Publications prochaines :

La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

mardi 31 octobre 2023

Accords met-vin autour d'un Crozes-Hermitage

Il y a sans doute Crozes-Hermitage et Crozes-Hermitage. Aujourd’hui je propose un accord met-vin autour du Crozes-Hermitage de Christophe Pichon Père & Fils..

Deux possibilités s’ouvrent à vous avec un Bourguignon, classique et une version végétarienne, bien évidemment en toute modération dans un cas comme dans l'autre.

Le Domaine Pichon Père & Fils est situé à Chavanay au sud de Lyon, et il est proche de Vienne. Son AOP Crozes-Hermitage Rouge 2022 est produite sur la rive gauche du Rhône sur la commune de Pont de L'Isère dans l'Intercommunauté d'Arche Agglo (Ardèche en Hermitage).

Cette Appellation Crozes-Hermitage est plantée sur une surface de 1870 ha. 90% sont élaborés en Rouge à partir du cépage Syrah. Les Blancs sont quant à eux produits avec la Marsanne et la Roussanne. Les vendanges sont manuelles et le vin est élevé dix mois en fûts de chêne d'un à quatre ans d'âge. 

Les vignes sont installées depuis vingt ans sur un plateau composé d'une couche épaisse de cailloutis roulés, de différentes époques glaciaires mêlés à de l’argile rouge. Ce sont ces sols qui apportent à cette cuvée finesse et élégance, et qui permettent d’assurer une garde moyenne. 
A la dégustation, la robe est rouge rubis. Le nez est intense et complexe avec des touches de petits fruits rouges, et des notes d'épices tel que le poivre blanc. La bouche est ronde et souple, soutenue par un léger boisé. Je connais des amateurs qui l'accordent avec du canard, de l'agneau, ou un fromage régional comme le Saint-Marcellin (fromage drômois) même si personnellement je mettrais dessus plutôt le Crozes-Hermitage Blanc.
Toujours est-il que le Rouge convient parfaitement avec le Bourguignon qui est un plat de saison.
Les végétariens ne seront pas privés en remplaçant la viande par de la semoule de couscous, grains fins, associée à des légumes préparés façon ratatouille, en ayant ajouté un piment Pasilla dans leur bouillon de cuisson.
Si vous souhaitez découvrir ce vin AOP Crozes-Hermitage vous pouvez venir rencontrer les vignerons Corentin et Christophe au Domaine Pichon Père & fils à Chavanay. Ils vous feront déguster leur large gamme de vins de la Vallée du Rhône Nord et vous aurez aussi la possibilité de visiter la cave. Néanmoins il est possible d’effectuer une commande en ligne, depuis leur site.

lundi 30 octobre 2023

La maison aux sortilèges d'Emilia Hart

Voilà une lecture idéale pour la période d'Halloween et je suis heureuse d’avoir frissonné avec qui plus est un premier roman car il n’est pas fréquent d’en disposer en littérature étrangère.

La maison aux sortilèges raconte le destin croisé de trois femmes extraordinaires séparées par quatre siècles :
- 1619. Altha connaît les secrets des plantes, savoir ancestral transmis de mère en fille. Nombreux sont les villageois à venir lui demander de l’aide. Pourtant, quand un fermier meurt piétiné par son troupeau, tous la pointent du doigt et l’accusent de sorcellerie.
-1942. Alors que la Seconde Guerre mondiale fait rage, Violet est cloîtrée dans le grand domaine familial, étouffée par les conventions sociales. Elle vit avec le souvenir de sa mère, dont il ne lui reste qu’un mystérieux médaillon et une inscription étrange sur le mur de sa chambre.
- 2019. Kate fuit Londres pour se réfugier dans une maison délabrée dont elle a hérité. Avec son lierre dégringolant et son jardin envahi par les mauvaises herbes, ce havre de paix la protège de son compagnon violent. Kate sent toutefois qu’un secret s’y tapit…

Malgré la présence d’une corneille (dont la mention apparaît p. 32 et dont on comprendra que l’animal est un personnage essentiel du livre) et de multiples insectes (qui eux aussi auront leur rôle à jouer) la couverture n’est absolument pas angoissante et donne envie d’ouvrir le livre. Elle exerce une sorte de fascination tant l’illustration est riche et poétique.

Pourtant le titre français induit un peu trop -me semble-t-il- le sujet même si le mot sortilèges est plus romantique que celui de sorcières. La maison est effectivement un élément central mais en indiquer simplement le nom comme c’est le cas dans le titre anglais, Weyward, est plus mystérieux. De plus le mot signifiant rebelle, à l’écart était à la fois plus riche et moins explicatif. Il était en outre porteur d’une référence subtile à Macbeth, le drame shakespearien dans lequel évoluent trois sœurs maléfiques.

Les descriptions que l’auteure fait de la nature sont belles et à connotation magique si bien que le roman devient vite envoûtant, répondant à la promesse contenue dans le titre. Il est très émouvant dès lors qu’on commence à connaître ces trois femmes dont on comprend vite que leur existence sont liées, ne serait-ce que pour avoir vécu dans la même maison. Par contre, et c’est un des aspects intéressants de la construction narrative, il est longtemps impossible de déterminer si le lien est positif (on le souhaite) ou négatif. Le terme de sortilège est d’ailleurs plus large que celui de sorcière. Ce n’est qu’à partir du dernier quart qu’on le saura avec certitude alors qu’il glisse vers le roman policier.

Je me suis laissée embarquer dans ce conte moderne, viscéralement féministe, où les femmes disposent d’un pouvoir considérable qui ne les protège hélas pas beaucoup de la violence des hommes. La plupart d’entre eux s’y révèlent de redoutables prédateurs, au sein du foyer, de la famille, de la société. On aimerait que les temps changent pour de bon, que les femmes cessent d’être des victimes et qu’elles puissent enfin se réaliser pleinement, en êtres libres. A ce titre Émilia Hart nous offre un superbe plaidoyer qui pourra se lire comme un conte moderne, inspiré du Jardin secret des frères Grimm.

