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La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

jeudi 31 octobre 2013

Ma recette pour le défi Halloween de Fleury-Michon

Voilà ce qui arrive quand on fonctionne à bride abattue ... en allant un peu trop vite. Je n'avais pas fait attention que le défi consistait à réaliser une recette chaude ... Mettre en scène un plat avec du surimi dans une atmosphère Halloween me semblait suffisamment difficile pour que je ne m'interroge pas davantage sur les conditions.

C'était soirée mexicaine à la maison ... alors je n'aurais de toutes façons pas pensé un instant à préparer un second plat chaud. Si j'ai relevé le défi c'est par pure envie de faire quelque chose de rigolo.

Ayant une bande d'ados sous la main j'ai commencé à leur faire gouter les quatre variétés de surimi Fleury-Michon, une marque qu'ils ne pensaient pas présente dans cet univers.

Si la différence entre la proposition classique et celle qui affiche 25% de moins de sel est perceptible, et s'ils ont plébiscité la boite qui annonçait plus de chair de crabe il a par contre été très difficile d'établir un classement en terme de goût entre le sans gluten, et la version dite moelleuse.

Tout le monde fut d'accord sur un point : Ce qu'il a de bien, c'est ce qu'il n'y a ni conservateur, ni polyphosphate, ni sorbitol, ni glutamate. Nous avons aussi trouvé le système de boite fort pratique (et recyclable qui plus est).

Ma recette est toute simple et rapide à mettre en oeuvre mais devrait inciter les enfants à manger des crudités, ce qui n'est pas toujours aisé à obtenir. Parce qu'ils sont très sensibles à la présentation.

J'ai épluché un pamplemousse rosé. C'est un peu laborieux mais il faut retirer non seulement la peau extérieure mais aussi toutes les membranes car ce sont elles qui donnent de l'amertume au fruit. Le pamplemousse ainsi préparé s'accorde très bien avec la salade et le surimi.

J'ai choisi un mélange de salades dites "jeunes pousses" avec notamment des feuilles de betteraves nervurées de rouge (on ne les remarque pas sur les photos mais c'était raccord avec l'esprit Halloween).

J'ai effiloché les batonnets de surimi sur la moitié pour évoquer des balais de sorcière. J'ai emportepiécé (j'adore le verbe qui est un des favoris de Top Chef, avez-vous noté ?) un chat dans du pain d'épices et un fantôme blanc comme un linge dans une tranche de pain de mie.

Le chat a été posé à cheval sur un balai. Et la marmite miniature est remplie de vinaigrette.
Quant à la recette du surimi Fleury Michon, je vous la donne pour votre information :
Du poisson sauvage, principalement Colin d'Alaska et Merlu blanc
Du blanc d'oeuf, de l'amidon de blé et de la fécule de pommes de terre pour la texture,
De l'huile de colza pour la rondeur et le moelleux,
Du sel,
De l'arôme naturel aux extraits de crabe pour le goût,
Et pour donner un peu de couleur, de l'extrait de paprika

Les emporte-pièces Halloween ont été conçus par Carambelle pour Scrapcooking

mercredi 30 octobre 2013

Le défilé du Salon du Chocolat 2013

La 19e édition du Salon du Chocolat se tient du 30 octobre au 3 novembre, à Paris. Près de 250 exposants seront présents dans les 20 000 mètres carrés dédiés à l'événement. Le programme est comme il se doit alléchant, avec des animations, des ateliers et des dégustations. Et une grande première cette année avec le quasi doublement de la surface d'exposition pour accueillir la confiserie au rez-de-chaussée.

Je reviendrai sur plusieurs temps forts du Salon. Commençons par l'inauguration qui avait lieu hier, avec le désormais traditionnel défilé de robes en chocolat. Les visiteurs pourront voir les oeuvres d'art, car elles le sont, chaque jour à 17 heures, sur l'espace Cacao Showà la différence près que ce ne seront plus des personnalités qui les porteront.

Je l'avais annoncé sur Twitter (sans songer détenir un scoop en la matière) ... Natacha Polony a ouvert le bal de Christophe Guillarmé et du chocolatier Emmanuel Ryon, pour Cacao Barry, joliment intitulée "La Nymphe des temps modernes".
Un nom qui va bien à cette journaliste aussi belle que brillante, spécialiste des questions d'éducation, chroniqueuse très pointue sur Europe 1 et dans On n'est pas couché sur France 2. L'an dernier c'était son amie (et exchroniqueuse de ONPC) Audrey Pulvar qui défilait ... De là à parier qu'Aymeric Caron sera chocolaté en 2014 ...

mardi 29 octobre 2013

La liste de mes envies, un livre, une pièce de théâtre, bientôt un film

Je suis allée voir La Liste de mes envies, adapté du roman éponyme et best seller de Grégoire Delacourt, interprété par Mikael Chirinian, dans la mise en scène d'Anne Bouvier au Cine 13 Théâtre.

La Liste de mes envies raconte le destin de Jocelyne, une mère de famille modeste travaillant à Arras, dont la vie bascule subitement après avoir gagné à la loterie.

Il serait plus correct de titrer "les" listes de mes envies car les souhaits de Jocelyne évoluent avec le temps.

C'est l'histoire d'une nana qui s'éprend d'un mec qui s'appelle presque comme elle. La ressemblance s'arrête là. Parce que, outre le fait que c'est un homme, Jocelyn ne fonctionne pas du tout comme elle. L'argent effraie la mercière. Le risque potentiel que son équilibre domestique se retourne comme une crêpe la pousse à ne rien changer quand elle gagne une somme astronomique au loto.

Difficile d'aller au bout de sa décision en jetant le billet gagnant. Elle le cache ... serait-ce au cas où ?

