J'aurais bien voulu voir ce Cabaret Louise en Avignon parce que j'avais apprécié Dieu est mort, interprété par les deux mêmes comédiens. Par chance sa programmation au Funambule m'en a fourni l'occasion.
Les spectateurs sont immédiatement dans l'ambiance puisque Charlotte Zotto et Régis Vlachos leur souhaitent la bienvenue dans la file d'attente, ce qui est extrêmement sympathique et donne le ton.
Ils prennent la parole d'abord en tant qu'Edouard, qui s'annonce rock star né le 4 mai 1068 à Versailles et Simone ... de Belleville ... pour nous raconter la vie de Louise Michel, qui se battit toute sa vie pour une vie plus juste.
La scène de ce "cabaret" a des allures de piste de cirque. L'humour est une caractéristique du travail de Régis Vlachos, qui revendique un coté clownesque sans cependant faire aucune concession au sérieux des propos.
Il a sans doute voulu contrebalancer l'aspect tragique de la destinée peu ordinaire de cette féministe, née le 29 mai 1830 en Haute-Marne, de père inconnu. Elle aura été institutrice, militante anarchiste, franc-maçonne, la première à arborer le drapeau noir, popularisé depuis, et sous son action, au sein du mouvement libertaire.
Elle fut surtout l’une des figures majeures de la Commune de Paris en 1871. Capturée en mai, elle est déportée en Nouvelle-Calédonie où elle se convertit à la pensée anarchiste. Elle revient en France en 1880, et multiplie les manifestations et réunions en faveur des prolétaires. Elle reste surveillée par la police et est emprisonnée à plusieurs reprises, mais poursuit son militantisme politique dans toute la France, jusqu'à sa mort à l'âge de 74 ans le 9 janvier 1905 à Marseille.
On croisera au cours de la soirée des personnages dont on surprend des travers inconnus comme Victor Hugo, Théophile Ferré, Jules Ferry et Adolphe Thiers.
Mais aussi, et c'est inattendu, un des ouvriers de l'usine marseillaise de Fralib (seul site de fabrication en France des thés Lipton et des infusions Eléphant créé en 1896 à Marseille) qui après avoir lutté contre le géant anglo-néerlandais de l'agroalimentaire Unilever a créé la marque de thés et d'infusions, "1336", en référence au nombre de jours de grève. Peut-on croire que cet évènement aurait été influencé par la présence de Louise Michel dans la ville et par son tempérament, inspirateur de combats bien après sa disparition ?
Je ne suis pas sûre que tous les spectateurs auront compris l'intervention faite, par un technicien mal à l'aise (et on le comprend puisqu'elle se glisse dans une sorte de "temps mort") interprétant un des 182 salariés licenciés de l'usine, avant sa fermeture en 2012. La collusion entre petite et grande histoire méritait d'être plus développée et plus limpide.
Comme toujours aussi dans les spectacles de Régis Vlachos, la musique a une importance très particulière. On entendra des morceaux aussi variés que Georges Moustaki, Sans la nommer (1979) (celle qui s'appelle révolution permanente et qui aurait pu être le surnom de Louise Michel), Johnny Hallyday et Gaëtan Roussel, le chanteur de Louise Attaque dont on apprécie toujours J't'emmène au vent, (1997), complètement légitime puisqu'il a composé en 2008 la musique du film Louise Michel. Et bien entendu l'inévitable (et éternellement émouvant) Temps des cerises.
La poésie est tout autant essentielle. L'auteur cite notamment René Char pour qui la lucidité est la blessure la plus proche du soleil et nous donne l'occasion de découvrir Le forgeron d'Arthur Rimbaud.
Cabaret Louise est un spectacle engagé ... qui a le potentiel pour être davantage engageant même si les digressions sur le contexte politique actuel ne sont -de mon point de vue- pas suffisamment abouties. La situation du Funambule au coeur de Montmartre, donc sur un des sites où se sont déroulés les faits historiques aurait mérité d'être exploitée. La soirée oscille entre restitution historique, démonstration pédagogique, hommage et divertissement. C'est beaucoup d'ingrédients !
