu'ils ont de l'orthographe, mais de la culture. Et que certaines lectures auraient le pouvoir de les faire bouger. Une phrase de l'écrivain devient carrément provocatrice. On devient rapidement vieux, et de façon irrémédiable encore. On s’en aperçoit à la manière qu’on a prise d’aimer son malheur malgré soi « (Céline, Voyage au bout de la nuit).

Le lecteur comprend que la vérité vient de leur péter à la gueule, mais on s'interroge sur la puissance de la prise de conscience, car de la même façon que réussir c'est trahir, se remettre en cause est un comportement qu'ils semblent avoir décidé d'éliminer. Sinon fumeraient-ils et boiraient-ils toute la sainte journée ?

Quelques fulgurances les traversent parfois. Comme Untel chambrant Jonas : T'sais quoi Jonas, dans la vie t'es comme dans le ring, tu fais que d'esquiver (p. 82). Ou Jonas réalisant que leurs actes ont des conséquences (p. 132) en apprenant l'incarcération de Untel.

Ils consacrent l'essentiel de leur temps à s'ennuyer, activité érigée à un "high level" parce que (p. 46) L'ennui c'est de la gestion. Ça se construit. Ça se stimule. Il faut un certain sens de la mesure. On a trouvé la parade, on s'amuse à se faire chier. On désamorce. Ça nous arrive d'être frustrés, mais l'essentiel pour nous c'est de rester à notre place. Parce que de là où on est on ne risque pas de tomber.

Ils vivent dans un entre deux entre petite ville et campagne, au milieu de hameaux encore emplois déserts ... il y a plus bled qu'eux, c'est certain (p. 61). On devine que Jonas aurait du potentiel avec un peu d'ambition et une hygiène de vie. Mais il laisse les gens et les évènements décider pour lui et ne se laisse pas la chance d'avoir la vie qu'il pourrait gagner. Même l'ultime combat de boxe, il le perd. Comme s'il avait la carrure sans l'envie. Avec néanmoins le courage : L’unique moyen de ne pas souffrir d’un entraînement de boxe, c’est de ne pas y aller. Moi je suis là. Alors qu’on ne vienne pas me dire que je suis incapable de faire des sacrifices (p. 11).

Il est comme asservi par la généalogie, l'environnement. Ses lectures, polarisées sur Barjavel ou Daniel Defoe ne lui permettent pas de rompre la boucle infernale qui mouline dans son cerveau. Même Candide ne le fera pas réagir : Cultiver son jardin, il est gentil Voltaire mais il faut d'abord savoir ce quo'n veut y faire pousser (p. 131). Le vrai souci est qu'il ne maitrise pas les codes (p. 173), ce qu le fait dire : Ça fait que je n'ai pas envie d'avoir à me rendre aimable pour être aimé.

La réécriture de Candide par Lahuiss (décidément le plus cultivé du lot) était désopilante (p. 53) : Les gars, j’vais vous la faire courte, mais "Candide" c’est l’histoire d’un p’tit bourge qui a grandi dans un château avec un maître qui lui apprend la philosophie et tout l’bordel t’as vu, avec comme idée principale que, en gros, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Du coup Candide t’as vu il est bien, il fait sa vie tranquillement sauf qu’un jour il va pécho la fille du baron chez qui il vit tu vois, Cunégonde elle s’appelle. Bah ouais, on est au dix-huitième siècle ma gueule. Du coup là aussi sec il se fait téj à coups de pompes dans l’cul et il se retrouve à la rue comme un clandé. De là il va tout lui arriver ....

L'essentiel de leur énergie est dirigée contre eux. D'abord au travers des défis qu'ils se lancent constamment. C’est toujours plaisant de voir un type qui a déclaré la guerre demander une trêve (p. 149). L'explication est donnée juste après : On a beau s’aimer de toutes nos forces, on poussera volontiers l’autre dans le vide si ça peut nous éviter d’y tomber.

Et pourtant il pourrait y avoir une vraie cohésion entre les potes : On est souvent agressifs entre nous, à s’insulter dans tous les sens, mais quand c’est sérieux on le reconnaît tout de suite (p. 95).

Ecrira-t-on semblablement dans dix ou vingt ans ? Le langage aura doute muté, enrichi de nouvelles expressions. Les piliers de bar des années 60 sont devenus des têtes d'ampoules et on les désignera autrement en 2040 mais je doute que se soit estompées les frontières entre des mondes différents qui vivent l'un à cote de l'autre sans se pénétrer. A ce titre David Lopez signe à trente ans un premier roman essentiel.

Fief de David Lopez, éditions du seuil, août 2017
Prix livre Inter 2018
Livre lu dans le cadre de la Sélection "anniversaire" 2020 : 14 romans (premiers ou deuxième textes, anciens ou récents, français ou traduits) choisis par un panel d’auteurs et 5 seconds romans français

mardi 19 mai 2020

Les ramen de Cyril Lignac

Cyril nous promet de voyager avec ce plat qui serait sa recette japonaise préférée, un bouillon de ramen.