Vous découvrirez ce qu'il en adviendra en allant au théâtre. Anne Bouvier a adapté avec une fidélité incroyable l'énorme succès de librairie de Grégoire Delacourt qui n'a pas fini sa course vers le succès puisqu'une version cinématographique est déjà bouclée ... avec Mathilde Seigner, Marc Lavoine, Patrick Chesnais ... dans une réalisation de Didier Le Pecheur et dont la sortie est annoncée pour le printemps 2014. Je me demande comment il a employé ses droits d'auteur qui doivent s'approcher de ce qu'il aurait pu gagner à la loterie si ...

Mikael Chirinian joue tous les personnages, Jocelyne,  Jocelyn, les deux copines Danièle et Françoise, le père de Jocelyne. Non pas par souci d'économie mais pour illustrer toutes les facettes de l'énigme, à savoir qu'est-ce qui fait le bonheur ?

Egalement parce que ce comédien a cette capacité de changer de peau d'une seconde à l'autre, comme il l'avait déjà fait dans Rapport sur moi, au Théâtre Tristan Bernard où je l'avais découvert il y a quatre ans, dans une mise en scène qui était (déjà) signée par Anne Bouvier.

Le spectateur est constamment sur le qui-vive, se demandant qui parle. Décor et accessoires sont également déstabilisants, composant  une sorte d'illustration métaphorique de l'embrouillamini où se débat Jocelyne.

Le comédien ne perd jamais le fil, pas plus qu'il ne se prend les pieds dedans, ce qui parfois relève de la performance physique dès lors que la scène prend une allure de ring où Jocelyne énumère ses envies, ses besoins et surtout ses folies dont beaucoup font écho aux nôtres.

La bande-son est tout à fait juste, avec l'Eté indien de Joe Dassin pour installer la nostalgie amoureuse et le mélancolique adagietto de la 5ème symphonie de Mahler pour illustrer la perte d'un enfant.

Tout concourt au succès. A commencer par le texte qui est si juste dès qu'il aborde la question du rapport à l'argent, en continuant par le comédien (qui est ovationné à la fin).

Aimer c'est comprendre, attendre et puis c'est tout ... une autre façon de dire que finalement le bonheur ne tient qu'à un fil.

Ancien théâtre du Tertre, le Ciné XIII Théâtre, tel qu'il est aujourd'hui, a été construit en 1983 par Claude Lelouch qui a entièrement décoré le lieu à l’occasion du tournage du film Edith & Marcel. Il doit son nom à la superstition du cinéaste à propos du chiffre 13 qu'il a donné à sa société de production, son club ... Il est probable que s'il jouait au loto le 13 serait dans sa combinaison.

Niché au cœur de la butte Montmartre, à deux pas au-dessus du Moulin de la Galette, la salle est longtemps restée un cinéma où le réalisateur diffusait ses films en avant-première. Elle a conservé ses canapés rouges qui en font une salle au confort incroyable. Salomé Lelouch en a pris la direction depuis presque dix ans en faisant le pari de proposer des spectacles à la fois populaires et exigeants.

La liste de mes envies, de Grégoire Delacourt,
au Ciné XIII Théâtre - 1 avenue Junot, 75018 Paris
du mercredi au samedi à 20 heures, samedi à 17 heures (et à partir de novembre également le dimanche à 16 heures) jusqu'au  12 janvier 2014
Réservations : 01 42 54 15 12

lundi 28 octobre 2013

J'ai testé la méthode Gruman

Quand on est bloggeuse culinaire, même si on croit "limiter" les risques en chroniquant aussi le théâtre, le cinéma, les expositions, la littérature ... il n'empêche que la menace du surpoids n'est jamais très loin. Et ce ne sont pas mes visites au Salon du Chocolat qui vont faire pencher la balance ... d'un certain côté.

Je suis gourmande et curieuse de tout. J'ai, pour compenser, certaines velléités. Au moment de cocher un titre dans la (très longue) liste proposée par Babelio je me suis arrêtée sur la Méthode Gruman avec la satisfaction du devoir accompli.

Comme s'il suffisait de l'avoir sous la main pour que, par magie, un effet placebo se développe de manière exponentielle !

Vous avez deviné la suite : j'ai ouvert, feuilleté, tenté, ... et puis renoncé. Parce que dès qu'on me demande de peser, de combiner, d'établir des menus à la semaine, voire au mois, je capitule.

Certes, Raphaël Gruman anticipe tout, y compris (p.45) ce qui va se passer quand on fait un écart. Il a prévu une journée dite de compensation pour aider à éviter de reprendre du poids mais il n'accepte qu'on ne sorte cette carte Joker qu'une fois par mois. Là je ne pourrai jamais suivre ...

N'empêche qu'il y a dans son livre énormément de bons conseils. J'en connaissais certains, que je pratique d'ailleurs. Faire attention aux sucres, surtout cachés, au sel, aux matières grasses ... Le jour où il y aura un concours sur le sujet je gagnerai le podium de la cuisson avec le plus faible niveau d'utilisation de matières grasses. Je pense honnêtement ne disposer d'aucune marge de progrès dans le domaine.

J'ai bien aimé son analyse. J'ignorais que le manque de sommeil pouvait faire grossir et je me suis empressée d'appliquer ses conseils pour mieux dormir (p. 13). J'ai même viré le téléphone portable de la chambre, en estimant ses ondes néfastes.

Il prévient aussi que l'excès de stress est nuisible. Qui n'aimerait pas éviter les contrariétés inutiles ? Ses pistes sont sympathiques mais peu réalistes. Je préfère le point de vue de Florence Servan-Schreiber avec la méthode des 3 kifs. L'appliquer (et c'est simple comme bonjour) c'est déjà avoir fait la plus grande partie du chemin.

Il ajoute qu'il faut bannir la sédentarité. Nous sommes d'accord. Cela fait plusieurs mois que je ne prends plus les ascenseurs (sauf chez Vuitton parce que c'est une oeuvre d'art), que je marche plus d'une demi-heure par jour, et plutôt d'un bon pas puisque je suis toujours en retard (sauf quand je vais au théâtre ou à une avant-première cinéma).

