
J'ai eu l'occasion de l'écrire : chaque commune célèbre à sa manière le Centenaire de la Grande Guerre.
Quand Aubagne propose plusieurs
expositions, dont une consacrée à un moyen très particulier, construit dans la région, le dirigeable, et une autre à la mémoire de deux artistes étrangers ayant servi dans la Légion, Zinoview et Cendrars,
les Sables d'Olonne ont préféré rendre hommage à un artiste allemand.
Cet accrochage propose de revenir sur le témoignage d'Otto Dix (1891-1969) qui a été très marqué par les horreurs des combats et qui en fit tant de cauchemars qu'il a cherché par tous les moyens de chasser les souvenirs les plus horribles. Ce choix se justifie par l'objectif qui est de fêter la paix. L'estampe fut la voie qu'il choisit, peut-être parce que le noir et blanc lui permettait de rendre compte des horreurs de la meilleure façon possible et que la pointe sèche permettait de nombreuses nuances de gris.

Cet artiste a d'ailleurs eu très tôt recours à la gravure, parce que c'est un moyen très simple qui permet de tout dire avec force, mais on peut penser que sa motivation a aussi été d'ordre économique, parce qu'on peut imprimer une oeuvre en plusieurs dizaines d'exemplaires à partir d'une seule matrice.
L'exposition se concentre sur les thèmes de prédilection d’Otto Dix - le nu, le portrait, la ville, la religion et la guerre - symptomatiques de sa volonté de saisir l’homme dans son entier, de la naissance jusqu’à la mort, comme un être de chair, de palpitations et de sang.
L'exposition se déroule au MASC, qui est le Musée de l'Abbaye Sainte Croix. Installé dans une ancienne abbaye qui eut plusieurs affectations, comme hôpital, puis caserne avant d'être un lycée, il fut décidé à une voix près en 1963 que l'endroit deviendrait un musée, d'abord à orientation ethnographique jusqu'à ce que le premier conservateur rencontre Gaston Chaissac (1910-1964), un des maitres de l'art brut, et décide d'acquérir une première oeuvre pour alors "seulement" 1000 francs. Le totem Anatole (appelé aussi Y'a d'la joie, vers 1960) entre dans le musée en 1966.
On peut considérer que le MASC est un tout jeune musée puisqu'il n'a que 50 ans mais cet âge est plutôt conséquent pour un établissement qui s'intéresse à l'art contemporain.
Je suis allée voir l'exposition consacrée à Otto Dix aujourd'hui sous un soleil magnifique et un ciel très bleu qui témoignent bien de la caractéristique de la ville d'être aussi une station balnéaire sur la cote Atlantique. J'en ai profité pour découvrir plusieurs pièces remarquable du fonds de ce musée, notamment de Gaston Chaissac, vendéen de coeur, peintre et écrivain, et de Victor Brauner, ainsi que des oeuvres évoquant le patrimoine touristique des Sables. Le MASC est devenu un centre de recherches sur cet artiste.
C'est Gaëlle Rageot-Deshayes, la conservatrice du MASC qui a choisi une centaine d'estampes parmi les 400 qui se trouvent au Cabintet des Estampes du Zeppelin Museum de Friedrichshafen. C'est une chance de voir ces oeuvres en France où hormis Colmar elles n'ont jamais été exposées.
La scénographie a du se conformer aux exigences du prêt, et se satisfaire d'une sous-exposition lumineuse imposant de ne pas dépasser 50 lux car les oeuvres sont anciennes et fragiles. Elles ne respectent pas rigoureusement une chronologie. On remarque toutes les techniques : bois gravé, eau forte, lithographie, pointe sèche... Elles sont présentées en exhaustivité pour les portfolios sur la guerre et l'évangile. Quelques autres complètent les thèmes de prédilection de l'artiste, les nus, le portrait, les femmes et la ville.
La Guerre (der Krieg) est une série de cinquante gravures en 5 portfolios de 10 planches chacun qui est présentée dans sa totalité, sur le mur de gauche qui permet tout juste de toutes les accueillir.