Ayant suivi la réalisation devant le petit écran je m'étais aperçue que la quantité de sauce qu'il recommandait de préparer était énorme, d'autant qu'ensuite il la détend avec un volume équivalent d'eau de cuisson des pâtes. J'ai donc d'emblée divisé par deux les proportions et je vous assure que j'avais malgré tout de quoi régaler 4 personnes. Voici donc les pesées modifiées :

Pour le bouillon :
120 grammes de sauce soja (presque tout le flacon en vérité)
20 grammes de vinaigre de riz
20 grammes de vin blanc
5 cl de bouillon (cube précise Cyril, mais il faut savoir qu'on peut gratter un peu d'un cube dans 5 cl d'eau chaude puisque un carré est conseillé pour un demi-litre d'eau bouillante)
1 pincée de sucre,
1 gousse d'ail ouverte en deux ou écrasée (mais attention à pouvoir la retirer avant de servir)
1 cuillère à café de gingembre haché
Pour la garniture :
4 oeufs (un par personne, mais on pourrait descendre à un demi selon les autres accompagnements)
200 grammes de shitaké frais (on peut aussi parait-il utiliser des champignons de Paris, mais le résultat sera moins croquant et moins authentique)
4 tranches de lard, mais j'ai retenu deux tranches de truite
3 oignons nouveaux émincés (j'avoue que je m'en suis passée, par contre j'ai ajouté de la coriandre en fin de cuisson)
Une poignée de nouilles de blé, sachant que j'ai utilisé des Udons de Nagasaki (il faut savoir qu'à l'inverse des spaghettis, dont elles ont la même forme, les nouilles de blé se réchauffent très bien et collent moins, pour peu qu'on les enroule autour d'une fourchette avant de les déposer dans un pot en verre pour les conserver si besoin 24 heures après cuisson).

Marche à suivre :
1 - Préparer la sauce en mélangeant le tout délicatement avec une grande cuillère. transvasez dans un bocal de verre plus haut que large de manière à ce que tout à l'heure les oeufs puissent y être parfaitement recouverts de sauce.
2 - Faire cuire les oeufs dans une grande casserole d'eau 6 minutes pour qu'ils soient mollets et les placer ensuite immédiatement dans l'eau glacée pour arrêter la cuisson (heureusement que je les ai laissé refroidir à l'air ambiant parce que même ainsi ils ont failli être en sous cuisson. Or il aurait été ennuyeux que le jaune coule ...).
3 - Couper les champignons en gros morceaux (4 ou 6 selon la taille du shitake) et faire revenir dans une poêle avec un fond d'huile. Saler à peine car le soja l'est beaucoup. On arrête la cuisson quand ils sont encore croquants.
4 - Maintenant que les oeufs sont refroidis écalez les, dans l'eau si possible, et laissez les glisser doucement dans la sauce soja qui va les colorer et les parfumer (comme sur la photo ci-dessus).
5 - Faire revenir à la place des champignons la poitrine de porc coupée en morceaux, ou comme moi le poisson. Vous pouvez utiliser aussi des blancs de poulet ou des aiguillettes de canard.
6 - Faire cuire les nouilles 6 minutes dans de l'eau bouillante non salée. Débarrasser dans un saladier en égouttant grossièrement (ne pas utiliser de passoire mais une écumoire).
Dressage (dans un bol assez large ou une assiette creuse profonde) :
Placer la quantité de nouilles souhaitée.
Verser un peu de sauce soja. Compléter avec autant de l'eau de cuisson des pâtes voire plus (au moins une louche par personne). Je vous recommande de goûter pour ajuster.
Poser sur les pâtes (qui ne doivent donc pas être recouvertes), une portion de champignons, une portion de poisson (au préalable coupé en morceaux), un oeuf coupé en deux, une portion d'oignons (si vous en avez) et saupoudrez de coriandre si vous aimez.
Dégustez à la cuillère ou comme moi avec des baguettes Jean Dubost.
Voilà une recette que je referai régulièrement.

lundi 18 mai 2020

Faire un masque, oui mais comment ?

Les tutos sur la confection de masques "grand public" se sont multipliés.

Au début, aussi incompréhensibles que la recette du gâteau magique qu'il faut avoir gouté une fois pour intégrer ce qu'il a de magique : un problème d'homogénéisation de la pâte qui après cuisson produit trios textures différentes, de la plus molle au-dessus (faisant penser à un flan) à la plus consistante en dessous (comme un "vrai" gâteau).

Les tutos c'est comme les recettes de cuisine, le rédacteur omet le petit truc qui assurera la réussite de l'entreprise.

