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La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

jeudi 30 avril 2020

Entre Voix confiné avec Eva Rami

Eva Rami est une comédienne exceptionnelle. Elle n'est pas la seule ... mais je l'adore.

Je l'ai découverte pendant le festival d'Avignon l'été dernier et nous avons sympathisé. Elle avait attiré mon attention dans un spectacle où elle ne jouait pourtant pas le premier rôle, Et le coeur fume encore au 11 Gilgamesh.

Comme je la félicitais elle m'avait alors proposé de venir la voir dans son seule-en-scène à la Condition des Soies. Malheureusement l'horaire était incompatible avec mon emploi du temps. Elle avait avec grande simplicité accepté que j'arrive en cours de route.

Et puis j'avais pu me libérer et assister à toute la représentation de T'es toi ! Sa performance avait renforcé mon opinion. Coup de coeur absolu que j'ai crié sur les toits en tuiles de la cité.

Je lui avais promis un grand succès parisien à la Huchette où il était prévu qu'elle joue jusqu'à fin avril (au moins). Le confinement a brutalement stoppé l'aventure et je n'ai pas eu le temps de revenir l'applaudir. 

En attendant j'ai continué à suivre les aventures de ses personnages à travers les scènettes qu'elle poste sur Facebook depuis sa salle d'eau, en réalisant ainsi le vieux projet de raconter une vie de chiottes. Cette vignette quotidienne est drôlissime ... évidemment. Je ne pouvais pas manquer de proposer à Eva un Entre Voix confiné. Vous pourrez l'écouter ici en sachant qu'elle a choisi comme musique de fin : My face de Biga Ranx.

Elle se trouve à Nice, dans des conditions de vie un peu spéciales, mais qui lui conviennent. Elle nous dit combien cette pause imposée lui permet de reprendre des activités auxquelles elle avait renoncé. Comme beaucoup d'autres artistes elle espère qu'on ne repartira pas ensuite tête baissée et souhaite de tout coeur qu'on garde cette empreinte au fond de nous pour l'utiliser dans la poursuite de notre vie.

Son conseil est de dire à ceux qu'on aime qu'on les aime. 

Ne la manquez pas quand le théâtre pourra réouvrir ! Je parie qu'elle aura même enrichi son spectacle...

Cet article est illustré d'une photo prise l'été dernier pendant le Festival OFF d'Avignon.

mercredi 29 avril 2020

Entre Voix Confiné avec Christian Etchebest

(mis à jour le 11 juin 2020)
Je connais Christian Etchebest depuis de nombreuses années. Et il me semble qu'il n'y a pas un de ses restaurants où je ne sois allée.

Il était naturel que je lui propose un Entre Voix nouvelle formule.

Comme l'émission est diffusée ce mercredi, jour où M6 diffuse un nouvel épisode de Top Chef, nous parlerons bien entendu de celui qui est en train de devenir  le chouchou de nombreux spectateurs, Adrien Gachot, dont j'ai découvert la cuisine par son intermédiaire, il y a déjà trois ans. C'était une belle expérience que je relatais ici.

Sera-t-il en finale comme je le pressens ? Il est évident que Christian ne dira rien, même s'il connait la réponse.

Nous allons parler de la manière dont le chef fait face à la crise. Il ne pensait jamais qu'un jour il se lancerait dans la vente à emporter et c'est pourtant ce qu'il fait depuis quelques jours. Il s'est remis volontiers à éplucher et mitonner lui-même pour ses clients malgré le confinement. 

Ce qui compte avant tout pour ce cuisinier au grand coeur, ce sont les copains. Pas étonnant qu'il ait choisi pour clore l'émission la chanson de Georges Brassens les copains d’abord. Pour écouter le podcast suivre le lien.

Cet article est illustré d'une photo prise le jour de l'inauguration de La Cantine du Troquet de Rungis en novembre 2016.
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Depuis que les restaurants ont l'autorisation de rouvrir, en terrasse, la Cantine du Troquet s'est déployée sur le trottoir à Dupleix, au 53 Boulevard de Grenelle, 75015 Paris, et à Pernety au 101 rue de l'Ouest 75014 Paris, également à Rungis où la terrasse est immense.
La vente à emporter est encore maintenue jusqu’au 22 juin. Un menu différent et gourmand chaque jour. Il est prudent de réserver même si quelques clients sont servis au dernier moment. Et puis vous êtes d'ores et déjà attendus pour "trinquer au troquet".

mardi 28 avril 2020

Entre Voix Confiné avec Zélia

Après un homme de théâtre (William Mesguich) voici une femme inclassable, artiste bien sûr, mais aussi styliste, chef d'entreprise, et surtout d'une vitalité et d'une pétillante à toute épreuve, y compris celle du coronavirus. Elle s'appelle Zelia mais elle est aussi connue par le nom de sa marque Zézette by Montmartre.

Allez faire un tour sur son site si vous ne la connaissez pas. Vous en serez pas déçus.

Elle est la deuxième à se confier au micro virtuel des Entre Voix confinés sur Needradio.

Elle est l'exception qui confirme la règle car elle sera la seule de la série à avoir déjà été invitée dans les studios de la radio pour un Entre Voix classique, d'une heure (le 12 juin 2019), et que je vous invite à écouter ici. Car, bien entendu, je ne lui ai pas reposé les mêmes questions.

Zélia est couturière. Elle est née en Picardie, dans la Somme au milieu des champs de patates, ce qui a, dit-elle forgé sa bonne humeur. Une fois son Bac en poche, à tout juste 18 ans, elle est partie sans se retourner pour débarquer à Paris, dans un quartier de légendes, Pigalle, où 5 ans plus tard, en 1988, elle ouvre, au 47 ter Rue d'Orsel, 75018, sa boutique-atelier qui s’appelle Sur la terre comme au ciel.

Autodidacte, elle dit avoir appris toute seule, sans jamais ouvrir un livre de couture ou d’histoire. Elle aime l’improvisation comme son regretté ami Didier Lockwood. Elle se dépasse sans compter et créé sans relâche, sans dessin, sans modèle, souvent la nuit, toujours en chantant, des pièces atypiques et uniques … tenues de bal, robes de scène ou de mariée et leurs accessoires … qui sont des vêtements de rêve pour des personnes incroyables et merveilleuses.

Forcément, elle séduit les artistes, de la chanteuse lyrique Patricia Petitbon, aux icônes de la danse classique comme Marie Claude Pietragalla ou Patrick Dupond… Elle fait aussi des tabliers de folie qui sont portés par des centaines de personnalités, un peu partout, et même à l’Elysée.

Dans la première émission elle était revenue sur son parcours, son enfance marquée par des heures de méditation assise sur des carrés de tissus à carreaux à attendre sa mère dans les champs, son adolescence un peu rebelle, ses amitiés avec les artistes, les nuits "pigalliennes", sa philosophie de vie et ses projets.

La crise du coronavirus a été pour elle un choc très violent, en emportant plusieurs de ses amis. Mais, une fois passé le choc et après quelques jours de repos forcé et mérité, Zelia a fait le vide, au sens propre comme au sens figuré.

Elle décida de céder quasi à moitié prix toutes ses robes de princesse et de refaire à neuf son atelier-boutique. Ecoutez-la. Son expérience et sa manière de rebondir vont vous épater et vous redonner le sourire. Vive Zélia sur la terre comme au ciel ! Et allez la voir dès la fin du mois de mai. Elle aura réouvert.

