Publications prochaines :

La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

dimanche 30 juin 2019

Ce que j'irai voir en Avignon et ce que je vous recommande

Avec plus de 1500 propositions, le Festival d’Avignon est sans doute le plus important au monde.

Même si ce nom est synonyme de théâtre, ce festival est bien plus que cela. C’est un rendez-vous sans pareil autour de toutes les formes de spectacles vivants parce qu’on va y voir bien entendu du théâtre, toutes les formes de théâtre, aussi bien en salle qu’en extérieur, du théâtre classique, du drame, de la comédie, de l’improvisation, du stand up, du boulevard, du théâtre d’objets, de la marionnette, du théâtre contemporain … et aussi de la chanson, de la danse,

Beaucoup de créations sont faites en Avignon. C’est un vivier pour les directeurs de salles pour leur permettre de finaliser leur programmation.

vendredi 28 juin 2019

303, un film réalisé par Hans Weingartner

303 sortira sur les écrans le 24 juillet. Je l'ai découvert en avant-première. Il m’a beaucoup touchée et comme je serai au festival d'Avignon en juillet je n'attends pas pour vous le présenter.

303 c’est son titre et il surprendra le public français. Il parlera davantage à nos voisins allemands car dans leur pays tout le monde sait qu’un 303 c’est un camping-car Mercedes.

Ils sont sans doute attachés à ce modèle comme nous pouvons l’être à notre deux-deuche, sauf que leur 303 est beaucoup plus grand et autrement mieux adapté pour partir en vacances.

Le réalisateur Hans Weingartner a filmé un road-movie amoureux dans l’air du temps, qui conduit le spectateur d’Allemagne en Belgique puis en France, en Espagne et jusqu’au Portugal.

Même si les paysages sont plutôt bucoliques ce ne sont pas eux qui font l’intérêt du film mais la confrontation entre les points de vue, radicalement opposés, de deux jeunes adultes (qui eux à l’inverse du mythique 303 sont bien de notre époque) sur différents sujets tels que l’écologie, l’économie, le pouvoir, l’individu, l’amour, la fidélité…

Le réalisateur n’a pas craint d’oser de long plans séquence, y compris en travelling arrière, ce qui permet de situer la progression de la discussion qui s’installe entre les deux jeunes gens. Le film est d’ailleurs assez long, et en deux heures, il a tout le loisir de restituer la manière dont les idées vont faire leur chemin dans le cerveau de chacun

Hans Weingartner a prévenu le spectateur par une citation de Rainer Maria Rilke : Zeit haben zur Liebe (avoir du temps pour l’amour, Ceci est la première anticipation de l’éternité -Dieses ist das erste Vorgefühl des Ewigen).

Les deux comédiens sont confondants de naturel. Le réalisateur dit avoir mis quatre ans pour constituer son casting. Jule (interprétée par une très jeune comédienne mais très prometteuse, Mala Emde) échoue à ses examens de biologie. On refuse d’octroyer une bourse à Jan (interprété par Anton Spieker), jeune étudiant en mathématiques. Tous deux sont un peu en échec. Pour une raison que vous apprendrez plus tard dans le film Jule va souhaiter aller au Portugal retrouver son petit ami et décide d’y aller en  303.
Jan s’apprête à descendre en Espagne voir à Bilbao un père biologique qu’il n’a encore jamais rencontré, mais son covoiturage l’a subitement laissé tomber. Le hasard veut que Jule s’arrête près de lui et accepte de le prendre en stop dans son vieux van.

jeudi 27 juin 2019

Tartines bressanes

Je croyais connaître ce fromage. Le Bresse bleu n’a pas été inventé hier et j’en ai déjà mangé bien entendu mais celui-là, est-ce à cause de sa cloche, est-ce à cause d’une autre formule, allez savoir toujours est-il que c’est un vrai bonheur en bouche.

Il s'appelle Suprême de Bresse Bleu et il ultra crémeux, avec des notes fruitées absolument addictives.

Le goûter c'est l'adopter !

S’il faut faire une comparaison je dirais qu’il m’a fait penser au gorgonzola cremoso, ce fromage italien qui allie à la fois la puissance du bleu et la douceur de la crème. J’ai eu donc envie d’aller encore plus loin en l’utilisant d’une façon très ludique très fraîche puisque nous sommes en période de canicule

Et comme à mon habitude j'ai imaginé des recettes rapides à mettre en oeuvre et que vous pourrez décliner avec les produits que vous aurez sous la main, surtout avec ce que vous aimez ...

Donc je vous donne juste le principe et faites vous ensuite plaisir en copiant ou en innovant. En hiver vous pourrez avoir envie de griller le pain mais en plein été ces trois recettes sont appréciables parce qu'elle ne nécessitent aucune cuisson supplémentaire.

mercredi 26 juin 2019

Piaf, Fréhel, Damia et moi

(mise à jour 8 septembre 2019)

J'ai assisté à une représentation unique de Piaf, Fréhel, Damia et moi, interprété et chanté par Livane au Théâtre de Dix Heures juste avant de partir pour le festival d'Avignon.

Seule en scène, Livane, revisite l'univers des trois chanteuses, Damia (1889-1978), Frehel (1891-1951) et Piaf (1915-1963) en déclinant l’amour, la passion, mais aussi la décadence. Nous découvrons par bribes leurs points communs, leur histoire.

Livane, avec humour et malice, tisse un fil entre nous et ces trois femmes, nous révélant des secrets oubliés, des enfances cabossées, des anecdotes historiques. Elle nous fait part de son ressenti, sa réflexion, sa fantaisie... au cours d'une soirée ponctuée de chansons et de commentaires adressés au public.

Le spectacle commence avec les notes cristalline de la Java bleue au xylophone. Les trois chanteuses ont en commun d’avoir été de grandes amoureuses, et malheureusement de s’être laissé emporter par l’alcool et les drogues. Elles ont été souvent également très malheureuses mais le spectacle ne tombe pas dans le travers pathologique.

Livane est une personne imprégnée de pensée positive. Elle entreprend d'expliquer au public comment trouver les endorphines du bonheur. Elle ne fait pas que discuter. Elle met en application ses propres conseils en faisant circuler une boite à bonheur pleine de chocolats qu'elle a dû compter avant de monter sur scène pour ne créer aucune frustration.

lundi 24 juin 2019

Bernard Dimey père et fille

Je connais le père ; je sais qu'il fut un grand parolier. Les hasards de la vie m'ont d'ailleurs amenée à programmer Syracuse dont il a écrit les paroles sur une musique composée par Henri Salvador pour illustrer sur Needradio l'émission Une journée à ... consacrée à la Haute-Marne dont Bernard Dimey était originaire.

Je connais la fille, Dominique Dimey dont la voix, si particulière autant qu'elle est mélodieuse, enchante les enfants avec son Roi du silence, sa Mère Noëlle, Charango et Siku. Elle s'est pleinement engagée dans le combat pour l'écologie et sensibilise les petits à la protection de notre planète.