Ayant appris la couture à l'école (j'ai de vifs souvenirs de samedis matins à broder des boutonnières) je ne me suis pas laissée piéger mais j'ai tout de même loupé les deux premiers. Parce que leur technique de former les plis avant de retourner le tissu n'est pas commode à piger. Egalement parce que selon les visages il faut adapter les dimensions. Qu'enfin la puissance de l'élastique compte tout autant dans le succès que le type de sucre dans un fondant au chocolat. Essayez donc d'employer de la vergeoise ...

Bref, je m'y suis mise après avoir étudié les "derniers" tutos. C'est l'avantage d'arriver après la bagarre : les mauvais ont été éliminés des moteurs de recherche.

Comme je ne peux plus aller à des vernissages et comme je suis nostalgique, et surtout récupératrice dans l'âme, j'avais conservé de minuscules serviettes en tissu de plusieurs couleurs vives, ou noires, ou toutes blanches. On se moquait de moi de les avoir gardées, lavées, repassées, rangées. On avait tort. Elles ont pile poil la dimension requise d'un carré de 21 sur 21 cm.
Première étape : former le pli creux central qui, sur l'envers est ce qu'on appelle un pli plat. On le fait indépendamment pour chacun des deux morceaux que l'on superposera ensuite. On voit très bien les points qui maintiennent ce pli car je les ai faits au fil noir sur le tissu orange (visibles en bas de la première photo sur le bas). Ils seront plus tard pris dans la couture, donc invisibles. je signale que le pointillé blanc, bien utile pour guider la couture est une ligne fantaisie du tissu.

dimanche 17 mai 2020

Le détachement de Jérémy Sebbane au Sable polaire

La lecture du Détachement m’avait troublée.

D’une part l’intrigue est écrite comme un roman policier, distillant un suspens assez fort. Ensuite Maxime travaille en cabinet ministériel et je connais bien cet univers pour y avoir passé quelques mois plutôt compliqués. Lire ses déboires m’a rappelé des souvenirs.

Il est probable que des lecteurs ont pu penser que l’auteur exagérait mais je peux garantir qu’il n’en est rien. Tout dans ce roman est plausible et c’est ce qui est peut-être dérangeant.

J’ai appris depuis que Jérémy Sebbane a été la plume de plusieurs personnalités politiques comme Manuel Valls ou Fleur Pellerin, et qu’il connaissait bien l’Elysée, ce qui ajoute de la crédibilité à ses propos. Il a été Chef de cabinet à la Mairie de Paris en charge des questions d’égalité femmes-hommes, membre de l’équipe de campagne présidentielle de François Hollande et deux fois conseiller ministériel.

Cet ouvrage s’inscrit lui aussi dans le contexte encore très proche des attentats terroristes, à l’instar du roman de Constance Rivière, Une fille sans histoire, mais différemment, et je dirais plus "littérairement" il explore le comportement d’une personnalité érotomane (elle aussi) qui se place dans une position de veuve (elle encore). Cette jeune fille, déçue par sa vie préfère s’en inventer une autre et la raconter à son meilleur ami, un jeune conseiller politique qui, confronté à la violence, à la brutalité et à la vacuité de ce milieu décide de se réfugier dans la création.

vendredi 15 mai 2020

Soupe de lentilles corail

Une recette simple et rapide (moins de trente minutes entre le lancement et le passage à table) dont j'apprécie beaucoup la texture et les saveurs. Voilà une Soupe de lentilles corail inspirée du Dahl indien.

On appelle aussi ce plat dal tadka. Ce que j'aime dans cette version c'es qu'on n'a pas besoin de ghee. On utilise une huile neutre (ou à la rigueur d'olive si on veut forcer sur le goût).

On fait revenir 1 gros oignon rouge émincé, 3 gousses d’ail coupées en morceaux,  et un morceau de 2 cm de gingembre frais pelé (émincé ou pas et dans ce cas on pourra le retirer avant de mixer la soupe) dans de l’huile chaude mélangée en veillant à ce que l’ail et l’oignon ne colorent pas trop.

On ajoute 2 cuillères à café du curry de son choix (je dois en avoir 4 ou 5 variétés). Dans l'idéal on ajoute une cuillère à café de coriandre en poudre. n'en ayant qu'en graines je les ai broyées au pilon. Egalement Une cuillère à café de paprika fumé, que j'ai remplacée par du sel fumé ramené du Mexique, celui là même que traditionnellement on consomme (en toute modération) avec la tequila.

Evidemment je n'ai pas ajouté de sel ordinaire.

Il est temps de mettre les lentilles corail (compter 50 grammes par personne) et de couvrir d’eau.
On ajoute une demi boite de conserve de pulpe de tomate et une pointe (ou plus) de piment. On cuit alors à couvert pendant le temps requis pour les lentilles, souvent une vingtaine de minutes à feu doux. Je ne verse la briquette de lait de coco (250 ml) qu'à la fin depuis que j'ai entendu Cyril Lignac dire qu'il faut éviter de faire cuire ce produit qui devient amer après avoir bouillonné.
J'ai alors retiré les deux minuscules (mais forts) piments mexicains "Piquin Entero" et le morceau de gingembre.
On plonge ensuite le mixeur dans la cocotte en veillant à laisser de la texture (sauf si on cherche à obtenir un velouté). On assaisonne de jus de citron vert (dans l'idéal).


