
Il sera à l’affiche des cinémas français le 19 mars et il faudra attendre 17 mois avant de le regarder sur la plateforme. Franchement, n’attendez pas pour plonger dans cette histoire folle, et pourtant vraie, qu’aucun scénariste n’aurait osé imaginer.
Le réalisateur québécois Ken Scott de Starbuck (2011), connu pour ses films qui mêlent émotion et humour, n’a eu qu’à suivre le texte du roman de Roland Perez publié en 2023 aux éditions Les escales pour tourner Ma mère, Dieu, et Sylvie Vartan, dont il a conservé le titre éponyme.
Leïla Bekhti (Nous trois ou rien, Je verrai toujours vos visages) y interprète la mère, sur plus de 50 ans avec un talent qui laisse présager un prix d’interprétation, Jonathan Cohen (Sentinelle, Une année difficile) est Roland adulte (à signaler la performance des enfants qui se succèdent dans le rôle et qui sont tous remarquables), Jeanne Balibar, malicieuse assistante sociale, Anne Le Ny en rebouteuse, Julia Duchaussoy (dont c’est je crois le premier long métrage) en Sylvie Vartan à ses débuts puis la star elle-même dans son propre rôle, Joséphine Japy, la délicieuse épouse élue par sa belle-mère … J’ai reconnu aussi David Ayala (que je vois surtout au théâtre) dans le rôle de Foenkinos, et qu'on va tout bientôt voir dans On ira.
Chaque plan est joyeux ou émouvant, c’est selon, mais toujours juste. Le public, hier soir, s’est laissé emporter et n’a pas retenu ses applaudissements. Ce sera un succès évident, comme le fut le roman, premier d’une série de trois, dont j'ai déjà chroniqué le dernier Bonne fête des mères, Papa ! et l'avant-dernier, Ma mère, Dieu et Litzie. Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan, était sorti en librairie le 5 janvier 2023 et c’est, il me semble un record de le voir déjà sur grand écran. Les trois romans ont tous été publiés aux Escales, et les deux premiers également en Pocket.
En 1963, Esther met au monde Roland, sixième et petit dernier d'une famille nombreuse. Roland naît avec un pied-bot qui l'empêche de se tenir debout. Contre l'avis de tous, elle refuse le qualificatif d'handicapé, promet à son fils qu'il marchera comme les autres et qu'il aura une vie fabuleuse. Dès lors, cette mère hors normes n'aura de cesse de tout mettre en oeuvre pour tenir cette promesse.
Le film raconte 50 ans de la vie de cette femme dont Roland Perez a bien raison d'être admiratif, rappelant le proverbe juif "Dieu ne pouvait pas être partout, c’est pour ça qu’il a créé les mères".
C'est le récit d'une histoire drôle et bouleversante, qu'aucun scénariste n'aurait osé imaginer et qui pourtant est vraie.
Combien de médecins Esther a-t-elle pu consulté ? Pour montrer cette valse d'incompétents, le décorateur a choisi de leur donner exactement le même cabinet, avec le même papier peint. Les voir fumer en présence des patients montre bien un monde heureusement révolu.
Il faut écouter les dialogues. L'interventionnisme de l'épicier demandant au nom du voisinage ce que cette maman "attend pour faire appareiller le petit". L'invective de l'assistante sociale contre cette celle qui "condamne son enfant à une vie de misère". Le jugement de Roland à propos de "la foi de sa mère, plus vaste que l'océan".
Mais qui est aussi une mère intrusive, capable de faire un double du double des clés pour rentrer chez son fils à sa guise. Et qui s'étonne quand elle découvre les nouveaux locaux du cabinet d'avocat : J'ai pas compris, il est où mon bureau ?
Je ne vais évidemment pas raconter chaque retournement de situation, même s'ils sont suffisamment amusants pour qu'on puisse les voir et revoir, sans perdre leur fraicheur. On comprend en tout cas que Roland Perez dise qu'il a fait beaucoup d'efforts pour ne plus être ce petit garçon que nous découvrons dans ce film.
Pas plus que le livre, il n'aurait sans doute pas existé si une autre bonne fée n'avait oeuvré pour faire connaitre l'histoire. Sophie Davant a raconté toute l'affaire à Sylvie Vartan. C'est elle qui a incité Roland à écrire son histoire juste après le décès de sa maman. Et si elle ne joue pas dans le film (Ariane Massenet y est censée incarner une fille de télé qui travaillait à Europe 1 avec Roland Perez) c'est simplement parce qu'il n'était pas possible que deux personnalités interprètent leur propre rôle.
Ce qui est le plus sensationnel n'est pas l'amour d'un enfant de 4 ans pour une vedette (ici Sylvie Vartan). On en a connu d'autres exemples. Comme David Lelait-Helo qui a raconté son admiration pour une autre chanteuse dans Quand je serai grand, je serai Nana Mouskouri. Lui aussi d'ailleurs rencontrera son idôle.
Mais ce qui est différent est que, puisqu'il s'intéresse à cette femme, Sylvie Vartan va faire partie du traitement, et il va apprendre à lire avec ses chansons. La méthode de lecture "Sylvie Vartan" gagnerait peut-être à être généralisée …
Quand le miracle auquel sa mère n'a jamais cessé de croire se produit enfin, Roland, sept ans, parvient à faire ses premiers pas. C'est alors un monde nouveau et infini qui s'offre à lui : les trottoirs de Paris, le métro, et surtout l'École des enfants du spectacle... car sa mère ne pouvait imaginer moins. Elle méritait bien que Jacques Chirac lui remette la Médaille d'honneur de la République française, et que son fils dépose le livre sur sa tombe en la remerciant pour cette vie fabuleuse.
Elle a tenu sa promesse qu'il ait une belle vie. Et sa volonté, comme son art de la dialectique, a sans doute été de bonnes influences pour sa carrière d'avocat.
Leïla Bekhti est encore plus époustouflante que dans ses précédents rôles. Aussi drôle que bouleversante. Nul doute qu'il y aura pour elle un avant et un après ce remarquable portrait de famille, car les frères et sœurs, comme le père, ont chacun un vrai rôle.
Juste, tendre, hilarant, émouvant, Ma Mère, Dieu et Sylvie Vartan est un équilibre parfait entre le drame attendrissant et la franche comédie.
Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan d'après le roman de Roland Perez
Réalisation et scénario de Ken Scott
Avec Leïla Bekhti, Jonathan Cohen, Naïm Naji, Milo Machado Graner, Lionel Dray, Joséphine Japy, Sylvie Vartan, Jeanne Balibar, Anne Le Ny, Julia Duchaussoy, Ariane Massenet …
En salles le 19 mars
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