Hier Olivier Nakache est venu présenter à Meudon le film qu'il a réalisé avec son ami et complice Eric Toledano dans une salle qui a toujours porté chance aux deux réalisateurs depuis leur premier court-métrage, les Petits souliers en 1999.
Ils font tout à deux depuis vingt ans parce qu'à deux on a deux fois plus d'idées et aussi deux fois plus de garde-fous.
Cette fois ils étaient là (le premier avant la projection, le second à la fin) plus par fidélité à un public qu'ils considèrent comme leur famille que par nécessité parce que leur film est déjà assuré du succès. Il est annoncé comme film de l'année avant même sa sortie officielle. Et même si j'ai vu beaucoup d'excellents longs métrages depuis plusieurs semaines il est vrai que celui là réunit toutes les qualités.
Le synopsis est connu mais il n'est peut-être pas inutile de rappeler en tout cas que le point de départ est une histoire vraie, celle du comte Philippe Pozzo Di Borgo, découverte par les cinéastes à travers un reportage de Mireille Dumas.
François Cluzet a eu cette modestie de lui laisser occuper l'espace qui va permettre à cet homme de devenir un acteur qui va compter et qui très franchement n'en fait pas des tonnes alors qu'il en a le potentiel. La position était d'autant plus méritoire pour François Cluzet qu'interpréter un rôle sans marge de manoeuvre n'a pas été accepté par d'autres acteurs. A peine assis sur le fauteuil, François s'est laissé enfermer dans le personnage, acceptant d'être réduit à une voix (travaillée avec un conseiller médulaire parce que les tétraplégiques ont une capacité pulmonaire limitée) et à un regard. C'est à peine s'il s'autorise un infime rictus nerveux au dernier plan.
Quant à la scène du parapente, il a été exemplaire de courage et de volonté, puisqu'il n'a jamais bronché.
On a envie de raconter le film, tant il est rare de combiner aussi intimement l'émotion et le rire. Cela commence, enfin le film, parce qu'on comprendra vite que l'histoire est engagée depuis longtemps entre ces deux-là ... cela commence donc la nuit, dans une voiture coincée dans les inévitables embouteillages parisiens. Elégante métaphore du handicap que cette Maserati dont les chevaux vapeur sont muselés. Ludovico Enaudi égrène tranquillement les notes de Fly au piano et le miracle opère. Adrénaline à fond. Course poursuite sur les quais avec la police pour partenaire captif.
De François Cluzet on ne reconnait que la voix, étrange dans son corps robotisé. Le générique remet les pendules de l'histoire à l'heure et on reprend tout depuis le début, enfin leur début à ces deux là, qu'on pourrait dire faits pour se rencontrer si la tragédie ne contraignait pas à plus de pudeur.
Que de différences néanmoins entre l'aristocrate de naissance, ex patron d'industrie, toujours richissime mais désormais sanglé sur une machine, et le jeune banlieusard, ex tolard, dont le manque de culture est un autre handicap (ce n'est pas un bon mot, le handicap culturel est reconnu par la MDPH, ou Maison départementale des personnes handicapées, chargée de l’accueil et de l’accompagnement des personnes handicapées et de leurs proches, créée dans chaque département par la loi 11 février 2005).
Faut être pragmatique ! Driss a deux bras, deux jambes, un cerveau (et qui pense bien et juste). Il est sans pitié et c'est ce qui décide Philippe à l'engager parce que la compassion le dégoute.
De fait, l'un va compenser le handicap de l'autre, et réciproquement, et bien au-delà de l'amitié. C'est là que le film est particulièrement réussi en démontrant que les valides peuvent vivre au cœur du même monde que celui des handicapés. Le sujet est grandement d'actualité, sur scène et à l'écran après la Ligne droite de Régis Wargnier ou Sur la Route des Colporteurs.
La grande différence c'est que Intouchables est d'une drôlerie incroyable et qu'avoir des occasions de se marrer, le mot n'est pas trop fort, est plutôt rare dans le domaine. Il n'y a aucune dérision, aucune moquerie. S'il y a un message à retenir c'est que si cette histoire a été possible alors beaucoup d'autres le sont.
On aurait envie de mémoriser toutes les répliques qui font rire la salle sans retenue. Les quiproquos sont drôlissimes pour nous qui comprenons les deux mondes. Leçon de musique : Berlioz, une vanne ? Bach le Barry White de l'époque ? Le vol du bourdon de Rimsy-Korsakov la musique de Tom et Jerry. Et si on fait une incursion dans la peinture, Goya ne décollera pas l'étiquette de Pandi panda.L'équipe a présenté le film à Philippe, le vrai, qui vit désormais au Maroc où il a refait sa vie (comme dans le film ...) qui l'a jugé aussi drôle que ce qu'il a vécu avec Abdel. Parce que le personnage de Driss a été en quelque sorte écrit pour lui tout de même pour le rendre tout simplement plus crédible.