Au moment de servir, on peut ajouter : un peu de fêta hachée, de la coriandre fraiche (ou du persil plat) voire de la menthe hachée

jeudi 14 mai 2020

Entre Voix confiné avec Adrien Robineau

(mis à jour le 28 juin 2020)

Après hier, Muriel Réus, et dans le respect de l'alternance homme/femme si chère à cette femme d'exception Adrien Robineau va clôturer la série des Entre Voix confinés.

Le dernier, prévu demain, avec une chasseuse de têtes dans la haute-finance ne sera pas podcasté à sa demande. Rien de ce qu'elle a dit n'est choquant mais les américains sont devenus phobiques depuis quelquse temps.

Cette personne s'est exprimée depuis un Etat qui sortait du confinement et qui va sans doute y retourner ... alors disons que sa vision positive n'est plus guère de mise même si les recrutements dans la finance n'ont jamais ralenti.

Elle avait choisi par optimisme comme musique de fin What a Wonderful world de Louis Armstrong. Je la garde symboliquement en mémoire. Ce sera mon message de clap de fin de cette série que j'ai beaucoup aimé organiser, et dont vous retrouverez ici les 12 podcasts qui sont disponibles.

Adrien Robineau est acteur (dans le cinéma), et vous l'avez peut-être vu dans Les Gardiennes (réalisé par Xavier Beauvois avec Nathalie Baye et Laura Smet en 2016), Patients (réalisé par Grand Corps Malade et Mehdi Idir en 2016), Ami-ami réalisé par Victor Saint Macary (2017), Bêtes Blondes réalisé par Maxime Matray et Alexia Walther (2017), Inséparables réalisé par Varante Soudjian avec Ahmed Sylla (2018), Amoureux de ma femme réalisé par Daniel Auteuil avec Gérard Depardieu, Sandrine Kiberlain (2018)...

Ce sportif de haut niveau explique comment il s'inflige une certaine rigueur pour entretenir son corps dans l'espace restreint de son appartement. Il raconte comment il réussit à rester présent dans les milieux du cinéma et profiter de la période pour optimiser son temps. Vous pouvez écouter la totalité de l'émission en suivant ce lien.

Il s'est mis à la musique et avait choisi Lilac Wine de Jeff Buckley comme musique de fin.

Ce billet est illustré d'une photo prise pendant le tournage du film Les gardiennes.

mercredi 13 mai 2020

La Madeleinerie, lieu unique dédié à la gourmandise lorraine

Je me demande si ce n'est pas Claude Lelouch qui dit que la vie est la plus inventive des scénaristes. J'ai raconté dans les colonnes du blog (voir la série Je peux cocher la case) quelques-unes de mes rencontres extraordinaires mais je ne vous dirai pas suite à quel hasard je me suis trouvée devant la porte de la Madeleinerie le 27 février. Car là n'est pas la question.

J'ai découvert un concept hyper original alors que je cherchais à trouver de quoi me restaurer avant de poursuivre la soirée par le concert (exceptionnel) de Mathias Duplessy au Café de la danse.

Les lecteurs "historiques" du blog connaissent mon attachement à la région Lorraine. Je ne pouvais pas ne pas creuser le sujet un jour. J'ai commencé la rédaction de cet article en voulant restituer le parcours de l'artisan fondateur et puis l'épidémie de Covid m'a touchée, et lui aussi, différemment puisqu'il a dû suspendre son activité.

Ce n'est que deux mois plus tard que nous avons échangé et du coup ce billet est enrichi de tout ce qui a pu se passer entre temps. Et sachez que vous ne saliverez pas en pure perte puisque la Madeleinerie est de nouveau ouverte.

L'autorisation de réouverture a été très rapide puisque le commerce est alimentaire mais la boutique a refermé fin mars parce que la clientèle n'était pas au rendez-vous. Il a réouvert le 1er avril avec des jours et des horaires restreints. Depuis le 11 mai il a réouvert comme avant. Mais attention, avec le succès l'entreprise pourrait bien s'envoler....

Jacques Mercier, a créé la Madeleinerie, en 2016 d'abord sous forme de test dans le cadre de la Foire de Paris. Il a ensuite ouvert un établissement, unique à Paris, en février 2017. Le site Mamy Thérèse n'est pas à jour pour des raisons indépendantes de la volonté du fondateur. En tout cas cet article a été écrit après interview.

Mon expérience de la Madeleinerie
Avant tout il faut que je vous dise que si je ne m'étais pas tant régalée avec les madeleines je n'aurais pas songé à vous en parler.