Les exercices physiques qui sont préconisés sont judicieux même si la promesse est "un peu" excessive. Si on pouvait obtenir une taille de guêpe en 10 minutes (p. 313) on le ferait toutes et je connais même des hommes qui copieraient.

Coté alimentation, je ne mets plus qu'un demi morceau de sucre dans mon bol de café, je mange les crudités sans vinaigrette, le pamplemousse sans sucre (c'est délicieux si vous en retirez toues les membranes qui sont amères). Ceux d'entre vous qui suivez mes recettes ont du constater qu'elles ne pèsent pas des tonnes en calories. Je connais le truc consistant à employer des herbes aromatiques et çà tombe bien je les adore.

Je suis allée faire un tour sur son site. Le bon docteur fait très bien l'article : il faut mastiquer, de préférence de la carotte, de la pomme, du céleri, mais aussi employer l'agar-agar (nous bloggeurs, on connait mais pour d'autres vertus),  se focaliser sur le zéro calorie et satisfaire notre satiété avec du son d'avoine à mélanger avec un laitage. 

Le vrai souci, pour ce qui me concerne, c'est la difficulté à résister. Je connais pourtant 2 trucs imparables et hyper faciles à appliquer que je vais vous révéler : avaler un verre d'eau pour repousser l'heure du repas et ... celui que je préfère, se laver les dents. C'est fou comme après on a déjà beaucoup moins envie de grignoter.

Il y en aurait bien un autre, mais je manque encore de recul pour le recommander, consistant à se caler l'estomac avec un carré Gayelord Hauser ... bien entendu pas avant la soirée d'inauguration du Salon du Chocolat. On peut être soucieux de sa ligne sans être masochiste !
Les deux premières suggestions sont à la portée de toutes les bourses. Car si le livre n'est pas onéreux (18 €) je m'interroge sur le montant des forfaits en terme de nombre de consultations, et sur le niveau des tarifs préférentiels annoncés sur le site mais dont je n'ai pas trouvé de montant indicatif, malgré des recherches poussées.

La promesse est trop forte : 90 Jours de programme minceur, forme et bien-être. Un coaching sur mesure unique, du matin au soir avec une perte de poids garantie !

L'emploi du mot "garantie" est d'ailleurs abusif et je souhaite à l'auteur de ne pas recevoir trop de plaintes de lectrices exigeant réparation en cas d'échec. Le livre permet en tout cas de sérieuses prises de conscience. En cela il est positif. De là à croire que le miracle est à portée d'assiette ... ce serait comme espérer le gros lot en jouant au loto ... la transition est toute trouvée pour le prochain billet. A demain avec la critique de la pièce la Liste de mes envies qui est un énorme succès en ce moment au Cine XII Théâtre.

La méthode Gruman, 3 mois pour perdre du poids avec la Diététique Intégrative, publié chez Quotidien Malin pour les éditions Leduc, septembre 2013, code ISBN 9782848996394

Merci aux éditions Leduc et à Babelio

dimanche 27 octobre 2013

L'extravagant voyage de TS Spivet, un film de Jean-pierre Jeunet

J'avais lu l'Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, le livre de de l'auteur américain Reif Larsen publié en 2009. Un premier roman autant inclassable que magistral dont j'avais publié une chronique enthousiaste. Alors, forcément, quand j'ai vu l'affiche et compris que Jean Pierre Jeunet l'avait adapté je me suis précipitée au cinéma, en faisant fi des critiques imbéciles que j'avais entendues.

J'avais découvert le livre en suivant la recommandation d'une bibliothécaire. Il est probable que je serais passée à coté sinon. L'ouvrage est plein de digressions sur des petits détails, prétexte à des croquis d'une précision incroyable. On le lit comme un parcours fléché. Jean-Pierre Jeunet était de taille à en faire une version sur grand écran.

Il raconte qu'il a "pris le livre et j’ai commencé à le colorier : tout ce que j’aimais beaucoup ou que je pensais indispensable au récit en rouge ; ce que j’aimais moyen en jaune ; ce que je n’aimais pas du tout en vert. J’ai découpé les pages et les ai rangées dans des chemises, et à partir de là, j’ai rebâti une histoire en quelque sorte, en n’hésitant pas à mélanger les éléments". L'écriture du scénario a été rédigée avec son complice d'écriture de toujours depuis La Cité des enfants perdus (1993), Guillaume Laurant.
T.S. Spivet, vit dans un ranch isolé du Montana avec ses parents, sa soeur Gracie et son frère Layton. Petit garçon surdoué et passionné de science, il a inventé la machine à mouvement perpétuel, ce qui lui vaut de recevoir le très prestigieux prix Baird du Musée Smithsonian de Washington. Sans rien dire à sa famille, il part, seul, chercher sa récompense et traverse les Etats-Unis clandestinement sur un train de marchandises. Mais personne là-bas n’imagine que l’heureux lauréat n’a que dix ans et qu'il porte un bien lourd secret…
On traverse avec le jeune garçon les grandioses espaces du Montana qui a inspiré tant écrivains ... enfin ce n'est pas à proprement parler cet Etat mais l'Alberta, parce que le réalisateur a préféré tourner au Canada pour garantir une liberté qu'il n'aurait pas eue avec des producteurs américains. Peu importe. On s'y croit et c'est l'essentiel. Au final on peut se réjouir que ce soit une coproduction franco-canadienne.

L'actrice (britannique) Helena Bonham Carter est la mère, une entomologiste plus concernée par la cicindèle vampire que par l'éducation de ses enfants. Judy Davis (australienne) endosse la fonction de responsable du Smithsonian. Seul le jeune Kyle Catlett qui incarne T.S. Spivet est américain et joue ici son premier long métrage. Et c'est le fidèle Dominique Pinon qui annoncera le clap de fin.

