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lundi 7 octobre 2013

Lundi noir de Dominique Dyens aux Editions Héloïse d'Ormesson


(mise à jour 21 octobre 2013)

Il y a des jours comme çà où rien ne va ... C’est ce qu’on croit, ne sachant pas que c’est peut-être ce que la sagesse populaire désigne sous le terme de «un mal pour un bien». En attendant le mal est là et bien là.

Lundi noir, l’expression est passé dans le langage courant, même si l’évènement est, c’est heureux, exceptionnel : le titre évoque un krach boursier, ou pour le moins de graves soucis dans le monde de la finance. La première page du roman est donc sans surprise.

Par respect pour ses lecteurs, Dominique Dyens laisse entrevoir les prémices d’une fin heureuse (p. 13-14) avant de reprendre le déroulé de la tragédie.

Ce serait une erreur de conclure qu’on a tout compris, tout «deviné» du présent comme du passé et de l’avenir de ce Paul Deshoulières. L’auteure a plus d’une surprise sous son clavier et on la laisse nous manipuler sans opposer de résistance. Peu avant la moitié (je ne vous donnerai pas la page exacte : vous seriez tenté de vous y rendre trop vite) l’histoire basculera alors que son règlement est entre les mains de l’homme d’affaires.

Une des grandes forces du livre est d’avoir campé un personnage masculin aussi subtile. Dominique Dyens en connait un sacré rayon sur la psychologie masculine, ses forces comme ses faiblesses. La physiologie du sexe fort ne lui échappe pas davantage. On se surprend à considérer les choses sous un angle inhabituel.

Il est rare, me semble-t-il qu’une femme écrive de cette manière et cela fait du bien.

L’argent ne fait pas le bonheur. Cela fait belle lurette que vous et moi le savons. Si une illusion pouvait persister dans le cerveau d’un lecteur, Dominique Dyens en sapera la certitude.

Vous me direz que tout dépend de la définition qu’on a du bonheur. Pour Alice qui, soit dit en passant, est une merveille sottement mondaine (sic), le bonheur c’est le luxe associé à l’opulence (p. 95). Autrement dit une abondance de biens matériels haut de gamme que Paul, son époux, qualifie exactement des mêmes termes p. 34. Ces deux-là étaient fais pour s’accorder sur une même longueur d’onde.

Un jour tout cela ne sera que du vide, du creux, du toc prétentieux (p. 86).

Tant que Paul considèrera les affaires comme un jeu tout sera supportable. Mais qu’il découvre l’hypocrisie (p. 66) et la belle image se craquèle. Et qu’elle découvre la vraie passion (p. 77) et c’est la sienne qui se brise. C’est désormais avec un bel architecte qu’elle voudrait poursuivre l’aventure de la vie.

L’auteure a de jolies formules. Pour qualifier un accord entre les deux amants elle les dits issus du même cépage bien qu’ils aient mûri sur des terres différentes. Pour signifier combien Paul pète les plombs il ressent une image distordue de lui-même. Pour nous faire peur il est persuadé que la vie ne lui donnera pas de seconde chance.

Pour renforcer davantage les métaphores, elles sont placées dans la bouche des personnages, à la première personne. Le récit alterne le je avec le il et les paragraphes sont parfois liés par le logo de la maison d’édition là où d’habitude on trouve trois astérisques.

On pense à L’été de la deuxième chance, de Elin Hilderbrand, publié en 2012 et qui est strictement le pendant américain et féminin de ce Lundi noir. On pourrait établir une comparaison avec le Système Victoria d’Eric Reinhardt. On se souvient aussi d’Une époque formidable, le film où Gérard Jugnot témoignait de la dégringolade d’un cadre avec la perte de son travail. Le thème n’est pas nouveau mais, encore une fois, son traitement est fait sous un angle différent.

Sur le plan médical on apprend ce qu’est un adénocarcinome sans qu’il soit besoin de pratiquer l’exercice du diagnostic différentiel où le Dr House excelle. Il y a aussi quelques pages sur la fin de vie en maison médicalisée, presque insoutenables tant elles sont proches de la réalité. On arpente Paris et on se pose en Nouvelle Angleterre,  pas loin de là où vit Elin Hilderbrand.

Il ne manque qu’une chose : la recette de cette Clam Chowder qui est si appétissante. Je croyais en avoir une dans mes nombreux livres de cuisine. Il y a des versions crevettes-pommes de terre mais pas la fameuse aux palourdes que je vous promet de chercher bientôt pour l’ajouter à ce billet ...


mise à jour du 21 octobre 2013

Pour faire une soupe de coques comme en Nouvelle Angleterre :

Pour les coques, compter 600 g, 1 échalote, 2 cubes de bouillon de légumes bio et 80 cl d’eau, 2 cuillerées à soupe d’huile d’olive, 1  pincée de sel.

Vous ferez dégorger les coques dans l’eau froide en brassant. Puis vous ferez suer l’échalote pelée et émincée dans l’huile d’olive avec le sel. Dès qu’elle est translucide vous versez 2 verres d’eau, y jetez les coques, couvrez et laissez cuire 3 minutes à feu vif. Vous filtrerez le jus de cuisson, le ferez réduire de moitié et mélangerez au bouillon de légumes.

Pour la soupe, il vous faudra : 1 orange non traitée, 1 oignon, 1 gousse d’ail, 1 branche de céleri, 4 pommes de terre, 2 pincées de pistil de safran, 20 cl de crème liquide, 4 brins de persil plat, 25 g de beurre, sel et poivre.

Vous laverez l’orange pour en prélever la moitié du zeste et vous la presserez. Vous émincerez l’oignon épluché et la gousse d’ail, couperez le céleri en petits cubes et les pommes de terre en cubes de taille moyenne.

Vous ferez suer l’oignon dans une cocotte dans le beurre avec le sel, ajouterez ensuite ail, zeste et céleri. Après 2 minutes vous ajouterez le bouillon et les pommes de terre, le safran et laisserez cuire 20 minutes. Quand les pommes de terres seront tendres vous verserez la crème, le jus d’orange puis les coques et poursuivrez la cuisson à feu doux 2 à 3 minutes.

Rectifiez l’assaisonnement et servez chaud avec quelques brins de persil.

J’ai trouvé cette recette dans le Best of Etats-Unis de la collection Fait maison d’ailleurs, Hachette cuisine, publié en juin 2013 (p. 82).

Lundi noir de Dominique Dyens aux Editions Héloïse d'Ormesson

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