Emilia Hart est une autrice vivant à Londres. La Maison aux sortilèges, son premier roman, s’est immédiatement classé dans les listes des best-sellers aux États-Unis et au Royaume-Uni. Il est en cours de traduction dans vingt pays.

La maison aux sortilèges d'Emilia Hart, traduit de l'anglais par Alice Delarbre, Les Escales, en librairie depuis le 28 septembre 2023

dimanche 29 octobre 2023

Accord met-vin autour d'un Sylvaner

J'avais - en toute modération- apprécié un Sylvaner au cours de la soirée d'annonce des Prix Pudlo.

On a tellement l'habitude de voir les Rieslings mis en avant que lorsque les Vins d'Alsace présentent un autre cépage je suis attentive et voici une heureuse surprise à l'instar du Pinot gris que j'ai associé à du haddock il y a quelques jours.

Le domaine Henry Fuchs a été créé en 1982. Il est géré depuis 2006 par Paul Fuchs, fils d'Henry, rejoint en 2017 par sa sœur Julie, après un premier parcours dans la gestion et la finance. Exploité en bio certifié depuis 2011, le vignoble couvre 10 hectares autour de Ribeauvillé et de villages voisins, avec des parcelles dans le grand cru Kirchberg de Ribeauvillé.

Le lieu-dit Weinbaum est planté de vieilles Vignes et il est probable que leur âge participe au parfum de ce Sylvaner.

La robe est jaune-vert. Il développe des notes florales qui rappellent l'acacia et les fleurs blanches, contrebalancées par des notes citronnées, avec des nuances végétales intéressantes.
Je l'ai associé avec une tête de veau sauce gribiche qui est un plat que j'aime cuisiner à l'approche de l'automne. C'est assez facile à réussir puisqu'il suffit de déposer la viande, désossée, roulée et ficelée dans une cocotte, puis de la couvrir d'eau après avoir ajouté une carotte, un oignon, deux gousses d'ail, un demi-verre de vinaigre de vin et un bouquet garni (feuilles de laurier, de persil et de thym). On sale ensuite au gros sel. 

J'ai oublié de délayer un peu de farine dans un soupçon d'eau et de l'ajouter dans la cocotte pour agglutiner les impuretés et pouvoir plus facilement les éliminer. Mais le résultat n'a pas été mauvais du tout.

J'ai porté à ébullition, ai couvert, puis diminué le feu pour laisser mijoter 2 heures à feu doux. J'ai servi avec quelques pommes de terre cuites à l'eau, une sauce gribiche classique et une julienne de carotte sauce vinaigrette. Le secret de la découpe est l'emploi d'un éplucheur en Y Microplane.

Enfin j'ai posé une feuille de shizo pourpre pour donner une note aromatique originale à la saveur de cannelle.

Sylvaner Weinbaum 2022 Henry Fuchs
En vente uniquement au domaine : 8 rue du 3 décembre - 68150 Ribeauvillé - 03 89 73 61 70
contact@henryfuchs.fr

samedi 28 octobre 2023

Le consentement, film de Vanessa Filho

Le consentement est l’adaptation cinématographique du livre éponyme de Vanessa Springora. Savoir qu’elle avait collaboré au scénario avec la réalisatrice m’a inspiré confiance et décidé à le voir dès sa sortie.

Paris, 1985. Vanessa a treize ans lorsqu’elle rencontre Gabriel Matzneff, écrivain quinquagénaire de renom, dont la société littéraire connait (et ne réprouve pas) le penchant pédophile. La jeune adolescente devient l’amante et la muse de cet homme célébré par le monde culturel et politique. Se perdant dans la relation, elle subit de plus en plus violemment l’emprise destructrice que ce prédateur exerce sur elle.

J’avais lu le livre et connaissais donc « tout » de cette histoire. J’avais aussi visionné la bande-annonce et j’aurais parié sans en voir davantage que Kim Higelin (Vanessa jeune) pourrait recevoir le César de la révélation féminine tandis que Jean-Paul Rouve (Gabriel Matzneff) livrait une interprétation bluffante, elle aussi susceptible d’être primée.

Mon avis a évolué. La réalisatrice réussit un portrait à charge tout à fait légitimite. Elle dénonce la complicité passive allant parfois jusqu’à la protection dont a bénéficié Gabriel Matzneff (qui conservait sur lui une lettre élogieuse de François Mitterand) qui pouvait ainsi se sentir autorisé à ne rien cacher de ses penchants lorsqu’il était invité à la télévision. Seule Denise Bombardier s’est élevée contre lui et ce moment historique est donné à voir en images d’archives. C’est encre plus fort ainsi.

Souvent les gros plans sont terriblement insistants. Les mises au point créent des halos de flous troublants. L’homme devient de plus en plus prédateur et on mesure combien son rapport à l’écriture est malsain. Mais ce qui m’a le plus choquée ce sont de multiples scènes que j’ai parfois trouvé insoutenables. L’accès de folie de Vanessa soutenu musicalement par l’ouverture de Don Giovanni est totalement bouleversant. La chanson de Barbara, Mon enfance, qui accompagne la séquence d’anniversaire des 18 ans est presque insoutenable. Lire cette référence sur le papier est une chose. L’entendre en est une autre.

Le livre était bouleversant. Le film est violent. Était-ce bien nécessaire d’en passer par là ? Le film est interdit au moins de 12 ans et il n’aura donc aucune action préventive à moins qu’on ne considère qu’il puisse alerter les parents. C’est dommage. Bien entendu je recommande sans réserve la lecture du livre.

Le Consentement, réalisé par Vanessa Filho
Scénario : Vanessa Filho avec la collaboration de Vanessa Springora et François Pirot, d'après le livre de Vanessa Springora
Musique : Olivier Coursier et Audrey Ismael
Photographie : Guillaume Schiffman Avec Jean-Paul Rouve, Kim Higelin, Laetitia Casta, Élodie Bouchez, Lolita Chammah, Josiane Pinson …
En salles depuis le 11 octobre 2023

vendredi 27 octobre 2023

Déjeuner chez Excoffier Père & Fils

Je ne serais ans doute pas allée spontanément déjeuner chez Excoffier Père & Fils. J’ai des souvenirs d’enfance de soufflé mais je n’étais pas disposée à en faire tout un repas. Et pourtant je suis ressortie légère et joyeuse de ce restaurant où se conjugue à la perfection l’art du bien manger et du manger bon.