Cet homme qui ne se regarde plus dans un miroir a été bouleversé. Cela faisait longtemps que je n'avais pas croisé mon regard, une petite phrase qui résonne comme un compliment. Il s'est réjoui que ses aventures soient portées à l'écran, et de cette manière là, même si les scénaristes ont considérablement édulcoré leurs péripéties. En dix ans passés avec Abdel il dit en avoir fait beaucoup plus et de plus intrépides que ce qui nous est montré. La réalité dépasse toujours la fiction, c'est connu.
Omar danse et peint mieux qu'Abdel. Les personnages secondaires sont "fictionnisés" mais l'essentiel y est. Il fallait que l'histoire fasse vrai et que les plans sur la banlieue soient crédibles même pour quelqu'un qui ne la connait pas. Ils ont été tournés à Bondy où vit une forte population malienne et sénégalaise.
C'est Philippe qui a soufflé le titre Intouchables. Le mot toucher était essentiel parce que Abdel a été une des rares eprsonnes à savoir le manipuler très vite. Les sujets étaient eux-mêmes intouchables. Et c'est le terme qui désigne la cinquième caste indienne au vit au ban des villes.
Rendez-vous est déjà pris pour le prochain film, puisqu'il est maintenant acquis que Meudon est un passage obligé pour Eric et Olivier. Rien n'est encore écrit mais il y a tout de même une esquisse de projet. François Cluzet est déjà sur un autre tournage. Omar Sy également. Véronique Lamia, la coordinatrice du festival du court-métrage d'humour de Meudon a presque réussi à obtenir d'un des réalisateurs de lui "griffer son 06" pour suivre le conseil de son fils : laissez un message à mon papa, cela lui fera plaisir.
Ils font tout à deux depuis vingt ans parce qu'à deux on a deux fois plus d'idées et aussi deux fois plus de garde-fous.
Cette fois ils étaient là (le premier avant la projection, le second à la fin) plus par fidélité à un public qu'ils considèrent comme leur famille que par nécessité parce que leur film est déjà assuré du succès. Il est annoncé comme film de l'année avant même sa sortie officielle. Et même si j'ai vu beaucoup d'excellents longs métrages depuis plusieurs semaines il est vrai que celui là réunit toutes les qualités.
Le synopsis est connu mais il n'est peut-être pas inutile de rappeler en tout cas que le point de départ est une histoire vraie, celle du comte Philippe Pozzo Di Borgo, découverte par les cinéastes à travers un reportage de Mireille Dumas.
Synopsis : A la suite d’un accident de parapente dont il ressort vivant mais tétraplégique, Philippe, riche aristocrate, engage comme aide à domicile Driss, un jeune de banlieue tout juste sorti de prison. Bref la personne la moins adaptée pour le job. Ensemble ils vont faire cohabiter Vivaldi et Earth Wind and Fire, le verbe et la vanne, les costumes et les bas de survêtement… Deux univers vont se télescoper, s’apprivoiser, pour donner naissance à une amitié aussi dingue, drôle et forte qu’inattendue, une relation unique qui fera des étincelles et qui les rendra… Intouchables.La force du projet c'est qu'il ne s'agit pas d'un coup médiatique. Les acteurs ont rencontré les personnages réels pour s'imprégner de leur vraie vie et la restituer sans faire du pathos mais avec beaucoup de rires et de l'émotion. Olivier et Eric ont déjà travaillé trois fois avec Omar Sy avant de lui confier le rôle de Driss. J'avais complètement oublié qu'il est quotidiennement l'amuseur Omar, donnant la réplique à Fred sur Canal +
François Cluzet a eu cette modestie de lui laisser occuper l'espace qui va permettre à cet homme de devenir un acteur qui va compter et qui très franchement n'en fait pas des tonnes alors qu'il en a le potentiel. La position était d'autant plus méritoire pour François Cluzet qu'interpréter un rôle sans marge de manoeuvre n'a pas été accepté par d'autres acteurs. A peine assis sur le fauteuil, François s'est laissé enfermer dans le personnage, acceptant d'être réduit à une voix (travaillée avec un conseiller médulaire parce que les tétraplégiques ont une capacité pulmonaire limitée) et à un regard. C'est à peine s'il s'autorise un infime rictus nerveux au dernier plan.
Quant à la scène du parapente, il a été exemplaire de courage et de volonté, puisqu'il n'a jamais bronché.