J'ai retrouvé l'esprit du livre, sans être dérangée par les arrangements que Jean-Pierre Jeunet a composé avec l'histoire. Son esprit et sa fraicheur subsistent, catalysés par un humour qu'il faut décrypter au second degré, parfois bien au-dessus. Comme ... le grille-pain qui saute littéralement ! Et certaines répliques car personne ne couillonnera jamais une sauterelle ...

La promesse d'extravagance est tenue. L'intelligence est de la partie. On devrait répéter à l'envi combien  la médiocrité est la pourriture de l'esprit. Très franchement je n'avais pas ressenti pareille émotion depuis ... E.T. de Steven Spielberg ...

Les images sont saturées de couleurs, les effets spéciaux s'enchainent mais la tendresse nimbe chaque séquence.
Ce qui est formidable avec les gouttes d'eau c'est qu'elles choisissent toujours le chemin qui offre le moins de difficultés. C'est exactement le contraire avec les êtres humains.
Tant que Jeunet suivra son chemin nous serons nombreux à lui emboiter le pas.

L'Extravagant Voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, film français de Jean-Pierre Jeunet. Avec Kyle Catlett, Helena Bonham Carter, Judy Davis, Calkum Keith Rennie (1 h 45).
L'Extravagant Voyage du jeune et prodigieux T. S. Spivet, de Reif Larsen,  Nil, 2010

samedi 26 octobre 2013

La 1ère édition française de l'Outsider Art Fair investit le A

A défaut de réussir à visiter la Tour 13 (il aurait fallu que j'ose ... surmonter la longueur de la file d'attente mais c'est comme le Loto qui ne tente rien ...), et comme les sollicitations ne manquent pas, je me suis décidée pour aller jeter un oeil à la première édition française de l'Outsider Art Fair. 

La manifestation dont c'est une première en France a investi un lieu surprenant puisque c'est un quatre étoiles, l'hôtel A, en bordure des Champs Elysées, ce qui aux USA n'est pas exceptionnel comme démarche.

L'endroit est original y compris dans le registre des hôtels. On croirait une maison parisienne, en retrait de toute agitation, avec sa façade du XIX siècle ornée de bambous et sa verrière d'époque mais on découvre une ambiance ultra contemporaine où le luxe se déploie avec discrétion, ce qui, de ce fait, est tout à fait "raccord" avec le sujet.

L'hôtel entretient une longue histoire avec le domaine de l'art dont il partage d'ailleurs l'initiale. Un A qui signifie aussi Artois, la rue où il se trouve, et Alphabet, ce qui justifie qu'il compte 26 chambres.

Sa bibliothèque renferme plus de 300 ouvrages consacrés à l'art, la mode, le design et l'architecture. Et nombre d'oeuvres ornent habituellement les espaces. Elles ont été retirées le temps de la manifestation. Et pour ceux que cela intéressera je signale que le concept a surgi au détour d'un gribouillis de l'artiste plasticien Fabrice Hyber. Le A qu'il venait de dessiner, avec sa forme élancée de Tour Eiffel, serait le plus beau nom pour un hôtel.

La mise en scène imaginée par Frédéric Mechiche a fait le reste avec des couleurs, des matières, et même une luminosité savamment étudiée. Ainsi les toilettes Femmes sont baignées de rayons roses, et celles des Hommes de rayons bleus. On passe par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel pour rejoindre le 6ème étage en ascenseur. Le voyage artistique est commencé, et selon une approche radicalement différente de celle que l'on vit à l'Espace culturel Vuitton où l'ascenseur, noir et silencieux, permet au contraire de se vider l'esprit pour s'ouvrir à autre chose.

J'ai donc commencé la visite par le haut, en choisissant de descendre à pieds, un peu comme on le fait dans l'architecture escargotique du Guggenheim Museum.

Les flots de lumière de l'ascenseur contrastent avec le noir et le blanc qui domine habituellement dans les chambres. Elles sont transfigurées avec la profusion des oeuvres qui y sont accrochées.

Comme à mon habitude je me suis laissée porter par mon ressenti. Si je suis entrée dans toutes les chambres, je ne parlerai pas de tous les artistes ni de tous les galeristes. J'assume le risque. Je ne suis ni critique d'art ni collectionneuse. Mon objectif demeure de témoigner qu'on peut s'intéresser à autre chose que ce que l'on connait, que ce soit dans le domaine de l'art comme en littérature, théâtre ou cinéma ... ou en cuisine.
Ici, contrairement à ChiFra, tout se vend, tout s'achète. Souvent très cher. C'est en lisant le titre d'une oeuvre que j'ai remarqué que le cartel affichait son prix haut et fort. Je n'ai pas comparé les chiffres entre les étages ni cherché à savoir si Josef Wittlich était plus abordable chez le galeriste allemand Wasserwerk (chambre 505) ou chez le suisse de la Galerie du Marché (chambre 305). Encore faudrait-il comparer ce qui est comparable puisque chez le premier les peintures sont encadrées, et pas chez le second.
L'étonnement surgit d'une chambre à l'autre. Certains exposants ont fait le pari d'intégrer les oeuvres. Ainsi Luc Berthier, spécialiste de l'art aborigène (chambre 606) a disposé devant les oreillers deux coussins que l'on pourrait croire comme faisant partie du décor.
Sabrina Gruss s'est sentie très à l'aise pour installer ses sculptures dans une salle de bains (chambre 104). Il est vrai que cela fonctionne très bien. Et que le voisinage avec les peintures de Victor Soren est très réussi.
Dans quelques chambres, l'atmosphère galerie est préservée. D'autres ont tellement cherché à occuper l'espace que l'oeil se perd et manque de recul.
Parfois l'accrochage est si réussi qu'on imagine l'oeuvre sur son propre mur. Comme ici (chambre 205) où Rob Tufnell présente des tableaux de David Burton (1883-1945), un vagabond qui a commencé à peindre dans les rues de Londres dans les années 1930 après un grave accident. Sa manière de revisiter l'histoire de France est très touchante et on se surprend à regretter qu'une conversation ne soit pas possible avec Wittlich qui lui aussi est issu du monde de l'industrie.