Croyez-en mon expérience. C’est une des meilleures tables du moment. Ce n’est pas un effet de mode. Et on comprend pourquoi dès qu’on se penche sur le sujet.

C'est un plat mythique et de haute voltige. Combien de fois ai-je entendu ma grand-mère (dont c'était une spécialité) dire le soufflé n’attend pas, c’est le convive qui doit accepter d'attendre. Alors je m'interrogeais sur la longueur du service mais chez Excoffier on maitrise tout et il n'est pas nécessaire d'être patient.

Je me doute que vous aimeriez avoir la recette. Je n'ai pas demandé celle du chef car j'imagine qu'il préfère la conserver secrète. Mais en fin de publication je vous donnerai la mienne qui, toutes chose égales par ailleurs, est un heureux compromis.
Philippe apporte lui-même quelques gougères miniatures, aériennes, parsemées de graines de sésame doré, fondantes en bouche avec un verre de Pessac Leognan, un Bordeaux dont la minéralité s'exprimera ensuite parfaitement avec l'amertume maitrisée d'une de ses spécialités, l'Artichaut comme une tarte Tatin, jus de viande corsé.
Le restaurant est tranquille le midi mais il est "full" en soirée. On apprécie le calme et la sérénité qui règne en salle. Le bar noir se situe dans l’entrée, précédant une salle en enfilade. La cuisine est ouverte et aucun éclat ne viendra jamais troubler le calme de la salle qui baigne dans une douce musique. On prend le temps de contempler le décor, sobre mais parlant. Les livres et les photos présentés sur la console qui court derrière les canapés renseignent sur le parcours de Philippe et ses penchants culinaires.
On peut feuilleter (et acheter) le livre mémoire qu'il a écrit en 2009 sur son passage dans les cuisines de l‘Ambassade des États-Unis à Paris où il a officié 12 ans. On comprend qu'il connaisse très bien les plats emblématiques et préférés de nos cousins américains. Concevoir un menu spécial Thanksgiving lui est naturel. Ce sera le 23 novembre, avec crab cake, cappuccino de potimarron aux épices Cajun, arrivés directement de Louisiane, dinde en deux façons, purée de patates douces et choux de Bruxelles et l'ultra traditionnelle tarte au potiron et noix de pecan.
Au mur, des objets de cuisine sont encadrés comme des oeuvres d'art et l'huile d'olive est élevée au même rang que le cognac. Je m'étonne qu'il n'y ait pas une collection de moules à soufflé mais après tout une certaine sobriété est de bon ton.
Arrive sur la table une Chair de tourteau en fraîcheur, avocat, œuf mimosa, pomme verte (photographié en demi-portion) qui mérite amplement son nom. Cette entrée est d'une douceur et d'un équilibre remarquables. Elle est subtile, parfumée, raffinée et figure dans le menu Suggestion en 5 services.
S'il ne fallait employer qu'un seul terme pour qualifier la cuisine de Philippe Excoffier ce serait "équilibre" et son fils, formé dans l'école Ferrandi, suit la même voie à ses côtés. Philippe a retenu de son expérience américaine combien la couleur est importante dans une assiette. Un des plats qu'on lui réclamait le plus à l'ambassade était le bar de ligne rôti au four avec un jus de légumes à la marjolaine.

Puis un Soufflé au citron de Nice les a enchantés. Par la suite, et pendant six mois, l'ambassadrice ne voulait plus que des soufflés, aussi bien sucrés que salés mais il a réussi à les convertir à la richesse aromatique de la cuisine française. Inversement il a développé une ultra compétence dans la confection de ce grand classique de la gastronomie française qui permet aujourd'hui à sa cuisine de se démarquer de celle des restaurants voisins dont la concurrence est vive.

C'est ce qui a dynamisé le bouche à oreille positif dont il a bénéficié dès son arrivée en 2011 aux commandes du restaurant de la rue de l'Exposition. La salle est relativement petite parce qu'elle a pris place dans une des anciennes boutiques qui s'alignaient dans cette rue mais elle est très bien agencée, permettant l'installation de 34 chaises et, dès que le temps le permet, elle se déploie dans la rue sur une terrasse très agréable puisque la circulation automobile s'y fait plutôt rare.

Ajoutez la qualité des produits, l'attention et le soin du service (par Cameron le jour de ma venue), une musique douce, des prix raisonnés, et le succès s'explique. Pendant le confinement, les soufflés à emporter ont rencontré un vif intérêt parce qu'ils étaient conçus pour être réchauffés à domicilePlusieurs clients y ont pris goût et ont découvert ensuite le restaurant. Il aurait été dommage de ne pas continuer.
Mais voici un des soufflés de la carte, le Soufflé Suissesse aux truffes, crème truffée que l'on dégustera à la grande cuillère. Le plat n'est pas trop salé, ce qui est suffisamment rare en restauration pour el souligner. la truffe est odorante, savoureuse, pas trop puissante. On est encore sur la truffe blanche de Bourgogne, très agréable, et consensuelle.
En plat, le Soufflé de Gambas, tuile à l'encre de seiche, bouillon de homard infusé combine les saveurs marines avec élégance.

jeudi 26 octobre 2023

Une année difficile, un film d’Olivier Nakache et Eric Toledano

Quand je pense que j’avais regretté de ne pouvoir le voir en avant-première considérant que ce n’était pas l’urgence cinématographique de l’année, comparativement au si excellent Règne animal ! 

J’ai un grand respect pour l’œuvre d’Olivier Nakache et Eric Toledano qui nous ont livré deux superbes films à message, je veux parler de Hors normes et Intouchables que je ne pouvais qu’avoir des a priori positifs pour Une année difficile même si Le sens de la fête m’avait un peu laissée sur ma faim.

