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La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

lundi 3 février 2025

Black Dog de Guan Hu

Après la Corée, avec Hiver à Sokcho, l’AFCAE nous emmène encore plus loin dans l’insolite, pour nous européens, avec une drôle d’histoire d’amitié et de résilience qui se déroule en Chine, aux portes du désert de Gobi, à la veille des JO de Pékin.

Le film-surprise du premier lundi du mois est Black Dog et le moins qu’on puisse dire est qu’il est saisissant. Tout en situant l'action en 2008 il y a dans l’œuvre de Guan Hu une espèce de climat distopique de fin du monde.
Lang revient dans sa ville natale aux portes du désert de Gobi.
Alors qu'il travaille pour la patrouille locale chargée de débarrasser la ville des chiens errants, il se lie d’amitié avec l’un d’entre eux.
Une rencontre qui va marquer un nouveau départ pour ces deux âmes solitaires.
Le désert de Gobi n'est pas ancré dans notre mémoire d’européen. Le paysage des premières images ne ressemble à rien de ce qu’on connait. On ne sait pas que les bourrasques y ont la force d’y retourner un autocar aussi facilement qu’une pelote de branchages. Le retour de Lang à la maison est marqué par cet accident spectaculaire et l'intervention quasi surréaliste d'une police peu résolue à faire justice.

D’ailleurs nous perdrons vite de vue cet homme qui déplore la perte de son argent, lequel ne lui a pourtant pas été volé par un loup ou par un de ces chiens qui envahissent l’écran. On se demande un instant si le titre du film fait référence à un véritable animal ou s’il ne serait pas (aussi) la métaphore de cet homme qui revient au pays après avoir purgé une peine de prison.

Nous analysons les plans suivants comme des représentations de fin du monde. Disons qu'il s'agit plutôt de la fin d'un monde, celui de nombreuses petites villes oubliées par la société chinoise moderne et où, pourtant, des gens continuent à vivre, en marge de l'immense développement provoqué par les JO.

Cette petite cité délabrée de l’ouest de la Chine -une véritable ville pétrolière, autrefois prospère- représente un type de vie que la plupart des gens ignorent. Elle dégage une force réaliste et symbolique qui dit un morceau d'histoire récente et témoigne de la vie de ceux qui y vivaient et qui, aujourd'hui, sont des laissés-pour-compte et subsistent comme ils peuvent. Le propos du réalisateur est de nous montrer ce qui maintient en vie ces personnes mises de côté, et ce qui les aide à survivre.

S’il fallait résumer sa philosophie je dirais que la vie et la mort sont déterminées par le destin. Il en fait la démonstration à plusieurs reprises. Un saut à l’élastique, un nouvel accident, une aide providentielle, un défi à moto … le tout dans un décor de ville en ruines, de zoo abandonné, de parc d’attractions désaffecté, de paysage ponctué de personnes scrutant la prochaine éclipse.

Il met en parallèle la scène où Hu enflamme l’élastique où est suspendu Lang avec plus tard celle où le jeune homme sauve le boucher en traversant la cage des serpents une torche enflammée à bout de bras. Plusieurs plans ont ainsi valeur de balancier, à l’instar de cet objet qu’emploie l’acrobate pour stabiliser sa progression sur le fil métallique.

Certains moments se teintent de surréalisme et ne sont pas sans rappeler la manière qu’avait Fellini de construire ses films.

Peu d’humains, beaucoup d’animaux, surtout des chiens mais aussi des serpents (élevés pour leur chair par un boucher étonnant) et bien sûr des animaux « exotiques » rescapés d’un cirque et du zoo. Ceux qui connaissent Guan Hu savent combien la figure animale est récurrente dans sa filmographie. Un cheval blanc dans La brigade des 800, une vache dans Cow ou encore une autruche dans Mr Six... Le chien représente à la fois la part domestique et le coté animal qui sommeille en chacun de nous. Une animalité qui peut se manifester lorsqu’il nous faut faire preuve de courage ou défier l’autorité. 

Lang ne parle presque pas. Ce sont les autres qui le font pour lui. On devine qu'il n'a rien à dire. Il n'a donc pas besoin de parler. Il est comme abandonné, mis de côté par l'époque dans laquelle il vit. On sait qu’il a été en prison pour meurtre mais on ne sait rien des raisons qui ont entraîné ce drame. En n'expliquant rien le réalisateur nous pousse soit à accepter le personnage tel qu'on le voit vivre soit à spéculer et dans ce cas avec le risque de le noircir … et de le considérer comme un "black dog".

Un personnage féminin jouera un rôle de catalyseur pour permettre à Lang de redevenir humain. On retiendra néanmoins surtout ce héros solitaire sur sa moto dans un décor désertique et en destruction... rappelant fugitivement le poor lonesome cow-boy de la mythologie de l’ouest américain, ce que Guan Hu n'a sans doute pas cherché à provoquer même s'il a dit en interview que "Sur la route" de Jack Kerouac était ancré dans ses pensées.

Diplômé de l’Académie du cinéma de Pékin, Guan Hu est considéré comme l’un des pionniers de la sixième génération de réalisateurs chinois. Ses films ont été salués par la critique chinoise et internationale à de très nombreuses reprises, lui valant de multiples récompenses. La brigade des 800, évoquant la guerre sino-japonaise et la victoire de l’armée populaire chinoise, est devenue l’un des plus gros succès du cinéma chinois de tous les temps.

Black Dog de Guan Hu
Avec Eddie Peng (Lang), Tong Liya (Raisin),  Jia Zhangke (Oncle Yao), Zhang Yi (Manager), Zhou You (Nie) et … Xin le chien noir
Sera en salles à partir du 5 mars 2025
Photo ©TheSeventhArtPictures

dimanche 2 février 2025

Traverser les montagnes, et venir naître ici de Marie Pavlenko

Il y a des voyages qui se comptent en kilomètres, d’autres en jours et d’autres en pensées … Traverser les montagnes, et venir naître ici emprunte toutes les voies.

Marie Pavlenko écrit très bien, en utilisant fréquemment des métaphores élégantes dont voici quelques exemples : Avant. C’est fou comme ce petit mot de rien suscite un déluge de chagrin quand il surgit dans la tête (p. 53). Un cauchemar qui se dissout au réveil comme un morceau de sucre dans le café (p. 54). Elle aimerait découdre la jalousie qui l'étouffe comme la doublure d'un manteau trop lourd (p. 184).

D'autres symboles sont moins évidents comme la profession de cette voisine qui créé la vie en modelant l'argile. Ou l'hirondelle promesse de printemps et de retour à une vie normale.

Si bien que le sujet de son roman a beau être dramatique et sans garantie de happy-end, il se lit avec plaisir et nous enveloppe d'une douceur chaleureuse y compris lorsqu'on revit des moments dramatiques avec les héroïnes.
Astrid a tout perdu. À quarante ans, plus rien ne la retient, alors elle part. Elle achète sans l’avoir visitée une maison isolée dans la région montagneuse et sauvage du Mercantour. Parmi ses bagages, un carton marqué d’une croix rouge, ce qu’il lui reste de sa vie passée.
Soraya a tout laissé derrière elle. Sa Syrie natale, sa famille, ses amis, son insouciance. Elle traverse la montagne pour rejoindre la frontière française en se cachant de la police. Dans son ventre, une vie qu’elle déteste grandit.
Leur rencontre était improbable. Le destin fait croiser leurs routes et bouscule leur destin. Elles ne sont plus seules, vont poursuivre leur chemin cote à cote, chacune étant dépendante de l'autre et chacune étant soutenue par une tierce personne, Ida pour Astrid, Max pour Soraya. Et quelques autres mêmes qu'on pourrait qualifier de généreuses et qui sont simplement "humaines" comme chacun devrait être.