Quand on sait que cet immense artiste (David Burton) dormait dans un refuge pour sans-abri on réalise tout le paradoxe d'une manifestation comme celle-ci. Les galeristes sont des "sans-abri" plus chanceux puisqu'ils ont été autorisés à passer les nuits sur place ... comme en attestent les chaussures de rechange qui dépassent parfois de dessous le lit, prêtes à servir une fois qu'on aura retiré leurs embauchoirs.

Ce serait sans doute radicalement différent si les oeuvres exposées avaient été réalisées par des artistes "académiques". Cette situation d'intimité est plus sensible s'agissant de ce qu'on appelle l'art brut.
Hervé Perdriolle (chambre 403) s'est spécialisé dans l'art tribal et rural. La pile de cadres sur le canapé atteste de ses espoirs de vente car il est manifeste qu'il n'y a plus assez d'espace libre pour en accrocher un de plus. Les Mritu Pat ou images des morts des années 1990 sont remarquablement mises en valeur. Ce que j'en apprends est passionnant.
Ces images sont réalisées en série pour être achevées au moment des funérailles. Lorsqu'une personne décède dans un village le jadupatua, qui est un peintre magique appartenant à une caste hindoue inférieure, se rend dans la famille du défunt avec une petite et simple image (environ 8 cm par 4 cm) censée représenter sommairement le mort. Seule la pupille du défunt n'est pas encore peinte. Il accompagne la présentation de cette image de paroles évoquant les souffrances du mort dont l'âme serait prisonnière de l'enfer. La famille du défunt fait une offrande au jadupatua afin qu'il intervienne. Le rituel consiste alors à ajouter quelques éléments (un monstre, des chaines, une coupelle symbolisant une offrande, un oiseau ... que l'on distingue parce que la couleur de l'encre est différente) et surtout de peindre la pupille de l'image du mort afin de libérer son âme.
Je ressens une certaine gêne à savoir que chacune est vendue 800  € pièce. Ce n'est pas parce qu'elles sont petites mais parce qu'elles sont anonymes et cela me renvoie à la pauvreté des artistes qui les ont conçues, sans compter que ce sont des oeuvres religieuses, quasi sacrées. Quand la pupille ne figure pas sur le Mritu Pat je me dis que cette image n'a pas été utilisée ... mais quand l'oeuvre est achevée c'est comme si elle a été arrachée au défunt et que son âme a été privée de paradis. Serais-je trop sentimentale ?

J'ai entendu parler d'argent à chaque étage ... Comment s'en étonner quand on sait qu'un galeriste n'a eu aucun état d'âme à mettre en vente une oeuvre qu'un artiste lui avait offerte dans un geste voulu comme une preuve d'amitié ... Vous me direz que monsieur tout le monde revend bien sur e-bay les cadeaux de Noël dont il n'a pas l'usage ... 

Je découvre Janet Sobel chez Gary Snyder (chambre 202) dont j'apprends qu'elle aurait influencé Pollock. Je savais surtout combien Lee Krasner, la femme de l'artiste, avait compté dans son parcours. Fabrice Melquiot leur a consacré un spectacle très intéressant il y a un an. Chacun ses évocations, pour moi ce serait Raoul Dufy.
Deux chambres plus loin ( 204) c'est un artiste grec, Giorgos Rigas qui est mis en valeur par la galerie Grimaldis. A plus de 90 ans, cet ancien charpentier désormais installé à Athènes continue à peindre son ancien village avec une richesse de détails qui le place à proximité d'un Douanier Rousseau.
La galerie luxembourgeoise Toxic (chambre 401) expose une série de Norbert H. Kox, un artiste que l'on peut aussi voir en ce moment à la Halle Saint-Pierre.
J'y retrouve aussi presque exactement la même oeuvre du français Francis Marshall, si reconnaissable à ses encadrements de bois brut et à leur écriture en capitales d'imprimerie, qui se trouvait à l'étage du dessus (chambre 502) présenté par la galerie strasbourgeoise Ritsch-Fisch.
L'artiste a l'habitude de recycler des images trouvées comme celle d’une jeune fille couchée dans l’herbe issue d'une page d'un magazine de mode chiffonné au fond d’un sac poubelle et qui réapparaît de façon répétitive. Pour moi elle évoque l'innocence de Dorothy, interprétée par Judy Garland dans le magicien d'Oz.
La démarche du Creative Growth Art Center (chambre 103) m'a touchée parce que c'est à la fois le plus ancien et le plus important (en nombre) atelier d'artistes handicapés. Une soixantaine a transité par ce centre depuis quarante ans. Dan Miller est peut-être le plus célèbre puisqu'il fut le premier artiste autiste à entrer au MoMa. Si le Creative Growthe Art center est installé aux USA à Oakland, il dispose malgré tout d'un petit show room parisien où les collectionneurs pourront se rendre.

Tom Di Maria, qui en est le directeur, s'exprime dans un parfait français pour relater la vitalité de ses artistes. Maureen Clay réalise des boules de papier mâché, ultra légères mais évoquant des pierres précieuses.

Les boules de Monica Valentino, une artiste non voyante, se situent elles aussi dans l'univers du bijou.
On devine, sur le mur, une oeuvre de Donald Mitchell, dont on reconnait le style à la multitude de petites silhouettes.