Comme musique elle avait choisi : Peggy Lee, Let’s love. Pour écouter le podcast suivre le lien.

Photo prise à Villepinte pendant le dernier salon Maison&Objet

lundi 27 avril 2020

Entre Voix Confiné avec William Mesguisch

William Mesguich a inauguré aujourd'hui une déclinaison de l'émission Entre Voix que je produisais et animais sur Needradio et qui était programmée chaque jeudi soir de 20 à 21 heures.

J'emploie le passé parce que l'épidémie de Covid a rendu les studios inaccessibles.

Cependant nous avons décidé, pendant les jours restant du confinement, de réaliser des interviews plus courtes (une demi-heure), enregistrées elles aussi dans les conditions du direct (sans aucun montage) en utilisant les moyens à notre disposition, Skype, Zoom et téléphone.

La qualité sonore n'est pas toujours optimale, surtout pour les premières, mais la sincérité et l'authenticité des propos compensent largement les inconvénients techniques.

A l'inverse de ce qui se passe en studio, on ne ponctue pas l'entretien par quatre morceaux musicaux. un seul a été diffusé à la fin, choisi toujours par l'invité. Ce morceau n'a pas été inclus dans le podcast pour une raison que j'ignore mais je vous l'indiquera à chaque fois pour que vous puissiez l'écouter. Il est toujours représentatif des goûts de la personne interviewée.

A circonstance exceptionnelle, discussion exceptionnelle. le tutoiement s'est imposé puisque je connaissais chaque personne, et cela a sans doute contribué à instaurer une certaine intimité, tout en maintenant une pudeur essentielle.

Autre changement de taille : l'émission devient quotidienne, chaque jour de la semaine et sera diffusée de 18 h 30 à 19 h.

William Mesguich fut donc le premier. Sans être donneur de leçon, ce formidable comédien, capable de nous émouvoir dans un rôle tragique comme de nous faire rire dans un registre comique, nous confirme la nécessité de bienveillance et de tendresse. "Il faut être terre d’accueil mais il va falloir aussi apprendre à renoncer" dit-il.

Il s'exprime sur sa boulimie de théâtre et sur l'annulation du festival d'Avignon. A l'inverse il se confie aussi sur une qualité de vie familiale retrouvée.

Le dernier spectacle qu’il a mis en scène proposait aux enfants dès 6 ans de découvrir l’univers de Léonard de Vinci à l’Espace Paris Plaine. Il a été interrompu brutalement par l’épidémie de Covid. Mais il est temps d’entendre le désir du grand homme d’inventer une humanité différente. Voilà pourquoi nous avions choisi de terminer cette interview avec L’homme vole au-dessus du monde, une chanson écrite et composée par Estelle Andrea pour ce spectacle.

Pour écouter le podcast, suivre ce lien

Photo prise dans le hall du Théâtre de Poche-Montparnasse avec les autre comédiens de Mon Isménie : Sophie Forte, Frédéric Cuif, Alice Eulry (mise en scène de Daniel Mesguich). C'est le dernier spectacle que j'ai vu au théâtre avant le confinement.

dimanche 26 avril 2020

Chou-pommes de terre-Chipotle

Voilà une association qui fonctionne bien : chou/pomme de terre, et si on fait cuire avec un piment fumé comme le Chipotle et des saucisses de Montbéliard, alors les parfums se renforcent agréablement.

J'ai ramené quelques piments Chipotle Meco du Mexique et bien que cette spécialité de Chihuahua est vilaine à regarder j'adore son arôme fumé avec une saveur légèrement épicée et fruitée.

Ce sont des Jalapeños matures qui restent encore plus longtemps dans la brousse que ceux qui sont cueillis sous forme de Jalapeños rouges destinés à être vendus sur les marchés. Ce temps additionnel donne une couleur rouge encore plus profonde et lorsque ces piments commencent à perdre leur humidité, ils sont ensuite récoltés pour être séchés et fumés. ils changent de couleur ... et de nom. On les appelle alors Meco.
Si le Jalapeño titre 2500 à 8000 sur sur l'échelle de Scoville le Meco se situe entre 5 000 et 10 000, ce qui reste malgré tout une chaleur moyenne et se situent  SHU (unités de l'échelle de Scoville mesurant la force des piments).

Comme tous les piments il est recommandé de les laver avant de les cuisiner. Théoriquement il faudrait les fendre et retirer les graines mais j'ai fini par ne plus prendre cette précaution. Par contre je filtre la sauce pour ne pas risquer d'en avaler. Et je les fais revenir dans la matière grasse car c'est ce qui va libérer les parfums.

Pour cette recette je commence par mener cette étape avec un oignon émincé et un seul piment. Ensuite je pose des pommes de terre épluchées et coupées en deux. Je mouille à hauteur, sale et poivre et j'ajoute du chou blanc (que je ne blanchis pas auparavant). Je termine par les saucisses. 

J'aime bien servir les légumes et la viande avec une belle portion de piment que l'on dégustera par petits morceaux, selon son envie.
On peut servir en coupant une saucisse en rondelles ou la laisser entière. On pourra compléter le menu avec une Soupe aztèque et par contre des carottes râpées pour ne pas faire un repas trop pimenté. C'est simple mais en période de confinement on ne fera pas la "fine bouche", ce qui n'empêche pas de se régaler, ni d'avoir le sentiment de voyager.

vendredi 24 avril 2020

L'attrape-cœurs de JD Salinger

Je n'aurais pas songé toute seule à me pencher sur ce livre.

Il fait partie de la Sélection anniversaire des 68 premières fois et c'est le choix de Stéphanie Kalfon dont j'avais découvert le second roman l'an dernier, Attendre un fantôme.

J'avais trouvé ce livre d'une grande densité et c'est avec intérêt que je me suis plongée dans L'attrape-cœurs de Jérome David Salinger (1919-2010), dont je crois que c'est son seul roman, puisqu'il s'est spécialisé ensuite dans l'écriture de nouvelles.

Ce livre est un monument de la littérature américaine et nous ramène soixante-dix ans en arrière.

Je l'ai apprécié en le lisant tout en écoutant un album de Moriarty ... When I ride ou Jimmy dont les paroles l'accompagnent à la perfection.

Holden Caulfield vient d'être renvoyé de son école et se trouve ainsi libre de revenir à NewYork quelques jours avant les fêtes de Noël. Sonner chez ses parents équivaudrait à se dénoncer. Alors il déambule en attendant que les jours se passent. Et nous raconte le moindre de ses faits et gestes avec un ultra romantisme.

Auparavant il nous fera partager l’essentiel des rituels d’une université américaine, la vie en chambrée, la difficulté à supporter les camarades. Ses lectures aussi et je me suis étonnée de le savoir relire La ferme africaine (p.30).

Le jeune homme est constamment en action et pourtant on ne peut pas dire qu'il se passe grand chose.  On le suit dans ses pérégrinations souvent cocasses et ses obsessions, par exemple celle de savoir ce que deviennent les canards de Central Park lorsque le lac est pris par le gel. Une interrogation qui ne lâche pas Cali qui la reprend dans la chanson de l'album L'Amour parfait, Il y a une question.