Tout pourrait désormais aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais ce serait sans compter la présence inquiétante d'un voisin, chasseur au fusil en bandoulière, au prénom pourtant rassurant, Ange, qui semble prêt à intervenir … pour aider ou trahir …

Les dialogues sont réduits au minimum afin de contenir le récit dans la pudeur et permettre au lecteur d'entrer sans effraction dans le cerveau de chacun. Parfois des bribes de conversation passées surgissent, apportant un éclairage en demi-teinte aux faits qui sont en train de se dérouler.

Marie Pavlenko vit entre la région parisienne et les montagnes cévenoles. Elle compose depuis bientôt quinze ans une œuvre originale, pour tous les publics et sous une diversité de formes, où s’articulent les thèmes de la métamorphose, de l’altérité, des liens tissés avec le vivant. Drôles, poétiques ou tragiques, ses textes sont marqués par son engagement pour la nature sauvage et les droits des femmes. On le sent au détour d'une interrogation : Que peuvent les femmes au pays des hommes tout-puissants ? (p. 78). Ses livres mettent en scène des personnages en marge, fragiles mais courageux, obstinés, résiliants.

Traverser les montagnes, et venir naître ici de Marie Pavlenko, Les Escales, en librairie depuis le 22 août 2024

Sélectionné pour le Prix des Lecteurs d'Antony 2025

samedi 1 février 2025

Sing sing, film de Greg Kwedar

Le titre reprend le nom de la plus célèbre des prisons américaines, construite en 1825 à une cinquantaine de kilomètres au nord de New York. Sing Sing semble être un établissement modèle dans le film de Greg Kwedar. Il est vrai que c'est là que fut lancé par Katherine Vockins en 1996 le premier programme de réhabilitation à travers les arts (RTA) à destination des prisonniers, visant à donner à certains des cours d'art dramatique, dans le but de monter des pièces et de leur offrir une formation qui pourra leur servir une fois sortis de prison. Face à son succès il a été étendu à cinq autres prisons new-yorkaises.

A l'origine cette prison a pu être autosuffisante grâce aux profits de l'exploitation du marbre. Elle fut à ce titre considérée comme une prison modèle mais se distinguait aussi au XIX° siècle par la rigueur de ses règles de détention, imposant la loi du silence et le port d'uniformes rayés et autorisant les châtiments corporels. On y pratiqua la torture par l'eau à partir de 1848. Elle ne fut abolie qu'en 1969 à la suite de violentes émeutes.

Classé comme établissement de sécurité maximale cet endroit a été le lieu d'exécutions capitales jusqu'en 1963. Sing Sing avait donc bien besoin de gommer sa mauvaise image. Tout en étant le personnage principal du film le tournage n'a pas eu lieu dans cet établissement. Il a été réparti (en juillet 2022) entre trois lieux principaux du nord de l'État de New York : le centre correctionnel désaffecté de Downstate et le complexe sportif Hudson voisin, tous deux doublés pour différents extérieurs et intérieurs du vrai Sing Sing.

A l'inverse, Emmanuel Courcol a filmé Un triomphe au Centre pénitentiaire de Meaux-Chauconin, où il avait réalisé son documentaire Douze cordes en 2019 (centré sur un spectacle de huit détenus imaginé par Irène Muscari, coordinatrice culturelle du Service pénitentiaire d'insertion et de probation).

Je le signale parce que, malgré l'intérêt du scénario de Clint Bentley et Greg Kwedar et l'exceptionnelle interprétation des acteurs (dont beaucoup jouent d'ailleurs leur propre rôle) j'ai eu beaucoup de mal à me sentir dans un univers carcéral. Il est rare qu'on aperçoive un gardien. La vie quotidienne y est fortement occultée. Malgré la mort d'un prisonnier, tout est lisse. Même le réfectoire est calme. Ce n'est certes pas le propos principal mais j'ai davantage eu l'impression de regarder une fiction qu'un film inspiré de faits réels alors que j'avais été prise au jeu dans le film Un triomphe, lequel traite (avec une issue différente) du même sujet.

Il faut ajouter que la justice américaine fonctionne différemment de la nôtre. Les juges y sont élus, ce qui serait une aberration en France. La présomption d'innocence y est reconnue, mais l'application n'est pas la même qu'en Europe. Les enquêteurs enquêtent à charge, et font donc tout pour avoir un accusé sans chercher à savoir si la personne est innocente. L'enquête à décharge ne se fait que par l'avocat de l'accusé.

C'était d'ailleurs flagrant dans un film bouleversant comme The visitor, de Tom McCarthy en 2008. Un universitaire dépressif y retrouvait une certaine joie de vivre au contact de Tarek, un musicien doué, qui lui apprenait à jouer du djembe. Les deux hommes devenaient amis, les différences d'âge, de culture et de caractère s'estompaient. Malheureusement Tarek prête sa carte de métro à Walter et il est arrêté par la police qui ne croit pas son histoire, d'autant qu'il est immigré en situation irrégulière. Il est emprisonné et Walter ne parviendra pas à le faire libérer.

Que Divine G (Colman Domingo) ait pu être incarcéré pour un crime qu’il n’a pas commis est totalement plausible aux USA, mais il l'est moins pour un public français.

La réhabilitation par le théâtre n'est pas un sujet nouveau. Outre Un triomphe on pourrait citer Le quatrième mur, récemment adapté au cinéma d'après le roman de Sorj Chalandon, par David Oelhoffen en 2024. Il s'agit de mettre en scène Antigone, en confiant les rôles à des acteurs venant des différents camps politiques et religieux présents au Liban, afin de démontrer qu'un moment de paix y est possible au cœur de la guerre grâce à l'art dramatique.

On peut remonter beaucoup plus loin, en 2004 avec la construction d'un partenariat entre le Festival d'Avignon et le Centre pénitentiaire d'Avignon-Le Pontet. Dix ans plus tard et à la demande d'Olivier Py, ce partenariat s'intensifie grâce à la mise en place d'un atelier de création qu'il dirige avec Enzo Verdet. Tous deux proposent alors aux acteurs, avec l'aide de l'administration pénitentiaire, de se produire hors les murs.

Ce fut Hamlet en 2016 avec des détenus permissionnables qui se retrouveront à la Maison Jean Vilar sur une scène qui leur est dédiée. J'ai vu pour ma part Macbeth Philosophe en juillet 2019 à la Chartreuse de Villeneuve-les-Avignon, joué dans des conditions absolument professionnelles. Bien sûr tout n'est pas facile. Il faut gagner la confiance de tout le monde, avoir les autorisations à temps. Le groupe n’est jamais constant, certains prisonniers sortent en cours de projet, d’autres abandonnent, les conditions sont très dures. C’est un combat de chaque semaine et tout est émotionnellement surdimensionné en prison. Les moments de défaite comme les moments de victoire sont très forts.