Après avoir conçu leurs films sur des duos c’est cette fois un trio composé de Pio Marmaï, Jonathan Cohen et Noémie Merlant que l’on n’a pas l’habitude de voir dans un registre comique. Jusque là je suis partante.
Albert et Bruno sont surendettés et en bout de course. Leur coup de bol sera de croiser des jeunes militants écolo qui vont leur ouvrir les bras, et surtout leur fournir à manger et à boire gratis. Ces consommateurs compulsifs et pire encore -tricheurs- auraient pu s’amender mais non. Ils vendraient père et mère sans un remords.
J’étais loin, très loin de me douter que j’éprouverais une déception abyssale. Avec eux, malgré Une année difficile tout est bien qui finit bien. On peut avoir un accident mortel et s’en sortir indemne et sans la moindre séquelle (merci la Sécurité Sociale pour la prise en charge des frais) pour ensuite danser la valse sur le Pont Neuf. On peut surconsommer à donf et faire effacer ses dettes. On peut être interdit de casino et gagner des sommes folles (bonus d’après générique). On peut se moquer des écologistes sans conséquence aucune, bien au contraire puisque qu’on a tout à y gagner, même l’amour.

Le réchauffement climatique est sans nul doute une ineptie pour les deux réalisateurs qui ridiculisent les écoresponsables et célèbrent le surendettement et le trafic organisé. C’est une comédie, disent-ils pour se défendre de n’avoir pas voulu glisser de message social ou politique dans leur film. Et ils renchérissent en voulant nous faire croire qu’invoquer la référence de la comédie à l’italienne (comme savait si bien la filmer Ettore Scola) va nous attendrir.

Je n’aurais pas été contre des scènes où la méchanceté aurait été montée en épingle pourvu qu’elle soit mordante sans être méprisante et qu’elle fasse réfléchir à l’instar de Hors normes et Intouchables (tout en accordant une belle place à l’humour) mais cette fois je n’ai pas trouvé ça drôle. Sans doute parce que je n’ai pas le sens de leur fête.

Un seul moment a provoqué une forte émotion, c’est la scène de l’avion arrêté par des militants sur la superbe musique des Doors (The end). On jurerait que l’avion est un personnage et cet anthropomorphisme est troublant. Mais elle fait l’on feu.

On ne saisit pas quel est le point de vue des réalisateurs sur notre époque, ni de quel côté ils se situent. On peut craindre qu’ils soient plus favorables à la société de consommation qu’à un mode de vie raisonné, peut-être parce que ça n’est pas réjouissant.

Le surendettement est un sujet sérieux mais on en parle à notre manière. On a juste voulu rire de sujets d’actualité disent-ils (comme si le réchauffement climatique et la surconsommation prêtaient à s’amuser). On peut donc imaginer que leur prochain long métrage se déroulera en Ukraine, en Russie, en Israël ou en Palestine que les "actualités" nous mettent tous les jours sous les yeux. Oseront-ils en rire pour nous empêcher d’en pleurer ? Heureusement Ken Loach, lui, ne renie pas ses valeurs. Il le démontrera une fois de plus avec The Old Oak à partir du 25 octobre.

Et si vous cherchez un scénario qui tienne la route, lisez Les corps solides de Joseph Incardona. Tous les ingrédients y sont, sans manquer de respect.

Une année difficile, film réalisé par Eric Toledano et Olivier Nakache
Avec Pio Marmaï, Jonathan Cohen, Noémie Merlant …

mercredi 25 octobre 2023

Mon chili con carne avec un Cabernet franc vendangé dans l'Etat de New-York

Je sais très bien que ce n’est pas à proprement parler un plat mexicain, mais texan. Et pourtant, il est souvent associé à ce pays. Voilà pourquoi j’ajoute du mais et du riz aux haricots rouges.

Je le sers avec du fromage râpé avec une Microplane. Chacun ajoute dans son assiette la quantité optimale.

Si j’en dispose, je propose de la crème fraîche comme on le fait au Mexique pour les chilaquiles, un plat typique du petit-déjeuner bricolé avec les tortillas de la veille.

Comme vin, j’opte pour un Cabernet franc vendangé dans l’Etat de New York par Ravines, que nous consommerons en toute modération.

Avant de parler de ce vin vous attendez sans doute ma recette qui est ultra simple et qui s’exécute sans une goute d’huile ou un gramme de beurre chaud, peut-être parce que j’utilise ma cocote magique Mathon, mon alliée indéfectible, la preuve.

Je lance dedans trois oignons coupés en morceaux, deux éclats d’ail, un poivron rouge épépiné et coupé en lanières. Je n’avais pas de tomates sous la main mais j’aurais pu en mettre, ou du concentré de tomates quoique ce ne soit pas finalement indispensable. J’ajoute une tasse d’eau bouillante dans laquelle j’ai dissous un bouillon de bœuf, puis je saupoudre de cumin et je place un piment Chipotle. Si vous n’en avez pas vous pouvez opter pour du paprika mais ce sera moins parfumé.

Puis je verse le contenu d’une grosse boite de haricots rouges qui ont été rincés à l’eau tiède et l’équivalent d’une demi petite boite de mais. Je laisse mijoter un bon moment. Pendant ce temps je poêle 350 grammes de bœuf haché (ne contenant que 5% de matières grasses) que j’incorpore ensuite aux légumes et je sers quelques minutes plus tard. Evidemment j’augmenterai les propositions si nous sommes plus de deux à table …

Le riz n’est pas mélangé à la préparation afin que chacun prenne la quantité qui lui convient.
Autre indispensable selon moi, de longs morceaux étroits de baguette que je grille et qui seront tartinés de beurre demi-sel. C’est comme çà que je me régale, en repensant au chili que j’avais découvert dans ma jeunesse dans le bar historique du Rosebud, 11 rue Delambre dans le 14ème arrondissement, encore aujourd’hui réputé pour servir le meilleur chili con carne de tout Paris.