On a envie de raconter le film, tant il est rare de combiner aussi intimement l'émotion et le rire. Cela commence, enfin le film, parce qu'on comprendra vite que l'histoire est engagée depuis longtemps entre ces deux-là ... cela commence donc la nuit, dans une voiture coincée dans les inévitables embouteillages parisiens. Elégante métaphore du handicap que cette Maserati dont les chevaux vapeur sont muselés. Ludovico Enaudi égrène tranquillement les notes de Fly au piano et le miracle opère. Adrénaline à fond. Course poursuite sur les quais avec la police pour partenaire captif.
De François Cluzet on ne reconnait que la voix, étrange dans son corps robotisé. Le générique remet les pendules de l'histoire à l'heure et on reprend tout depuis le début, enfin leur début à ces deux là, qu'on pourrait dire faits pour se rencontrer si la tragédie ne contraignait pas à plus de pudeur.
Que de différences néanmoins entre l'aristocrate de naissance, ex patron d'industrie, toujours richissime mais désormais sanglé sur une machine, et le jeune banlieusard, ex tolard, dont le manque de culture est un autre handicap (ce n'est pas un bon mot, le handicap culturel est reconnu par la MDPH, ou Maison départementale des personnes handicapées, chargée de l’accueil et de l’accompagnement des personnes handicapées et de leurs proches, créée dans chaque département par la loi 11 février 2005).
Faut être pragmatique ! Driss a deux bras, deux jambes, un cerveau (et qui pense bien et juste). Il est sans pitié et c'est ce qui décide Philippe à l'engager parce que la compassion le dégoute.
De fait, l'un va compenser le handicap de l'autre, et réciproquement, et bien au-delà de l'amitié. C'est là que le film est particulièrement réussi en démontrant que les valides peuvent vivre au cœur du même monde que celui des handicapés. Le sujet est grandement d'actualité, sur scène et à l'écran après la Ligne droite de Régis Wargnier ou Sur la Route des Colporteurs.
La grande différence c'est que Intouchables est d'une drôlerie incroyable et qu'avoir des occasions de se marrer, le mot n'est pas trop fort, est plutôt rare dans le domaine. Il n'y a aucune dérision, aucune moquerie. S'il y a un message à retenir c'est que si cette histoire a été possible alors beaucoup d'autres le sont.
On aurait envie de mémoriser toutes les répliques qui font rire la salle sans retenue. Les quiproquos sont drôlissimes pour nous qui comprenons les deux mondes. Leçon de musique : Berlioz, une vanne ? Bach le Barry White de l'époque ? Le vol du bourdon de Rimsy-Korsakov la musique de Tom et Jerry. Et si on fait une incursion dans la peinture, Goya ne décollera pas l'étiquette de Pandi panda.L'équipe a présenté le film à Philippe, le vrai, qui vit désormais au Maroc où il a refait sa vie (comme dans le film ...) qui l'a jugé aussi drôle que ce qu'il a vécu avec Abdel. Parce que le personnage de Driss a été en quelque sorte écrit pour lui tout de même pour le rendre tout simplement plus crédible.
Cet homme qui ne se regarde plus dans un miroir a été bouleversé. Cela faisait longtemps que je n'avais pas croisé mon regard, une petite phrase qui résonne comme un compliment. Il s'est réjoui que ses aventures soient portées à l'écran, et de cette manière là, même si les scénaristes ont considérablement édulcoré leurs péripéties. En dix ans passés avec Abdel il dit en avoir fait beaucoup plus et de plus intrépides que ce qui nous est montré. La réalité dépasse toujours la fiction, c'est connu.
Omar danse et peint mieux qu'Abdel. Les personnages secondaires sont "fictionnisés" mais l'essentiel y est. Il fallait que l'histoire fasse vrai et que les plans sur la banlieue soient crédibles même pour quelqu'un qui ne la connait pas. Ils ont été tournés à Bondy où vit une forte population malienne et sénégalaise.
C'est Philippe qui a soufflé le titre Intouchables. Le mot toucher était essentiel parce que Abdel a été une des rares eprsonnes à savoir le manipuler très vite. Les sujets étaient eux-mêmes intouchables. Et c'est le terme qui désigne la cinquième caste indienne au vit au ban des villes.
Rendez-vous est déjà pris pour le prochain film, puisqu'il est maintenant acquis que Meudon est un passage obligé pour Eric et Olivier. Rien n'est encore écrit mais il y a tout de même une esquisse de projet. François Cluzet est déjà sur un autre tournage. Omar Sy également. Véronique Lamia, la coordinatrice du festival du court-métrage d'humour de Meudon a presque réussi à obtenir d'un des réalisateurs de lui "griffer son 06" pour suivre le conseil de son fils : laissez un message à mon papa, cela lui fera plaisir.
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