Le jeu en vaut néanmoins la chandelle. Le film de Greg Kwedar en témoigne tout à fait.
Et pour revenir à la situation française, Tiago Rodrigues (qui a succédé à Olivier Py à al tête du festival) poursuit les ateliers de théâtre, à la demande des détenus.

L'intrigue américaine est pimentée par la sollicitation d'un des caïds du pénitencier, Divine Eye (Clarence Maclin) de passer une audition pour intégrer  le groupe. Cela permet d'élargir le sujet en instaurant du suspense par rapport à la résolution du dossier d'appel de l'un et de l'autre et d'introduire une interrogation sur les rapports humains. Peuvent-ils évoluer vers la solidarité et l'entraide ? Suffit-il que le prof de théâtre dise : devenez vos personnages, mais écoutez-vous et soutenez-vous (sous-entendu sur scène) pour que cela soit possible aussi dans la vie ?

Le film retrace bien aussi comment on devient acteur, en se montrant vulnérables. Les acteurs professionnels comme les "amateurs" qui sont des prisonniers forment une troupe cohérente. Tout le monde est admirablement dirigé. Il se dégage une très forte humanité qui participe au succès du film, unanimement salué.

Sing sing, film de Greg Kwedar
Scénaristes : Clint Bentley, Greg Kwedar
Sur les écrans français depuis le 29 janvier 2025

mardi 28 janvier 2025

Aline Chevalier sort un nouvel album, Satori

La dame en rouge, alias Aline Chevalier, sort un nouvel album en hommage à la dame en noir, Barbara bien sûr.

Premier point commun avec son ainée, la ville de Nantes où elle a grandi, subissant trop de pluie et de mélancolie, si bien qu'elle ne résista pas à écrire La pluie (piste 9) ! Second rapprochement avec son amour du piano, un beau Pleyel qui ouvrit grandes les ailes, avec une ultime référence à l'aigle noir aussi avec le titre de cette première chanson : Cet aigle-là (piste 1).

Ce vieux piano échoué dans le salon de famille devint son passe-temps favori. A l'instar de Don Quichotte qui baptise son cheval Rossinante pour en pas oublier que l'animal vient des bas-fonds Aline donne le même nom à son instrument assigné à tuer "les monstres de l'enfance avec assurance" pourvu que la musicienne lui tiennent la bride haute.

Alien Chevalier maitrise admirablement la langue française et donne clairement envie d'écouter ses chansons à de multiples reprises, avant d'en lire les paroles.

Sa voix prend des reliefs après une longue introduction au piano lancinant dans Satori (piste 2). Les mots sont recherchés. D'abord le titre qui signifie "éveil à la connaissance de la vérité, dans le bouddhisme japonais", puis des termes comme adouber, endémique … sans oublier le jeu de mots avec son patronyme, chevalier, qui réapparait à de multiples reprises dans l'album. Et qui se décline à l'infini, en passant par le château-forteresse de Ta capitale (piste 3) avant de jouer librement avec les mots dans Pastiche (piste 7) et de nous ravir dans A mi-mots (piste 10). Et on notera l'usage de caractères japonais sur la dernière page de couverture du livret en marge du texte de cet inédit.

C'est donc un grand plaisir d'écouter des chansons originales écrites en si bon français mais je ne suis pas certaine que l'artiste nous revienne avec ce nouvel album le coeur aussi léger qu'elle ne l'annonce, pour faire "la planche au soleil et flotter, flotter le cœur léger" comme elle le chante (piste 4).

Elle n'oublie pas ses études de philosophie pour nous interroger sur la frontière traditionnellement tracée entre l’homme et l’animal. Le chat de Derrida (piste 5) est inspiré du dernier ouvrage de ce philosophe de la deuxième moitié du XX° siècle, L’animal que donc je suis, publié à titre posthume à partir de divers textes et d’enregistrements. Derrida y remet en question ce que la tradition cartésienne définit comme l’essence de l’homme, et, par jeu de miroir, l’essence de l’animal. Aline Chevalier cite dans sa chanson une multitude de personnalités connues pour leurs amours félins. Elle-même n'oublie pas le chien avec Cerbère (piste 8).

Elle se souvient de la pandémie qui nous éloigna des salles obscures et les célèbrent dans Sous les sièges en skaï (piste 6).

Elle est très attachée au piano et peut s'inspirer d'un allegro de Mozart (piste 4) ou d'une romance de Fauré (piste 10). Elle a aussi recours aux percussions dans des duos rythmiques avec Gilles Belouin, vibraphoniste-percussionniste aux multiples couleurs.

Elle aime le rouge sans voir rouge. Elle en explore toutes les nuances possible, à l'instar de cette exposition exceptionnelle qui m'avait tant appris sur cette couleur au Musée des Arts décoratifs.

Il faut croire que la pluie n'a pas provoqué chez elle de phobie aquatique parce que le clip qui annonce la sortie de ce second album est de toute beauté.
Nouvel album Satori
Aline Chevalier : Musique, Paroles, Chant, Piano
Gilles Belouin : Musique, Vibraphone, Choeurs, Percussions
Sortie le 10 janvier 2025 chez Association Sylzelle/ Inouïe Distribution

Prochains concerts (d'abord à Nantes) :
- Jeudi 23 Janvier 19h "Librairie du Musée d'Arts" - Concert de Sortie d’album Satori à Nantes (44)
- Jeudi 30 Janvier 17-18h "Qu’est-ce que vous me chantez là!" live Radio G 101.5 (49)
- Vendredi 28 Février 20h "Bab’El Ouest" – Nantes(44)
- Samedi 08 Mars Concert privé – Montreuil (93)
- Mars Festival "Féminin Pluriel" – Prinquiau (44)
- Samedi 29 Mars "L’Atelier" Chez Marie-Geneviève et Serge Crampon – Villedieu-La-Blouère (49)

lundi 27 janvier 2025

Plus grands que le monde de Meredith Hall

J'ai été envoutée par Plus grands que le monde et l'atmosphère qu'installe d'emblée Meredith Hall en étant surprise d'une telle maitrise pour un premier roman.

Il faut croire qu'on se bonifie avec l'âge puisque l'auteure l'a publié au-delà de ses 70 ans.

Je n'imaginais pas qu'il puisse s'agir d'une nouveauté tant la couverture est proche de celle du roman de Joyce MaynardOù vivaient les gens heureux, dont la version française est parue chez le même éditeur il y a quatre ans. Les deux femmes ont sans doute beaucoup de choses en commun. D'ailleurs la seconde a qualifié le livre de la première bouleversant de poésie, de beauté et de grâce.

