(mise à jour le 8 mars 2025)
Il est toujours savoureux d'ouvrir un livre écrit par Roland Perez. Le troisième tome de l'histoire de sa famille, Bonne fête des mères, Papa !, ne déroge pas.
Et pourtant, on ne peut pas dire que sa vie aura commencé facilement. Il faut croire que l'amour d'une mère (dont il racontait l'obstination dans le premier tome de la série, et qui demeure présente dans cet opus) et celui de sa femme (dont il parlait déjà dans le deuxième) ont des effets miraculeux.
Cette fois il se concentre sur la vie d'après, d'après le drame que fut la mort de Litzie et comment ses enfants ont fait face à l'absence de leur mère. Le troisième " roman vrai " de Roland Perez, aussi tendre, loufoque et chaleureux que les précédents.
Après avoir célébré sa mère, c'est surtout à sa femme adorée qu'il a voulu rendre hommage. Litzie était la maman chérie de ses trois enfants, Harold, Lorie et Ludivine, qui sont la prunelle de ses yeux et sa priorité, quelles que soient les circonstances.
Le lecteur ne peut en douter à la lecture des sacrifices que leur père leur concédera, allant jusqu'à céder sa chambre à son fils en acceptant de dormir sur la méridienne du salon (p. 171).
Devenu veuf à quarante-cinq ans, Roland refuse de se laisser abattre. Au contraire, il décide d’enchanter la vie de famille en la rendant la plus joyeuse possible, tout en faisant vivre le souvenir de leur mère disparue.
Forcément, il conserve son rôle de père et endosse celui de mère, justifiant que ses enfants lui offrent des fleurs pour la fête des mères. N'allez pas croire que ce sont des enfants faciles. Évidemment, on ne connaît des choses que ce que Papounet nous en dit mais j’ai le sentiment qu’il s’est plus d’une fois fait manipuler par ses enfants chéris. Ils lui font subir des contraintes que je n’aurais même pas pensé en rêve imposer à mon père comme le départ d'un appartement dans lequel ils viennent tout juste d'emménager.
Le plus surprenant est qu'il ne se plaint de rien. Selon sa vision de la paternité, le parent doit tout à tour endosser le costume d’un détective, d’un conseiller matrimonial (non sollicité) et d’un acrobate des émotions (p. 105).
Comme on peut le constater, même les parenthèses ont leur importance et leur saveur dans ce livre qu'aucun scénariste n'aurait osé écrire. En fait, si sa mère Esther a un don pour raconter des histoires, lui l’a pour les coucher sur le papier avec un sens de la tragédie pour elle, de la comédie pour lui. Il a tant de talent qu'il est capable de nous narrer des épisodes auxquels il n’a pas assisté … comme s’il en avait été un témoin de premier plan.
Il a également le sens du dialogue. Le lire, c’est voir un film. Les épisodes si cocasses du casino et de la colonie de vacances ont peut-être inspiré Artus pour son premier film. Quand il relate ce que lui demande son fils Harold on perçoit autant la cocasserie de la situation que l'art de la métaphore. Il a toujours le mot pour se défiler d’une corvée : je suis plus rare qu’un rayon de soleil en plein hiver (p. 127).
De chapitre en chapitre, Roland jongle avec aléas et contraintes de la vie domestique, aidé de ses frères, ses sœurs, ses amis, les amis de ses amis, et toujours de l'inénarrable Esther, dont il serait inimaginable qu'elle n'adoube pas tout prétendant à chacune de ses petites-filles.
Il reprendra naturellement sa promesse de donner sa vie à sa progéniture (note de bas de page 81). Au-delà des péripéties on perçoit une forte empreinte spirituelle me donnant fortement envie de partager un repas de Shabbat avec eux tous car je vois bien qu’il me manque quelques clés de lecture.
Roland Perez est avocat et animateur de radio et de télévision. Après Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan (Les Escales, 2021 ; Pocket, 2023), lauréat du Prix du Cheval Blanc 2022, et Ma mère, Dieu et Litzie (Les Escales, 2023 ; Pocket, 2024) qui ont rencontré un grand succès, Bonne fête des mères, Papa ! est son troisième roman publié aux Escales.
Comme l'annonce le bandeau qui entoure le livre, et comme il nous l'apprend dans le chapitre 19, Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan a été adapté au cinéma par Ken Scott avec un casting exceptionnel (Leïla Bekhti, Jonathan Cohen, Sylvie Vartan…). Il sera en salles le 19 mars prochain.
Bonne fête des mères, Papa ! de Roland Perez, Les Escales, en librairie depuis le 20 février 2025
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