Les plus chanceux profitent de leur balcon, si appréciable en cette période de confinement sanitaire. Et ceux qui ont un jardin n'osent pas clamer leur bonheur, de crainte de provoquer la jalousie.
Même sans loggia, j'arrive à respirer une dose d'oxygène en humant le parfum d’un lilas, en laissant la porte-fenêtre grande ouverte.
J'apprécie de souffler après des heures de rangement et de tris qui sont épuisants physiquement, et parfois éprouvants psychiquement.
Je ne retrouve pas que des cahiers de ma maman. Aujourd’hui c'est sur le verre préféré de mon papa que j'ai remis la main.
L'objet a fait resurgir le souvenir d'un moment vécu dans une auberge un peu perdue, au col du Donon, dans les Vosges. Nous revenions de quelques jours de vacances en Alsace quand mon père voulut faire une halte.
Je me souviens parfaitement de la salle à manger, aux murs lambrissés, et de ses tables recouvertes d'une nappe de tissu à carreaux rouges et blancs.
La patronne est arrivée pour savoir si, avant de dîner, nous allions prendre un apéritif. Mon père lui demanda alors : Avez-vous du scotch ?
La surprise se lisait sur son visage soudain préoccupé. Je vais voir, peut-être dans la chambre de mon fils. Elle revint au bout d'un long moment, avec à la main un rouleau de ruban adhésif.
J'avais une douzaine d'années, mais j'ai éclaté de rire. Je savais bien que mon père n'avait pas besoin de cet article. Il n'était pas snob mais il employait ce mot pour désigner tout whisky, qu'il soit d'origine écossaise ou irlandaise. Par contre il disait « Bourbon » pour les américains.
Ce soir j'ai plaisir à en savourer un, comme lui, simplement "on the rocks", avec des pâtes de fruits pimentées et un petit bol de chicharrón, cette peau de cochon soufflée qu'on grignote au Mexique. Et je pense à mon père et à ma fille ... qui sont presque avec moi.
A consommer malgré tout en toute modération …
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