J'ignorais qu'ils étaient père et fille. Ne riez pas. Dominique avait plus de vingt ans quand elle fit la connaissance de Bernard, totalement par hasard, et avec grande surprise puisqu'alors elle ne portait pas son nom. C'est un scénario qu'on n'oserait pas écrire.

Il était logique qu'un jour ces deux là se retrouvent sur une scène même si la présence de Bernard est désormais symbolique, avec ce portrait grandeur nature qui lui ressemble tant. Elle dira plusieurs poèmes de son père. Elle en chantera plusieurs chansons.

L'hommage est vibrant mais réaliste. La fille ne cache rien des souffrances endurées. Et elle chante avec sa voix naturelle, sans amplification micro. Magnifique !

La soirée commence par une traversée de Paris par coeur (paroles de Bernard Dimey, musique de Jean Ferrat) dont la symétrie avec Il est cinq heures de Jacques Dutronc m'a frappée. Dominique raconte son arrivée à la capitale, précisément dans ce Montmartre où nous sommes ce soir. Le quartier était alors essentiellement peuplé de travestis, de peintres et artistes. Elle décrit, en se livrant presque à une scénette de théâtre d'objets, l'activité des bars, en particulier le Lux Bar (toujours au 12 rue Lepic) où les hommes racontaient leur vie en séchant un coup de blanc.

Ce qui est formidable dans leur histoire c'est combien la fille a marché dans les pas de son père alors qu'elle en ignorait l'existence. Elle a suivi l'enseignement de Jean-Laurent Cochet, a écrit très jeune ses premières chansons, qu'elle chantait dans le métro, place de Clichy, Ses premiers cachets lui permettent de se sentir libre et vivante.

samedi 22 juin 2019

Hiroshima mon amour avec Fanny Ardant


Hiroshima mon amour avec Fanny Ardant, c'est ainsi que le spectacle est partout annoncé. Je connais le texte de Marguerite Duras que j'avais tant apprécié au Lucernaire il y a cinq ans.

Je m'en souvenais parfaitement, trop sans doute. On peut bien avoir un immense talent, on peut bien être internationalement célèbre, il est impossible de faire oublier le travail de quelqu'un qui vous a précédé. Dominique Journet Ramel demeure la parfaite incarnation de Nevers. Et ne ne parle pas d'Emmanuelle Riva, elle-même mythique à la création.

Même si on est heureux d'entendre la sublime voix de Fanny Ardant et surtout je dirais celle de son partenaire, off mais si présent, Gérard Depardieu qui a réussi à supplanter celui qui assurait ce rôle dans la version précédente. D'autant que -et c'est nouveau- cette voix est parfois celle du japonais, tantôt vivant, tantôt fantôme, parfois aussi celle du soldat allemand.

Il faut rappeler que le film a été pensé et voulu par Alain Resnais qui avait demandé à une femme, écrivain en vogue à l'époque, d'en écrire le scénario. Il s'était tourné vers Françoise Sagan que le challenge effraya. Marguerite Duras accepta. C'était en 1959.

Contrairement à ce qui se passe habituellement avec le 7ème art, ce n'est pas Resnais qui a "monté" le livre de Duras mais Duras qui a écrit le film de et pour Resnais. Ceci explique combien faire jouer ce texte sur une scène de théâtre est un défi.

Surtout dans une mise en scène, signée par Bertrand Marcos, dépouillée à l'extrême avec pour seul accessoire un fauteuil (très peu utilisé d'ailleurs puisqu'il a demandé à la comédienne de s'allonger par terre plus souvent que de s'y asseoir).

Fanny Ardant est vêtue d'une robe à la coupe harmonieuse et classique, intemporelle, noire, comme on s'y attend. Elle est enveloppée de lumières dosées et dessinées par Patrick Clitus qui vont instaurer le climat et le décor du spectacle. La soirée commence dans un noir absolu, pendant lequel elle avance jusqu'au bord de la scène, d'une démarche presque chaloupée, ne cachant rien d'une fragilité dont il est difficile de juger si elle est voulue ou réelle, arrivant sur scène avec sa voix pour seul habillage.

Gérard Depardieu est d'une justesse stupéfiante, même si on l'en sait capable. C'est un plaisir pour nos oreilles. Le couple Depardieu-Ardant a été souvent réuni au cinéma, et même déjà à Paris au théâtre. C'était en 2004, pour La Bête dans la Jungle d'après Henry James, adapté par Marguerite Duras (déjà elle) dans une mise en scène de Jacques Lassalle au Théâtre de La Madeleine.

vendredi 21 juin 2019

Comment ça va ? de Stéphane Guérin

C'est un peu Avignon avant l'heure ce mois de juin à Paris. Cette après-midi je découvrais au studio Hébertot une des nouvelles pièces d'un auteur qu'on va finir par qualifier de "prolifique", Stéphane Guérin avec Comment ça va ?

Il avait l'été dernier dézingué la famille avec Kamikazes. Il poursuit dans la même veine, avec davantage de ressorts comiques.

Dans les soirées que nous racontent cet auteur On peut se parler et ne rien entendre comme le disait si justement un des personnages de Kamikazes. C'est forcément segmentant. On aime si on partage son point de vue, on chipote si on estime qu'il va trop loin. Personnellement j'adore. Je n'oublie pas qu'on est au théâtre et je me laisse aussi emporter par le jeu des comédiens qui, le connaissant bien, et tout particulièrement Raphaëline Goupilleau, savent à la perfection donner à ses monologues un air de dialogues.

Comment ça va ? nous ramène les pieds sur terre. La réponse est évidente .... non ? Comme ci, comme ça si on ne veut pas se plaindre. Les paroles de Shorts sont toujours d'actualité sauf que dans le théâtre de Stéphane Guérin ce n'est pas la différence de nationalité qui est la cause de l'incompréhension. Il faut la chercher ailleurs, et c'est ce qui fait la saveur du spectacle.

Ça commence joyeusement sur la musique entrainante du vieux tube néerlandais des années 80 dansé façon reggae par Paul, interprété par un Patrick Catalifo que je découvre dans un registre bien différent de ce que je l'ai vu jouer au théâtre de La Tempête.

Le spectacle est grinçant mais l'humour est constant, noir mais toujours présent. Il est ravageur dans la vie de couple en péril de Paul et Florence (formidable Florence Pernel qui tient là un de ses meilleurs rôles ... de composition bien sûr). Il n'est pas moins acide dans les rapports mère-fils entre Pat (Raphaëline Goupilleau) et Phil (Pascal Gautier).

Le doute est permis au tout début. Il se pourrait que Pat ne soit "que" dépressive, que Paul retrouve vite du travail, que Florence accepte de vieillir et que Phil se satisfasse de son avenir. petit à petit les non-dits surgissent dans une écriture qui s'enclenche en zigzags.

Stéphane Guérin parvient, avec des paroles d'une simplicité absolue, à pointer des vérités parfois cruelles : Le temps parait toujours plus long quand don attend / La société c'est les autres, l'humanité c'est nous / L'âge n'est pas un problème pour une femme, c'est juste une épreuve de plus ...

On peut tout se dire ; on se connait depuis si longtemps ! (...) Je suis là pour toi. Aïe, aïe, aïe la comédie tournera au tragique. Le non dit va être déballé sur la scène et fera des dégâts. Chômage, changement climatique, dérive des continents, attirance pour les cougars, ménopause, une maladie dont le traitement n'est plus remboursé par la sécurité sociale ... chacun videra son sac mais il n'est pas sûre qu'il aille mieux après. Comment relativiser des soucis devenus envahissants, à l'instar de déchets radioactifs dont on ne parvient pas à se débarrasser ?

Raphaëlle Cambray a réalisé une mise en scène efficace qui reste sobre. La fantaisie la plus originale est le recours à un mobilier de carton modulable à l'envi, tout à fait dans l'air du temps et des dernières tendances que j'ai vues au Salon Maison et Objet que les comédiens déploient de toutes les manières possibles. Et puis à la toute fin dans cette "robe de jeune créateur" imaginée par Chouchane Abello-Tcherpachian, qui a fait de si beaux costumes pour la Dame céleste et le diable délicat, à laquelle j'aurais préféré cette fois un de ces tabliers d'exception cousus main par une artiste comme Zélia et qui aurait été du meilleur effet.

Est-on heureux ? Faut-il l'être ? Advienne que pourra et écoutons les propositions de réponse que nous fait Stéphane Guérin. Il signe également Oh maman qu' Hélène Zidi met en scène au Théâtre du Roi René et il a co-écrit le texte du spectacle de l'humoriste Sandrine Sarroche qui joue dans la salle du Paris.

Comment ça va ? de Stéphane Guérin
Mise en scène de Raphaëlle Cambray assistée de Pierre-Louis Laugérias
Avec Florence Pernel, Patrick Catalifo, Raphaëline Goupilleau, Pascal Gautier
Lumière de Marie-Hélène Pinon
Scénographie de Catherine Bluwal
Costumes de Chouchane Abello-Tcherpachian
Festival d’Avignon le OFF
Théâtre de la Luna – Salle 1
1 rue Séverine - 84000 Avignon
Du 5 juillet au 28 juillet 2019 à 16h10
Relâches les 9, 16 et 23 juillet 2019

jeudi 20 juin 2019

Tête de tambour de Sol Elias

Incontestablement je n'aurais pas découvert Tête de tambour sans l'intermédiaire du groupe des 68 premières fois. Je dois être honnête, ce type de roman n'est pas ma "came". Il est très difficile à lire quand on a un emploi du temps surchargé comme le mien.

Ce n'est pas une lecture qui vous emporte et vous fait rêver. C'est un témoignage, par personne interposée, mais qui a très bien connu le personnage principal, qui éclaire sur les souffrances de quelqu'un qui a été diagnostiqué schizophrène.

Sol Elias aurait pu choisir la voie du documentaire. Elle a préféré le roman et elle a eu raison car elle ne prétend pas à restituer une réalité totalement exacte. Sa rigueur nous fait néanmoins percevoir l'enfer que son oncle aura enduré.

Ce roman, qui est magnifiquement porté par une écriture rigoureuse, néanmoins dialoguée, fait partie de ces livres "nécessaires" auxquels il faut consacrer un certain temps de lecture. Quoiqu'il en soit je suis heureuse de l'avoir eu entre les mains. Je sais qu'il existe. Je peux le recommencer et y revenir.

Ils ne m'avaient pas tué quand ils avaient vu mon visage cyanosé de bébé tenu pour mort à la sortie du ventre de la mère. Anaël aurait pu leur en être reconnaissant mais au contraire, il va décider de leur faire payer le prix fort (p.18) avant de prendre une seconde décision, celle d'écrire partout, sur tous les supports possibles et tout le temps.

Son excuse alors est peut-être ce premier constat, posé par Anna-Sol, sa soeur jumelle, d'un enfant hypersensible, hyperémotivité, hypersusceptible (p.21) : j'étais trop de tout, ou trop de rien.

mercredi 19 juin 2019

Le Dictionnaire délicieux de l’Italie de Emmanuelle Mourareau

Je suis sure que vous aimez la pizza, qui fut longtemps ce plat du pauvre qui faisait le repas des ouvriers napolitains. Ce n’est pas un hasard si le plus grand restaurant de Paris, installé sur une friche industrielle de la SNCF, et qui s’appelle la Felicita, est italien. Les Français adorent la cuisine du pays en forme de Botte.

On associe quasi systématiquement une assiettes de tomates à de la mozzarelle pour nous sentir en été. Le succès du tiramisu est en passe de détrôner la tarte Tatin dans les bistrots. On s’est mis à préparer les pâtes selon les règles de l’art, en adoptant la cuisson al dente. On commence à savoir les accommoder avec une sauce. La cuisine italienne est maintenant partout, même à l’Elysée où dans les années 80, François Mitterrand a fait servir le premier plat de pâtes au cours d’un repas officiel.

Ce n’est pas parce qu’on aime cette cuisine qu’on la maitrise bien, que l’on sait en décrypter les codes et que l’on connait l’histoire de ses spécialités. Je ne vais pas vous parler d’un nième livre de recettes mais d’un dictionnaire qui commence avec l’amande d’Avola, qui est cependant sicilienne, et qui se termine avec la Zuppa inglese dont il nous donne les différentes explications historiques justifiant plus ou moins cette appellation "d’anglaise" et qui est composé de plusieurs couches de crème pâtissière entre des biscuits imprégnés de liqueur, avec parfois quelques morceaux de fruits frais.

J'ai puisé tous ces renseignements dans le Dictionnaire délicieux de l’Italie que Emmanuelle Mourareau a publié dans la maison d'édition qu'elle a créée et qui s'appelle les Editions du pétrin.

J’ai fait la connaissance de cette éditrice dans une librairie atypique, spécialisée dans les livres de cuisine qui racontent aussi une histoire et qui s’appelle Appétit, rue Ferrandi. Les libraires y organisent régulièrement des rencontres avec les auteurs et je vous recommande d’y aller. C’est toujours intéressant. Il y avait ce soir là un autre ouvrage présenté sur les recettes culte de Venise.

Emmanuelle a fondé les éditions du Pétrin, en clin d’oeil à l’endroit où l’on pétrit le pain, et aussi pour conjurer le sort puisqu’il est connu que ce métier d’éditeur est difficile. Elle a d’ailleurs participé avec son savoir, son énergie et son sourire à une émission de la Grande Question sur Needradio consacrée à l’avenir du livre.

Elle a lancé en 2014 une collection de Petits Précis en P tous dédiés à l’Italie et sa gastronomie. Elle a démarré avec le petit précis de … parmigiano écrit par Alessandra Pierini. Puis ont suivi polenta, pasta, pesto, polpette, prosciutto di Parma, pomodori, pistacchi, pane, panettone, pizza qui ont été réalisés par divers auteurs.

Sans être exactement des livres de recettes, les Petits Précis s’adressent à tous ceux qui aiment creuser un sujet en s’amusant et qui apprécieront de visiter l’Italie à travers ses traditions culinaires. Écrits à la première personne du singulier, en format poche de 30 pages guère plus, ils mêlent anecdotes, souvenirs, recettes et illustrations, tout en réservant quelques surprises…

Cette fois c'est l'éditrice qui a mis, si je puis dire, la main à la pâte pour concoter ce Dictionnaire délicieux d'un pays qu'elle connait parfaitement et qu'elle aime infiniment, l’Italie, en parvenant à satisfaire trois de ses passions : l'Italie, l'écriture et la nourriture.

J'ai été intriguée par la barbagliata qui est une boisson typiquement milanaise composée à parts égales de café, de crème de lait et de chocolat. J’ai appris dans ce livre qu’elle a été inventée par Domenico Barbaja avant qu’il ne devienne le plus grand impresario que le XIX° siècle ait donné à l’opéra.

J’ai appris aussi que les cantuccis que j’aime faire pour Noël depuis plus de dix ans (et dont voici la recette) étaient à l’origine composés de farine, de sucre et de blanc d’oeuf. C’est bien plus tard qu’on ajouta des amandes. Par contre leur forme n’a pas été modifiée, et leur a donné leur nom qui signifie tranche de pain. Ils ont conquis les visiteurs de l’Exposition universelle de Paris de 1867.

Le caviar de Venise doit sa notoriété à la communauté juive de Ferrare et à Crémone, la mostarda faisait sérieusement de l’ombre à un certain … Stradivarius. On constate combien l’histoire de la cuisine italienne se croise avec celle de la musique.

Vous y apprendrez aussi que le guanciale est au lard ce que la truffe est au champignon et découvrirez aussi l’histoire de la fourchette arrivée en France avec les Médicis et que Louis XIV n’aimait pas utiliser. Vous saurez tout sur le Nutella dont la composition a bien changé depuis sa création en 1964.

Emmanuelle Mourareau a sans nul doute du se limiter en retenant seulement 50 mots pour composer ce Dictionnaire qui nous régale d’anecdotes, de légendes et de vérités gourmandes. Il peut constituer une introduction à la découverte de l’Italie avant d’y partir en vacances, un complément à son retour, ou une consolation pour ceux qui ne partent pas.

Dictionnaire délicieux de l’Italie, par Emmanuelle Mourareau, aux éditions du Pétrin 

mardi 18 juin 2019

L’histoire silencieuse des sourds au Panthéon

Vous savez sans doute que les grands personnages ayant marqué l'Histoire de France et qui furent militaires sont enterrés aux Invalides.

Les civils auxquels la nation veut rendre hommage sont au Panthéon. Parmi eux on trouve des écrivains comme Voltaire, Victor Hugo, Émile Zola, Alexandre Dumas, des hommes politiques comme Jean Jaurès, Jean Moulin, Jean Monnet, des scientifiques comme Pierre et Marie Curie. Les derniers à y être entrés sont Simone Veil, et son époux Antoine Veil, depuis le 1er juillet 2018.

Y repose aussi Louis Braille dont vous savez combien il a compté pour les déficients visuels. Par contre aucune personne ayant oeuvré pour les droits des sourds n’a eu cet honneur, malgré la quasi promesse de François Hollande et de son successeur d’y faire entrer l’Abbé de l’Epée.

Un premier pas est effectué cette année avec une exposition dans un grand espace du rez-de-chaussée de ce monument national qui retrace comment des gens placés en situation d’infériorité sociale ont conquis leurs droits à l’éducation, au mariage et au travail grâce à une vraie langue, qui se nomme la LSF et qui permet l’autonomie.

L’histoire silencieuse des sourds a été réalisée sous le commissariat scientifique de Yann Cantin qui est (entre parenthèse le seul sourd en Europe à avoir ce titre) docteur en Histoire à l’EHESS, et maître de conférences à l’Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis. Il aura fallu vingt ans pour parvenir à organiser cet hommage national.

Cette exposition est ponctuée avec intelligence par des petits films conçus avec des comédiens signants de l’IVT, International Visual Théâtre, qui est un lieu unique dédié à la culture sourde à Paris. Ils ont enregistré quatre portraits vidéos de personnalités capitales pour la culture sourde : Madeleine Le Mansois (XVIIIe siècle), Ferdinand Berthier (XIXe siècle), Henri Gaillard (XIX-XXe siècle) et Emmanuelle Laborit (XXe siècle).

On peut voir aussi un extrait du film Ridicule réalisé par Patrice Lecomte, il y a un peu plus de 20 ans, se moquant de la réaction de la noblesse du XVIII° siècle à l’égard des sourds et comment l’abbé de l’Epée parvient à démontrer les compétences des sourds car l’intelligence n’est pas dépendante de l’audition.

On attribue souvent à ce grand homme la création de la Langue des signes alors qu’en fait on a retrouvé quelques traces datant de l’empire romain. Platon fait état de sourds communiquant par gestes. Elle a réellement émergé spontanément au Moyen-Age et s’est déployée dans les villes. C’est une langue à part entière comme le français oral et il est important de la distinguer du "français signé" qui est totalement différent. Et bien entendu il existe des langues des signes. On ne signe pas maison par le même geste en Chine et en France, ne serait-ce que parce que le toit est différent. Ce n’est pas une langue internationale ni universelle.
L'exposition présente des traces de "langue" très anciennes. Comme le Livre de raison de Lincel, témoignage unique du quotidien d'un seigneur sourd au XVI° siècle, qui est un livre de comptes, où Antoine de Rincel note ses dépenses et revenus.

lundi 17 juin 2019

Trophées de la Comédie musicale 2019

La troisième édition des Trophées de la Comédie Musicale s'est déroulée ce soir au Théâtre Édouard VII ... sous le signe évident de l’humour et de la bonne humeur, ce qui n'empêchait pas le respect et la qualité d'être au rendez-vous.

La soirée s'est enchainée sans temps mort (et sans ennui, ce ne sont pas toutes les cérémonies qui peuvent s'en vanter) et nous n'avons pas vu les 3 heures passer. Je ne comprends pas qu'une chaine de télévision ne retransmette pas un moment pareil, qui est une formidable occasion de démontrer la vitalité et la variété de la comédie musicale en France. La cérémonie sera podcastée en intégralité sur Youtube d'ici quelques jours mais ce n'est pas équivalent à une retransmission en direct.

Sans doute voulez vous immédiatement savoir qui furent les "grands" gagnants en terme de nombre de récompenses. Ce furent L’Homme de Schrödinger (4 trophées) et Chicago (5 trophées, quelle revanche pour une troupe qui repartit bredouille des Globes de cristal l'an dernier et que l'on voit au complet sur la photo ci-dessous) mais ce sont au total 11 spectacles qui se sont partagés les 17 trophées.
Des extraits de chacun des spectacles en lice pour le Trophée de la comédie musicale ont ponctué la soirée, ce qui permettait de tous les honorer, quels que soit l'issue des votes :  il y eut des morceaux de Chicago (qui fut le gagnant, annoncé en clôture de la soirée), Into The Woods, Berlin Kabarett, L’Homme de Schrödinger
 avec Juliette Behar, Julien Ratel
un extrait de We will rock you
avec Doryan Ben
et Charlotte Hervieux (nominée trophée de l'artiste interprète féminine)
Alexandre Faitrouni (Trophée du second rôle masculin l'an dernier pour son rôle dans Grease – Le musical) fut un maître de cérémonie chaleureux, souvent taquin avec le public (l'incitant à participer) ou avec les musiciens (ah la séquence "roulements de tambour et tout et tout" restera culte ....). Il s'est inspiré des costumes qui lui ont été imposés tout au long de sa carrière pour apparaitre régulièrement -et sans peur du ridicule, ce qui fait son charme- dans un des personnages qu’il a joué ou dans un costume emprunté à une célébrité comme celui d'Igor, fidèle serviteur des Frankenstein, le manteau de Peau d'Ane, la robe de chambre de Ebenezer Scrooge, personnage du conte Un chant de Noël, la tenue de Madonna imaginée par jean-Paul Gaultier ...

Ce fut d'abord en Coco Lapin qu'il démarra la soirée aux cotés de Cloé Horry (les Funambules) et Alyzée Lalande (Grease).

dimanche 16 juin 2019

La Tosca mise en scène par Agnès Jaoui pour Opéra en plein air

J'avais hier après-midi assisté à la version "junior" de la Tosca pour un jeune public. 

J'avais quitté le Parc de Sceaux sur cette très belle image où je trouvais astucieux d'avoir placé une toile en fond de décor complètement "raccord" avec la façade (en travaux) du château.

Puccini s’est battu pour avoir les droits de Sardou et composé son opéra qui fonctionne comme une pièce de théâtre.

Ce drame a quelque chose de Victorien. Napoléon va bientôt entrer dans la ville, se proclamer roi de Rome. L’action se déroule sur trois jours, dans des lieux parfaitement reconnaissable, de la capitale italienne. Par exemple à l’acte II nous serons au palais Farnèse qui est aujourd’hui l’ambassade de France à Rome et qui existe toujours.

Je n'imaginais pas un instant que des video projections allaient amplifier et littéralement faire décoller la mise en scène. Le public sera subjugué tout au long de la représentation. Aucun effet n'est superflu. Le travail d'Agnès Jaoui, la metteuse en scène est tout simplement magique.
L’action commence en plein jour. Il est 20h45 et le soleil brille sur le manteau doré de la madone.
Le portrait que Cavaradossi est en train de réaliser se matérialise sur un second écran à jardin, alors qu'au centre on voit la Tosca remonter en courant l'allée des Clochetons qui mène au château.

samedi 15 juin 2019

La Tosca d'Opéra en plein air version junior

Opéra en plein air est une formidable entreprise de démocratisation de l'opéra que je soutiens depuis très longtemps. L'entreprise évolue avec une nouveauté très intéressante cette année consistant à s'adresser aux enfants, avec une représentation adaptée, à un horaire qui convient au jeune public et conçue comme une initiation à l’opéra.

Tosca a été revue par Philippe Bonhomme pour devenir une sorte de conte, en respectant la trame dramatique du livret tout en adoptant un ton humoristique, grâce à des personnages clownesques et un rythme dynamique.

S'il y a nécessairement plusieurs personnages ils sont par contre tous interprétés par un seul comédien qui n'a pas peur de surjouer, pour le plus grand plaisir des enfants, de 5 à 12 ans.

vendredi 14 juin 2019

Le salon de la pâtisserie chez De Buyer avec Alexandre Dufeu et quelques autres découvertes

Je suis allée au Salon de la pâtisserie qui avait lieu pour la seconde fois Porte de Versailles.

Du vendredi 14 au lundi 17 juin, la crème des pâtissiers avait rendez-vous avec le public pour animer des Master Class et des tables rondes. Entre démonstrations magistrales et conférences thématiques, 50 grands chefs étaient attendus pour transmettre leur passion créative.

J'ai eu la chance de pouvoir participer à un atelier, parrainé par De Buyer, avec Alexandre Dufeu, le chef pâtissier du Plaza (où j'ai fait il y a quelques années plusieurs reportages).

Ce jeune (il y a tout de même dépassé la trentaine) est un travailleur acharné qui pendant longtemps à sacrifié sa vie personnelle à son métier. Nous avons réalisé sous sa conduite des Tartelettes Framboises Estragon. Il n'est pas le créateur d'une telle association qui a été faite avec succès par Yann Couvreur mais personne n'invente jamais véritablement n'est-ce-pas ...?

Les ingrédients étaient tous préparés pour nous faire gagner du temps. Il nous fallut malgré tout la totalité de la matinée pour venir à bout de l'épreuve.

Alors je ne m’imagine pas la reproduire à l’identique à la maison bien qu’il nous en ait fourni très gentiment la recette.

Il faut des ingrédients que je n'ai pas dans mes placards et je ne pâtisse pas de façon aussi sophistiquée ... peut-être parce qu'il m'arrive de goûter cette haute pâtisserie et que je n'ai aucunement l'intention de rivaliser avec les palaces.

Par contre j’ai retenu plusieurs techniques et conseils que je vais partager avec vous.

Son premier credo est que tout est question d’équilibre.

jeudi 13 juin 2019

La Boule Rouge

La Boule Rouge est une comédie musicale dont on ressort léger. Superbement interprétée, dans une mise en scène efficace, chantée et dansée admirablement ... par des comédiens-chanteurs-danseurs qui font aussi passer énormément d'humour sans faire de concession au sérieux.

C'est jubilatoire. On comprend que le spectacle se prolonge de semaine en semaine et il y a fort à parier sur une reprise dans quelques mois.

La Boule Rouge est un flash back dans le Paris des Années Folles.

Constance Dollfus et Clément Hénaut ont fait les premières esquisses du spectacle en novembre 2013. Ils ont tous les deux eu la très bonne idée de demander à Benoît Dupont de réarranger de grands classiques de la variété française et internationale tout à fait actuels (que le public connait par coeur et prendra énormément de plaisir à reconnaitre puis à fredonner) dans un univers musical complètement opposé et décalé, celui des Années Folles, qui respire le jazz et le swing. Ils apportent ainsi une touche de modernité à la comédie musicale.

La chorégraphe Eva Tęsiorowski les a rejoints pour présenter un premier projet en public à l’occasion d’un Showcase au Théâtre du Ranelagh en octobre 2016. Commence alors un long travail de création au cours duquel Flore et Christine Leclercq (Maître concevront la scénographie. Simon Lehuraux prendra en charge la direction musicale du projet. Enfin, Aurélie Bachoux créera des coiffures et le maquillage dans le respect de l’esthétique des années folles.

Deux avant-premières sont programmées dans la salle Ravel de Levallois-Perret en novembre 2017. Hervé Lewandowski devient directeur d’acteurs. Une nouvelle version du spectacle est créée et présentée au Théâtre Montansier de Versailles en mars 2018 et cette version sera jouée en direct et jusqu'au 22 juin au Théâtre des Variétés avec 17 comédiens-chanteurs-danseurs et 5 musiciens.

L'histoire de La Boule Rouge s'installe dans le contexte historique si particulier d'après-guerre qui suscite ce qu'on appellera les années folles. En effet les années 1920 débutent avec un parfum de renouveau. Née d'une réelle volonté d'oublier un passé meurtri et une envie de profiter de l'instant présent, une idée germe dans l'esprit parisien : l'insouciance offrirait la possibilité d'envisager le futur autrement...

lundi 10 juin 2019

Poivrons parfumés ... de saison

On peut cuisiner les poivrons dans une ratatouille mais je les trouve tellement meilleurs (et digestes !) cuisinés au micro-ondes que ce serait dommage de ne pas en profiter.

Je les lave, épépine, tranche et cuis séparément, dans un récipient en verre, à couvert, pendant 3 minutes pour chaque poivron (évidemment si vous en avez plusieurs de la même couleur vous pouvez les cuire ensemble en augmentant le temps de cuisson).

Ensuite je les place encore chauds dans un bocal en verre (de récupération), où je les arrose de vinaigre. J'aime le vinaigre de vin mais si vous avez plusieurs variétés vous pouvez associer celle qui vous semblera la plus intéressante à chaque couleur de poivron car, c'est bien connu le vert a davantage d'amertume que le rouge, qui est presque sucré.

J'ajoute un épice. Cette fois ce fut menthe d'Iran sur le rouge, graines confites de piment et basilic frais sur le jaune, estragon (sorti de mon congélateur) sur le vert. Ensuite je ferme et je secoue de temps en temps. J'attends le complet refroidissement pour mettre au réfrigérateur.

On ajoutera une huile plus tard, quand le vinaigre aura un peu confit le légume. Là encore celle qu'on préfère, pourquoi pas différente pour chaque préparation. Inutile selon moi de saler mais si vous y tenez surtout faites le avant de verser l'huile pour que le sel se dissolve dans le vinaigre.

J'ai employé une huile de chanvre pour le poivron vert, une huile de sésame pour le jaune et une huile d'olive pour le rouge.
On servira sur du riz, des pâtes, en entrée ..., en alternant (ou pas) les couleurs, en ajoutant (ou pas) des pommes de terre cuites en robe des champs et pelées ... encore tièdes alors que les poivrons sont bien frais. Une quantité infinie de combinaisons sont possibles.
Et j'ai servi avec une eau tomatée absolument délicieuse, et totalement naturelle (ici plusieurs recettes d'eau parfumée)

dimanche 9 juin 2019

Vols en piqué d'après Karl Valentin

Quel spectacle joyeux que ce Vol en piqué, qui n'est pas complètement nouveau, mais que Sylvie Orcier et Patrick Pineau reprennent pour notre plus grand plaisir pour nous offrir une dizaine de sketches de Karl Valentin (celui que l’on surnommait avant-guerre le Chaplin allemand) dans une configuration de théâtre de tréteaux et de cabaret.

En effet quelques tables rondes ont été installées sur la scène où le public pourra (aussi) prendre place et être servi tout à l'heure d'une boisson et de petits bretzels à grignoter pour se sentir parfaitement dans cette ambiance de cabaret allemand chère à Karl Valentin, qui avait toujours refusé de jouer dans des théâtres.

Les comédiens seront tour à tour acteurs, chanteurs, serveurs, régisseurs et orchestre de musique klezmer ... entre autres...

Ça commence dans une ambiance de foire : nos tours valent le détour !

On nous promet des histoires à danser et à chanter, des faux dénouements et des coups tordus. Nous sommes prévenus. D'ailleurs voici la première attraction, une démonstration de vol en intérieur (qui donne au spectacle son titre).

samedi 8 juin 2019

Les Evaporés texte et mise en scène Delphine Hecquet

J'avais été très intriguée par le phénomène dont Delphine Hecquet était venue parler en juin de l'année dernière à l'invitation de Clément Poirée le soir de la présentation de saison2018-2019 de la Tempête.

Elle avait choisi de donner à sa pièce le titre Les Evaporés pour parler de ces personnes qui disparaissent chaque année par peur du déshonneur, de la honte, face à l’échec social, le licenciement, le divorce, les dettes ... et qui continuent de vivre sous une autre identité, souvent dans des conditions extrêmement précaires, parfois même dramatiques quand ils sont employés pour nettoyer le site de Fukushima après l'accident de la centrale.

Le phénomène a une grande ampleur au Japon puisqu'il touche 100 000 personnes chaque année, dix fois plus qu'en France. Il est ancien mais les évaporations se sont notoirement développées dans les années 90, pendant la crise financière, pour atteindre le chiffre officieux de 180 000 Japonais disparus volontairement par an. Il est rendu possible par l'absence de centralisation de l'état civil.

C'est en lisant un article dans le journal Le Monde qu'elle l'a découvert et qu'elle a eu envie de partir au Japon, seule, avec une caméra, et un micro pour essayer d'interviewer des gens sur ce sujet qui la fascinait.

vendredi 7 juin 2019

Petite Valse Viennoise d'après Federico Garcia Lorca

Cette Petite Valse Viennoise a été jouée en avant-première du Festival d'Avignon où elle sera au programme du Théâtre l’Ambigu.

De la même façon que je ne lis pas les quatrièmes de couverture avant d'ouvrir un livre j'évite de prendre connaissance du dossier de presse avant que commence le spectacle. Evidemment j'aurais une autre attitude si je choisissais pleinement ce que je vais voir. Je veux surtout conserver ma liberté de pensée et ne pas être influencée. Je pars du principe qu'un spectacle doit être immédiatement compréhensible. Ce n'est pas le cas de cette Petite valse.

Il est très important de savoir que tous les textes sont du poète Federico García Lorca, y compris cette "fameuse" Petite valse viennoise dont j'avais bien entendu en mémoire la voix rauque de Léonard Cohen la chantant, en anglais, sous le titre Take this walz puisque je l'avais encore écouté ... le matin même. Je venais d'achever la lecture de Comme elle l'imagine, de Stéphanie Dupays qui la cite dans son roman.

J'ai cru à une erreur et je reconnais après coup que c'est une excellente idée de chanter ce texte dans sa version originale en espagnol, à ceci près qu'elle est beaucoup moins connue que celle de Léonard Cohen. Cela mériterait une mise au point en introduction.

Car le spectacle est pour le moins atypique. Non seulement il est totalement et uniquement dédié à Lorca (1898-1936) mais en plus il nous donne à entendre des berceuses que ce folkloriste a recueillies alors qu'on connait surtout de lui ses poèmes. Cela mériterait quelques phrases d'introduction pour s'assurer que le spectateur soit "en condition".

La comédienne, qui est aussi chanteuse, a une voix exceptionnelle. C'est un grand bonheur d'entendre Sophie Millon sur des registres très différents, autant à l'aise en espagnol qu'en russe.

jeudi 6 juin 2019

On se met à l'eau infusée, en démarche detox et surtout désaltérante

On nous recommande de boire, et on a raison.

On nous les vante comme étant des detox waters, mais toute eau a ce type de vertu pour peu qu'elle ne contient pas de pesticide, de métaux lourds ni de sucre et qu'on prenne des ingrédients bio (du vrai bio pas en provenance de pays étrangers qui n'ont pas la même réglementation que la nôtre).

Techniquement il s'agit d'eaux infusées (c'est chic de dire cette expression). Il y en a même qui ont écrit des livres sur le sujet alors que franchement c'est simple à faire.

Ce sont des eaux parfumées avec des herbes, des fruits, des légumes, des fleurs ou des combinaisons de plusieurs types d'ingrédients. Pas besoin d'un CAP de cuisine pour les réussir. Suffit de piger le procédé et de se l'approprier.

Vous prenez une carafe (transparente c'est plus joli mais cela ne changera pas le goût) et vous y placez des herbes fraiches ou séchées (une poignée de tilleul datant de la décennie passée fera encore très bien l'affaire) ou vos fruits/légumes en rondelles ou morceaux (plutôt fins) et vous laissez reposer plusieurs heures au frais.

Vous pourrez "recharger" en eau jusqu'à trois fois. Ensuite vous ne jetterez pas si ce sont des fruits. Soit vous mixerez ce qui est comestible et vous l'ajoueterez par exemple à un fromage blanc. Soit vous passerez un coup de robot plongeur dans la carafe remplie une nouvelle fois d'eau et vous obtiendrez un smoothie.

Et si vous devenez fan offrez-vous une bonbonne avec robinet. C'est le chic du chic à juste titre car c'est quasi zéro calorie (sauf si vous utilisez des fruits) et plus désaltérant que l'eau plate, plus tentant aussi.
Voici quelques idées : on place dans le pichet puis on ajoute à hauteur eau plate (ou gazeuse)

tomate (de préférence une variété ancienne) + basilic
gingembre + concombre + menthe
concombre + citronnelle + citron vert
melon + groseilles + menthe
oranges +eau de fleur d'oranger
pêche + brin de romarin
abricot + lavande
pastèque + gingembre + citron vert
eau plate (ou gazeuse) + fleurs d'hibiscus, et on a une Aqua de Jamaica comme à Mexico

En hiver il faut continuer à s'hydrater et on pourra utiliser les légumes et fruits de saison et par contre les herbes aromatiques seront sèches :

fenouil + pomme
mangue + pomme
litchi + verveine
citron+ananas+vanille


mercredi 5 juin 2019

Les plus belles années d'une vie de Claude Lelouch

Il n’est absolument pas nécessaire d’avoir vu les précédents films de Claude Lelouch pour apprécier Les plus belles années d'une vie qui est un miracle de tendresse.

Il est en ce moment programmé au Sélect d’Antony, où je suis allée le voir. Il est probablement à l'affiche dans beaucoup d’autres salles, et pour longtemps.

Il y est question de mémoire, du temps qui passe, mais surtout du présent parce que le réalisateur, qui a emprunté à Victor Hugo le titre de son film et qui reconnait vivre "une troisième mi-temps heureuse" … car c’est ainsi qu’il désigne le grand âge, insiste sur la nécessité à profiter du présent. C’est la seule chose qui nous appartienne. Il a toutes les vertus. Le passé, c’est serrer la mort dans ses bras, et le futur fout la trouille.

Il ajoute que le cinéma c’est l’art du présent car la caméra ne peut filmer que le présent.

Pour ce dernier film il ne réemploie pas seulement des plans d'Un homme et une femme (1966). Le titre lui est inspiré par Victor Hugo dont la citation s’affiche en exergue dès les premiers instants : les plus belles années d’une vie sont celles qu’on a pas encore vécues, phrase qu’il avait déjà utilisée à la fin de son film Les misérables.

Quelle chance que le film aux 2 oscars, soit ressorti en version restaurée en novembre 2016 et que le réalisateur ait invité Anouk, Jean-Louis et tous ceux qui sont encore là à venir le revoir. les deux comédiens s’amusaient comme des gamins, plus beaux qu’avant avec des rides. C'était sexy et photogénique. Jean-Louis ne voulait plus faire de cinéma après le dernier film de Haneke. Claude Lelouch a su patienter. Jean-Louis a dit cinq fois oui, cinq fois non. Anouk aussi. Quand on est metteur en scène il faut être très têtu. Faire un film c’est soulever une armée Et puis Jean-Louis et Annik très inquiets furent fous de bonheur. L’argument a été si le film ne vous plaît pas on le sortira pas.

Si je cite ses paroles c’est parce que j’ai eu la chance de l’entendre parler de son film, revenir sur sa carrière et bien sûr évoquer des projets, car il en a beaucoup. C’est vrai que ce serait formidable que je termine mes autres films, finir mes grands succès qui ont fait le tour du monde comme Itinéraire d’un enfant gâtéLa bonne année ou Les uns et les autres avec Jean-Paul Belmondo, Françoise Fabian, Robert Hossein puisqu’ils sont encore vivants. Je verrais bien si le public adhère à ce type de voyageTout va dépendre de la manière dont le public recevra Les plus belles années d’une vie.

mardi 4 juin 2019

Comme elle l’imagine de Stéphanie Dupays

Comme elle l’imagine est le second roman de Stéphanie Dupays, paru au Mercure de France. Le titre m’est familier et pour cause. J’y pressens un hommage à Véronique Sanson (qui chantait Comme je l'imagine en 1972). Je ne vais pas cesser de m'apercevoir en miroir dans le personnage de Laure.

J’ai vécu comme elle dans le XIV ème arrondissement ; j’ai régulièrement levé les yeux sur la fabuleuse bibliothèque de l’immeuble Art déco de la rue Guynemer (p.25) ; j’ai longtemps conservé le sac en papier jaune et noir de la pâtisserie japonaise Toraya installée rue Saint Florentin (p.42) ; je ne compte pas les soirées où je me suis attardée au Zimmer place du Châtelet ; il m’arrive de m’habiller comme dans les films ... et surtout je confesse une addiction aux réseaux sociaux, même si elle est moins pathologique que celle du personnage et que je justifie mon comportement par une nécessité professionnelle.

Une bribe de conversation me percute alors que j'écris le brouillon de cette chronique dans le train. On se connaît ? interroge une jeune liane en scrollant l’écran de son téléphone. Va savoir ... lui répond sa voisine,  cherchant son pseudo dans son répertoire.

J’ignore totalement si les héros de Stephanie Dupays sont à ce point devenus "ordinaires" ou s’ils se situent encore à la marge. Admettons - pour vous rassurer- qu’il y ait une part d’anticipation dans le scénario développé par l’auteure. Il n’empêche que j’y vois une mise en garde extrêmement utile et une analyse très fine des dérives qui guettent tout facebookien au troisième clic. N'en déplaise aux lecteurs, dont les vies sont sans doute plus équilibrées et surtout plus heureuses (on pourrait aller jusqu’à les qualifier de "rangées" ) et qui n'ont jamais guetté une pastille verte sur leur écran ... ni cherché à décoder un selfie "à message crypté". Je présume qu'ils seront imperméables à ce livre.

Je peux dire que cette lecture m’a tourneboulée. La troisième citation placée en exergue aurait de quoi faire rire si elle n’était pas si pertinente. L’eau de rose n’est plus dévolue à des oies blanches assoiffées de romantisme. La timeline de Facebook est un miroir aux alouettes sur lequel viennent s’écrabouiller des petits coeurs en manque de tendresse. Et qui comme Laure ne réclament que bien peu de choses. Une attention. De la proximité. Une réactivité (certes la plus instantanée possible).