C'est en cherchant sur l'application Too Good To Go que j'ai découvert l'endroit. Je n'aurais jamais imaginé qu'un commerce qui promet une semaine de conservation optimale de ses produits grâce à un emballage particulier les solderait en fin de journée.

D'abord il est vrai que le sac est parfait. Ensuite il faut savoir que la Madeleinerie fut un des premiers artisans à avoir été sollicité par Too Good, et à avoir accepté ce pari. Ce qui explique qu'elle figure parmi les 20 à 30 commerces ayant le plus de like. de plus, sur un plan déontologique, la production se faisant chaque jour il est préférable de garantir au client une fraicheur extrême en acceptant de  faire partir les invendus de cette manière. Il est aussi possible d'acheter des madeleines de la veille, , soldées à 50%.

Je rappelle que la spécificité de Too Good est que le client ne choisit pas ce qu'il achète. J'ai donc découvert ce qui était dans mon sac après.

Il y avait, si mon souvenir est exact, 7 madeleines de 3 variétés différentes : vanille noix de pecan, nature fourrée citron et glacée citron, une autre fourrée chocolat. Et en prime (sans doute parce que j'étais sympathique car je n'ai pas mentionné que j'étais blogueuse) j’en ai goûté une tiède, encore croustillante, qui avait été sortie du four quelques minutes auparavant.
La très jolie rayée de chocolat blanc est fourrée d’une purée de framboises. L’autre au chocolat au lait est fourrée caramel. J'ai constaté une dominante de glaçage au chocolat au lait, sans doute parce qu’il est plus consensuel que le noir.

Je ne saurais dire quelle est ma préférence ... peut-être devrais-je goûter toute la gamme (que je décris plus bas) avant de me prononcer.

Un contexte particulier pendant le confinement
Alors qu'elle était ouverte, la Madeleinerie a subi pendant le confinement une chute extrême de la consommation mais paradoxalement, sa devanture a bénéficié d'une meilleure visibilité pour les éventuels passants puisque très peu de boutiques étaient accessibles.

Jacques Mercier s'est trouvé directement au contact de la clientèle puisque, comme beaucoup de patrons, il a été contraint de mettre ses employés au chômage, et de se mettre lui-même à la production.

Petit à petit une nouvelle clientèle a émergé, composé de personnes qui n'avaient pas remarqué le commerce jusque là. Le ticket moyen était plus élevé qu'auparavant (même si le chiffre d'affaires avait sombré). On l'explique par deux observations : d'abord un phénomène de soutien à l'artisanat. Ensuite une envie de consommation plus forte. Et puis l'idée que tant qu'à sortir pour faire des courses autant acheter en plus grande quantité, de façon à ne pas revenir tous les jours.

mardi 12 mai 2020

Entre Voix confiné avec Raphaëlle Saudinos ... puis avec Muriel Réus


Voici la troisième semaine d'Entre Voix confinés, un peu troublée par l'annonce du déconfinement progressif hier soir. Est-ce la raison pour laquelle le réalisateur de Needradio, ou le prestataire qui assure la diffusion des podcasts, aura zappé la mise à l'antenne de l'interview prévue hier, et qui, de mon point de vue, était une des plus essentielles ?

Errare humanum est ... me direz-vous. Certes...

Qui s'excuse s'accuse, écrivait Stendhal dans Le rouge et le noir. Voilà sans doute pourquoi je n'ai aucune information vraisemblable pour expliquer le phénomène.

Par contre, aujourd'hui, à 18 h 30, Raphaëlle Saudinos était la 12 ème à jouer le jeu et à se livrer au cours de ce rendez-vous devenu quotidien.
J'avais fait sa connaissance l'été dernier, pendant le festival d'Avignon. Elle jouait Salutations au soleil dans une petite salle, plutôt difficile à trouver malgré son nom, le Théâtre Au bout là bas.

Cette comédienne a initié deux émissions journalières avec des enfants de 5-10 ans pour des séances de lecture via Zoom, du lundi au samedi à 15 et 16 heures. Dans la première c'est un(e) comédien(ne) ou conteur/euse qui lit une histoire qu'il ou elle a choisi spécialement. Sont ainsi passés à l'écran de Joie du Jour ( par ordre « d’apparition ») : Pierre Hancisse / Véronique Vella de la Comédie-Française / Marie Frémont / Lara Pichet / Karina Testa / Aurélien Tourte / Nicolas Lormeau de la Comédie-Française / Pamela Ravassard / Camille Mammar / Caroline Boidé / Noémie Rosenblatt / Tanguy Vrignault / Richard Dubelski / Elliot Jenicot / Elsa Lepoivre de la Comédie-Française / Barbara Lamballais / Emilie Aubertot / Cyndi Tempez / Emmanuel Lemire / Véronique Bret / Valérie Moinet / Sébastien Barrat / Anne Kessler de la Comédie-Française / Jeanne Arènes / Sylvia Conti / Marjorie Philibert / Ariane Aggiage / Marie-Claire Poirier / Céline Le Coustumer / et Raphaëlle Saudinos.

