Pour le moment disons simplement que pour une première c'est un coup de maître. Le format inhabituel à l'italienne (qui permet des vignettes plus grosses) n'a pas été mis en cause par l'éditeur qui a reçu la proposition par la Poste et a aussitôt dit oui.
Rien n'a bougé depuis la maquette. Et Alex W. Inker a de quoi se réjouir puisque après avoir été remarqué au dernier festival de la BD d'Angoulême, il a reçu le Prix Polar SNCF 2017 pour cet ouvrage.
Le tracé est exigeant mais accessible et populaire, ancré dans le Paris des années trente. On sent l'influence de Céline (assumée par l'auteur) avec beaucoup d'expressions argotiques, traduites en notes de bas de page lorsque c'est utile.
On apprend ainsi que les bourres (p. 41) sont des gendarmes ou des policiers. Auparavant on a su qui était un peu apache (p. 29) ... un peu julot aussi (proxénète).
Apache (voyou en argot) est une BD sombre et sourcée qui s'ancre dans le Paris des années 30 et met en scène des personnages désaxés au funeste destin.
Paris, début des années 1920. Un vieux bouclard du quartier de la Bastille. Un serveur derrière le comptoir nettoie ses verres en rêvant, manches relevées, tatouages apparents sur des bras musclés et blancs. La nuit est tombée, la porte s’ouvre. Entre une très jeune et très jolie métisse, cheveux courts, garçonne, la silhouette fine. La femme est accompagnée d’un homme d’un certain âge, gros, riche, transpirant et essoufflé. Son micheton sans doute. Bientôt viendra les rejoindre le chauffeur de l’homme riche, aussi louche que patibulaire… Dans un huis clos étouffant leurs histoires vont se mêler, histoires de tranchées, de vols, de courses, de frangins, d’amour et de trahison. Au bout, il y aura la mort pour deux des quatre protagonistes. Oui, mais pour qui la faucheuse ?
Il s'appelle Alexandre Widendaele mais estimant son patronyme difficilement prononçable il a pris comme nom de plume W. Inker, pour affirmer son goût pour l'encrage, et en a profité pour raccourcir son prénom.
La BD, il la connait depuis toujours et n'a jamais cessé de dessiner, mais à sa sortie de l’Institut Saint-Luc de Bruxelles en Bande dessinée en 2006, il enchaine sur un Master 2 de cinéma, et devient ensuite professeur à l’université de Lille 3 où il enseigne à ses élèves les liens entre cinéma et BD.
Et puis, un jour, il décide de faire sa bande dessinée. Premier geste : s'acheter un Moleskine, vous savez, la marque légendaire qui fait référence à un de ces carnets des artistes et des intellectuels des deux derniers siècles, de Vincent Van Gogh à Pablo Picasso, en passant par Ernest Hemingway et Bruce Chatwin qui lui donne son nom dans Le chant des pistes. Un simple rectangle noir, des angles arrondis, une couverture retenue par un élastique, une pochette intérieure.
L'objet seul ne suffisait pas. Par hasard, ou par chance, un numéro de L’Illustration datant de 1932 se trouvait à portée de main. Il y était question d'une course hippique à Longchamp Cela pouvait être un début. Ensuite le scénario et les personnages puisent largement dans l’univers du film noir. Alex s'est documenté sur les années 30 et sur Cayenne. Puis il s'est laissé influencer par ses lectures, Albert Londres sur l’histoire des bagnes, Genevoix et Jünger pour la Première Guerre mondiale, et Céline dont il venait d'achever Mort à crédit.
Il a créé un nuancier de couleurs avec des tirages d’époque pour donner une patine à ses planches, comme si elles avaient été crayonnées précisément dans les années 30. Le orange dominait, comme celui qu'on peut voir dans Félix le chat. Ajoutons que la casse est belle, très lisible en capitales d'imprimerie.
Il s'avoue être inconditionnel de Renoir et subir son influence, même inconsciente, dans la construction de certaines vignettes, ce qu'il réalise après coup. Au cinema son polar préféré n'a rien à voir avec le Paris des années 30. C'est le Los Angeles des années 90 qu'il peut regarder plusieurs fois par an avec le film Heat, tourné en 1995 par Michael Man avec de Niro et Al Pacino.
Alex a déjà réalisé le prochain, Panama Al Brown, l’énigme de la force, qui paraîtra bien entendu lui aussi chez Sarbacane le 06 septembre prochain. Souhaitons que le résultat soit aussi surprenant et audacieux !