La galerie turinoise Rizomi Art Brut avait accroché deux petites oeuvres d'un artiste né en 1895 mais dont le travail s'étalait sur plusieurs années comme en atteste le cartel .. qui mentionne aussi le prix, avec une simplicité désarmante.
En face de la fenêtre , un immense panneaux de carreaux sigles A de Fabrice Hyber.
J'achève la visite avec la galeriste Béatrice Soulié (chambre 104) qui expose Sabrina Gruss, comme je l'ai dit mentionné plus haut mais aussi plusieurs autres artistes assez intéressants dans le domaine de la sculpture.
Sur son site, Gérard Cambon s'affirme autodidacte : Enfant, je griffonnais, je faisais des bateaux et des avions en bois, puis j’ai commencé à faire des collages et du modelage. J’ai découvert le papier mâché, réalisé des personnages très caricaturaux à la Daumier puis j’ai eu envie d’incorporer différents matériaux. Petit à petit des assemblages se sont constitués, les personnages se sont intégrés dans un environnement toujours plus grand, j’ai souhaité créer des atmosphères.
Des bonshommes en bois flottés de Marc Bourlier et une mosaïque très réussie de Séverine Gambier sur un guéridon au pied doré.
Première édition en France de l'Outsider Art Fair Paris
Du 24 au 27 octobre 2013
Hôtel le A, 4 rue d'Artois - 75008 Paris - tel 01 42 56 99 99

vendredi 25 octobre 2013

Y à quoi dans mon frigo ? un livre de recettes de Marie Borrel et de Sylvie Kitchen

On nous a rebattu les oreilles avec la cuisine du placard. D'abord, il n'y a pas 2 placards identiques. Ensuite, pour être universelle, cette "cuisine" utilise abondamment les féculents, pâtes et riz, zt puis les céréales, les œufs ... bref ce qui se garde le mieux. Et il faut toujours courir chez le marchand de légumes pour compléter.

Cuisiner avec ce qu'on a sous la main, voilà un principe qui me convient mieux ! Ce qu'on stocke dans le frigo (à l'inverse des placards qui peuvent bien attendre) est périssable. Et comme je n’aime ni jeter, ni manger deux jours de suite le même plat il me faut faire preuve de créativité, une qualité qui ne demande qu'à être boostée de temps en temps.

Ma petite cuillère me dit que je vais apprendre de nouvelles combines avec Marie Borrel et Sylvie Kitchen pour sublimer le dépareillé, comme elles disent, avant de me résigner, parfois, de guerre lasse, à le jeter (p.14).
Ce ne sont pas des magiciennes. Elles bossent à partir des indispensables que l'on fait bien d'avoir dans nos placards, dans le congélo, ... et dans le frigo. Cela ne mange pas de pain de le rappeler (chapitre 1).

Ensuite, en route pour associer 20 produits en 80 propositions qui se lisent comme des équations. On nous suggère pour chacune des produits de substitution si l'on manque du légume, du fromage, ou des aromates en question.

Qu'on ne s'avise pas de se plaindre : (tomate) cerise sur la recette, on pense à chaque fois à nous faire gagner du temps pour que cuisiner les restes deviennent un jeu plus qu'une corvée.

Je recommande de tout lire dans la continuité pour intégrer la démarche (et mémoriser quelques façons de procéder). On pourra ensuite le rouvrir à certaines pages le moment venu.
Pour me moment j'ai retenu les Pâtes aux champignons (p.28) que je ne pense pas assez à servir en accompagnement plutôt qu'en plat principal, les Crèmes d'avocat au paprika (p. 58) parce que je trouve rarement des avocats murs à point et que lorsqu’ils le sont il y a urgence à les consommer. la proposition de ces crèmes change de la version habituelle.

Le Velouté de roquette (p.78) est un dérivé intéressant de la soupe à l'oseille. Cette salade est vendue en gros sachet et on ne veut pas toujours tout consommer cru. J'avais déjà entendu parler de la betterave en Fondant au chocolat (p.92) et je crois que je vais bientôt l'expérimenter. L'association kiwi-coriandre m'a interpelée également (p. 186). A tester car ce fruit fait partie de mes achats quasi compulsifs.

Je pardonne la présence de la Salade de crevettes à la mangue (p.206) qui n'est pas vraiment une manière d'utiliser les restes mais une recette à part entière parce qu'elle est "trop" bonne.

Les annexes sont précieuses, notamment la page consacrées aux bonnes associations. Il y a là de quoi aller plus loin. Enfin le site de Sylvie Kitchen pourra donner d'autres ouvertures. Passionnée de cuisine et d'art de vivre, son blog fourmille de recettes simples et rapides, comme je les aime.
Marie Borrel est journaliste. Elle a dirigé la rubrique santé du magazine Psychologies, puis a été rédactrice en chef de Médecine douce. Elle se consacre à l’édition depuis une dizaine d’années et a publié de nombreux ouvrages sur le thème du bien-être et de la santé.

J'étais invitée à la dédicace du livre qui a eu lieu le jeudi 17 Octobre en fin de journée à la Maison de Thé George Cannon autour d’un instant...Thé ! évidemment. J'ai bien regretté de ne pouvoir m'y rendre. D'une part pour rencontrer les auteures et leur dire tout le bien que je pense de leur démarche. Ensuite pour revoir Olivier Scala qui est le maître ce cette Maison et auquel j'ai consacré un billet en septembre 2012.

Le problème avec les thés parfumés, c'est que, trop souvent ils embaument mais, une fois infusés, pfuitt..., on se retrouve avec une tasse d'eau brûlante un peu acre. Pas avec les mélanges Georges Cannon dont, par exemple, son Earl Grey Fleurs bleues, d'une belle couleur dorée, où la promesse est tenue parce que si le goût de la bergamote est bien là, sa discrétion est remarquable.

Y à quoi dans mon frigo ? de Marie Borrel et Sylvie Kitchen, aux éditions de La Martiniere, septembre 2013, Code ISBN 2732456640

Maison de Thé George Cannon – L’Essence du Thé
12 rue Notre Dame des Champs 75006 - PARIS
www.georgecannon.fr

jeudi 24 octobre 2013

ChiFra ... pour découvrir l'art contemporain chinois jusqu'au 28 octobre 2013

C'est sous l'impulsion d'une collectionneuse pékinoise, Mme DENG Xihong, que 28 artistes chinois et 14 artistes français sont exposés du 22 au 28 octobre dans  un pavillon sur les Champs-Elysées pour la première édition de ChiFra, consistant en un cycle d’expositions internationales.

