Jean-Pierre Coffe est connu pour ses talents culinaires. Il fait preuve ici d'une autre facette de ses compétences, littéraires, en nous servant une dizaine de textes qui sont autant de nouvelles teintées d'un humanisme automnal.
Si le livre est sorti au printemps il révèle, me semble-t-il, un tempérament sensible aux épreuves et aux tourments de la vie qui masque difficilement une sombre mélancolie sous le costume de l'épouvantail, avec humour parfois, dérision toujours.
L'éditeur présente l'ouvrage comme un désenchantement pour ce qui concerne l'homme dans son absolue médiocrité que contrebalancerait un incommensurable amour de la vie. Je partage cette analyse et il est vrai que Jean-Pierre tente ainsi l'impossible qui est de vouloir greffer un peu de bonheur sur beaucoup de misère quotidienne.
Jean-Pierre Coffe en connait un rayon sur tous les sujets abordés, qu'il s'agisse de légumes, de vins ... ou du monde de la nuit, ce qui fait que l'intérêt du livre va bien au-delà de la distraction. J'ai été surprise du niveau de technicité (en particulier sur la profession de charcutier) qui charpente le texte et qui ne nuit en rien à la lecture.
Moins surprenants sont les détails qui renvoient aux célèbres coups de gueule de l'auteur qui en osant citer nommément Bridoux (p. 82) laisse deviner en contrepoint la tonitruante diatribe contre le jambon polyphosphaté qui a participé à fonder sa célébrité.
Monsieur Robert, charcutier de son état, a la tête de l'emploi. Presqu'une hure de cochon bien entendu qui fait de lui un authentique Benjamin Rabier (p.72). L'allusion aurait mérité une note de bas de page parce que le lecteur, et moi la première, ne partage pas forcément toutes les références de l'auteur.
Benjamin Rabier est un des plus grands dessinateurs animaliers, dont on connait les œuvres sans nécessairement savoir qu'on les lui doit, comme Gédéon le canard, la tête de la Vache qui rit, ou encore la baleine des Salins du Midi. Sans compter ses illustrations des Fables de la Fontaine et du Roman de Renard.
Vous apprendrez aussi beaucoup sur le pain ... et le vin, ce qui là n'étonnera personne. Prétexte à vous rappeler le conseil du sommelier du Plaza : carafer un vin de cinquante ans d'âge est une trahison (p.46)
Bien que les nouvelles de cette famille ne soient pas très optimistes il ne faudrait tout de même pas croire que cette lecture va plomber les vacances de la Toussaint. A l'instar d' Halloween qui sera célébré demain pour conjurer l'angoisse de la mort, ce livre est à consommer sans arrière-pensée, en jouissant de la saveur du vocabulaire, ponctué de néologismes potagers et vinicoles. Les automobilistes pourront s'inspirer des dialogues de la page 12 pour pêcher quelque insulte bien sentie. Au prochain embouteillage j'essaierai peut-être de placer "enconcombré".
Ces messieurs-dames de la famille, nouvelles de Jean-Pierre Coffe, chez Plon, 2011
Si le livre est sorti au printemps il révèle, me semble-t-il, un tempérament sensible aux épreuves et aux tourments de la vie qui masque difficilement une sombre mélancolie sous le costume de l'épouvantail, avec humour parfois, dérision toujours.
L'éditeur présente l'ouvrage comme un désenchantement pour ce qui concerne l'homme dans son absolue médiocrité que contrebalancerait un incommensurable amour de la vie. Je partage cette analyse et il est vrai que Jean-Pierre tente ainsi l'impossible qui est de vouloir greffer un peu de bonheur sur beaucoup de misère quotidienne.
Jean-Pierre Coffe en connait un rayon sur tous les sujets abordés, qu'il s'agisse de légumes, de vins ... ou du monde de la nuit, ce qui fait que l'intérêt du livre va bien au-delà de la distraction. J'ai été surprise du niveau de technicité (en particulier sur la profession de charcutier) qui charpente le texte et qui ne nuit en rien à la lecture.
Moins surprenants sont les détails qui renvoient aux célèbres coups de gueule de l'auteur qui en osant citer nommément Bridoux (p. 82) laisse deviner en contrepoint la tonitruante diatribe contre le jambon polyphosphaté qui a participé à fonder sa célébrité.
Monsieur Robert, charcutier de son état, a la tête de l'emploi. Presqu'une hure de cochon bien entendu qui fait de lui un authentique Benjamin Rabier (p.72). L'allusion aurait mérité une note de bas de page parce que le lecteur, et moi la première, ne partage pas forcément toutes les références de l'auteur.
Benjamin Rabier est un des plus grands dessinateurs animaliers, dont on connait les œuvres sans nécessairement savoir qu'on les lui doit, comme Gédéon le canard, la tête de la Vache qui rit, ou encore la baleine des Salins du Midi. Sans compter ses illustrations des Fables de la Fontaine et du Roman de Renard.
Vous apprendrez aussi beaucoup sur le pain ... et le vin, ce qui là n'étonnera personne. Prétexte à vous rappeler le conseil du sommelier du Plaza : carafer un vin de cinquante ans d'âge est une trahison (p.46)
Bien que les nouvelles de cette famille ne soient pas très optimistes il ne faudrait tout de même pas croire que cette lecture va plomber les vacances de la Toussaint. A l'instar d' Halloween qui sera célébré demain pour conjurer l'angoisse de la mort, ce livre est à consommer sans arrière-pensée, en jouissant de la saveur du vocabulaire, ponctué de néologismes potagers et vinicoles. Les automobilistes pourront s'inspirer des dialogues de la page 12 pour pêcher quelque insulte bien sentie. Au prochain embouteillage j'essaierai peut-être de placer "enconcombré".
Ces messieurs-dames de la famille, nouvelles de Jean-Pierre Coffe, chez Plon, 2011
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