Pour rafraîchir le palais j’avais prévu une salade de concombres. Les puristes utiliseront des haricots secs, mais il faudra les faire tremper la veille dans l’eau froide. Après les avoir égouttés et rincés ils devront cuire 40 minutes à feu doux. Ça rallonge carrément le temps de préparation. Enfin si nous étions au Mexique il y aurait immanquablement abondance de coriandre haché.
Parlons maintenant de ce vin, surprenant pour nous Français qui sommes arqueboutés sur nos vignobles, certes très beaux. Il m’a agréablement surprise. Je l’ai découvert au salon Valade & Transandine qui m’a permis de rencontré la propriétaire de Ravine Wine Cellars, Lisa Hallgren (ci-dessous avec Jean-Luc Soubie, le créateur du salon).
C’est son mari, Morten qui est le vigneron. Il a été le pionnier du style Riesling sec et minéral et travaille en appliquant les principes de la viticulture durable qui permet à l’Etat de New York de mettre sur le marché les premiers vins certifiés dès l’année 2023.

La tradition vinicole remonte à des centaines d’années, très exactement au 17ème siècle. En effet, l'État abrite le premier vignoble des États-Unis, et les producteurs s'appuient sur cet héritage pour produire certains des vins les plus excitants du pays depuis que dans les années 1950, l'accent est mis sur la qualité. Du coup, New York a acquis une réputation bien méritée comme l’une des régions viticoles à climat frais les plus intéressantes au monde, proposant plus de 60 cépages.

D’une manière générale, l’État de New York élabore des vins faciles à boire, avec une typicité régionale et variétale, qui se trouvent en compétition avec l’Allemagne, l’Autriche et la Vallée de Loire.

Ravine Wine Cellars en produit de multiples. Parmi eux, le Cabernet franc 2021 100 % domaine, cabernet franc cultivé de manière durable provenant des vignobles White Springs et 16 Falls et vieilli pendant un an en fûts de chêne autrichiens et hongrois de 2 000 litres âgés de 6 ans. Il révèle une belle fraicheur, avec des arômes de groseille, de canneberge et d'herbes de montagne. La bouche est pure et élégante, avec des notes de framboises, de terre et d'épices. On peut dire que c’est une interprétation parfaite du cabernet franc Finger Lakes.

mardi 24 octobre 2023

Ma mère, Dieu et Litzie de Roland Perez

Après le succès de Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan, dont le tournage pour le cinéma a commencé en septembre dernier, Roland Perez revient avec un nouveau "roman vrai" dans lequel il raconte, avec la même verve chaleureuse, la flamboyante histoire d’amour qu’il a vécue avec Litzie, la femme de sa vie.

L'auteur est avocat, spécialisé en droit des médias et artistes, et animateur de radio et de télévision, chroniqueur notamment dans l'émissions de William Leymergie, William à midi. La célébrité est un soleil familier et on devine à le lire que sa vie est riche de sorties et de dîners en tous genres. Jeune, il fut un habitué du Palace, et lorsqu'il célèbre la bar-mitsvah de son fils ce sont trois soirées qui sont programmées dont une au Ritz.

Ce n'est pas pour autant un "fils à papa" qui vit aux crochets de sa famille. Il raconte (chapitre 2) les week-ends à travailler aux Puces de Clignancourt, ce qui cautionne totalement les amitiés qu'il entretient avec Caroline Margeridon  et Sophie Davant, l'ex duo complice d’Affaire conclue. 

C'est d'ailleurs Sophie qui l'a incité à écrire la suite de son premier roman. C'est presque le même titre, une couverture semblable et on peut prédire un succès littéraire comparable au premier (Les Escales, 2021 ; Pocket, 2023), lauréat du Prix du Cheval Blanc 2022.

Après avoir raconté comment, grâce au soutien indéfectible de sa mère Esther, fan de Sylvie Vartan, il a pu réaliser ses rêves malgré un handicap de naissance, Roland Perez poursuit dans la même veine de sincérité et d'humour en se focalisant sur sa femme, décédée il y a quelques années.

Quand il la rencontre, il l'invite illico presto au repas de Pâque juive, et sa mère y voit un signe divin. Cette femme qu'il désigne par son prénom, Esther, voire même Sainte Esther quand il nous dresse la liste des plats qu’elle prépare pour Shabbat. Que Lizzie soit déjà mariée n'y change rien, Esther est persuadée que ces deux là sont prédestinés l'un pour l'autre. La capacité de frappe de ma mère était nucléaire (p 14) nous met-il en garde. Et il a raison.

Ce qui fait la saveur du livre c'est que rien ne sera facile et si nous lecteurs, on connait l'issue il n'empêche que pour Roland, la vie est imprévisible (p. 21). La démonstration nous sera faite de l’évidence du sentiment amoureux quand il est partagé. Pourtant les aléas vont joncher leur chemin qui comporte davantage d'épines que de pétales de rose. D'ailleurs ce sont les pivoines (blanches) que préfère Lizzie.

Au début de leur histoire le jeune homme ne le sait pas encore et après avoir hésité entre fleurs et bouteille de vin c'est avec le Goncourt sous le bras qu'il arrivera à leur premier dîner en tête à tête.

Le récit nous est livré tambour battant, sans occulter la part sombre de lui-même car il reconnait ses défauts, en particulier celui de vouloir faire plaisir à tout le monde (p. 62) par faiblesse de tempérament,  mais on pourrait y voir une once de lâcheté. En tout cas dans cette famille on ne parle pas de ce qui fâche. On ne s’étend pas sur les soucis. Mais ça ne les fait pas disparaître et croire aux miracles frôle l’inconscience. La pauvre Lizzie en fera la courageuse démonstration. 

On apprend tout de leur vie sans avoir besoin de faire sa marocaine … Vous lirez le livre pour savoir ce que cette expression signifie. Il y en a beaucoup d'autres, souvent en hébreu, très représentatives du quotidien d’une famille juive pratiquante des années 80. Nous sommes immergés dans leur mode de vie, leurs coutumes et obligations que l’auteur détaille avec précision, quelles que soient les circonstances, y compris le contexte du deuil, et ce livre est à cet égard riche d’enseignement. J'ai ainsi appris que si on s’interroge sur l’avenir on consulte un rabbin et surtout pas un médium. 