Le vernissage de cette manifestation exceptionnelle a eu lieu hier soir dans une ambiance où se mêlait l'étonnement et la joie de la découverte qu'une certaine cohue a failli compromettre, mais failli seulement.

Le nombre des personnes invitées devait être colossal, à la mesure de l'évènement qui se déroulait en marge de la FIAC, à deux pas du Grand Palais. On pouvait entendre des remarques assez drôles témoignant d'une petite confusion. C'est une femme qui demande à son mari de se renseigner sur le prix des oeuvres qui lui plaisent le plus et dont elle lui donne la liste, ignorant que ce soir rien n'est à vendre. C'est un homme qui affirme haut et fort le talent des artistes chinois devant des toiles d'artistes français. ChiFra est conçu comme une rencontre culturelle. Ce n'est pas du tout un salon et certainement pas une foire. C’est un lieu de réflexion sensible à partir des œuvres proposées. 

Il faut dire que c'était la première fois qu'on pouvait approcher la peinture (il y avait peu de sculpture) contemporaine chinoise, et même discuter avec les artistes, avec le secours d'interprètes qui faisaient de leur mieux pour ménager les réticences des chinois à aborder certains sujets.

Il n'empêche que le choix des artistes n'avait été imposé par aucun organisme officiel à la mécène chinoise dont on doit louer les qualités et la volonté d'exposer trois générations d’artistes chinois, probablement les meilleurs artistes à l'heure actuelle. L’exposition est coordonnée par le directeur du Namoc, Dian Fan
Madame DENG Xihong a étudié à la State University of New York et à l’Université de Tsinghua à Pékin. Economiste, elle est spécialiste en ingénierie financière, en levée de capitaux et dans l'introduction en bourse de sociétés. Cette expérience dans le domaine de la banque l’a menée à la vice-présidence de J.P. Morgan et au board de la Citibank. Depuis 2004, elle dirige la société Hony Capital, fondée en 2003. Avec plus de 6,8 milliards d’USD dans ses actifs, Hony gère des industries de hautes technologies pharmaceutiques et a des parts dans les médias.

DENG Xihong collectionne l’art de son temps. Depuis très longtemps, son amour de l’art l’a conduit à réunir des œuvres et à titre personnel et elle a toujours manifesté son intérêt pour la peinture en agissant comme mécène. ChiFra est la première exposition qu'elle organise pour faire connaître au public des artistes chinois et leur histoire. La scène artistique chinoise est très diversifiée, et son but a été de montrer des œuvres de nombreux artistes vivants en Chine à des gens qui n’ont jamais été dans le pays. Elle a choisi Paris parce qu’elle a un attachement particulier à la France. Elle possède à Grasse une propriété où elle vient de créer une Fondation à vocation caritative, Sofia Art Foundation.

Commençons la visite par quelques artistes chinois. Je ne pourrais pas rendre compte de la totalité de la manifestation. Je renvoie au catalogue ceux qui cherchent l'exhaustivité. Je dois prévenir que je n'ai pas non plus pour prétention d'établir un palmarès mais de pointer quelques oeuvres.