Vous aurez peut-être noté mon nom dans cette liste ... et ce fut un moment riche en émotion que de redevenir conteuse l'espace d'une après-midi pour un public virtuel mais très attentif, et si chaleureux !

Raphaëlle poursuit quelques jours encore au-delà du déconfinement pour achever de lire l'intégrale des aventures d'Harry Potter à tous ceux qui n'ont pas encore repris le chemin de l'école.

Chaque séance est facilement accessible avec un code d'accès communiqué sur la page Facebook de l'artiste, gratuitement, et sans aucune inscription préalable. La règle est simple : les cent premiers à se présenter sont acceptés.

Ces moments sont vécues par les protagonistes ... comme un grand soleil.

La lecture à voix haute, si essentielle au développement des enfants, s'inscrit dans une vraie forme de spectacle vivant. Alors le projet est appelé à être repris avec une nouvelle proposition, pour accompagner les enfants pendant l’été, et sans doute aussi à se développer ensuite pour d'autres publics sous une forme pérenne. Vous pouvez vous tenir informés de cette suite en contactant l'artiste à l'adresse lecturejoiedujour@gmail.com

L'interview s'est achevée avec la chanson "Il y a" qu'elle interprétait dans son dernier spectacle (Salutations au soleil, musique de Jean-Louis Cortès) qui, après avoir été présenté au Festival Off d'Avignon 2019 partira en tournée dès que possible. Le podcast est disponible à cette adresse.

Ce billet est illustré d'une photo prise l'été dernier pendant le Festival OFF d'Avignon, et du tableau réalisé par Anne Kessler, de la Comédie-Française, et qui accompagne chaque publication de #joiedujour sur les réseaux sociaux.

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Demain, mercredi 13 mai à 18 h 30, Muriel Réus sera la 13 ème au micro des Entre Voix confinés.
Lieutenant Colonel RCDS Gendarmerie Nationale, Présidente et Fondatrice de l’association Femmes avec, Muriel Réus est de toute évidence très impliquée par la montée de la violence faite aux femmes pendant le confinement et a lancé plusieurs nouvelles actions qu'elle détaillera et que vous pouvez retrouver sur le site de l'association.

Ce site est en refonte et je consacrerai ultérieurement un article de fond sur le travail de cette femme d'exception ... et libre.

Elle a choisi comme musique de fin la si émouvante chanson de Julien Clerc : Femmes je vous aime

Vous pouvez écouter l'émission en podcast en suivant ce lien.

lundi 11 mai 2020

Divin divan de et avec Mikael Bianic

Je connais Mikaël Bianic depuis quelques années et suffisamment en tout cas pour avoir constaté qu’il aime bien faire l’andouille. Ça me rend vivant, m'avait-t-il dit.

N’allez pas croire pour autant qu’il n’est pas sérieux. S’il vous promet un jour quelque chose soyez assurés qu’il mettra tout en cause pour la concrétiser.

Et sous des abords un peu loufoques son spectacle divin divan!  est tout à fait sérieux. Je devais en parler sur le blog il y a quelque temps en essayant de m'approcher d'une date de programmation mais avec ce foutu virus plus personne n'a de visibilité sur son calendrier.

Depuis quelques mois le spectacle se jouait dans un espace inattendu, la cave du Connétable, qui fait office de café-théâtre pouvant accueillir une bonne trentaine de personnes.

Sachant pertinemment que chacun a peur de l’autre et que c’est tout de même à lui de mettre le public à l’aise l'artiste ne l'abandonne jamais à sa condition de spectateur. Il fait l'ouvreuse en descendant avec lui et en veillant à son installation. Tout en respectant une certaine distance (qu'on ne s'inquiète donc pas à la reprise du spectacle après le confinement) il pulvérise carrément ce qu'on appelle au théâtre le quatrième mur.

dimanche 10 mai 2020

Le chien de Schrödinger de Martin Dumont

Le chien de Schrödinger est dans la Sélection anniversaire des 68 premières fois par la volonté de Gabrielle Tuloup, dont j'ai énormément aimé le second roman, Sauf que c'étaient des enfants, récemment chroniqué.

J'avais lu le titre un peu trop fugitivement, et j'avais fait un lien avec le spectacle musical de Samuel Sené, qui a reçu 7 nominations et 4 statuettes aux Trophées de la comédie musicale 2019 : Meilleur livret, Meilleure musique, Meilleure mise en scène, Révélation féminine (Juliette Behar). 

Intitulé L'homme de Schrödinger je l'avais vu au Festival d'Avignon l'été dernier. Je revoyais les scènes de cette incroyable histoire d’amour entre un indécis chronique et une femme qui joue sa vie à pile ou face. Bien entendu l'intitulé du livre de Martin Dumont ne pouvait qu'être une référence directe à la physique quantique et aux probabilités étudiées par le théoricien Erwin Schrödinger.