On ne saurait dire mieux.
Lorsque Doris et Tup se rencontrent dans les années 1930, l'avenir leur apparaît comme une évidence. A tout juste dix-huit ans, Doris troque ses rêves d'enseignante pour une vie d'amour et de labeur aux côtés de Tup dans la ferme laitière familiale du Maine. Là-bas, leurs journées suivent les rythmes de la terre ; un quotidien fait de joies simples, en communion avec la nature, qu'égayent bientôt trois enfants au caractère affirmé : Sonny, qui fait de sa chambre un musée consacré aux insectes uniques de la région ; Dodie, la cadette au grand coeur ; et Beston, le petit dernier, calme et dévoué.
Une vie de découverte et de partage bien réglée, jusqu'au jour où survient une terrible tragédie, ébranlant à jamais les fondations familiales... Etendant le récit sur presque vingt ans, Meredith Hall rend compte du quotidien d'une famille américaine ordinaire au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, prise entre les tourments personnels et les bouleversements sociétaux.
Le thème pourrait a priori effrayer. Mais il est traité avec pudeur, tendresse et empathie à l'égard de chaque personnage, sans jamais juger leurs actions, ni leurs faiblesses. On se doute que la famille trouvera le chemin de la reconstruction mais on devine que chacun suivra celui qui lui semble le meilleur (ou le plus envisageable) sans pouvoir présumer de ce qui les attend dans les dernières pages : une ultime réconciliation ou une séparation définitive.

Ce qu'on peut en tout cas dire sans révéler l'issue c'est qu'il y a beaucoup d'amour dans cet ouvrage. L'amour de la terre en premier lieu, comme dans nombre de romans américains. Le travail fait l'objet d'un dévouement extrême tout autant que de joie. L'exploitation agricole leur apporte non seulement de quoi manger et subvenir à leurs besoins essentiels mais elle procure aussi énormément de satisfactions. Le lecteur assiste à l'épanouissement d'un bonheur intense.

Je vis avec des êtres qui semblent plus grands que le monde (confie Doris, la mère p 21). J'ai trouvé la formule très belle et l'ai notée sans me rendre compte à cet instant que c’était précisément le titre du livre, dans sa version française car il a été publié aux USA en 2020 sous le titre Beneficence (Bienfaisance).

Alors que des guerres résonnent à l'autre bout du monde, Doris est convaincue en 1947 que rien de terrible n'arrivera ici. Il suffit de se montrer prudent, de faire attention et simplement d'avoir confiance que tout ira bien. C'est le prix à payer pour la beauté et la tranquillité de cette terre (p. 24). Cet espace est-il pour autant un rempart insubmersible qu'aucun incident ne pourra ébranler ?

Les parents semblent exemplaires : J'enseigne à mes enfants que nous sommes responsables de tout ce que nous faisons et ne faisons pas dit le père (p. 68). Pourtant ils ne sont pas naïfs et ont pleinement conscience du temps qui passe et passera Un jour, Doris et moi deviendront ces fantômes là-haut sur la colline (p. 76).

Les phrases sont belles pour décrire la nature, les tâches du quotidien, fussent-elle ardues, comme pour nous faire partager les relations qui unissent les protagonistes, ce qui est renforcé par le choix d'une structure chorale tout au long de deux décennies. On ne sent aucune fausse note, si ce n'est, à intervalles réguliers, et à petites touches, lorsque Meredith Hall ajoute quelques mots par exemple à la fin de la description d'une après-midi de patinage, suggérant qu'une menace pourrait plausiblement venir tout bousculer (p. 80) ou sous-entendant que quelqu'un pourrait se comporter de manière répréhensible : Je redoute parfois de découvrir un jour que je me suis trompé en pensant faire le bien et qu'on me le reproche (dit le père p. 73).

L'amour semble couler de source, qu'il soit filial, parental, marital ou fraternel. Le lecteur se surprend à penser que le résumé l'a induit en erreur. La première partie, sous-titrée "Avant" est quasi merveilleuse.

"Après" sera un chemin de pierres mais enfant comme parent s'efforceront de continuer d'avancer, un pas après l'autre, malgré le repliement de Doris à l'intérieur d'elle-même. Les personnages sont touchants même lorsqu'ils font des choses qu'on ne trouve pas acceptables.

Dodie, la fille, n'a que quatorze ans mais elle fait preuve de courage autant que de maturité : J’ignorais que les hommes et les femmes avaient autant de temps en travaillant pour réfléchir aux questions qui troublent la nuit (p. 146).

Doris, celle qui, apparemment aura été la plus ébranlée, s'interroge à la fin à bon escient sur son parcours de vie : la moindre différence dans les choix que j'ai faits et ma vie aurait été tout autre (p. 258). C'est un point de vue qu'on adopte souvent après un accident ou un drame, assorti d'un "si j'avais su…". Mais elle conclue que si c'était à refaire elle choisirait (malgré tout) cette vie dans toute sa tristesse et toute sa grâce, en ajoutant que dire oui aux autres, c'est dire oui à soi-même.

Ce roman a ceci de splendide qu'il est une fiction tout en étant un récit de vie qui aurait pu être le nôtre si nous avions choisi, nous aussi, la voie de la bienfaisance, sans doute unique chemin pour ne pas sombrer dans les mondes obscurs.

Meredith Hall est née en 1949. Elle partage sa vie entre l’écriture et l’enseignement à l’université du New Hampshire. En 2007, elle publie ses mémoires, Without a Map, immédiatement reconnus outre-Atlantique comme un classique du genre. Elle collabore régulièrement avec Five Points, The Gettysburg Review, The Kenyon Review, ou encore The New York Times. Aussi surprenant qu'on puisse le croire Plus grands que le monde est son premier roman, publié à 74 ans.

Plus grands que le monde de Meredith Hall, traduit de l'anglais (États-Unis) par Laurence Richard, Philippe Rey, en librairie depuis le 1er février 2024

Sélectionné pour le Prix des Lecteurs d'Antony 2025

dimanche 26 janvier 2025

Jouer avec le feu de Delphine Coulin et Muriel Coulin

(Article mis à jour le 1er février 2025)
Beaucoup de cinéphiles s’interdisent d’aller au cinéma voir l’adaptation d’un livre qu’ils ont beaucoup apprécié. Ce n’est pas mon cas même si j’avais une certaine appréhension à découvrir sur grand écran les personnages de Ce qu’il faut de nuit de Laurent Petitmangin.

J’ai entendu, à la sortie, des critiques à propos des parti-pris de réalisation et il est probable que mes souvenirs de lecture m’ont aidée à être en empathie avec le personnage du père car l’auteur narre cette histoire de son point de vue, ce qui est d’ailleurs respecté par le scénario.

Ma réserve à aller voir le film tenait essentiellement au sujet car il n’est pas aisé de traduire la violence au cinéma. Je connaissais Delphine Coulin et Muriel Coulin à travers leur film Voir du pays en 2016 à propos de deux soldates françaises tentant d'oublier l'Afghanistan. Cette fiction bien documentée m'avait beaucoup interpelée sur l'aspect politique de la violence. L’originalité de leur nouveau film -qui porte sur un tout autre contexte- est de démontrer que celle-ci est une addiction avant de s’inscrire dans un discours politique. C’est un aspect qui était nettement moins prégnant dans le roman mais il est très intéressant car il permet d’approcher la fascination d’une frange de la population pour des actes extrêmes.

Quelque chose me mettait mal à l’aise au fur et à mesure de la projection et que je n’avais pas ressenti de cette manière dans le souvenir que j’avais du roman. J’ai donc décidé de le relire quelques jours plus tard, ce qui m’a amenée à remanier la critique que j’avais écrite de ce film.