Voici Colline et rivière, peint en 2012 par CHAO Ge. Né en 1957 à Hohhot (Mongolie-Intérieure), d’ethnie mongole, l’artiste est diplômé du département de peinture à l’huile de l’Institut Central des Beaux-Arts dont il est aujourd’hui, sous-directeur et professeur. L’artiste est par ailleurs membre de l’Académie Chinoise de Peinture à l’Huile et de l’Association des peintres chinois.
WANG Yishi, est une autre figure emblématique de l'histoire chinoise récente. Ce n'est pas lui qui le raconte mais Mme DENG qui rapporte qu'il a été emprisonné pendant la Révolution Culturelle et condamné à mort. Il a été libéré et, en 1989, l’ambassadeur français a commandé une exposition de son travail. Le gouvernement français lui a permis de vivre en France, et il a vécu à Paris pendant six ans et où il a déjà exposé une dizaine de fois. Cependant, il s’est rendu compte que ses racines étaient en Chine et il y est donc retourné. Malgré cela, ses œuvres illustrent l’amour, la beauté et le bonheur – parce qu’il pensait qu’il allait mourir, chaque jour qu’il vivait comptait pour lui.
Elle compare avec un humour particulier les prisons chinoises à de riches centres culturels, étant donné le nombre d’artistes emprisonnés… Le compagnon de cellule du peintre était un chanteur d’opéra. C’est quelque chose qui l’a inspiré pour la création d’un certain nombre de ses œuvres.
Le théâtre classique chinois le passionne effectivement. Il déclare que Roméo et Juliette fut sa source d'inspiration pour la toile ci-dessus.
Ses oeuvres méritent d'être regardées de très près pour en apprécier le travail du couteau. C'est  une évocation de l'univers de  Kandisnsky qui apparait à moyenne distance.
Vermeer est quant à lui ici la référence évidente puisqu'on y voit une miniature de la Jeune fille à la perle. YANG Feiyun est né en 1954 à Baotou (Mongolie-Intérieure). L’artiste a été étudiant au département de peinture à l’huile de l’Ecole Centrale des Beaux-Arts. Il est actuellement directeur de l’Institut de Peinture à l’Huile chinois (qui dépend de l’Institut de Recherche des Beaux- Arts chinois), tout en y étant professeur et directeur de recherche.
Cette toile de GUO Runwen m'évoque une lecture récente, la Fabrique du monde de Sophie Van der Linden, où l'héroïne est une jeune couturière en usine mais on pourrait aussi songer à Balthus. Né en 1955 à Zhejiang, l’artiste a été diplômé en 1982 du département des arts de la scène de l’Académie de Théâtre de Shanghai. Il est actuellement professeur et sous-directeur du département de peinture à l’huile de l’Institut des Beaux-Arts de Guangzhou, vice-président de l’Association des peintres de Guangdong, et membre de l’Association des peintres chinois.
Avec YAN Ping on pense à Van Gogh. Née en juin 1956 à Jinan (Province du Shandong), l’artiste est diplômée en spécialité peinture à l’huile de l’Institut des Beaux-Arts du Shandong. Aujourd’hui, elle est membre du conseil de l’Association des peintres chinois, vice-présidente de l’Académie de Peinture à l’Huile de Shandong et professeur.
Le poisson géant de DUAN Zhengqu, impressionne. Né en 1958 à Yanshi (Province du Henan), l’artiste est diplômé du département de peinture à l’huile de l’Institut des Beaux-Arts de Guangzhou. Il est actuellement maître de conférences à la Faculté des Beaux-Arts de l’Ecole Normale de la Capitale de Chine.
La sculpture est représenté avec notamment SUN Jiabo. Né en 1940 à Pékin, l’artiste est entré au département de sculpture de l’Institut Central des Beaux-Arts tout en y étant actuellement membre du comité d’étude, directeur d’étude et de recherche du premier laboratoire du département de sculpture.
WANG Keju a saisi Les Mouvements du vent, une oeuvre immense qui a la légèreté d'une quarelle. Né en 1956 à Qingdao (Province du Shandong), l’artiste est diplômé en 1983 de l’Institut des Beaux-Arts de Shandong. Il est actuellement professeur à l’Institut des Beaux-Arts Xu Peihong de l’Université Populaire de Chine et membre de l’Association des peintres chinois.
BAI Ming a joliment intitulé son oeuvre vers célestes : observation des montagnes et des rivières. Né en 1965 à Yugan (Province du Jiangxi), l’artiste est diplômé du département de céramique de l’Institut Central de l’Artisanat et des Beaux-Arts. Il est actuellement chargé de cours au département de céramique de l’Institut des Beaux-Arts (qui dépend de l’Université de Tsinghua), membre de l’Académie Internationale de la Céramique (AIC) et membre de l’Association Chinoise de Peinture à l’Huile.
Alin AVILA, historien et critique d’art, a été présent sur les ondes de France Culture pendant plus de 20 ans. Il dirige depuis 2001 la revue Area. Engagé dans l’art contemporain, il a été commissaire d’un très grand nombre d’expositions et a publié de nombreux ouvrages monographiques. C'est le curateur de ChiFra en France et à ce titre il a eu la responsabilité de la sélection française.
Pierre CARRON a été qualifié de peintre de l’intime, et son œuvre a souvent été rapprochée à celle de Balthus ou de Vuillard. Il n'empêche que devant ses toiles immenses j'entendais des visiteurs estimer que cette "peinture chinoise" était tout simplement évidente, ce qui a fait dire à l'artiste qu'il était le plus chinois des artistes français.
J'ai donc été amusée de découvrir un coq émergeant des Croisillons.
Christine JEAN apprécie les grands formats. Elle aime toutes les forêts qu'elle peint de mémoire.
Pour moi la référence à Klimt est évidente, mais l'artiste n'y avait jamais songé.
Toujours souriante, DENG Xihong est ici à coté de Jean CARDOT. Elle présente trois générations d’artistes chinois. La première englobe des artistes âgés de 70 à 80 ans, tous nés dans les années 1930, et qui ont tous connu la Révolution Culturelle, une époque où l’art était interdit. Il y a aussi des membres de la génération « mid-age », toutes diplômées d’université, qui ont connu la fin de la Révolution Culturelle à la fin des années 1970. Beaucoup ont étudié dans des institutions occidentales et recherchent maintenant de l’inspiration dans leurs racines en Chine.
Les membres de la jeune génération sont concernés par la pollution environnementale qui affecte de magnifiques paysages en Chine. Leurs œuvres véhiculent des idées d’incertitude pour l’avenir, non seulement sur la société, mais aussi sur l’environnement. L’idée de la civilisation se heurte à celle de la nature, avec les immeubles, par exemple, qui détruisent les paysages.
La présence de Jean CARDOT dans l’exposition est une manière de rendre hommage au sculpteur qui réalisa en 2000 la statue de De Gaulle, sise à quelques pas de l’exposition, au rond-point des Champs-Elysées. Le Général Charles De Gaulle a effectué un voyage à Pékin en janvier 1964. L’événement fera date et marquera l’esprit des chinois. Le Général sera pour les Chinois celui qui va ouvrir la Chine au monde moderne. Nous commémorerons l’année prochaine la reconnaissance par le Général de Gaulle en 1964 de la République populaire de Chine sur la scène du Monde.
Le mouvement domine dans cette sculpture où le pied du militaire semble s'échapper du socle.
Avec Nathalie MIEL les couleurs explosent.
Philippe GAREL, Flux et reflux (détail).
Photo-souvenir avec, de gauche à droite, Marie Rauzy (artiste), Zwy Milshtein (artiste), Sylvia Beder (CommunicationCulture) et Alin Avila, en bas, Dorian Desmazeaud (son assistant )

Informations pratiques
ChiFra, sur les Champs Elysées du 22 octobre au 28 octobre
Tous les jours de 11h00 à 20h00
8€ (dont une partie sera reversée aux associations d’aide à l’éducation artistique d’orphelins en Chine) – Gratuit pour les étudiants, les demandeurs d’emploi, les jeunes de moins de 25 ans.
Nocturnes Mardi 22 octobre et Vendredi 25 octobre

Le projet s’étendra sur cinq ans, de 2013 à 2018. Chifra, en 2014 sera présentée dans sept musées de Chine, à Pékin, Shanghai, Canton ...

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