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vendredi 7 mars 2025

La haute-couture serbe pendant la Fashion Week

C'est la troisième année que la Fashion week de Serbie défile à Paris.

Quatre grands couturiers y ont présenté leurs collections dans le cadre élégant de la Galerie Bourbon, 79 bis avenue Marceau, et sous la houlette de Romain Hulin Boulais (à gauche) et Greg Alexander (à droite), de Méphistophélès Productions, encadrant Suzana Perić.

Le bâtiment fut construit en 1860 pour être la résidence de la famille royale d’Espagne avant de devenir la demeure de Pierre-Georges Latécoère, figure de l’aviation postale, qui y créa la poste aérienne "Transcontinentale" reliant la France et l’Europe à l’Afrique Occidentale et à l’Amérique du sud, comme le mentionne une plaque commémorative à l'entrée, et à propos duquel je reviendrai dans les prochains jours, après ma visite de l'installation Poste restante, escales sur la ligne dont l'inauguration aura lieu le 11 mars prochain.

Nous devrions ce matin nous envoler sous de tels auspices. Cette publication respecte l'ordre chronologique de la matinée. Mais, pour chaque défilé, je n'ai pas placé les photos en suivant le déroulé, de manière à faire ressortir les grandes lignes de chacun. J'ai, dans toute la mesure du possible, et lorsque cela apportait quelque chose de plus, j'ai décidé de montrer les modèles de dos et de face.

1- Houida Baridi fut la première à ouvrir le bal :

Elle a créé sa maison de couture à Dubaï en 1999 et a vite acquis une forte notoriété dans le monde arabe. Elle m'a confié en fin de matinée qu'elle avait à coeur de tout faire elle-même y compris le minutieux travail de mosaïque avec les nacres.

Ses collections ont été présentées dans des villes comme Damas, Paris, Rome, Londres, Saint-Pétersbourg, Milan et Beyrouth. Son travail  fusionne le charme oriental avec les styles occidentaux modernes, s’inspirant souvent de ses racines syriennes. Son dévouement lui a valu une reconnaissance mondiale, notamment un doctorat en créativité, et des distinctions du Conseil des femmes d’affaires arabes et inspirées contemporaines.

Intitulée "Allure artisanale", cette collection est sa façon de transformer des souvenirs d’enfance en art vivant. La nacre, autrefois sertie en mosaïque, scintille désormais sur le tissu. Les motifs de vitraux des maisons historiques prennent une nouvelle forme dans des matériaux rayonnants. Le cuir, façonné en silhouettes audacieuses, est orné de détails sculpturaux inspirés des sculptures sur pierre anciennes. Les pierres précieuses font harmonieusement fusionner couture et haute joaillerie. Chaque pièce reflète l’âme de l’artisanat traditionnel réinventé à travers un prisme contemporain. Au-delà de la mode cette collection se réclame être une célébration de l’histoire, du talent artistique et de l’esprit durable de l’excellence faite à la main.
 
Le premier modèle créé la surprise avec son inspiration XVIII° qui se lit dans ce bustier baleiné et lacé dans le dos, dans un tissu évoquant la peau d'un serpent et la jupe de tulle, raccourcie puisque nous ne vivons plus à cette époque fastueuse.
Nous allons en découvrir une variante plus longue un peu plus tard
Un autre élément rappelle la cour du roi soleil avec ce panier à coudes placé sur un fourreau (ce qui est un comble puisque logiquement cet artifice devait permettre au tissu de s'étaler, devrait-on y voir une pointe d'humour ?), en lamé or, une des couleurs favorites à la cour, avec l'argent que l'on verra dans la suivante …
 où le fendu fait office de transparence.
La broderie ton sur ton et le rembourrage des épaules est une autre composante.
Ci-dessus en version courte, ci-dessous en version longue, vert d'eau ou paille
Accompagnées d'une musique appropriée, les influences orientales apparaissent avec la prochaine, au bustier qui devient un véritable bijou et qui, elle aussi, s'amuse de la transparence. La galerie Bourbon devient avec elle l'antichambre d'un palais ou d'un château, ce que confirme le port d'un diadème.
La créatrice nous embarque cette fois au XIX° dont elle reprend les fameuses manches gigot d'un corsage corsetant la poitrine, affinant la taille sur une jupe à crinoline. Admirez le contraste entre les tissus à la fois en terme de couleur et de matière. Chaque détail est pensé, jusqu'à la découpe des poignets qui allongent les bras.
Les fleurs, brodées, plaquées ou rapportées comme des bijoux sont une autre caractéristique du défilé.
Avec une touche de danseuse flamenco, qui décale l'exotisme
Mais c'est sans doute ce modèle qui suscite le plus d'admiration tant ce champ de fleurs est surprenant de beauté
A moins que ce ne soient les trois suivantes, courtes ou longues, brillantes de nacres, splendide comme des vitraux.
On termine avec plus classique mais tout autant somptueux. les robes sont accompagnées de sacs à main qui en sont l'accessoire indispensable 
Houida Baridi saluera en compagnie de la robe de mariée, qui s'avancera sur un air de piano et de violon, dont on croit la présence incontournable mais qui sera la seule d cela matinée. 