La chanteuse qui pourrait être la marraine de leur union ne sera pas Sylvie Vartan mais Viktor Lazlo puisque c’est sur l’air de Pleurer des rivières qu’ils se sont embrassés pour la première fois.

Tout nous sera révélé, avec humour, tendresse, passion, aussi bien pour les joies que pour les drames … et quelques trahisons. On imagine très aisément la puissance cinématographique de ce second opus.

Quant au premier, Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan, on sait que ce sera le québécois, Ken Scott, qui a été choisi pour réaliser la première production française pour les salles de cinéma, produit par Amazon Prime, Gaumont, Egerie Productions et la maison québécoise Christal Films. Ainsi Amazon Prime consacrera entre 20% et 25% de son chiffre d’affaires enregistré en France à la production d’œuvres cinématographiques et audiovisuelles françaises comme l'exige le décret signé en juillet 2021. On ignore à quelle date il sortira en salles mais ce sera 17 mois avant d’être diffusé en ligne sur la plateforme en vertu de la réglementation française.

Leïla Bekhti et Jonathan Cohen, mais aussi Naïm Naji, Milo Machado Graner, Lionel Dray, Joséphine Japy, Jeanne Balibar et Anne Le Ny seront au générique, ainsi que Sylvie Vartan bien évidemment même si elle ne devrait faire qu'une courte apparition.

Ma mère, Dieu et Litzie de Roland Perez, Les Escales, en librairie le 23 octobre 2023

lundi 23 octobre 2023

Hedwig and the Angry Inch

J'aurais dû voir Hedwig and the Angry Inch au Rouge-gorge pendant le festival d'Avignon mais voilà, ce n'est que trois mois plus tard que j'ai assisté à ce show, au Café de la Danse, où il va se produire plusieurs lundis d'ici la fin de l'année. C'est peu pour un spectacle aussi sensationnel mais il faut considérer ces dates comme un début.

Sensationnel, j'ai lâché le mot parce que je n'en trouve pas un plus juste. J'avais beau savoir que c'était du "théâtre" j'y ai cru à 100% tant Brice Hillairet est naturel. Et ce n'est pas une nouveauté de l'écrire puisque je l'avais déjà trouvé prodigieux dans Ma folle otarie

Molière de la révélation masculine 2020, il est vraiment remarquable dans le rôle principal. Difficile de croire que pendant le festival il faisait le grand écart en jouant l'après-midi un théâtre plus classique avec Catherine Jacob (qui était venue le voir ce soir) dans "Agathe Royale" aux Gémeaux.

Il faut aussi féliciter Anthéa Chauvière (Yitzhak) qui fait une prestation également remarquable.

Le spectacle tient de beaucoup de genres : théâtre musical, comédie musicale, concert, stand-up et performance. Et je veux tout de suite souligner les qualités acoustiques de la salle, où qu'on soit placé.
À travers ses chansons et ses confidences, Hedwig, chanteuse rock transgenre d’origine est-allemande "ignorée au niveau international", accompagnée de son choriste et mari Yitzhak et de son groupe The Angry Inch, raconte son parcours chaotique : son adolescence de mauvais garçon à Berlin-Est, sa fascination pour le rock et son envie de liberté, sa transformation en Hedwig après une opération bâclée qui lui permet de quitter l’Allemagne en épouse d’un sergent américain...

Ni homme ni femme, entre humour queer et confidences trash, Hedwig, au milieu du gué, bouscule tous les codes de la bienséance, et raconte surtout l’histoire de son premier amour devenu une des plus grandes stars du rock qu’il / elle ne cesse de poursuivre...
Hedwig and the Angry Inch a déjà une longue carrière. La création de ce qu'on qualifiait alors de Musical Rock remonte à 1998 et c'est John Cameron Mitchell qui incarna le rôle titre. Il remporta un Obie Award et le Outer Critics Circle de la meilleure comédie musicale Off-Broadway. Plus tard la production remportera avec Neil Patrick 4 Tony Awards dont celui de la meilleure comédie musicale  en 2014. Entre temps John Cameron Mitchell l'aura adapté pour le cinéma en 2001.

Alors si le sujet vous "dit" quelque chose c'est tout à fait normal et le défi d'en faire la première adaptation française était d'autant plus haut à relever pour la distribution actuelle.

Si la pièce est culte dans le milieu LGBT il n'est pas nécessaire de ne pas être hétérosexuel pour l'apprécier.
Les musiciens sont déjà sur scène quand le public s'installe. 
L'esprit allemand sera respecté, avec de nombreuses références, comme celle-ci à propos de la fresque célèbre Le baiser fraternel entre Brejnev et Honecker que l'on doit au Russe Dimitri Vrubel. Soyez attentif et vous la verrez apparaitre en projection.
Décor, costumes, lumières, musique, jeu, mise en scène il n'y a que des compliments à faire. Les chansons sont traduites et les paroles défilent sur un écran au-dessus de la scène. C'est là qu'on se rend compte que les paroles sont totalement désuètes et que la mélodie fait tout le succès des titres américains.

On la doit à Stephen Trask, un musicien et compositeur américain diplômé de l'Université Wesleyan. Il était directeur musical et membre du groupe house du club new-yorkais Squeezebox. Il a composé la musique et les paroles de la comédie musicale Hedwig and the Angry Inch ainsi que du film de 2001. Il a reçu un Obie Award pour la pièce, et une nomination aux Grammy Awards pour le film. Trask a travaillé sur cinq films avec le cinéaste Paul Weitz. Il a également composé la partition d'In Good Company en 2004 et d'American Dreamz en 2006. Trask a travaillé sur de nombreux autres films comme Dreamgirls (2006), The Savages (2007),  The  Back-up  Plan (2010), Lovelace (2013).
Ce soir il était dans la salle et a manifestement beaucoup apprécié le travail des français. Il est monté sur scène à la fin pour chanter avec eux. Moment ô combien réjouissant ! On le voit en costume de couleur rouille aux saluts.