Pour résumer mon point de vue Jouer avec le feu est admirablement construit et interprété. Mais il ne restitue pas les subtilités avec lesquelles le romancier avait tricoté son histoire. Le contexte régional très particulier de la Lorraine y est presque effacé. Plusieurs personnages, à mes yeux essentiels, ont été gommés. Quelques scènes fortes ont été occultées. La fin est différente, et l’émotion qu’elle provoque n’est pas ressentie au cours de la projection. Il me semble que presque tout ce qui permettait de nuancer l’enchaînement dramatique a été écarté de manière à livrer au spectateur un portrait à charge. Laurent Petitmangin n’excuse jamais mais il installe un climat semblable à celui qui est travaillé dans ce qu’on appelle aujourd’hui la justice réparative et qu’il transpose dans l’univers social. C’est selon moi capital pour ne pas alimenter les discours de haine qui ne sont pas constructifs, et cela bien qu’il ne faille évidemment pas être conciliant avec les extrêmes.

L’analyse qui suit se focalise sur le scénario du film et son interprétation, tout en revenant au livre quand c’est nécessaire pour éclairer le thème qui reste central.
Pierre, chef mécanicien de nuit à la SNCF, ancré à gauche, rangé du syndicalisme avec l’âge, élève seul ses deux fils dans son pavillon de Metz depuis la mort de son épouse. Louis, le cadet, réussit de brillantes études et avance facilement dans la vie. Fus, l'aîné, part à la dérive. Fasciné par la violence et les rapports de force, il se rapproche de groupes d'extrême-droite, à l'opposé des valeurs de son père, et partage avec eux les rixes et les idées. Pierre assiste impuissant à l'emprise de ces fréquentations sur son fils. Peu à peu, l'amour cède place à l'incompréhension.
Les acteurs comptent pour beaucoup dans la cohérence de cette famille. Pierre (dont le prénom est une promesse de force) est interprété par Vincent Lindon qui fut primé pour ce rôle à la Mostra de Venise. Stefan Crépon est Louis (un prénom de roi mais dans le roman il était Gillou, surnommé Gros, pour signifier son caractère de nounours), le fils cadet, poursuivant de brillantes études mais restant humble. Benjamin Voisin (qu'on avait déjà remarqué en 2021 dans Illusions perduesest Felix, l’ainé, formé à la métallurgie mais désertant son IUT sans doute parce qu’il a peu d’espoir de trouver un travail dans son domaine. Son prénom aurait dû lui porter chance puisqu’il signifie bonheur. La vie a voulu qu’on l’appelle plutôt Fus, selon le diminutif donné par sa mère, en référence à Fussbol, mot dérivé de l’allemand désignant ce sport qu’il adore et où il se donne à fond.

Les deux comédiens se connaissaient dans la vraie vie, ayant partagé une colocation ; autant dire qu’ils sont plus que parfaitement crédibles en frères et qui plus est dans la fraternité qui les soude. On apprendra au cours du déroulement des faits que l’ainé s’est beaucoup occupé du second pendant la maladie de leur mère.

Celle-ci est "présente" par la chaise vide à la table de la cuisine, ce qui n’est pas autant perceptible dans le film que dans le livre, même si dans les dernières minutes de la projection le père raccourcit la table en rentrant les deux rallonges, signe probable d’une fin de deuil.

On ne sait pas pourquoi le garçon traine avec des militants d’extrême-droite qu’il désigne d’ailleurs comme "des mecs de l’IUT" sans doute parce qu’il sait bien que son père désapprouverait qu'il en dise plus.

Ce serait trop facile d’opposer le bon Louis au mauvais Fus. Le film est un peu long, sans doute parce que les soeurs Coulin ont tenu à ce que le spectateur ne conclue pas trop vite. D’ailleurs on n’imagine pas combien les choses vont s’accélérer et déraper, car c’est un peu de cela qu’il s’agit.

Fus n’est pas du tout un dur à cuire animé par la méchanceté. Il démontre sa tendresse à l’égard de son père (très jolie scène pendant laquelle il ôte précautionneusement les chaussures de son paternel affalé sur son lit, et éteint la lumière, à laquelle une autre scène répondra en écho quand le père le déshabillera à son retour d’hôpital). Il pousse son frère à poursuivre ses études à Paris sans une once de jalousie. Il ne ménage pas sa peine pour l’aider à s’installer dans son appartement parisien. On le voit triste de ne pas pouvoir participer au déménagement car la voiture est soit-disant trop petite. Il prépare à manger pour son père et son frère. Il se réjouit avec eux pendant un match de football. Il demande à son père de l’initier au rock (vrai moment de joie).

Jamais il ne se plaint. Il laisse juste échapper quelques critiques à propos de ses études qui fabriquent de la "chair à canon" pour les usines et surtout il ne croit pas en la justice, ce qui justifiera qu'il ne porte pas plainte malgré les encouragements de son père après son agression. Le spectateur ignorant ce qui s’est passé pourra imaginer qu’il a "juste"  été victime d’un combat à mains nues qui aurait mal tourné.

Dans cet univers très masculin, aussi bien entre copains, que dans le métier du père, ou l’association sportive footbalistique de Fus, la figure féminine est très peu présente. La mère est morte. Il y a peu de femmes parmi les ultras. Les réalisatrices ont pris le parti d'occulter la petite amie de Fus tout en lui accordant une partenaire fugace le temps d’une danse, mais pas de laisser entendre que la figure féminine soit totalement absente de notre société et qu'elle peut jouer des rôles importants : être doyenne de la faculté des lettres de la Sorbonne, avocate (on aura reconnu Maëlle Poésy) ou encore juge.

La première scène montre Fus (mais on ne sait pas encore que c’est lui) danser sur un rythme fou et sous des lumières stroboscopiques. Tout de suite après, c’est le père qui marche sur les rails brandissant sa torche pour annoncer le passage de la machine roulante contrôlant les caténaires (il faut d’ailleurs savoir que ce type d’opération est en train de changer et de se simplifier avec un système portatif standard moins coûteux en équipement car il faut tout de même contrôler ces caténaires tous les 3 jours environ). Qui joue avec le feu à ce moment de l’histoire ?

A son retour, après sa nuit à effectuer des réparations manifestement dangereuses, le père entend des informations à la radio à propos de mouvements de jeunes appartenant à une génération oubliée. Il réveille son fils en douceur et l’exhorte à surtout ne pas se rendormir. Le père n’a pas dormi de la nuit mais il accompagne malgré tout Fus à son match de foot dont il est le premier supporter. Il tique à propos d'une action répréhensible mais comme le dira Fus : Pas de carton, pas de faute (l’équivalent du pas vu, pas pris) lourd de sens.

Son collègue Bernard l’interroge à propos de la présence d'un gars qui ressemble à Fus parmi les jeunes qui ont décollé les affiches syndicales. Pierre botte en touche, rappelant qu’il a décroché du syndicat et affirmant que non, son fils n’a pas de blouson avec un dragon rouge dans le dos.

Avoir confié le rôle de Bernard à Arnaud Rebotini ne peut pas être un hasard. Il est aussi un musicien, DJ emblématique de la scène française, compositeur de musique électronique et producteur français, né à Nancy (donc en Lorraine, lieu où se situe l’intrigue) le 12 avril 1970. Il se produit sous son propre nom, mais aussi sous le pseudonyme Zend Avesta. Il est aussi l'un des fondateurs du groupe Black Strobe.