Cabaret Louise de Régis VlachosLes spectateurs sont immédiatement dans l'ambiance puisque Charlotte Zotto et Régis Vlachos leur souhaitent la bienvenue dans la file d'attente, ce qui est extrêmement sympathique et donne le ton.
Ils prennent la parole d'abord en tant qu'Edouard, qui s'annonce rock star né le 4 mai 1068 à Versailles et Simone ... de Belleville ... pour nous raconter la vie de Louise Michel, qui se battit toute sa vie pour une vie plus juste.
La scène de ce "cabaret" a des allures de piste de cirque. L'humour est une caractéristique du travail de Régis Vlachos, qui revendique un coté clownesque sans cependant faire aucune concession au sérieux des propos.
Il a sans doute voulu contrebalancer l'aspect tragique de la destinée peu ordinaire de cette féministe, née le 29 mai 1830 en Haute-Marne, de père inconnu. Elle aura été institutrice, militante anarchiste, franc-maçonne, la première à arborer le drapeau noir, popularisé depuis, et sous son action, au sein du mouvement libertaire.
Elle fut surtout l’une des figures majeures de la Commune de Paris en 1871. Capturée en mai, elle est déportée en Nouvelle-Calédonie où elle se convertit à la pensée anarchiste. Elle revient en France en 1880, et multiplie les manifestations et réunions en faveur des prolétaires. Elle reste surveillée par la police et est emprisonnée à plusieurs reprises, mais poursuit son militantisme politique dans toute la France, jusqu'à sa mort à l'âge de 74 ans le 9 janvier 1905 à Marseille.
On croisera au cours de la soirée des personnages dont on surprend des travers inconnus comme Victor Hugo, Théophile Ferré, Jules Ferry et Adolphe Thiers.
Mais aussi, et c'est inattendu, un des ouvriers de l'usine marseillaise de Fralib (seul site de fabrication en France des thés Lipton et des infusions Eléphant créé en 1896 à Marseille) qui après avoir lutté contre le géant anglo-néerlandais de l'agroalimentaire Unilever a créé la marque de thés et d'infusions, "1336", en référence au nombre de jours de grève. Peut-on croire que cet évènement aurait été influencé par la présence de Louise Michel dans la ville et par son tempérament, inspirateur de combats bien après sa disparition ?
Je ne suis pas sûre que tous les spectateurs auront compris l'intervention faite, par un technicien mal à l'aise (et on le comprend puisqu'elle se glisse dans une sorte de "temps mort") interprétant un des 182 salariés licenciés de l'usine, avant sa fermeture en 2012. La collusion entre petite et grande histoire méritait d'être plus développée et plus limpide.
Comme toujours aussi dans les spectacles de Régis Vlachos, la musique a une importance très particulière. On entendra des morceaux aussi variés que Georges Moustaki, Sans la nommer (1979) (celle qui s'appelle révolution permanente et qui aurait pu être le surnom de Louise Michel), Johnny Hallyday et Gaëtan Roussel, le chanteur de Louise Attaque dont on apprécie toujours J't'emmène au vent, (1997), complètement légitime puisqu'il a composé en 2008 la musique du film Louise Michel. Et bien entendu l'inévitable (et éternellement émouvant) Temps des cerises.
La poésie est tout autant essentielle. L'auteur cite notamment René Char pour qui la lucidité est la blessure la plus proche du soleil et nous donne l'occasion de découvrir Le forgeron d'Arthur Rimbaud.
Cabaret Louise est un spectacle engagé ... qui a le potentiel pour être davantage engageant même si les digressions sur le contexte politique actuel ne sont -de mon point de vue- pas suffisamment abouties. La situation du Funambule au coeur de Montmartre, donc sur un des sites où se sont déroulés les faits historiques aurait mérité d'être exploitée. La soirée oscille entre restitution historique, démonstration pédagogique, hommage et divertissement. C'est beaucoup d'ingrédients !
Avec Charlotte Zotto, Régis Vlachos ... et le régisseur lumières du spectacle
Mise en scène Marc Pistolesi
Création lumières Johanna Garnier
Photos Xavier Cantat
Compagnie du Grand Soir
Du 4 septembre au 30 octobre 2018, tous les mardis à 19 h 30
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