2 - Suzana Perić fut la seconde femme à nous enchanter.

Son parcours dans la mode de luxe marque depuis 27 ans une immense créativité, faisant d'elle une créatrice serbe de premier plan connue pour son excellence et reconnue pour son innovation dans l’industrie de la mode.

Après avoir terminé ses études à l’AMD Academy of Fashion and Design de l’Université de Hambourg en Allemagne, en 1999, Suzana a lancé dans ce pays sa propre marque de mode et a ouvert l'année suivante sa première boutique à Düsseldorf, suivie très vite d’une deuxième boutique à Cologne. Avec plus de 80 collections présentées dans le monde entier, elle laisse son empreinte lors de prestigieuses fashion Weeks, partout dans le monde.

En tant qu’ambassadrice de Tesla, elle promeut activement l’innovation et la durabilité dans la mode, en alignant sa marque sur une technologie de pointe et des pratiques respectueuses de l’environnement. Elle a fondé l’Académie Suzana Perić afin de doter les futurs designers des connaissances, des compétences et du soutien nécessaires pour réussir.

Intitulée "Le Saphir Mystique", sa collection est une fusion harmonieuse de luxe, de sophistication et de mystère, conçue avec précision et une attention inébranlable aux détails, en fusionnant la couture classique avec des éléments modernes. La fluidité de ses tailleurs pantalons en est une illustration.
On retrouve cette matière dans de longues robes aux lignes épurées, couleur pastel, gris anthracite, bleu nuit ou vert olive.
Nous avons aussi remarqué l'hommage à Chanel avec ces vestes courtes, ou longues, à la bordure frangée qui surprennent parfois quand on la voit associée à un short-kilt ou à un pantalon très large.
Elle peut tout aussi bien moderniser le manteau militaire
Une musique d'inspiration parfois espagnole, parfois arabe accompagna le défilé. J'ai reconnu Mon amour d'Aranjuez, peut-être dans l'interprétation de Farrah El Dibany. 

3 - Place aux hommes maintenant avec d'abord Evgheni Hudorojcov

Les robes de soirée couture et demi-couture, comme ses pièces de prêt-à-porter en édition limitée mettent en valeur un monde magnifiant le romantisme et la sophistication. Ce jeune designer prodige moldave a créé la marque en 2009 alors qu'il n'avait que 18 ans.

Sa collection "Thémis", est une ode à la féminité. Chaque pièce témoigne d’un savoir-faire méticuleux, avec des détails complexes, des tissus luxueux, des couleurs éclatantes, et des silhouettes gracieuses. De la mousseline fluide au satin lumineux, comme dans les moirés, chaque vêtement murmure une histoire de tranquillité et d’allure au rythme de trompettes joyeuses.

Et si je ne fais pas de commentaires, c'est juste parce que la beauté des modèles s'en dispense.

4 - George Styler fut le dernier de la matinée

Créateur serbe installé à Los Angeles, il fut connu d'abord pour ses tricots qui mélangent des designs de différentes cultures, et dont on va admirer quelques modèles. George Styler a remporté des prix prestigieux tels que le Ones to Watch Award à la Fashion Week de Londres et le Best Couture Designer Award aux États-Unis. Ses créations séduisent des célébrités.

Célébrant le multiculturalisme, il a naturellement donné le nom de "Futurisme multiculturel" à cette collection qui a ébloui l'assistance. Elle réussit la symbiose entre le passé, le présent et le futur, avec des designs audacieux et avant-gardistes. S’inspirant des voyages, de l’architecture, des contes de fées et du monde baroque qu'Emir Kusturica célébrait en 1988 dans Le temps des gitans dont on entendra la musique, il utilise un mélange vibrant de couleurs pour mettre en valeur ce qui est à ses yeux la beauté du monde. Les modèles portaient des coiffes uniques conçues par l’artiste mexicain Jimmy Garcia.

Là encore, les images se passent de commentaires. Juste admirez !
On apprécie que les hommes n'aient pas été oubliés.
Minuscule bourse en forme de coeur, tête de lion sur le bustier, noeud dans le bas du dos
Chanel au pays des contes de fées
Et voici un exemple de ses tricots fabuleux
Contacter global@serbiafashionweek.com ou greg@mephistopheles.fr pour tout renseignement complémentaire.

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