Beaucoup de ses pensées tournent en boucle dans son cerveau tandis qu'il fume et s'alcoolise. Sa manière de partager ses réflexions est touchante parce que la sincérité du personnage est indubitable et saisit le lecteur auquel le narrateur s'adresse dans un vouvoiement respectueux qui contraste avec des formules comme ça m'a tué, qu'il répète à tout bout de champ.

On est en empathie totale avec lui lorsqu’il revient sur la leucémie de son frère et sur la douleur de la perte (p.51).

On a envie qu'il fasse la bonne rencontre qui le sortira de l'adolescence mais il erre, un peu comme la balle perdue d'un flipper, d'un ancien professeur à un autre, qui chacun à leur manière l'imagine courir vers un échec effroyable, et se heurte aussi à des personnes qui profitent de sa naïveté. Autour de lui, le monde n'est qu'hostilité et corruption à l'exception de sa petite soeur, la môme Phoebé. Suffira-t-elle pour le ramener à la lumière et le sortir de son désenchantement ?

L'attrape-cœurs - JD Salinger - Pocket
La Sélection "anniversaire" 2020 se compose de 14 romans (premiers ou deuxième textes, anciens ou récents, français ou traduits) choisis par un panel d’auteurs et 5 seconds romans français.

mardi 21 avril 2020

Une furieuse envie de tartare

Au bout d'un mois et demi de restrictions alimentaires j'ai craqué pour un tartare que par chance j'ai pu satisfaire à l'occasion d'une sortie pour faire ces fameuses courses de première nécessité.

Je l'ai préparé, comme je l'aime,
avec moutarde,
câpres,
cornichons en rondelles,
gingembre frais (par chance il m'en restait),
basilic,
sel, poivre,
vinaigre balsamique
et un trait d'huile d'olive.

J'ajoute un jaune d'oeuf. Je trouverai une utilisation au blanc (qui se conserve très bien jusqu'à trois jours dans le réfrigérateur).
Evidemment, c'aurait été divin avec des frites, mais une salade fera l'affaire. On ne peut pas "tout" avoir.

lundi 20 avril 2020

Acusada, film argentin de Gonzalo Tobal

J’avais pu voir Acusada alors que Canal + était en accès libre et j’ai du coup compris différemment la Fille au bracelet.

C'est un film argentin réalisé par Gonzalo Tobal à partir d'un fait divers et qui a été présenté en compétition au Festival de Venise 2018.
Dolores Dreier est une jeune étudiante sans histoire jusqu’au jour où sa meilleure amie est retrouvée assassinée. La police soupçonne très vite la jeune fille au visage angélique. Celle-ci l'a menacée de mort après la diffusion d'une vidéo à caractère sexuel. Deux ans plus tard, seule accusée du procès, elle est au centre d’un déchaînement médiatique, entre soutiens et détracteurs. Dolores est soutenue sans relâche par ses parents et défendue par le meilleur avocat de la ville. Au cours du procès, le voile est levé sur un certain nombre de secrets et la solidarité familiale se fissure...
Je ne vais pas me lancer dans une analyse comparée des deux films mais je donnerai malgré tout quelques points de comparaison parce que, bien que réalisés à deux ans d'intervalle, et sans que Stéphane Demoustier, le réalisateur français n'ait visionné la version d'origine, il y a des différences intéressantes du point de vue du fonctionnement de la justice dans les deux pays, et des similitudes quant à la façon dont les jeunes considèrent l'amitié et la sexualité.

Si la famille de Lise vit confortablement dans la banlieue de Nantes, la famille de Dolores (Lali Espósito) est carrément fortunée, dans une vaste maison avec piscine et elle a hérité d'une hacienda du grand-père. Nous ne sommes pas dans des milieux sociaux semblables.

La musique de Time of the Season, par the Zombies résonne sur le générique du film et je réalise que je connais très bien cet air. Et pour cause puisqu'il date de 1964 ...

Tout semble aller bien alors que se déroule une séance photo plutôt glamour dans une ambiance détendue : Je me sens mieux depuis que j’ai repris des activités. Je suis très soutenue par ma famille dit Dolores dont on aura remarqué que le prénom signifie douleurs, et au pluriel s'il vous plait.

La jeune fille répond à une interview et on notera le surpoids d'une hypermédiatisation dans l'affaire, orchestrée par la famille elle-même, manifestement avec l'intention d'influencer l'opinion, alors que la version française est plus sobre, également je dirais plus digne, et extrêmement concentrée sur la tentative de résolution de l'affaire.

Dans le film argentin, les parents (Leonardo Sbaraglia et Inés Estévez) sont convaincus de la culpabilité de leur fille et s'ils mettent tout en oeuvre pour lui évider une condamnation c'est d'abord une question d'honneur avant d'être de l'amour, même s'ils aiment leur enfant. Si après tout ce qu'on a fait tu es déclarée coupable tu ne seras plus ma fille dira son père en insistant : C’est la chose la plus certaine que j’ai jamais dite. Va te coucher maintenant.

C'est peut-être aussi une main mise de l'avocat (Leonardo Sbaraglia), ami de la famille (qui la ruinera en honoraires) et qui est lui aussi persuadé de sa culpabilité. Dolores décrit son père comme très efficace, sa mère très calme. C'est surtout lui qui l'accompagne au tribunal, comme le fait Roschdy Zem dans La Fille au bracelet.
Les parents français sont eux aussi très investis, et très présents mais ils agissent davantage comme soutien. Ils ne cherchent pas à influencer la justice. Et surtout on les remarque préoccupés de n'avoir pas vu leur enfant changer, et grandir de cette façon, alors que les argentins sont anéantis : on n’aurait jamais pensé qu’un tel cauchemar nous tomberait dessus (dit la mère en faisant preuve d'un égoïsme incroyable car le vrai cauchemar c'est la mère de Camila qui le vit).

dimanche 19 avril 2020

Avez-vous du scotch ?

Vous aussi, vous prenez l'apéro avec vos amis en scrutant l'écran de votre ordinateur, via Zoom ?

Les plus chanceux profitent de leur balcon, si appréciable en cette période de confinement sanitaire. Et ceux qui ont un jardin n'osent pas clamer leur bonheur, de crainte de provoquer la jalousie.

Même sans loggia, j'arrive à respirer une dose d'oxygène en humant le parfum d’un lilas, en laissant la porte-fenêtre grande ouverte.

J'apprécie de souffler après des heures de rangement et de tris qui sont épuisants physiquement, et parfois éprouvants psychiquement.

Je ne retrouve pas que des cahiers de ma maman. Aujourd’hui c'est sur le verre préféré de mon papa que j'ai remis la main.

L'objet a fait resurgir le souvenir d'un moment vécu dans une auberge un peu perdue, au col du Donon, dans les Vosges. Nous revenions de quelques jours de vacances en Alsace quand mon père voulut faire une halte.

Je me souviens parfaitement de la salle à manger, aux murs lambrissés, et de ses tables recouvertes d'une nappe de tissu à carreaux rouges et blancs.

La patronne est arrivée pour savoir si, avant de dîner, nous allions prendre un apéritif. Mon père lui demanda alors : Avez-vous du scotch ?