Même sans sa présence le spectacle est un grand moment à ne pas manquer si on aime le rock, un peu, beaucoup … et même si c'est moins.

Hedwig and the Angry Inch
Mise en scène de Dominique Guillo
Avec Brice Hillairet (Hedwig), Anthéa Chauvière (Yitzhak), Lucie Wendremaire (batterie et choeurs), Louis Buisset (guitare et choeurs), Antonin Holub (basse et choeurs) et Raphaël Sanchez (Directeur musical, coach vocal et pianiste)
Direction musicale Raphaël Sanchez
Adaptation Brice Hillairet et Dominique Guillo
Création lumière Jacques Rouveyrollis
Conception sonore Christophe Yvernault
A 20 heures au Café de la Danse
5 Passage Louis-Philippe, 75011 Paris
Les lundis 20 et 27 novembre, 11 et 18 décembre, 8 et 15 janvier 2024

dimanche 22 octobre 2023

J'ai testé l’éplucheur en Y à julienne de Microplane

Chez Microplane, mon outil préféré reste le grand zesteur, le premier qui a été produit par la marque, comme de nombreux chefs d’ailleurs.

Mais j’utilise aussi depuis des années l’éplucheur à lame droite. J’apprécie sa double-lame en acier inoxydable ultra-aiguisée pour sa capacité à pivoter pour épouser au plus près les contours des fruits et légumes. Autant une telle sophistication n’est pas indispensable pour les carottes ou les pommes de terre autant elle devient très utile pour la patate douce, le céleri et tous ces potimarons et courges à la peau dure et parfois bosselée. Il est idéal aussi pour les fruits fragiles comme la pêche et la tomate quand on ne veut pas en garder la peau. Il glisse sur les chairs sans les écraser. 

Il existe aussi un économe à lame dentelée, et même un économe format XL pour éplucher les peaux très épaisses et les fruits ou légumes de grande taille. Mais voici qu’en ce mois d’octobre, apparaît la gamme d’éplucheurs en Y parmi lesquels je suis devenue inconditionnelle de l’éplucheur à julienne. Je l’ai testé et je ne saurais désormais m’en passer. Le nettoyage à l’eau claire est rapide mais on peut aussi opter pour le lave-vaisselle.

Si l’on est puriste on cherchera à obtenir des bâtonnets fins de section carrée, de 2 millimètres. Autant dire qu’avec un couteau c’est l’affaire de spécialiste et d’énormément d’entraînement. Avec le nouveau Y, une fois l’avoir bien pris en main la découpe relève quasiment de la magie.

Certes, il faut poser le légume bien à plat et travailler de gauche à droite (l’inverse pour les gauchers, sachant que l’outil convient à toutes les l’attristions) mais l’ergonomie du manche Soft Touch anti- dérapant est bien étudiée et son poids rend le mouvement très sûr. Il ne faut pas hésiter à bien appuyer au début mais ensuite la lame glisse seule. Il ne reste qu’à séparer les bâtonnets. Les photos parlent d’elle-même.
Le résultat esthétique est parfait, que l’on cherche à employer les légumes dans une soupe, ou à les servir en vinaigrette ou rémoulade. Mais le plus bluffant est le résultat gustatif.
Ainsi les carottes m’ont semblé plus goûteuses une fois découpées à cette taille, plutôt qu’ultra fines avec les râpes de type moulin à légumes qui souvent produisent une sorte de pâtée quintaine de jus. Et puis de longs bâtonnets de plus de 15 cm (selon la longueur du légume) c’est autre chose que les filaments riquiqui qu’on obtenait avec les anciens outils.
Et du coup je n’hésite plus à en servir plus régulièrement comme ci-dessus en accompagnement d’une tête de veau sauce gribiche.
Je ne vais pas pour autant renoncer à la forme plus classique de l’éplucheur en Y à lame droite. L’outil est une alternative à la mandoline pour tailler de longs rubans qui permettront de cuire ensuite des tagliatelles veggie à faible teneur en glucides ou de composer des tartes de légumes dites spirales (comme celle de Clairette pour Chef Simon ci-dessus) ou encore une tarte bouquet de roses en s’inspirant de celle qu’Alain Passard a créée en 2013 et qui fut tant copiée. Prendre photo 1er aout 2015.
Quant à la râpe classique, je lui resterai toujours fidèle. Microplane est bien le spécialiste des lames ultra-affûtées. Voilà une belle et utile idée de cadeau de Noël entre  l’éplucheur en Y à lame droite, l’éplucheur en Y à lame dentelée et l’éplucheur en Y à Julienne.
Je rappelle brièvement l’histoire de la marque (que j’ai racontée sur les ondes quand j’étais productrice-animatrice à la radio). Tout a commencé en 1994, il y a 25 ans, dans un atelier de menuiserie. Frustrée par le résultat obtenu par sa râpe, une ménagère fouille l'atelier de menuiserie de son époux et s’empare d’un rabot de la marque Microplane. Les zestes d'orange qui en tombaient étaient légers et vaporeux comme des flocons de neige. Elle ne garda pas le secret pour son usage personnel.

Les râpes haut de gamme de l'entreprise américaine sont appréciées des connaisseurs du monde entier pour leur tranchant incomparable. En tant que pionnier dans l’utilisation de la photochimie pour la fabrication de ses lames, Microplane a révolutionné cet univers des râpes et continue encore aujourd'hui à progresser dans cette voie.

samedi 21 octobre 2023

Découverte des vins de Ravines (Finger Lakes) au salon Valade & Transandine

Je savais, depuis Vinexpo, combien les vins de l’Etat de New York pouvaient être qualitatifs.

Mais je n’avais pas encore découvert ceux de Ravines et c’est le salon Valade & Transandine qui m’en a donné l’occasion.