La musique est presque un personnage, dès le générique et elle deviendra presque insoutenable pendant les séances de rééducation. Elle est signée Pawel Mykietvn, combinant rock et electro avec Patti Smith, Soko, Thurston Moore, la musique brute de Cantenac Dagar, l’electro de Rone, et du Gabber, une électro de 160 à 220 bpm qu’écoutent des militants d’extrême droite.

samedi 25 janvier 2025

Joie Sauvage, album, livre et bientôt concert de Nicolas Fraissinet

Le nouvel album de Nicolas Fraissinet est glissé dans une pochette en noir et blanc, évoquant un paysage de grand hiver recouvert de neige.

Et pourtant beaucoup de couleurs se dégagent de Joie Sauvage, des orages et une renaissance après l'affrontement avec le diable.

Les paroles de chaque chanson sont si fortes que l'artiste a décidé de les publier non seulement avec le CD mais aussi dans un livre où chacune est le point de départ d'une série de poèmes. Tout est en français, ce qui est un atout pour toucher un large public, y compris les jeunes, et on peut espérer que des enseignants se saisiront de ses publications.

Nicolas Fraissinet est un chanteur franco-suisse, que l'on dit inclassable mais qu'on n'hésite pourtant pas à comparer à David Bowie dont il est un fervent admirateur. A croire que l’éclectisme reste une vertu mal comprise. Et la multiplicités des dons puisqu'il écrit, compose, arrange, chante et signe aussi la création graphique.

Il est vrai que sa proposition hors format est inhabituelle en associant album musical,  récit poétique et narration visuelle immersive, en fouillant la résilience animale à travers ses chansons.

A cet égard Loups (piste 10) exprime clairement sa prise de position en faveur du règne animal, me faisant penser au film éponyme, et aussi à tous les livres qui traitent de ce sujet, en particulier ceux de Camille Brunel.

Il fait le choix de l'authenticité et affirme haut et fort l'urgence de dire, en prenant à bras le corps le sujet qui est depuis toujours vital pour lui (et pour nous même si nous n'en avons pas conscience) en nous faisant partager son point de vue : la nature, la condition animale à défendre et notre condition d'humains-animaux à retrouver.

Les jeux de mots sont subtils comme avec Lierre encore (piste2) qu'on peut entendre comme Hier encore.

Il a recours au lexique animal (flair, ailes, cri, hibernation …) en inversant le principe de l'anthropomorphisme. Il ne mâche pas les mots dès qu'il le faut. Avec Abattoirs (piste 6) on s'éloigne de la nostalgie mais par nécessité.

Sur le plan musical, il combine l’acoustique et l’électro, sans s'éloigner longtemps du piano. Je suis un peu perplexe à propos de ses compositions parce qu'elles ont provoqué de multiples réminiscences dont je me suis demandé si elles étaient intentionnelles ou fortuites. Je n'en donnerais qu'un exemple avec Hiver (piste 4) dont les premières secondes évoquent nettement Emmanuelle que chantait Pierre Bachelet en 1974.

Quoiqu'il en soit elles ne sont pas gênantes, bien au contraire puisqu'elles convoquent des souvenirs, d'anciennes émotions, et  je suis  persuadée que l'artiste ne fait rien à la légère. Le cadrage de chacune des images qu'il utilise en concert (on devrait dire spectacle) est signifiant, comme par exemple le moment où la pleine lune resplendit au centre de branchages devenant la pupille blanche d'un oeil à l'iris noir. Encore une inversion nous poussant à modifier notre regard.

La voix est douce, tendre, pouvant grimper ou trahir une blessure, pour toujours exprimer plus que ce que les paroles veulent signifier.

Admettons que Nicolas Fraissinet emprunte des chemins de traverse sur lesquels il trace sa route, hors cadre et personnelle, jamais égoiste puisqu'il nous invite à l'y rejoindre.

Il sera en concert le 10 mars 2025 à Paris, au Zèbre de Belleville, avant de partir en tournée. Vous aurez pu découvrir juste avant Black Dog le film choc de Guan Hu qui sortira sur les grands écrans le 5 mars, qui a reçu le Prix Un certain regard à Cannes, et qui fait parfaitement écho à l'univers de Nicolas Fraissinet.
Joie Sauvage de Nicolas Fraissinet
Sortie le 17 janvier 2025 chez Trytons / Inouïe Distribution
En concert le 10 mars 2025 à Paris au Zèbre de Belleville et en tournée

vendredi 24 janvier 2025

Quoi de neuf aux Thermalies ?

L'intitulé de cet article est une sur-promesse, j'en conviens. Le salon des Thermalies est un endroit foisonnant est il est impossible d'en faire un compte-rendu exhaustif.

Ce salon qui s'est tenu du 23 au 26 janvier 2025, au Carrousel du Louvre à Paris, permet de rencontrer les acteurs principaux de la Thalassothérapie, du Thermalisme, de la Balnéothérapie et du Spa, en terme de santé, de bien-être et de beauté.

Les visiteurs sont pour la plupart déjà bien informés des bienfaits de l’eau de mer et de source (ou thermale) sur le corps, mais aussi sur le mental. Beaucoup profitent de leur visite pour choisir et organiser leurs prochaines cures et soins, en bénéficiant parfois d'offres spéciales.

A la suite de l'édition 2024 j'ai passé une journée au Novotel Thalassa Oléron Saint-Trojan, sur la Plage de Gatseau de Saint-Trojan-les-Bains sur l'Ile d'Oléron (que je connais bien) et j'en ai fait le compte-rendu détaillé ici. J'en ai apprécié tous les soins et chaque moment alors que l'établissement s'apprêtait à subir une transformation radicale. J'imagine qu'il va être encore plus agréable l'an prochain après les travaux.

Quelques années auparavant j'avais fait l'expérience du Spa Marin de Pléneuf Val-André dans les Côtes d'armer, qui a donné lieu à plusieurs publications. J'envisage bientôt d'autres expériences, a priori en région parisienne parce qu'il me semble essentiel de démontrer que le dépaysement et le bien-être ne sont pas nécessairement corrélés à un déplacement important. Les facilités d'emploi du Navigo Liberté + ouvrent de nouvelles perspectives et je songe à Enghien-les-Bains …

Les Thermalies sont aussi un espace de conférences et de "talks". Étant toujours désireuse d'en apprendre davantage j'ai suivi celui qui s'intitulait "Choisir les massages qui sont fait pour vous" mené par Jean-Jacques Gauthier et Marie-Paule Leblanc-Péru au nom du SPA-A qui est la fédération des professionnels du Spa et du Bien-être. Si elle existe depuis 22 ans elle a été relancée en 2020 et compte aujourd'hui 350 membres.

Les bienfaits des massages manuels ou à l’aide de machines sont désormais démontrés, mais il s’agit de comprendre les différentes pratiques et contre-indications. Et comment se déterminer face à un choix plétorique qui ne cesse de croitre d'année en année ?