Je peux dire que la couverture ne me tentait pas, et que je craignais un roman très complexe, difficile à comprendre. Autant le dire sans plus tarder, j'ai énormément aimé ce livre pour sa sensibilité, sa justesse de ton. Les phrases sont concises, mais pesant leur poids de sens. Martin Dumont les ordonne avec une maitrise stupéfiante, ou pas si on considère que son métier d'architecte naval l'entraine à s'y connaitre en équilibre. Un premier roman remarquable qui laisse espérer un excellent second, dont on sait dont la sortie est maintenant imminente, toujours chez Delcourt, sous le titre Les Avrils.

Schrödinger est cité en exergue en comparaison entre le défaitisme de Shöpenhauer et l'optimisme de Leibniz. Et s'il n'y avait pas de juste milieu ? Ou plutôt si on pouvait être à la fois l'un et l'autre comme Françoise Giroud l'a souvent exprimé pour définir son tempérament.

Ayant lu le titre un peu trop vite, je m'attendais à trouver un chat, ... ou un chien à la rigueur. Surtout que Le chat de Schrödinger a déjà été écrit (par Philippe Forest, collection Blanche chez Gallimard, en 2013). Et que personne n'a jamais su pourquoi le Prix Nobel n'a pas mis dans sa boite un rat ou un autre animal, ni si c'était son propre chat qui lui avait inspiré sa théorie.

Le début de l'histoire m'a totalement déstabilisée. Plutôt agréablement malgré le contexte assez sombre. On ne contrôle pas tout prévient Jean dans les premières pages (p. 19). Le narrateur est chauffeur de taxi (comme un des personnages de Grand frère, un autre livre de la Sélection). Dieu qu'il aimerait, du moins comprendre ce qui est arrivé, ne pas naviguer sa vie à vue.

samedi 9 mai 2020

La tourte à la pâte filo de Cyril Lignac

Les propositions de Cyril Lignac sont vraiment tentantes. Détestant la précipitation je préfère attendre le lendemain, ou quelques jours pour me lancer dans leur réalisatio

Bien entendu je ne ferai pas tout mais cette tourte à la pâte filo m'a vraiment fait envie. Hélas je n'ai pas été convaincue, le fond de tarte étant détrempé après la cuisson. Peut-être recommencerai-je en cuisant dans un four plus chaud.

J'avoue que j'ai peut-être ma responsabilité en ayant cuit la tourte dans un four à 180° (alors que Cyril recommandait 200°) parce que je profitais du four pour faire cuire des brioches en même temps.

Voilà en tout cas la marche à suivre sachant que la liste des ingrédients figure à la fin de l'article.

On verse un trait d’huile d’olive (un tout petit peu, et j’ai pris une huile neutre avec pépins de raisin) dans une poêle, avec les champignons émincés. On assaisonne de sel fin et laisse cuire quelques minutes. Quand ils ont perdu leur eau naturelle (c'est important), on ajoute une noix de beurre pour les glacer, et on laisse caraméliser (je n’ai pas eu besoin de le faire car ils étaient déjà dorés) avec ½ cuillerée à café d’ail haché et le persil haché. Il ne faut pas poivrer à ce stade. On réserve.

On dépose la première feuille filo beurrée des deux côtés dans un moule à tarte beurré. (C'est le principe d'une pastilla). Déposer les autres feuilles filo beurrées des deux côtés (dans la recette écrite, Cyril indique de beurrer les deux côtés mais dans l'émission il précise qu'un seul... c'est largement suffisant. Je n'ai donc beurré qu'un côté, celui du dessous.

vendredi 8 mai 2020

Entre Voix confiné avec Adeline Dieudonné

La découverte, en 2018, du premier roman d'Adeline Dieudonné aux éditions de Éditions de L'Iconoclaste, La Vraie Vie, avait été pour moi un vrai choc.

Je ne fus pas la seule à manifester mon enthousiasme. Le livre a remporté au moins 15 prix littéraires.

Cette auteure explique dans cet Entre Voix confiné, récoltable ici, pourquoi le Covid l'amène à devoir reprendre l'écriture de son prochain roman.

Elle vit en colocation et raconte comment elle estime avoir trouvé le contexte idéal pour bien vivre ce confinement et en quoi sa vie de quartier, au coeur de Bruxelles, a été modifiée.  Il est intéressant de constater que l'absence de gouvernement n'a pas arrêté la vie, et plusieurs idées d'entraide sont à reprendre...

Le livre de recettes auquel elle fait référence à la fin de l’entretien est celui du chef Yotam Ottolenghi, cuisinier anglo-israélien installé à Londres et auteur (à succès) de nombreux ouvrages culinaires, édités en France chez Hachette. Elle indique que sa dernière expérience gustative est une Shakshuka … Ce chef s'est lui-même beaucoup copié et a proposé plusieurs déclinaisons de ce plat. Vous en trouverez une page 66 de son livre Jerusalem qui est autant un livre dédié au voyage qu'à la cuisine et que j'aime particulièrement.