Il a été créé par Jean-Luc Soubie, un homme né et élevé dans les vignes qui, après s’être consacré au développement de la propriété familiale, le Château de Lisennes, s’est tourné vers les vins du monde, poussé par une grande curiosité et un esprit aventureux.

C’est en 2000 qu’il a fondé Valade & Transandine et parcourt le monde en quête d’arômes qu’il propose aux restaurateurs, cavistes et professionnels du vin de France. Son répertoire s’organise autour de 750 références en provenance des terroirs lointains issus de 130 propriétés réparties sur 25 pays. Autant dire qu’il serait impossible de tous les présenter dans un salon même si l'édition 2023 avait une large diversité.

Je me suis focalisée sur quelques producteurs grecs, de manière à conforter le ressenti que j'avais eu lors d'une précédente présentation à l'initiative de la Cave Mavrommatis. J'ai  dégusté le seul vin représentant le Canada, le vin de glace Ziraldo.

Eiswein en allemand, Icewine au Canada, c'est un vin rare, élaboré avec des raisins récoltés gelés. Si l'eau contenue dans les grains se transforme en glace, les sucres demeurent intacts dans le fruit. Le résultat est un nectar comparable à une Vendanges tardives.

Donald Ziraldo fait figure de pionnier pour avoir fondé en 1975, Inniskillin, le premier domaine vinicole de l'Ontario depuis la prohibition (1930). Installé avec Karl Kaiser, un viticulteur canadien d'origine autrichienne, dans la Péninsule de Niagara, il est le premier à avoir exporté le procédé et savoir-faire allemand du vin de glace qui est devenu une véritable spécialité de l’hiver canadien. En 2006, il quitte Inniskillin et crée son propre domaine de vin de glace : Ziraldo.

Les arômes de fruits secs sont nets, en particulier l'abricot mais on sent aussi la mangue puis l'ananas et le pamplemousse. La texture en bouche est subtilement onctueuse et d'une grande richesse aromatique.

Ayant de lointains mais heureux souvenirs de Tokai je me suis arrêtée sur le seul stand hongrois de Zoltan Demeter. Il élabore du vin à Tokaj depuis plus de vingt ans.
J'ai beaucoup apprécié le Furmint, appellation Veres, très sec mais très aromatique, presque boisé. Par contre l'Eszter (en dernier à droite) est beaucoup trop sucré pour mon palais.

Je voulais aussi voir la proposition américaine, en provenance des Finger Lakes. Située au cœur d'une zone pittoresque de l’État de New York, cette région viticole s’articule autour de 11 lacs dont quatre principaux portant des noms amérindiens. Elle est spécialisée dans le riesling, le pinot noir, les vins effervescents, et le vin de glace. Elle est également connue pour son chardonnay et son cabernet franc, ainsi que pour plusieurs cépages franco-américains et amérindiens. Les vignes hybrides occupent toujours une part significative du vignoble mais le Riesling y a gagné ses lettres de noblesse.

S'étendant sur 3800 hectares, l'appellation Finger Lakes est la plus grande appellation de l’état de New-York. Le climat est continental. L’influence modératrice des lacs est déterminante pour stocker la chaleur estivale et offrir ensuite une protection efficace contre les températures extrêmes de l’hiver. Les meilleurs vignobles sont situés sur les pentes surplombant les lacs afin de permettre à l’air froid de circuler et descendre dans les parties plus basses. Les sols sont plutôt fertiles bénéficiant de dépôts glaciaires. Les vignes sont plantées à faible densité et taillées de manière à maximiser l’ensoleillement.
Ravines Wine Cellars est une cave artisanale de 52 hectares créée en 2001 par Morten et Lisa Hallgren. Ensemble, ils élaborent des vins élégants et expressifs en utilisant les pratiques de vinification classiques en Europe. Ravines est rapidement devenu incontournable en remportant des prix nationaux. La cave s’est considérablement développée tout en gardant sa spécificité.

Morten, Danois de naissance, a grandi dans le domaine viticole de sa famille dans la région française des Côtes de Provence où ses parents possédaient et exploitaient le Domaine de Castel Roubine. Diplomé en œnologie et viticulture à l’École Nationale Supérieure d’Agronomie de Montpellier, il a travaillé en Provence, puis au Texas, en Caroline du Nord et enfin dans les Finger Lakes, près du lac Keuka.

C’est sur les pentes abruptes orientales de ce lac que Morten et Lisa ont investi dans une parcelle de terrain de 6.9 hectares, entre deux profonds ravins, d'où leur nom. Ils ont acquis ensuite deux vignobles : Argetsinger et "16 Falls Vineyard". S'ils ont bénéficié d'opportunités leur succès est avant tout d'avoir su relever le défi par leur travail.

Le salon fut l'occasion de découvrir leur travail et de goûter leurs vins. D'abord le Dry Riesling Finger Lakes 2019 à la belle robe dorée dont j'ai aimé les arômes caractéristiques pétrolés-fumsé classique, avec une légère salinité avantageusement enrichie d'une touche florale. S'agissant de sa vinification, les vendanges sont manuelles, le pressurage s'effectue par grappes entières. La fermentation a lieu en cuves inox à basse température. L'élevage s'étend sur 6 à 8 mois sur lies fines en cuves inox.

Puis un second Riesling parcellaire l'Argetsinger Vineyard Finger Lakes 2019, qualifié de meilleur Riesling de toute l'Amérique, expressif, minéral, avec des arômes d’agrumes, de fleurs et de silex (et c'est sans doute cette présence qui m'a fait préférer le premier, question de goût personnel). Issu de vieilles vignes sur un sol calcaire en pente raide, le vin est très accessible dans sa jeunesse, mais possède un très fort potentiel de vieillissement.

Et enfin le Cabernet Franc Finger Lakes 2021 dont j'ai trouvé la fraicheur très intéressante.
Ces impressions positives se sont confirmées par la suite en accordant le blanc à un filet de poisson meunière, œuf à cheval, riz et concombres malossol. Et le rouge a parfaitement accompagné un Chili con carne dont je vous donne la recette ici.

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