Quelques lecteurs furent surpris par mes choix de lecture, pensant que je n'appréciais pas la littérature étrangère puisque je n'avais chroniqué que des auteurs français à l'occasion de ce qu'on appelle la "rentrée littéraire". Quel scénario .. alors que la réalité est très simple : j'ai lu en premier les livres que j'avais reçus et ceux des auteurs que je connais déjà et dont je guette les nouveautés.
Mais je n'ai rien contre la littérature étrangère. Je suis interdite en est la preuve. Et c'est un roman troublant à bien des égards.
Mais je n'ai rien contre la littérature étrangère. Je suis interdite en est la preuve. Et c'est un roman troublant à bien des égards.
Depuis la Transylvanie juste avant la Deuxième Guerre Mondiale, en passant par Paris après la guerre, jusqu’à Williamsburg aux USA, le roman fait revivre 4 générations d’une famille Satmar. En 1939, le petit Josef, 5 ans, est sauvé par une jeune fermière non juive qui le fait passer pour son fils. Cinq ans plus tard, Josef sauve la jeune Mila, une fois que les parents de celle-ci ont été tués et lui fait rejoindre Zalman Stern, un chef religieux de la communauté Satmar, où Mila va être élevée comme la sœur d’Atara, la fille de Zalman. Au fur et à mesure que les adolescentes grandissent, la foi de Mila s’intensifie, alors que sa sœur adorée découvre le monde des livres et du savoir. Mila se marie dans le respect de sa religion, alors qu’Atara continue à remettre en question la doctrine fondamentaliste. Le choix des deux sœurs les sépare jusqu’à ce qu’un dangereux secret menace de les bannir de la seule communauté qu’elles n’ont jamais connue.
J'ai appris qu'Anouk Markovits avait été élevée en France dans une famille Satmar jusqu’à l’âge de 19 ans. Elle s’enfuie alors en Amérique pour échapper à un mariage arrangé et entreprendre des études laïques. Après des études à Columbia, elle a obtenu un Master d’architecture de la School of Design de Harvard et un PhD en études romanes à l’université Cornell. Elle a travaillé sur les décors du film L’Insoutenable légèreté de l’être. Elle est mariée et habite New York.
Il est tentant après cela de voir une proximité avec le personnage d'Atara. L'auteure néanmoins respecte le choix de Mila de suivre la doctrine. Le personnage de Josef est quant à lui totalement prisonnier des préceptes religieux. Si le livre adopte le point de vue des femmes, il montre bien combien les hommes ne sont guère plus libres.
Cette lecture n'est pas facile pour quelqu'un qui ne connait la religion juive que de loin. Il éclaire beaucoup d'aspects qui sont opaques aux néophytes. Il n'empêche que les pressions familiales existent dans toutes les communautés et qu'il est souvent difficile de s'en affranchir.
On se construit le plus souvent en miroir ou en opposition à ses parents, comme s'il n'y avait pas de ligne médiane. La religion détermine un code d'honneur qui s'avère, selon la manière que l'on a de le vivre, une sécurité ou un carcan. Et si le livre éclaire les règles de la religion juive il est remarquable de noter les similitudes avec d'autres croyances ... ce qui fait que ce roman porte des valeurs universelles.
Homme ou femme, croyant ou athée, il ne laissera personne indifférent.
Je suis interdite, Anouk Markovits, chez JC Lattès, traduit de l’anglais par Katia Wallesky, avec le concours de l'auteur, août 2013, code ISBN 9782709639538
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