La surprise se lisait sur son visage soudain préoccupé. Je vais voir, peut-être dans la chambre de mon fils. Elle revint au bout d'un long moment, avec à la main un rouleau de ruban adhésif.

J'avais une douzaine d'années, mais j'ai éclaté de rire. Je savais bien que mon père n'avait pas besoin de cet article. Il n'était pas snob mais il employait ce mot pour désigner tout whisky, qu'il soit d'origine écossaise ou irlandaise. Par contre il disait « Bourbon » pour les américains.

Ce soir j'ai plaisir à en savourer un, comme lui, simplement "on the rocks", avec des pâtes de fruits pimentées et un petit bol de chicharrón, cette peau de cochon soufflée qu'on grignote au Mexique. Et je pense à mon père et à ma fille ... qui sont presque avec moi.

A consommer malgré tout en toute modération …

samedi 18 avril 2020

Christophe éternellement

J'avais rencontré Christophe une première fois il y a un peu plus de dix ans. Je le qualifiais alors d'artiste majeur en terme d’excentricité et néanmoins discret sur sa vie privée. J'étais fascinée qu'il parvienne à vivre -comme on dit- sur une autre planète.

J'avais retrouvé l'affiche de ce spectacle il y a quelques jours à la faveur du grand ménage que nous sommes si nombreux à avoir enclenché pendant ce confinement.

L'annonce de sa mort, le 16 avril, dans un hôpital brestois (il a sans doute été déplacé comme le sont plusieurs malades du Covid, pour désengorger les services de réanimation). Il semblerait qu'il ait succombé à un emphysème chronique. C'est un choc. Il s'apprêtait à sortir un nouvel album. 

Christophe était un travailleur acharné et hyperexigeant. J'ai eu la chance de le voir sur scène, en étant très proche. Il pouvait être tétanisé par une timidité terriblement maladive mais, paradoxalement, jamais sur scène.

Il y a des chanteurs/euses qu’on prend plaisir à voir évoluer sur scène parce qu’ils font leur show : choristes, danseurs, décibels, lumières, projections … c’est grandiose. On leur pardonnera de chanter en play-back. La voix de Christophe est brisée quand il parle (et il parle peu). Mais qu’il chante et c’est toute autre chose ! En concert tout est techniquement parfait. Chaque détail minutieusement exécuté. Extrêmement. Chanteur comme musiciens (tous formidables) ne pourraient pas faire mieux, ni davantage. Ils nous donnent à chaque fois un je ne sais quoi de plus que le CD. Du coup chaque récital est un régal. Les guitares de Christophe Van Huffel sont magiques. Il en joue avec fantaisie. Que Christophe invoque les violons et son compère se saisit d’un archet pour faire pleurer son instrument.

Tout ce qu’on a écrit sur lui et sur l'album Aimer ce que nous sommes est vrai et faux à la fois. Je réécoute le CD en boucle et je n’entends pas la même chose que le souvenir que j'ai du concert. Ce ne sont pas les lumières (très belles) qui me manquent. Ni le public (chaleureux). Ni la mise en scène (sobre, à la limite de l’absence) … alors quoi ?

Il émanait de Christophe quelque chose de fantastique, de fantasque aussi, de l’ordre de l’improbable et du prévisible à la fois. Il faudrait inventer un terme rien que pour le définir : pourquoi pas musique-fiction à l’instar de la science-fiction.

Lire les paroles de ses chansons n’a guère d'intérêt. Il faut les écouter pour qu’elles prennent sens. Et surtout voir le chanteur les exprimer. Je me souviens de sa main arrimée au siège où il était comme vissé alors qu'avec l’autre il traçait une ponctuation en direction du public, avec une gestuelle de chef d'orchestre ou d'artiste peintre, c'était selon.

Il chantait comme avance un aveugle, en alerte permanente, l’oreille aux aguets de chaque note de musique. Très lentement et c’est ce qui renforçait le mystère parce que chaque mot conservait sa puissance. Le phrasé était syncopé, heurté sur les syllabes finales comme pour rebondir. A la fois facile à comprendre et compliqué à saisir. D’où le qualificatif de surréaliste qu’on lui a parfois scotché dans le dos. Ce dos qu’il tenait si droit, à la limite de la raideur, les mains croisées sur sa veste longue, jointes, parfois en un salut quasi oriental.

Pas de "choré", pas de chœur, pas d’ascenseurs, quelques fumées, de jolies lumières, les efforts étaient concentrés sur la musique pour un son extra. Le piano était un Steinway. Les guitares géniales, avec une andalouse en particulier. Et puis, pour sourire, mais aussi parce qu’il les collectionnait, un juke-box pour nous passer un morceau du King Presley à l’entracte avant de revenir nous souffler qu'Elvis et lui c'est kif-kif.

Je pourrais écrire des tonnes, balancer les anecdotes, donner les clés. Mais y’avait pas de clés. Tout était grand ouvert. Suffisait de savoir regarder, écouter, vibrer. Et s'il vous faut malgré tout quelques éclaircissements sachez que ce fou de voitures n'avait pas choisi son nom de scène par hasard puisque Saint Christophe est le protecteur des voyageurs. Il ne conduisait plus depuis perpète le cheval cabré (une Ferrari) mais il y pensait toujours et le vrombissement des moteurs traverse la musique de Stand 14. Une de mes amies, à qui l'on avait offert les Marionnettes avait donné ce prénom à son fils, grand voyageur au demeurant.

Je n’ai pas appris la nouvelle par Facebook mais je devine les mots qui seront associés au départ de Christophe et qui me rend infiniment triste. Je crois qu’infiniment était le mot qui lui collait le plus. Infiniment touchant, infiniment artiste ... et ce mot optimiste me fait espérer qu’il reste infiniment sur la scène.

Christophe était un objet artistique infiniment unique. Juste le dernier des Bevilacqua.

vendredi 17 avril 2020

Un brownie aux noix de pecan caramélisées

Il est mieux que le Wacky cake, meilleur que le Moelleux au chocolat, voici le très fameux Brownie aux noix de pécan caramélisées adoré par Cyril Lignac qui en a donné la recette hier sur M6.

Vous trouverez la liste des ingrédients et des ustensiles en fin d'article. je voudrais signaler que les quantités de beurre et de sucre sont raisonnables, et qu'il ne faut que deux oeufs. Mais il est si bon que je conseille quand même de multiplier les proportions par deux.

La technique de caramélisation de Cyril est formidable. On fait bouillir l'eau et le sucre dans une poêle sans toucher à rien. il faut que l'eau couvre le sucre.
Quand le caramel est formé on éteint le feu (j'avoue que j'ai oublié de le faire et ce n'est pas recommandé même s'il n'y a pas eu de catastrophe). On dépose alors délicatement les noix de pécan et on peut mélanger pour les enrober. On débarrasse sur le silpat. On réserve.

Cyril les coupe grossièrement en morceaux au moment de terminer le gâteau. Je préfère le faire à chaud avec le tranchant d'une spatule. C'est plus facile.
On préchauffe le four à 180°. On beurre un moule (traditionnellement carré) et au besoin, on ajoute du papier cuisson en le froissant au préalable pour qu'il épouse au mieux la forme du moule comme il le fait pour le moelleux.

