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vendredi 21 mars 2025

Le voyage de monsieur Perrichon mis en scène par Frederique Lazarini

J’ai embarqué hier soir au 45 rue Richard Lenoir directement pour Chamonix en compagnie d’une famille loufoque, surtout le père (Cédric Colas). Nous y allions pour chanter, danser et voir le grand spectacle de la nature.

Nous avons affronté plusieurs dangers et ce fut une chance que l’aubergiste (Guillaume Veyre) était débrouillard. Deux charmants jeunes hommes furent de grands secours. Daniel (Arthur Guézennec) joua les Rodrigue, essayant de prouver qu’il avait du cœur. Armand (Hugo Givort) faillit être le dindon de la farce.

Pas question de m’immiscer dans leurs affaires. Je ne suis pas de celles qui s’imposent. Ce serait de l’indiscrétion. La tête tournait à Henriette (Messaline Paillet) mais en jeune fille bien élevée et se rangea à l’avis de sa mère (Emmanuelle Galabru).
Ce n’est pas si fréquent de voyager en si bonne compagnie. Nous avons sympathisé. Madame m’a donné des cours de jardinage. Monsieur m’a initiée à la magie de la cueillette des pommes.
Ah oui vraiment ces Perrichon gagnent à être connus. Je vous recommande le voyage. Billet à prendre auprès de Frédérique Lazarini à l’Artistic Athevains du mardi au dimanche, à divers horaires, jusqu’au 29 avril.

Sinon, il vous faudra ensuite programmer votre séjour au Festival d’Avignon où ils poseront leurs valises, au théâtre du Chêne noir pour démarrer à 10 heures du matin.

A me lire ne croyez pas que j'ai déraillé. C'est que l'enthousiasme qui se dégage du spectacle est communicatif. J'écris le plus souvent des critiques "sérieuses". Celle-ci l'est mais en m'amusant à emprunter des éléments dans les biographies des comédiens. Je l'ai publiée sur les réseaux mais pourquoi vous en priverais-je ?

S'il vous faut des éléments plus parlants je dirais que l'essentiel du décor nous transporte dans chaque lieu par mapping, et les créations video d'Hugo Givort sont carrément formidables. Voir -par exemple- Cédric Colas se prendre un sapin est vraiment du grand comique. Ce qui est réussi c'est l'absence de grotesque pour rendre compte de situation qui le sont.
Au départ, on ne voit au centre qu'un simple banc sur un disque. Et à jardin l’esquisse d’un écran de cinéma auquel en répond un autre à cour. J'imagine que vous aussi serez impressionné par le bruit et l'allure de la locomotive qui arrive droit sur nous, celle-là même qui figure sur l'affiche … réalisée dans le pur esprit de celles qui étaient placardées sur le moindre espace disponible au XIX° siècle comme vous pourrez en voir dans l'exposition L'art est dans la rue, qui bien de commencer au musée d'Orsay.

La famille Perrichon -encombrée de skis- s'apprête à prendre le train pour la première fois et rien n'est simple quand on ne sait pas comment s'y prendre. Dialoguer avec un haut-parleur n'est pas le plus commode. Mais que ne ferait pas un papa pour élever les idées de son enfant ?

Et que ne feraient pas des amoureux pour conquérir le coeur de leur belle ? Ils sont deux, aussi semblables que Dupond et Dupont, chapeau melon en moins. Amis dans la vie, rivaux sur les cimes, se jurant une lutte loyale (le sera-t-elle ? A vous d'en juger), ce qui ne les empêchera pas de commencer par une bataille de boules de neige.

Les péripéties vont s'enchainer allègrement, compliqués par des quiproquos, et entrainer autant de rebondissements dans la conquête de l'amour. Le spectateur ne se lasse pas un instant parce que d'une part les comédiens jouent à la perfection le comique de situation et que d'autre part ils dansent joliment, composant une (presque) comédie musicale. Frédérique Lazarini a trouvé beaucoup d'astuces de mise en scène pour rendre leurs aventures crédibles, en usant parfois de la gestuelle burlesque de Tati ou de Buster Keaton.

Quelques répliques sont cultes : Pourquoi les Français si spirituels chez eux sont-ils si bêtes en voyage ? (…) Quand je pense que j’ai été comme ça ….

Beaucoup sont frappées au coin du bon sens : Il y a de la noblesse à reconnaître ses torts. (…) Les gens qui s’imposent, c’est de l’indiscrétion(…) Un conseil : parlez moins haut quand vous serez près d’une porte !
Tout cela pour dire que, sous prétexte de comédie, le propos est plus sérieux qu'il n'y parait. Face à un choix difficile, et après plusieurs tergiversations, la raison s'accordera avec le coeur. Car si les voyages forment la jeunesse ils attendrissent la vieillesse.

Et puis, comme le disait à juste titre Winston Churchill : Il n'y a aucun mal à changer d'avis. Pourvu que ce soit dans le bon sens.
Le voyage de monsieur Perrichon d'Eugène Labiche
Mis en scène par Frédérique Lazarini
Avec Cedric Colas, Emmanuelle Galabru, Arthur Guezennec, Hugo Givort, Messaline Paillet et Guillaume Veyre
Scénographie de Francois Cabanat
Création vidéo de Hugo Givort et lumières de Xavier Lazarini
Costumes de Dominique Bourde et Isabelle Pasquier
Création sonore et musicale de Francois Peyrony
Du 30 janvier au 29 avril 2025
A l'Artistic Athévains - 45 rue Richard Lenoir - 75011 Paris
Du mardi au dimanche, avec deux représentations le samedi

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