Rien n'a bougé depuis la maquette. Et Alex W. Inker a de quoi se réjouir puisque après avoir été remarqué au dernier festival de la BD d'Angoulême, il a reçu le Prix Polar SNCF 2017 pour cet ouvrage.
Le tracé est exigeant mais accessible et populaire, ancré dans le Paris des années trente. On sent l'influence de Céline (assumée par l'auteur) avec beaucoup d'expressions argotiques, traduites en notes de bas de page lorsque c'est utile.
On apprend ainsi que les bourres (p. 41) sont des gendarmes ou des policiers. Auparavant on a su qui était un peu apache (p. 29) ... un peu julot aussi (proxénète).
Apache (voyou en argot) est une BD sombre et sourcée qui s'ancre dans le Paris des années 30 et met en scène des personnages désaxés au funeste destin.
Paris, début des années 1920. Un vieux bouclard du quartier de la Bastille. Un serveur derrière le comptoir nettoie ses verres en rêvant, manches relevées, tatouages apparents sur des bras musclés et blancs. La nuit est tombée, la porte s’ouvre. Entre une très jeune et très jolie métisse, cheveux courts, garçonne, la silhouette fine. La femme est accompagnée d’un homme d’un certain âge, gros, riche, transpirant et essoufflé. Son micheton sans doute. Bientôt viendra les rejoindre le chauffeur de l’homme riche, aussi louche que patibulaire… Dans un huis clos étouffant leurs histoires vont se mêler, histoires de tranchées, de vols, de courses, de frangins, d’amour et de trahison. Au bout, il y aura la mort pour deux des quatre protagonistes. Oui, mais pour qui la faucheuse ?
Il s'appelle Alexandre Widendaele mais estimant son patronyme difficilement prononçable il a pris comme nom de plume W. Inker, pour affirmer son goût pour l'encrage, et en a profité pour raccourcir son prénom.
La BD, il la connait depuis toujours et n'a jamais cessé de dessiner, mais à sa sortie de l’Institut Saint-Luc de Bruxelles en Bande dessinée en 2006, il enchaine sur un Master 2 de cinéma, et devient ensuite professeur à l’université de Lille 3 où il enseigne à ses élèves les liens entre cinéma et BD.
Et puis, un jour, il décide de faire sa bande dessinée. Premier geste : s'acheter un Moleskine, vous savez, la marque légendaire qui fait référence à un de ces carnets des artistes et des intellectuels des deux derniers siècles, de Vincent Van Gogh à Pablo Picasso, en passant par Ernest Hemingway et Bruce Chatwin qui lui donne son nom dans Le chant des pistes. Un simple rectangle noir, des angles arrondis, une couverture retenue par un élastique, une pochette intérieure.
L'objet seul ne suffisait pas. Par hasard, ou par chance, un numéro de L’Illustration datant de 1932 se trouvait à portée de main. Il y était question d'une course hippique à Longchamp Cela pouvait être un début. Ensuite le scénario et les personnages puisent largement dans l’univers du film noir. Alex s'est documenté sur les années 30 et sur Cayenne. Puis il s'est laissé influencer par ses lectures, Albert Londres sur l’histoire des bagnes, Genevoix et Jünger pour la Première Guerre mondiale, et Céline dont il venait d'achever Mort à crédit.
Il a créé un nuancier de couleurs avec des tirages d’époque pour donner une patine à ses planches, comme si elles avaient été crayonnées précisément dans les années 30. Le orange dominait, comme celui qu'on peut voir dans Félix le chat. Ajoutons que la casse est belle, très lisible en capitales d'imprimerie.
Il s'avoue être inconditionnel de Renoir et subir son influence, même inconsciente, dans la construction de certaines vignettes, ce qu'il réalise après coup. Au cinema son polar préféré n'a rien à voir avec le Paris des années 30. C'est le Los Angeles des années 90 qu'il peut regarder plusieurs fois par an avec le film Heat, tourné en 1995 par Michael Man avec de Niro et Al Pacino.
Alex a déjà réalisé le prochain, Panama Al Brown, l’énigme de la force, qui paraîtra bien entendu lui aussi chez Sarbacane le 06 septembre prochain. Souhaitons que le résultat soit aussi surprenant et audacieux !
Apache de Alex W. Inker. chez Sarbacane, en librairie depuis mars 2016
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire