Qui êtes-vous Elsa Triolet ? a été créé il y a deux années déjà au Moulin de Villeneuve de Saint-Arnoult-en-Yvelines (78). C'est la programmation du festival 7, 8, 9 du Théâtre de Nesle qui m'a donné l'occasion de le découvrir.
La salle voutée est un cadre qui pourrait sembler idéal même si le moulin, qui fut la résidence d'Elsa avec Louis Aragon, devait être particulièrement propice à l'émotion.
Le décor est astucieux, permettant à un violoncelliste (Frédéric Borsarello) de jouer derrière un voile -ce qui est d'autant plus justifié que le père de l'écrivaine était musicien, même si son instrument était le piano- et à la comédienne interprétant Elsa d'apparaitre comme par magie, derrière son portrait qui soudain s'anime, comme si elle surgissait de l'au-delà.
Le spectacle nous apprend ses rêves et nous renseignent sur les déceptions de cette femme qui ne m'était connue que comme étant l'Elsa d'un fou ... d'amour, même si je savais que certaines périodes n'avaient pas été aussi roses que la légende le laissait croire.
La mise en scène est construite comme une interview imaginaire entre Elsa et une journaliste qui peine à écrire un papier sur elle. Les questions arrivent au fil des interrogations en fouillant des yeux un tas de brouillons.
Le dialogue s'engage avec l'illustre femme dont on découvre la soif de liberté et la quête d'idéal. Elle fut créatrice de bijoux mais écrire fut sa passion. Elle commença pourtant dans la douleur puisqu'elle dit de son premier livre, publié en français, fut "comme porter un corset de plâtre".
Elle ne cache pas ses amertumes. Sa soeur a volé son premier grand amour, le poète Vladimir Maïakovski. Son mari, André triolet, lui permit de quitter la Russie ... pour Tahiti dans un premier temps ... et surtout de vivre. Elle n'abandonnera jamais son nom car elle n'aurait pas eu le sentiment d'exister si elle avait porté celui d'Elsa Aragon, et cela alors que le mariage a lieu le 28 février 1939.
Elle avait sans nul doute raison car même avec cet artifice elle a eu le sentiment de n'être que prétexte à poème. Je devins muse alors que je suis femme et écrivain. Etre sur un piédestal donne le vertige.
La salle voutée est un cadre qui pourrait sembler idéal même si le moulin, qui fut la résidence d'Elsa avec Louis Aragon, devait être particulièrement propice à l'émotion.
Le décor est astucieux, permettant à un violoncelliste (Frédéric Borsarello) de jouer derrière un voile -ce qui est d'autant plus justifié que le père de l'écrivaine était musicien, même si son instrument était le piano- et à la comédienne interprétant Elsa d'apparaitre comme par magie, derrière son portrait qui soudain s'anime, comme si elle surgissait de l'au-delà.
Le spectacle nous apprend ses rêves et nous renseignent sur les déceptions de cette femme qui ne m'était connue que comme étant l'Elsa d'un fou ... d'amour, même si je savais que certaines périodes n'avaient pas été aussi roses que la légende le laissait croire.
La mise en scène est construite comme une interview imaginaire entre Elsa et une journaliste qui peine à écrire un papier sur elle. Les questions arrivent au fil des interrogations en fouillant des yeux un tas de brouillons.
Le dialogue s'engage avec l'illustre femme dont on découvre la soif de liberté et la quête d'idéal. Elle fut créatrice de bijoux mais écrire fut sa passion. Elle commença pourtant dans la douleur puisqu'elle dit de son premier livre, publié en français, fut "comme porter un corset de plâtre".
Elle ne cache pas ses amertumes. Sa soeur a volé son premier grand amour, le poète Vladimir Maïakovski. Son mari, André triolet, lui permit de quitter la Russie ... pour Tahiti dans un premier temps ... et surtout de vivre. Elle n'abandonnera jamais son nom car elle n'aurait pas eu le sentiment d'exister si elle avait porté celui d'Elsa Aragon, et cela alors que le mariage a lieu le 28 février 1939.
Elle avait sans nul doute raison car même avec cet artifice elle a eu le sentiment de n'être que prétexte à poème. Je devins muse alors que je suis femme et écrivain. Etre sur un piédestal donne le vertige.
La rencontre avec le poète avait eu lieu le 6 novembre 1928 à 17 heures, au bar de la Coupole et ce ne fut pas un hasard, nous apprend-elle. Brigitte Damiens est une Elsa plus vraie que nature. L'illusion est parfaite, jusqu'à l'accent russe juste esquissé. La comédienne fascine et le spectateur est saisi par son interprétation :
Les poèmes circulaient partout. Aujourd'hui ça n'a l'air de rien mais nous sommes les résistants de la pensée. Plus tard elle dira : j'ai 52 ans et ma vie sentimentale est un désert (...) J'écris. Je jardine. j'écris. (...) Les couples sont mythiques pour ceux qui les regardent. pas pour ceux qui les vivent.
Les poèmes circulaient partout. Aujourd'hui ça n'a l'air de rien mais nous sommes les résistants de la pensée. Plus tard elle dira : j'ai 52 ans et ma vie sentimentale est un désert (...) J'écris. Je jardine. j'écris. (...) Les couples sont mythiques pour ceux qui les regardent. pas pour ceux qui les vivent.
Julie Berducq-Bousquet est une journaliste tout à fait crédible. C'est elle qui assure aussi la mise en scène. L'atmosphère nous plonge dans la première moitié du 20ème siècle. Elsa est en effet née en 1896. On est dans le passé comme s'il était un présent. Ne manque qu'un samovar pour qu'on y soit totalement.
Au fil du dialogue on découvre qu'Elsa a subi la discrimination raciale (qui est le sujet de son roman Le cheval blanc, publié en 1943 chez Denoël). Etre juive, russe et communiste ne fut pas facile.
La romancière, est décédée d'un malaise cardiaque le 16 juin 1970. Elsa repose dans le parc du Moulinde Saint-Arnoult, où je suis allée il y a quatre ans et que j'ai de nouveau envie de visiter. Un magnétophone diffuse jour et nuit la Sarabande de Bach et le chant du rossignol sur la tombe qu'elle partage avec Aragon, enterré à ses cotés en 1982.
Dominique Wallard est une spécialiste de Louis Aragon et Elsa Triolet. Elle a écrit une pièce sans nul doute très juste et qui permet de revenir sur des épisodes un peu troubles. Louis Aragon était persuadé que Staline était un apôtre de la paix et on s'interroge sur cette crédulité alors que la journaliste rassure Elsa : vous n'y pouviez rien.
Le soir de la présentation du festival elle nous dit combien elle avait eu le grand privilège de côtoyer Louis Aragon durant les douze dernières années de sa vie : Elsa était alors décédée... Évidemment j'ai beaucoup entendu parlé d'elle, j'ai lu ses principaux livres. J'ai pu observer que malgré sa forte personnalité elle restait toujours dans l'ombre du grand Louis. De plus cette légende d'amour idyllique ne correspondait guère à la réalité. Alors j'ai tenu à lui rendre une forme de "justice" en m'approchant au plus près de la vérité.
Les pièces sont nécessairement jouées partiellement mais le programme musical est très agréable et très large. On entend César Cui, compositeur russe 1835-1918 : Orientale I, II, III
La romancière, est décédée d'un malaise cardiaque le 16 juin 1970. Elsa repose dans le parc du Moulinde Saint-Arnoult, où je suis allée il y a quatre ans et que j'ai de nouveau envie de visiter. Un magnétophone diffuse jour et nuit la Sarabande de Bach et le chant du rossignol sur la tombe qu'elle partage avec Aragon, enterré à ses cotés en 1982.
Dominique Wallard est une spécialiste de Louis Aragon et Elsa Triolet. Elle a écrit une pièce sans nul doute très juste et qui permet de revenir sur des épisodes un peu troubles. Louis Aragon était persuadé que Staline était un apôtre de la paix et on s'interroge sur cette crédulité alors que la journaliste rassure Elsa : vous n'y pouviez rien.
Le soir de la présentation du festival elle nous dit combien elle avait eu le grand privilège de côtoyer Louis Aragon durant les douze dernières années de sa vie : Elsa était alors décédée... Évidemment j'ai beaucoup entendu parlé d'elle, j'ai lu ses principaux livres. J'ai pu observer que malgré sa forte personnalité elle restait toujours dans l'ombre du grand Louis. De plus cette légende d'amour idyllique ne correspondait guère à la réalité. Alors j'ai tenu à lui rendre une forme de "justice" en m'approchant au plus près de la vérité.
Les pièces sont nécessairement jouées partiellement mais le programme musical est très agréable et très large. On entend César Cui, compositeur russe 1835-1918 : Orientale I, II, III
Fritz Kreisler, violoniste et compositeur allemand 1875-1962 : Liebesleid I, II
Francis Poulenc, compositeur français 1899-1963 Sérénade I, II
Gabriel Fauré, compositeur français 1845-1924 : Après un rêve I, II
Frédéric Borsarello: Tango triste I, II, et plus tard Valse triste, puis Alep
Jean Sébastien Bach, compositeur allemand 1685 – 1750 : Prélude 5ème suite, également Gigue et Prélude 1ère suite
Richard Wagner, compositeur allemand 1813-1883: Tannhaüser
Sergueï Rachmaninov, compositeur russe 1873-1943 : Vocalise
Anonyme catalan : Le Chant des oiseaux I, II
Robert Schumann, compositeur allemand 1810-1856 : Fantasiestücke
Arthur Rubinstein, compositeur moldave : 1829-1894 : Mélodie en fa, I, II Improvisation
Ernest Bloch, compositeur allemand 1880-1959 : Prayer I, II
Louis Aragon écrivait (dans Les yeux d'Elsa, 1942) : Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire. La Compagnie Théâtre & Toiles réussit avec intelligence à la restaurer, quitte à secouer le mythe, et on souhaite que ce spectacle fera un long périple car il mérite d'être joué sur de multiples scènes.
Qui êtes-vous Elsa Triolet ?Texte de Dominique Wallard
Mise en scène Julie Berducq-Bousquet
Interprété par Brigitte Damiens et Julie Berducq-Bousquet
Violoncelle Frédéric Borsarello
Collaboration artistique : Isabelle Paravano
Création lumières : Stéphane Loirat
Les 23 et 30 septembre 2018 à 18h
Au Théâtre de Nesle, 8 Rue de Nesle, 75006 Paris
Téléphone : 01 46 34 61 04
Dans le cadre du "Festival 7.8.9"
Le 29 Novembre à 20h30
Au Rive Gauche à Saint Etienne du Rouvray (76)
De nouvelles dates sont en préparation pour 2019
Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Françoise Alméras
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