On fait fondre au micro-ondes (parce qu'il y a le beurre avec, sinon on aurait eu recours au bain-marie) le chocolat au lait, le chocolat noir et le beurre en gardant environ 40 grammes de chocolat pour la fin.

jeudi 16 avril 2020

Wasmiya et Le loup, le lion et le renard, deux contes publiés par les Editions du Jasmin

J'ai eu la chance d'avoir entre les mains deux albums publiés aux Editions du Jasmin, dans la collection Karé, riche d'une cinquantaine de titres, allant du conte à l'abécédaire, avec des textes à la fois divertissants et instructifs. Coté illustrations, elles sont toujours originales et innovantes, avec des techniques variées, du collage à la calligraphie, ou plus classiques comme l'aquarelle.

Et bien entendu le format est un carré, précisément de 22 cm de coté.

Ces deux contes ont pour particularité d'être au départ des textes écrits en arabe mais illustrés de manière très différente, quoique leurs couvertures se déploient toutes les deux dans des nuances de bleu.

Le loup, le lion et le renard est un conte d'avertissement. Les trois personnages sont tels qu'on les raconte aux enfants, le lion est cruel, le renard rusé et le loup est encore une fois le perdant.

On croit un instant que l'union fait la force mais ce petit livre est une terrible leçon de méfiance et questionne le beau principe du "vivre ensemble". Le renard est à l'origine d'un soit disant accord mais c'est un marché de dupes.

Le texte est écrit par Omaima Al-Khamis, qui est une auteure saoudienne, née à Riyad. Elle est titulaire d’une licence en littérature arabe de l’Université King Saud et d’un diplôme de l’Université de Washington. Écrivaine prolifique, elle a commencé à écrire dans les journaux saoudiens et arabes à un âge précoce. Elle a publié de nombreux romans, plusieurs recueils de nouvelles et des histoires pour les enfants.

Son deuxième roman al-Warifa (The Leafy Tree) a été sélectionné pour le Prix international de fiction arabe en 2008. Son roman Masra al-Gharaniq fi Mudun al-Aqiq a été couronné en 2018 par le prix Naguib Mahfouz pour la littérature.

C'est à Nathalie Paulhiac, une artiste vivant en Belgique et ayant déjà collaboré avec les éditions du Jasmin, qu'a été confiée la conception des images.

Céline Cristini, qui est illustratrice et enseignante en arts visuels, a illustré le second, qui est aussi une histoire d'amitié. Wasmiya, le petit nuage rose, aimerait bien avoir des amis. Mais le soleil, la lune et les étoiles ne veulent pas jouer avec lui. Wasmiya est triste, ... mais l'histoire se terminera avec optimisme. On pourrait lui trouver trois moralités :
  1. Mieux vaut chercher ses amis ailleurs que dans son entourage proche, ici la terre plutôt que le ciel.
  2. Ne jamais se décourager.
  3. A toute chose malheur est bon. 
L'Arabie saoudite devait être l'invité d'honneur du Livre Paris au printemps. Ces livres y auraient été présentés.

Outre le fait d'être deux contes d'Arabie, et d'être bilingues (ce qui n'est pas la majorité des albums de la collection Karé) ces deux ouvrages mettent en valeur le site exceptionnel d'AlUla, situé au nord-ouest de l’Arabie saoudite, que Yann Arthus-Bertrand a photographié à la demande de la commission royale pour AlUla pour l'exposition-événement AlUla, merveille d'Arabie, l'oasis aux 7000 ans d'histoire, qui a été présentée au public du 9 octobre 2019 au 8 mars 2020, malheureusement pour partie inaccessible en raison du confinement.
Il s'est rendu en exclusivité dans cette fabuleuse région afin d'y réaliser de magnifiques clichés et vues aériennes des sites naturels et archéologiques qui sont représentés, différemment, dans chacun des livres qui permettent, à leur manière, un voyage inédit entre ciel et terre.

Les animaux de Nathalie chassent au pied des ruines. Le nuage de Céline vole au-dessus du site qu'elle a peint à la pierre près. J'avais déjà chroniqué plusieurs ouvrages illustrés par cette jeune femme que j'ai rencontrée il y a maintenant cinq ans.

Elle a utilisé des papiers découpés ou déchirés qu'elle a trempés dans l'encre. L'emploi du buvard donne au nuage son aspect particulier. 

Wasmiya de Omaima Al-Khamis, illustré par Céline Cristini et Le loup, le lion et le renard, de Saad Bouri, illustré par Nathalie Paulhiac, traduits de l’arabe par Saad Bouri, Editions du Jasmin, disponibles depuis le 17 mars 2020.

La photo qui n'est pas logotypée A bride abattue est de Yann Arthus-Bertrand, Hope Production. Ce sont des Tombes nabatéennes d'AIUla.

mercredi 15 avril 2020

Sorry We Missed You de Ken Loach

Il avait été présenté en compétition au Festival de Cannes 2019. Mais si je voulais voir Sorry We Missed You, c'est d'abord parce qu'il est de Ken Loach qui est, selon moi, un immense réalisateur, sachant parfaitement pointer les dérives de l'économie libérale et filmer des personnages dans ce qu'ils ont de profondément humain.

Je l'avais manqué (sans faire de jeu de mots) au cinéma lorsqu'il est sorti en octobre dernier. Par chance il est disponible en VOD depuis le 23 février et comme on a du temps ...
Ricky, Abby et leurs deux enfants vivent à Newcastle. Leur famille est soudée et les parents travaillent dur. Alors qu’Abby travaille avec dévouement pour des personnes âgées à domicile, Ricky enchaîne les jobs mal payés ; ils réalisent que jamais ils ne pourront devenir indépendants ni propriétaires de leur maison. C’est maintenant ou jamais ! Une réelle opportunité semble leur être offerte par la révolution numérique : Abby vend alors sa voiture pour que Ricky puisse acheter une camionnette afin de devenir chauffeur-livreur à son compte. Mais les dérives de ce nouveau monde moderne auront des répercussions majeures sur toute la famille…
Ces "dérives" sont équivalentes à une série de catastrophes, plus ou moins importantes mais qui, bout à bout, constituent une catastrophe, à l'instar d'une suite de chute de dominos. Il a fallu que je fasse plusieurs pauses, tellement j'étais secouée par ce que vivait cette famille. J'avais déjà éprouvé une angoisse semblable avec 99 homes, mais ce film se terminait avec une fin ouverte qui n'était pas totalement pessimiste.

Il y a des longs métrages, comme Les Misérables, ou Dark waters, qui, en décharge d'adrénaline, valent largement des fictions d'horreur.

Alors que nous sommes (je l'espère) nombreux à espérer un monde meilleur quand nous aurons traversé la crise du Coronavirus je crains que ne se multiplient des situations décrites comme celle que Ken Loach pointe. C'est horrifiant, mais il est nécessaire de voir ce film pour -peut-être- réfléchir à comment infléchir le mouvement.

Comme à son habitude le réalisateur a travaillé avec Paul Laverty, qui a déjà écrit plus d'une quinzaine de scénarios pour lui, dont Moi, Daniel Blake (que j'ai vu en version théâtrale au festival d'Avignon). Dans ce film, Palme d'Or au Festival de Cannes 2016, un menuisier se heurtait à la violence administrative et, bien qu'inapte au travail pour raison de santé, il était contraint de chercher un job sous peine de perdre ses allocations.

Cette fois Ricky Turner (Kris Hitchen) est lui aussi au chômage et prêt à tous les efforts pour s'en sortir. C'est ainsi qu'il devient travailleur "indépendant", en terme de statut, mais totalement enchainé à une plateforme de livraison de colis, de type Amazon (que je boycottais et que je ne risque pas de solliciter après avoir vu ça, même si je pense qu'en France la situation n'a pas encore atteint cet état critique). Il croit avoir trouvé une solution pour se sortir du chômage mais il va se précipiter dans un cercle vicieux d'endettement et de pertes, entrainant avec lui sa famille.

mardi 14 avril 2020

Le poireau du début à la fin

Je cuis toujours les blancs avec d'autres légumes dans de l'eau bouillante pour donner du goût à la soupe. Je les retire avant de passer au moulin à légumes et je les consomme à part, en vinaigrette, ou façon  mimosa.

Quand je manque d'oignon je force sur les poireaux pour corser un bouillon.

J'avais l'autre soir fait une tarte avec le vert de quatre poireaux. Je n'avais pas pris la partie la plus verte des légumes.

Avec celle-ci j’ai préparé une huile de poireau en la mixant avec une huile neutre de type pépins de raisin puis en pressant la mixture au chinois.
Elle est merveilleuse sur une salade de tomates ou pour relever une salade pomme–endives–noix. A noter sa jolie couleur verte.

Revenons au hachis, je l’ai évidemment conservé pour l'employer séparément comme un pesto. Incomparable avec des asperges !

On peut aussi utiliser le poireau, haché, en lit dans une papillote sous un poisson, ou pour cuire des légumes rôtis au four.

Et les racines ? Certains cuisiniers les font frire, mais il faut passer un très long moment à les débarrasser de leur terre.

On peut aussi, à condition de laisser un bon centimètre de tige, les faire repousser, en plaçant le morceau dans un verre d'eau, racines vers le bas. Surprise assurée de le voir grandir assez vite.
Et voilà comment on peut utiliser le poireau du début à la fin.

lundi 13 avril 2020

Le blog a 13 ans

Il fallait bien que cela arrive ... Un jour le blog passerait le cap des 13 ans. Signe de chance si l'on en croit Claude Lelouch ....

J'aurais dû écrire ce billet il y a deux mois, comme je le fais chaque année à la mi-février, mais la situation devenait surréaliste, partagée entre les pressions et la crainte d'une contamination. Manque de chance, je suis tombée malade.

2020 sera une année blanche diront bientôt les artistes empêchés de se produire devant le public, et les écrivains suivront en souffrant d'être privés de rencontres dans les librairies et dans les salons avant de songer à employer des moyens dits virtuels, comme Zoom et Skype pour maintenir les liens.

Année noire pour les malades et leurs proches.

Année grise au final ? Qui vivra verra.

2019 aura été en tout cas une année riche d'événements dont je n'ai pas toujours rendu compte suffisamment sur le blog. Notamment le festival d'Avignon où j'ai peut-être vu "trop" de spectacles ...

J'ai adoré l'expérience du Grand bazar des Savoirs au Théâtre Firmin Gémier la Piscine. Partager cinq de mes passions (le théâtre, le Mexique, l'écriture, la cuisine, la radio) avec le public aura réactivé mon envie d'écrire au-delà de l'espace du blog et de le faire également déborder un peu de sa ligne éditoriale. Voilà pourquoi j'ai publié une série de nouvelles, presqu'une dizaine, mais il en reste à venir. Et j'ai d'autres projets d'écriture dont j'espère pouvoir parler en février 2021, ce qui prouvera que les mois prochains n'auront pas été "blancs".

J'avais exprimé il y a trois ans mon souhait de combiner l'écrit avec l'oral, en l'occurrence à la radio. En dix-huit mois j'aurais enregistré 170 chroniques et 71 émissions. C'est beaucoup et l'heure viendra de faire des choix, faute de s'épuiser, et de ne parvenir à faire la radio qu'au détriment du blog.

En ces jours si particuliers, qu'on espère ne pas devoir revivre, nous sommes nombreux à reconsidérer notre vie, et nos priorités. Je ne vais pas échapper à ce bilan.
Parallèlement, et là encore, rien d'extraordinaire à cela, nous sommes nombreux à vouloir agir, et sortir de l'enfermement, d'une manière ou d'une autre. La mienne passera par des interviews de personnalités qui se livreront en toute intimité, mais avec pudeur, à travers des "Entre Voix confinés", enregistrés par téléphone, dans un format plus court que ceux que je faisais en face à face en studio uniquement. Ce sont tous des amis, ce qui explique que, pour une fois, j'emploierai le tutoiement. 

Il y aura
Ils vont dire en quoi le confinement aura été propice pour eux à vivre différemment. On pourra les ré-entendre à partir du 15 mai en suivant ce lien. J'aurais adoré poursuivre ce type d'émission mais la direction de Needradio n'a pas voulu continuer alors que la France se déconfinait, même lentement.

Ces entretiens m'ont amenée à remettre en question ma façon d'interviewer même si je n'ai pas à rougir de ce que je faisais dans les Entre Voix classiques. Et que sans doute il y aura davantage de portraits sur le blog, en version écrite.
Et si 2020 était une année ... orange !

dimanche 12 avril 2020

Rien n'est noir de Claire Berest

(mise à jour 18 juin 2020 :
Grand Prix des Lectrices de ELLE)
Tout le monde parlait de Rien n'est noir alors que j'avais du mal à entrer dedans. Dieu sait pourtant combien j'adore le Mexique. Je ne m'explique pas le phénomène parce qu'un jour Frida m'a prise par la main. Nous ne nous sommes plus quittées. Et je suis sûre que je relirai ce livre une seconde fois.

Frida Kahlo (1907-1954) est née à Coyoacan, dans les faubourgs de Mexico, dans un quartier excentré où j'aime flâner. Elle avait cinq soeurs, une mère bigote, un père originaire d'Allemagne. Elle suivait les cours à la Tretabona parmi une trentaine de filles et ... deux milliers de garçons, j'ai envie d'ajouter "évidemment".

Elle est tombée amoureuse de Diego Rivera le "crapaud" insatiable et sa vie en a été bouleversée. Pourtant elle est patiente. La première fois qu'elle le voit il est encore trop tôt pour tenter quelque chose mais elle sait que son heure viendra. Partie remise, Diego j’ai tout mon temps. C’est ce que la prison du corset m’a appris, le temps (p. 20).

Le roman de Claire Berest n'est ni une bio ni un portrait, mais le récit de l'amour fou qui a rapproché ces deux êtres. Ce qui est réellement extraordinaire c'est qu'elle comprend Diego et Frida comme si elle avait vécu avec eux, et partagé leur quotidien. Bien sûr qu'il y eut un énorme travail de documentation mais l'écriture va au-delà, et c'est sans nul doute l'explication de la difficulté à entrer dans le roman, et ensuite paradoxalement la facilité à y rester.

J'ai les larmes aux yeux en repensant à cette lecture. Je suis ici et je suis encore là-bas. Toujours en réflexion sur les blessures qui nous changent pour toujours… ou pas ... si on les digère. Frida, la femme libre et fière, quémandait sans cesse "aime-moi un tout petit peu."

C’est David Simon qui a réalisé un tableau sur mesure intitulé Kiss mis hard pour la couverture du livre. Quant au titre il est simple, mais juste, car tout est couleur au Mexique en général, et pour Frida en particulier. Il y a dans son journal intime une page où elle parle des couleurs, mentionnant à propos du noir nada es negro, realmente nada tandis que Diego c'est la couleur de la couleur.

samedi 11 avril 2020

Le moelleux au chocolat (sans oeufs) de Cyril Lignac

Nous sommes vite devenus des fidèles de Tous en cuisine, l'émission de quasi télé-réalité (puisque les recettes sont réalisées en direct) conçue et animée par Cyril Lignac sur M6.

Après le Wacky cake, j'avais tout de même envie d'un gâteau au chocolat plus "qualitatif". Et dès que je pourrai me procurer des oeufs je reviendrai à des recettes plus riches, et plus gourmandes aussi, par voie de conséquence.

Ce moelleux a été proposé aux téléspectateurs le 6 avril (pour ceux d'entre vous qui souhaiteraient la visionner en replay, c'est encore possible).

Voilà un gâteau plutôt amusant à réaliser parce qu’on peut tout mélanger dans un blender, évidemment si on est pas soi-même en train d’animer une émission de télévision parce que c’est bruyant.

vendredi 10 avril 2020

La fille à ma place de Catherine Le Goff

Certains attachés de presse continuent de travailler pendant le confinement en envoyant des fichiers numériques. Ce n'est pas ce que je préfère mais je me suis (re)mise à ce mode de lecture que d'habitude je réserve à mes séjours à l'étranger.

C'est ainsi que j'ai lu La fille à ma place. Encore une histoire de vengeance, mais autrement mieux ficelée que celle de Fern Michaels, n'en déplaise à l'immense succès qu'elle rencontre.

Catherine Le Goff est psychologue et a travaillé vingt ans en entreprise avant d’ouvrir son cabinet. Elle connaît extrêmement bien la psychologie humaine et la décrit avec talent, autant les ressorts individuels que les comportements de groupe.

Titulaire d’un prix de littérature à dix-sept ans, elle est revenue récemment à l’écriture pour nous offrir, avec La fille à ma place, une première œuvre de fiction, un thriller sensible et riche en rebondissements qui commence très fort : Est-t-on coupable quand on venge son amour bafoué ? Tuer une rivale est-il un crime ou une juste réparation ? Pour dire la vérité, je ne me sens pas coupable. Je ne me suis jamais sentie coupable, j’ai fait justice, j’ai éliminé celle qui m’a volé mon amour, ma vie (p. 30).

La vie de Nin bascule en quelques minutes après avoir commis un crime. Sa cavale connaitra moult rebondissements. D'une part parce que la rivale était la fille d’un industriel qui vit aux États-Unis, un mec puissant qui met de gros moyens pour retrouver la personne qui a tué son enfant. Et d'autre part parce que l'ex de Nin est lui aussi à ses trousses.

Jalousie, peur de l’abandon, dédoublement de la personnalité, manipulation et changements d’identité, tels sont les thèmes de ce roman à suspense et plein d’émotions, qui nous sensibilise à nos possibles passages à l’acte. Identifier nos failles et tomber les masques demande du courage. Mais cela nous rend aussi plus humains et sereins.

Il arrive que le récit soit un peu incohérent entre les motivations des deux hommes mais l'histoire est prenante. Surtout quand se faufile un secret de famille. De proie, la jeune femme devient enquêtrice et nous allons nous interroger avec elle sur des questions liées à la paternité.

Catherine Le Goff fait voyager le lecteur en France, à Venise, à New York dans les Hampton, et presque au Japon. En cette période où nous sommes privés de contact avec l'extérieur c'est une bouffée d'air pur. Je regrette évidemment que les musées ne soient pas accessibles. J'aurais volontiers cherché à voir un tableau de Rothko, découpé en deux parcelles monochromes, l'une jaune soleil, l'autre bleu océan pour ressentir, moi aussi, un bonheur intense (p.64).

On se serait douté que l'auteure est psychologue car elle distille un certain nombre d'affirmations que seule une professionnelle pouvait pointer, notamment que la violence vient fréquemment de nos blocages affectifs. A ce titre la note que l'auteure fait figurer à la fin apporte plusieurs éclairages.

Il faut lire La fille à ma place pour admettre que tout le monde a droit à sa part d'ombre.

La fille à ma place de Catherine Le Goff, aux Editions Favre, en librairie depuis le 16 janvier 2020
Lu en version numérique de 208 pages.

jeudi 9 avril 2020

La tarte aux poireaux de mon arrière grand-mère

Je ne vais pas vous donner la recette de la tarte aux poireaux de mon arrière grand-mère, que je n'ai jamais goutée mais j'en ai tant entendu parler que pour moi toutes les tartes aux poireaux me ramènent auprès de cette femme que je n'ai d'ailleurs pas connue.

La famille, ruinée par la crise de 1929, était passée brutalement d'une certaine opulence (mon arrière grand-père était marchand de soiries dans le quartier des Folies Bergère) à une retraite qui devint rapidement miséreuse, dans la maison de campagne qu'ils s'étaient faite construire dans un minuscule village bourguignon.

Je me souviens par contre de cette propriété, avec une opulente cheminée dans la cuisine, une salle à manger au papier peint ramagé au-dessus de boiseries élégantes, d'un bureau incongru pour la campagne, d'une chambre parquetée avec cabinet de toilettes attenant. Tout cela sans eau courante ni chauffage central, évidemment. Mais il y avait un joli ensemble de toilette sur un meuble de marbre blanc (que je possède toujours).

La chance de mes arrières grands-parents était de disposer d'un grand jardin, et d'un verger prolifique. Ils furent locavores de la première heure. On m'a répété toute mon enfance que la mère de ma grand-mère avait fait de la tarte aux poireaux une spécialité.

C'était leur plat principal et récurrent et je crois qu'ils ne mangeaient pas souvent à leur faim. Cette femme est décédée brutalement et son mari l'a suivie deux mois plus tard, jour pour jour, de chagrin m'a-t-on dit. Ces quelques éléments ont suffi à forger une légende et vous comprendrez que la tarte aux poireaux soit devenue en quelque sorte ma petite madeleine...

En ignorant son goût originel je l'accommode selon ce dont je dispose. En cette période de crise sanitaire et de confinement où j'ai le sentiment de manquer de tout je pense souvent à mes arrières grands-parents en tentant de suivre leurs pas.

mercredi 8 avril 2020

Né d'aucune femme de Franck Bouysse

Franck Bouysse ... son nom me parlait mais je n'arrivais pas à ... jusqu'à ce que ... mais oui, il avait remporté le Prix SNCF du polar 2017 avec Grossir le ciel qui me narguait dans ma PAL, annoncé comme un suspense rural.

L'auteur est déjà lauréat de plus de dix prix littéraires, nous offre avec Né d' aucune femme la plus vibrante de ses oeuvres. Ce roman sensible et poignant 

La couverture de Né d'aucune femme est magnifique. C'est un autoportrait de Sara Saudkova, une photographe tchèque, intitulé Allaitement.

J'avais tenté à plusieurs reprises d'entrer dans le roman mais je n'y étais pas parvenue. J'avais incriminé ce foutu virus qui m'avait épuisée. C'est qu'il faut une certaine force pour se glisser entre les arbres, et partager la rudesse de la vie de ces paysans.

J'étais carrément perdue au début du livre. Alors, après trois tentatives infructueuses espacées d'une quatorzaine, j'ai joué le tout pour le tout en ouvrant le roman plus loin dans l'histoire (page 83). Sans chercher à tout savoir j'avais besoin de m'accrocher à un personnage pour avoir envie de poursuivre.

Je suis bien tombée et le choc opéra. Je repris ensuite au début et me laissai captiver. Les deux premiers chapitres sont troublants mais le récit décolle à partir du moment où Gabriel, le prêtre, récupère les cahiers de Rose. Il les lit d'une traite et va reconsidérer ses valeurs : Moi qui avais jusqu'alors considéré le bien et le mal comme des concepts rassurants pour lesquels j'avais forgé quelques armes, il allait bientôt me falloir glisser d'autres fers dans les braises (page 32).

Né d'aucune femme raconte la vie de Rose, qui vient tout juste de mourir. Ce qui lui est advenu depuis le jour où de ses quatorze ans, quand son père l’a vendue à un notable assez mystérieux contre une modique somme d’argent en pensant pouvoir nourrir sa mère et ses sœurs.

Le point de départ est venu d'un fait divers qui fit quatre lignes il y a vingt ans dans un journal. Le décor est inspiré de la région où l'auteur est revenu récemment, pour retaper une petite maison, en bordure de la forêt où il a joué gamin, près d'un monastère du XII° siècle d'où les moines s'enfuyaient par un réseau de souterrains. 

mardi 7 avril 2020

Anniversaire en confinement

Bon anniversaire ... mon fils et tous les autres qui fêteront ce moment particulier en confinement.
Je ne me lasse pas de voir et revoir ce petit film.

lundi 6 avril 2020

La Sopa azuteca ou soupe aztèque

Je suis en train de terminer Rien n'est noir de Claire Berest à propos de la vie de Frida Kahlo. Alors vous comprendrez mon envie de Sopa azuteca, autrement dit une soupe aztèque.

Par chance j'ai les ingrédients à portée de main y compris le type de piment requis que j'ai ramené il y a trois mois du Mexique :

Deux cuillères à soupe d’huile, un petit oignon, une gousse d’ail écrasée, une boîte de 200 g de sauce tomate, 1 litre de bouillon de volaille, 150 g de fromage genre mozzarella, un citron vert coupé en 4, un piment sec Pasilla, du sel et du poivre et un sachet de nachos (des tortillas chips comme on dit en France).

On fend en deux le piment sec pasilla et on en récupère les graines pour un usage ultérieur (ce sont elles qui ont la plus grande force piquante). On le passe sous l'eau car il peut être un peu poussiéreux et on retire la tige.

On fait revenir l’oignon émincé avec le piment dans une cocotte pendant un petit quart d'heure dans une cuillerée à soupe d’huile, jusqu’à ce que l'oignon soit bien doré. On ajoute alors l’ail écrasée puis la sauce tomate.

On met de coté le piment et on donne un tour de mixeur. On laisse mijoter à feu assez vif environ cinq minutes, en mélangeant avec une spatule en bois. Il est temps d'allonger avec le bouillon et de laisser mijoter 30 minutes après avoir salé et poivré et remis le piment (avec cette technique il sera possible de le retirer avant le service).

Verser la soupe dans les assiettes. Répartir le fromage, coupé en dés, et les nachos grossièrement brisés. Saupoudrer de coriandre. proposer à chacun de presser quelques gouttes de citron vert pour apporter un peu d'acidité.

Parfois on laisse les nachos à disposition sans les émietter dans la soupe. Quant au piment il est réservé dans un ramequin pour que chacun se serve selon son goût.

dimanche 5 avril 2020

Vous n'aurez pas mes cendres ! de Patricia de Figueirédo

Le tableau intitulé Un homme médite sur les ruines de Rome, aujourd’hui au musée de Saint-Malo, avait été présenté au Salon des Beaux-Arts de 1810 sans aucune allusion à l'identité du modèle, dont la renommée était alors affaiblie par ses prises de position politiques. L’anonymat conféré par Anne Louis Girodet était alors une astuce pour permettre qu'on parle de son oeuvre sans devoir citer le nom du modèle.

François René de Chateaubriand (1768-1848), puisque c’est lui, vous l'avez sans doute reconnu, était si célèbre en tant qu'homme politique comme en tant qu'écrivain, pour qu'il ne soit pas nécessaire de soustitrer le tableau.

L'avoir choisi pour illustrer la couverture de Vous n'aurez pas mes cendres ! était une évidence pour Patricia de Figueirédo qui l'a publié chez Serge Safran, un petit éditeur, mais dont les choix éditoriaux sont recherchés et dont un roman est sélectionné chaque année par Hors Concours, ce qui est un critère de qualité.
Serge Malakoff, dramaturge contemporain en perte de notoriété, se lance dans l’écriture d’une nouvelle pièce qui, il en est certain, va le remettre sur le devant de la scène en passant de la comédie à la tragédie : la rencontre conflictuelle entre Chateaubriand et Émile de Girardin à propos de la publication des Mémoires d’outre-tombe en feuilleton dans le quotidien La Presse.

Entre les pressions de son ex-femme, Carine et de sa nouvelle compagne, Barbara, toutes deux comédiennes et exigeant un rôle dans la pièce, son meilleur ami Ludo, son chat Papillon et sa famille à l’étranger, Serge a du mal à se concentrer. Jusqu’au moment où il est pris d’hallucinations et projeté dans la vie de ses personnages.

Ces visions, il va finir par s’en rendre compte, ne sont pas dues qu’à l’écriture de sa pièce… 
Vous n’aurez pas mes cendres ! raconte la confrontation entre deux gloires de la littérature et du journalisme, entre deux siècles, à travers une fiction qui dépasse la création théâtrale et romanesque, et qui, du coup, révèle une étonnante modernité.
L'envie d'écrire ce roman est née de celle d'écrire une pièce de théâtre mettant en scène la rencontre supposée entre Chateaubriand et Girardin, ce journaliste qui en 1836 a révolutionné le monde de la presse en créant un journal qui s'appelait La Presse dont il réduisit de moitié le prix de l'abonnement pour multiplier les souscripteurs et, par voie de conséquence, augmenter le nombre d'insertions publicitaires (la réclame disait-on alors, cf page 53).

Il était en avance sur son temps en osant feuilletonner des récits pour créer une sorte d'addiction parmi les lecteurs. Il n'est cependant pas le seul inventeur du roman-feuilleton, dont son concurrent Armand Dutacq, directeur du journal Le Siècle a eu l'idée en même temps que lui.

Il utilise d'abord des textes de Balzac et de Dumas. La tentation est forte de le faire aussi avec Les mémoires d'outre-tombe, puisque le roman n'appartenait plus à Chateaubriand mais à une société par actions à laquelle il a racheté les droits en 1846. L'écrivain ne veut absolument pas que son ouvrage soit tronçonné mais il lui est difficile de s'opposer en l'absence de clause suspensive, et pour cause car cette pratique n'existait pas.

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