Elle avait choisi comme musique de fin une chanson qui fait écho à ce que nous vivons tous : Ain’t Got no - I Got Life de Nina Simone.

Ce billet est illustré d'une photo prise au dernier salon Livre Paris au printemps 2019.

jeudi 7 mai 2020

Entre Voix confiné avec Esteban Perroy

Quel bonheur d'avoir pu joindre au téléphone Esteban Perroy pour un Entre Voix confiné. Cet humaniste donne sa vision de la "réponse collective que les artistes peuvent donner à notre monde qui saigne".

Toute l'émission peut-être réécoutée ici.

Ce comédien, auteur et metteur en scène, pianiste, animateur et scénographe d'événements internationaux, qui fut improvisateur et chroniqueur sur Nova, France Inter et Ciné-Cinéma, et qui est directeur depuis 1998 de l'École Française d'Improvisation Théâtrale est resté ultra actif depuis le début de la crise, tout en respectant le confinement.

Il anime depuis mars un live quotidien du lundi au vendredi à 14h30 sur Instagram : Inside Out. Il poursuit ses cours d'impro via Zoom et cet outil lui permettra même après la crise de pouvoir proposer l'enseignement à des personnes qui ne peuvent pas facilement se déplacer ou qui résident loin de la région parisienne.

En 2020 il publie deux nouveaux ouvrages : une adaptation théâtrale à six personnages des Hauts de Hurlevent avec Thierry Frémont et un recueil de récits ésotériques : Les Contes de la Blanche-Nuit.

Evidemment le confinement a stoppé les représentations du spectacle d’improvisation culte qui se jouait le dimanche soir depuis 13 ans Colors, et qui depuis deux ans se produisait au Théâtre de la Pépinière avec une personnalité surprise à chaque fois. Ce spectacle mythique est maintenue, ... sur Instagram, à l'horaire habituel, dans une formule un peu modifiée mais toujours créative.

Il avait choisi comme musique de fin At last d'Etta James.
Ce billet est illustré d'une photo prise en février 2020 au Théâtre de la Pépinière à la fin du spectacle.
Les critiques de ses derniers spectacles sont .

mercredi 6 mai 2020

Entre Voix confiné avec Dédeine Volk-Léonovitch

J'ai rendez-vous chaque matin avec Dedeine Volk-Léonovitch pour juste une vingtaine de secondes, mais je ne le manquerais pour rien au monde.

J'ai complètement adopté la petite souris que cette comédienne fait parler chaque jour sur Facebook pour distraire les personnes âgées d'un Ehpad ... et un public de plus en plus fidèle.

Elle raconte la naissance de ce personnage au cours de cet Entre Voix confiné que vous pouvez réécouter ici.

Elle confie aussi ses projets, avec optimisme et réalisme. Elle avoue ressentir le manque physique d'être sur scène et annonce qu'elle rejouera l'Ombre (écrit par Alma Brami, qui fut invitée dans un Entre Voix classique en décembre 2019) avec une envie décuplée, toujours au Théâtre du Gymnase dès que ce sera envisageable.

Est-ce par optimisme qu'elle a choisi comme musique de fin ce si célèbre succès de Queens, We are the champions ?

Ce billet est illustré d'une photo prise l'automne dernier au Théâtre du Gymnase Marie Bell à la fin du spectacle L'ombre, mis en scène par Dimitri Rataud.

mardi 5 mai 2020

Entre Voix confiné avec Miguel-Ange Sarmiento

J'ai hésité à la meilleure façon de présenter Miguel-Ange Sarmiento qui est le septième invité des Entre Voix confinés car cet artiste a de nombreuses cordes à son arc. Il est comédien, chanteur, professeur de théâtre, ... et tant d'autres choses encore.

Je le connais depuis de longues années et son talent provoque la surprise pour chacun de ses spectacles, chroniqués ici.

Nous aurions pu facilement passer une heure ensemble. C'était d'ailleurs prévu, pour un Entre Voix classique, dans les studios de Needradio mais les grèves de transport de la fin 2019 nous ont obligés à remettre à mi-mars ... et voilà que le confinement nous a contraints une fois de plus à remettre.

Il explique avec philosophie comment il apprend à "négocier avec le temps" et songe à vivre différemment. Il se livre à une analyse très juste de la situation des artistes et du festival d’Avignon avant d'envisager plusieurs scénarios.

Vous l'entendrez à la fin interpréter Soy qui est une chanson qu’il a adaptée en espagnol.

Ce billet est illustré d'une photo prise en 2016 pendant le récital Jukebox d'émotions, programmé à Paris au théâtre Les Rendez-Vous d’Ailleurs.

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