Tout a commencé il y a plus de 5000 ans, en Inde, a continué en Egypte avant d'arriver en Grèce (700 ans av. JC) pour aider les sportifs à se détendre. Le massage a toujours été le pilier de la médecine ayurvédique. Hippocrate en prescrivait en association à un régime alimentaire, des exercices et … de la musique.

il faut distinguer les massages médicaux réservés aux kinésithérapeutes des massages de confort, bien-être, relaxation, longtemps désignés sous le terme de "modelage" pour des raisons réglementaires. Est si depuis janvier 2016 le modelage est accepté en tant que massage non thérapeutique ce terme subsiste encore et vous pourrez le rencontrer.

Jean-Jacques Gauthier n'a pas donné de clés aux participants pour choisir le massage qui leur convient, estimant que la responsabilité du professionnel devait garantir ses actes. peu importe le nom que l'on donne (californien, suédois, balinais …) il est surtout essentiel de connaitre quelques règles non négociables.

Il faut proscrire les huiles minérales (dérivées de la rétro-chimie) et essentielles (sous risque de brulure) et ne jamais accepter de se faire masser en utilisant autre chose que des huiles végétales (de pépin de raisin, de sésame, d'argan, voire même d'huile d'olive). Dans l'idéal le professionnel utilisera un chauffe-biberon pour la conserver à la température idoine.

Il est intéressant de savoir que si le massage échauffe celui/celle qui l'effectue (a fortiori au bout de plusieurs heures de pratique) à l'inverse il fait baisser al température du corps massé d'au moins 1 degré, ce qui signifie que toutes les surfaces du corps qui ne sont pas concernées doivent être recouvertes, et si possible par une couverture. Ce n'est donc pas une question de pudeur mais de palliatif contre la chute thermique.

Il est essentiel de connaitre les contre-indications. Un drainage lymphatique ne doit pas être violent, surtout sur des veines fragiles. A l'inverse un massage en profondeur aura un effet dopant. Il convient donc de préciser ses attentes avant de commencer.

Quelques mots ont été dits à propos des massages sur des lits hydro-massants. Les premiers ont été inventés en 1986 par un ostéopathe allemand. Un des avantages est l'inutilité de se déshabiller.

Depuis le système s'est perfectionné est avec l' iYU® qui agit avec un bras robotisé collaboratif et une main articulée brevetée. Un capteur 3D et des algorithmes d’IA permettent d’ajuster le massage en temps réel selon la morphologie et les préférences de l’utilisateur, pour garantir une expérience de massage douce et adaptée aux besoins de chaque utilisateur et surtout un soin de qualité.

La tentation était forte de me prêter à l'exercice, non pas de l' iYU® (pas encore) mais du moins de l'Aquatizer QZ.240 de Koncept’O qui même en situation de démonstration de quelques minutes offre un moment agréable et relaxant.

L’Aquatizer est un lit hydromassant composé de 4 jets puissants et précis et -et c'est là aussi son originalité et un point fort- d’un massage au niveau des pieds. Les zones à masser sont identifiées avec précision via un capteur détectant la taille du client. C'est une alternative séduisante pour se relaxer ou suivre une préparation sportive. Je signale que l'appareil est présent au sein du Spa by Clarins de l'hôtel Molitor.

Si je n'avais pas été convaincue à la fin de ma dernière visite au salon Muséum Connections par un système de bornes d'écoute par conduction osseuse et j'ai de ce fait été attentive à la proposition de Aqua Musique qui a développé une innovation permettant de sonoriser une piscine de balnéothérapie sans perforer le bassin.

La technique d'Aqua-massage-musical afférente est très séduisante. Reste à l'expérimenter dans un avenir proche pour en parler en toute connaissance de cause.
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La première illustration de cet article est une vue de la piscine principale de l'Hôtel de la Luz - Spa Holistic Resort, situé à Tepoztlán (Mexique) où on pratique des massages de grande qualité et où j'ai effectué un séjour de rêve.

jeudi 23 janvier 2025

Tatiana Wolska, Prix Drawing Now 2024, expose Belladone

Le vernissage de l’exposition Belladone au Drawing Lab intervient au moment où les médias se font l’écho d’un nouveau scandale. Offrir des fleurs coupées serait dangereux pour la santé en raison des multiples traitements avec des pesticides nécessaires à leur culture.

Louise Bourgeois n’avait pas attendu une telle annonce pour se débarrasser du moindre bouquet sur les marches de l’église voisine. Et c'est loin d'être un hasard si Tatiana Wolska, lauréate du prix Drawing Now 2024 fait référence à cette artiste.

Depuis toujours, la fleur peut autant être porteuse de vie que de mort. Si nécessaire en cardiologie et néamoins associée à la sorcellerie, la belladone en est un exemple archétypal.

L’exposition met en valeur des oeuvres que le spectateur interprète d’abord comme des aquarelles, peut-être des encres, et qui sont en fait exécutées aux crayons de couleur. Elles se meuvent et notre regard y voit des évocations florales, puis assez vite évocations du sexe féminin ou masculin.

La grande salle de l’espace d’exposition située au sous-sol est entièrement investie par une oeuvre produite spécialement. L'espace y devient une sorte d'agora qui sera foulée par les visiteurs. On a conscience que l’œuvre s’abîmera, c’est normal, mais elle ne se fanera pas complètement. Des fragments seront préservés et récupérés (et très probablement réinvestis ultérieurement).

Tatiana est née en 1977 en Pologne. Elle vit et travaille à Bruxelles. C'est peut-être la reconnaissance du Salon de Montrouge dont elle fut lauréate en 2014 qui aura été décisive dans sa pratique artistique. Je regrette de ne pas l'y avoir vue, mais je ne suis allée dans ce salon qu'à partir de 2015

Elle a l'habitude de pratiquer le recyclage et d'employer des matériaux de récupération. Ses sculptures le démontrent. Faire avec ce qu’on a ou ce qui est possible, ne pas dépasser le budget sont des contraintes qu'elle ne subit pas avec effroi et qui au contraire alimentent sa force créative.
 
Pour celle-ci, elle a travaillé sans maquette ni dessin préparatoire, par tâtonnement par ajouts, en tenant compte du noir du plafond et de l’éclairage horizontal au moyen de néons. Elle est restée vigilante tout au long du processus au rythme et à la gamme des couleurs de manière à ce que le résultat soit lumineux et vivant.

J'ai été saisie en descendant l'escalier par cet endroit qui pourrait  être considéré comme une extension du jardin des tarots de Niki de Saint Phalle. Tatiana (assise ci-contre au milieu de son oeuvre) est une artiste d’une simplicité touchante, très ancrée dans le quotidien, ne refusant aucune question mais trop fatiguée aujourd'hui pour répondre longuement à chacune, ce qui est tout à fait compréhensible quand on mesure l'ampleur du travail engagé.

Elle a cependant expliqué que cette installation était pour elle une "première" et que ce travail en volume faisait suite à une résidence l’été dernier en Sologne.

Mais c'est surtout Marianne Derrien, la commissaire, qui a pris la parole pour parler de cette artiste avec qui elle a d'abord noué un lien dans le domaine de la sculpture.

La jeune femme est commissaire indépendante, critique d'art et enseignante. Elle publie régulièrement des textes critiques. Elle est en résidence curatoriale au Wonder depuis 2020. Elle est lauréate, en 2023 du programme BMW Art Makers dans le cadre des Rencontres d'Arles et de Paris photo.

Elle a détaillé le processus créatif, auquel elle a participé activement pendant la dizaine de jours d'installation, positionnant et agrafant les morceaux de papier en suivant les directives de l'artiste qui elle-même s'activait tout autant.

Ce mode d'action est familier à Tatiana qui travaille souvent à 4 mains en invitant d’autres artistes.

Il a fallu beaucoup de scotch et ce sont près de 200 000 agrafes qui ont été nécessaires. Le résultat est graphique et structural, autant abstrait que figuratif. On prend compte de l'importance de ce matériau en s'approchant et il convient de remercier l'entreprise Raja pour son mécénat.
En déambulant dans l'installation on effectue un voyage physique et sensuel qui nous permet de prendre la mesure du défi et de traverser des mondes.
L'oeuvre n'est pas figurative. Elle est ouverte mais elle se ressent. La balade provoque une perte de repères qui nous conduit, par proximité sémantique entre beladone et Belledonne, dans le massif alpin de Belledonne, et on pourrait presque entendre belle dame.

mercredi 22 janvier 2025

Quel plat associer avec la cuvée Pierre-François 2023 du Domaine Colin (Vendômois)

J’avais participé en novembre dernier à une dégustation de plusieurs vins du Vendômois au cours de laquelle j’avais fait quelques découvertes qui m’ont donné envie de faire d’autres accords vin-met, complémentaires à celles que j’avais faits à l’été 2024 avec par exemple le Chenin Blanc du domaine du Four à Chaux ou le Saveurs d’été Gris 2023 de Denis Noury.

Il s’agit cette fois de la cuvée Pierre-François Colin pour le Domaine Colin. Le viticulteur est issu d'une longue lignée de vignerons puisqu'il représente la 9ème génération. Il a réussi à maintenir de bons rendements et à maîtriser le mildiou sur les 28 hectares de vigne, sauf en 2021 parce que le gel fut exceptionnel cette année là. Sa spécificité par rapport aux autres exploitants de l’appellation est de ne pas être et longtemps il fut le seul en bio. C'est un domaine important puisqu'il exploite un tiers du territoire de l'appellation.

C'est, parmi tous leurs vins, et en toute modération, un rouge qui a eu ma préférence, lRouge Pierre-François 2023– AOP Coteaux du Vendômois - Assemblage de Pineau d'Aunis, Gamay et Pinot noir vendangé du 23 au 28 septembre 2023 qui a un potentiel de garde de 5 ans.
Le nez est très fruité, sur la cerise, la bouche souple sur les fruits mûrs et les épices. Sa note fumée aiguise l'appétit mais il a une belle fraicheur en finale. Ce vin est un appel au partage, à servir sur des charcuteries, viandes blanches et fromages. Il pourrait faire merveille sur un poisson grillé, voire même un carpaccio mais surtout en évitant un plat trop salé ou une viande fumée parce que le sel déstabilise les tanins. Il fut parfait sur du veau mijoté.

mardi 21 janvier 2025

Une belle fille avec un fusil d’Eric Pessan

Je connaissais surtout Éric Pessan en tant qu’auteur pour la jeunesse, un domaine où il excelle. Mais il est aussi dramaturge. Il écrit des romans, du théâtre, de la poésie, des récits et des fictions radiophoniques (toutes produites par France Culture).

Il travaille actuellement à une réécriture de La Métamorphose de Kafka pour le Théâtre du Rictus de Nantes. Mais Une belle fille avec un fusil est la dernière pièce qu’il a conçue pour le théâtre.

Elle a déjà été jouée en 2021 par Alice David quelques fois à Cholet et Angers, pour la Compagnie la Grange aux Arts, dans une mise en scène de Laurence Brunel qui a dirigé la comédienne entre jeu et dialogue avec son personnage, Niki de Saint Phalle.

Cependant la pièce n’a été publiée, par Lansman Editeur, qu’en septembre 2024. La plateforme Babelio, que je remercie, me l’a adressée dans le cadre d’une opération de masse critique. L’ouvrage est dédié à Caroline Deyns qui est l’auteure d’une biographie romancée de l’artiste, Trencadis, publiée en 2020. Elle y interroge des témoins réels ou fictifs et se base sur différents supports (poèmes, calligrammes, fragments) afin de mettre en lumière la vie de l’artiste et en particulier la difficulté d'être femme.

Il faut dire que Niki de Saint Phalle est une artiste dont la vie ne cesse de nous questionner et je voudrais tout d’abord signaler Niki, le premier film de Céline Salette qui a réussi admirablement à nous faire approcher sa problématique.

Le personnage d’Eric Pessan se raconte en situant ses confidences à l’âge de 40 ans. Tout est alors en place. Les traces se sont multipliées. On devine que le personnage va rectifier certaines opinions à propos de l’été des serpents et se présenter, ou se résumer, à une belle fille avec un fusil (p. 9), ce qui est d’ailleurs le titre de la pièce.

Un long monologue, ou plutôt un dialogue avec elle-même, ponctué de quelques mots et/ou phrases en anglais, qui probablement sont des résurgences de son enfance américaine. La comédienne parle de Niki dans un discours intérieur : les mots c’est le pouvoir. Tu le sais bien (p. 12). Les actes les plus forts de l’artiste sont récupérables (parfois récupérés) par un mouvement comme #Me Too. Mais rien qui ne claque comme le tir d’une carabine (…) ou d’une décharge électrique (p. 12), à moins que ce ne soient les souvenirs (…) comme un coup de feu (p. 18).

Ce qui est très pertinent c’est la double interrogation sur le personnage et sur son acte. Ce qui amène Eric Pessan à pointer que la vérité est comprise (contenue) comme une métaphore, en miroir à la remarque de son père « tu fais ta comédienne » lui permettant à se dédouaner de ses actes.

Niki a publié Mon secret en 1994, à propos de faits intervenus dans les années 1940. Eric Pessan fait remarquer, à bon escient, qu’à l’instar de la chanson créée en 1970 L’aigle noir, le véritable sujet n’a été décrypté qu’après coup, à savoir en 1997 pour Barbara. Il est amusant à cet égard de savoir que cette chanson avait été le sujet d’une épreuve de l’oral de français du Bac en 1972.

Parmi les confidences de Niki on apprend qu’elle confondait libre et sans attache (p. 27), que si ses cercles n’étaient jamais tout à fait ronds c’était par choix, car la perfection est froide. L’imperfection donne la vie et elle aime la vie.

L’auteur définit le théâtre, ajoutant modestement « peut-être ». Ce serait mettre de l’ordre dans une histoire, pour le temps d’une représentation. Faire croire que les choses qui se produisent ont un sens (p. 33).
Il fait demander à la comédienne quel effet ça fait de tirer (p. 36). J’ai eu l’opportunité de vivre cette expérience pendant la visite d’une exposition à Mons en Belgique comme on peut le constater sur la photo ci-dessus. Se mettre corporellement dans la peau de l'artiste est une proposition plutôt inédite ... et jouissive.

Le texte ne comporte que 39 pages. C’est bref mais pourtant intense.

Une belle fille avec un fusil d’Eric Pessan, chez Lansman Poche, en librairie depuis le 8 octobre 2024
A partir de 14 ans

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