Vous conviendrez néanmoins que toute femme (surtout si elle est intelligente, donc forte et à priori "raisonnable") baisserait elle aussi la garde si un homme, invoquant ses "urgences émotives" la désignait comme "sa" rêveuse ou "sa" délicieuse. Vincent maitrise l'art de cette dialectique.

Je suis vigilante à ne pas spolier l’issue d’un roman.  Ici c’est le coup de théâtre du premier chapitre qu’il faut protéger. 

lundi 3 juin 2019

Hors-la-loi de Pauline Bureau

Vous pourrez bien m'accuser d'être inconditionnelle de Pauline Bureau ... que voulez-vous ... cette femme a un talent fou et ce n'est pas son dernier spectacle Hors-la-loi qui me fera changer d'avis.

C'est la quatrième mise en scène que je vois d'elle et je suis toujours autant enthousiaste. Si vous ne la connaissez pas, ou mal, je vous invite à lire mes précédents articles.

L'intérêt sociologique et historique de celui-ci est encore évident. Le manifeste des 343 paru le 5 avril 1971 avait ouvert une brèche. Plus d'un an après, le Procès de Bobigny amplifiera le mouvement en marche vers la légalisation de l’avortement.

Ce que j'ai particulièrement apprécié c'est que ce spectacle est d'abord un véritable objet théâtral, qui ne donne pas de leçon au public, et qui traite le sujet différemment de ceux qui l'ont abordé précédemment, notamment en ne nous rejouant pas l'Hymne des femmes (si beau et si émouvant au demeurant, mais tant utilisé, notamment par Jeanne Champagne pour illustrer Les années, qui faisait référence à cette même période, et dont je ne remets pas en cause l'excellente adaptation du livre d'Annie Ernaux).

Pauline Bureau a entrepris un vrai travail d'enquête et d'écriture. Sa rencontre avec la principale protagoniste, Marie Claire Chevalier (interprétée par Martine Chevallier), qu'elle a interviewée, a sans doute beaucoup compté. Pauline bureau n'est pas tombée dans la sur-information ni dans la justification. Tout le début de la soirée se déroule avec une grand économie de dialogues et le spectateur a le temps de se remettre (ou de se placer, pour ceux qui n'ont pas traversé cette période) dans un contexte où les femmes (car ce n'est pas l'histoire d'une seule femme) ne recevaient aucune information, et étaient des proies faciles pour des hommes peu responsables. A fortiori les gamines qui jouaient encore au hulo-hoop ou à l'élastique en cour de récréation.

Il y a peu de mots à ce moment là mais ils sont puissants : C'est arrivé à moi et ça m'a tant changée que je ne sais plus qui j'étais avant que ça m'arrive. J'ai pour toujours 15 ans dit la Marie-Claire d'aujourd'hui en regardant la jeune fille (interprétée par Claire de la Rüe du Can).

dimanche 2 juin 2019

A la ligne de Joseph Ponthus

Je savais que A la ligne avait reçu le Prix RTL-Lire 2019 (il a été récompensé de quelques autres prix) mais je n'étais pas allée chercher plus loin : il appartenait à la dernière vague des 68 premières fois et il était certain qu'un jour il m'arriverait. Ce dont je ne me doutais pas un instant, c'était de l'importance qu'il allait avoir pour moi, de l'ordre d'un tsunami.

Soixante millions de Français mangeraient chaque jour quarante tonnes de crevettes (p.20) ... et lui, et lui, et lui ... ne regarde pas Catherine Langeais à la télévision, il travaille à l'usine ... et ne joue pas les stars.

J'ignore où se niche le bonheur ... sans doute un peu entre les lignes que Joseph Ponthus enchaine pour nous après l'turbin dans une conserverie de poissons, dans un abattoir ou comme travailleur social quand il arrive à décrocher une mission dans ce qui était "sa" spécialité.

Je connais bien les problématiques des intermittents du spectacle, moins celles des intérimaires des chaines de production. J'ai visité le Pavillon de la marée à Rungis la nuit, mais jamais une telle chaine de production, pardon "ligne de production" en activité (je ne connais que les lignes d'embouteillage qui sont tellement automatisées que l'humain n'y exerce que du contrôle). Si les mots ont changé, la difficulté demeure.

Joseph Ponthus nous livre un matériau brut de décoffrage, d'une beauté extrême, comme seuls les grands architectes de la langue sont capables de le faire.

Florence Aubenas avait contribué, avec Le quai de Ouistreham, à lever un coin du voile sur la précarité des emplois féminins. Embauchée comme agent de propreté sur un ferry, son témoignage reste dans la veine du témoignage alors que le livre de Joseph Ponthus est un objet littéraire hors normes qui arrache complètement le drap qui recouvre le travail en usine.

Il raconte, avec un sixième degré affuté, les différents postes où il passe de la ligne des poissons frais, à celle des poissons panés, puis à l’égouttage des tofus et enfin à la cuisson des bulots,  avant de se retrouver aux porcs, tout autant que son job de personne ressource auprès de personnes en situation de handicap. Il ne connait pas la langue de bois et il écrit une langue d'airain, assaisonnée d'humour ... en faisant par exemple débarquer les anglais (p.142), en se lançant dans la narration d'un road tripes, ou en installant d'emblée la disproportion en donnant la recette industrielle de la Béchamel.

samedi 1 juin 2019

La dame céleste et le diable délicat

La mise en scène de Stéphane Cottin est au service d'une histoire très romantique que l'on pense appartenir à la littérature ... alors qu'elle fut bien réelle.

C'est d'ailleurs en voyant Bérengère Dautun interpréter la Comtesse de Ségur que Claude-Alain Planchon lui a suggéré de réfléchir à l'adaptation du livre qu'il avait publié en septembre 2014 chez Jacques Flamant éditions.

La rencontre entre le diable délicat (Claude-Alain) et la dame céleste (Gilberte) s'est produite en décembre 1982. Il a 34 ans, elle en a 70. Il est jeune médecin, elle est une figure incontournable du monde de la danse. Leurs mains se frôlent lors d’une soirée de gala à l’opéra Garnier... De cette imprévisible rencontre naîtra un amour singulier, absolu et merveilleux. Hors des sentiers battus de l’existence, un tourbillon de grâce, de beauté et de poésie emportera ces deux âmes sœurs, par delà les épreuves de la vie et de la mort.

Pour symboliser cet amour démesuré il fallait que la scène soit occupée par quelque chose de magistral. C'est une très bonne idée d'avoir pensé à des video-projections sur de grandes voiles qui, au début de la représentation, suggèrent avec simplicité et élégance, l'atmosphère d'une salle d'opéra.

Quatre chaises de velours rouge suffiront pour compléter le décor. Le metteur en scène a écarté le canapé bleu dont la mention revient régulièrement et il a eu raison. Il n'était pas nécessaire de souligner le texte à ce point. Par contre d'immenses portraits de Gilberte et de Claude-Alain s'afficheront à la fin, pour convaincre peut-être les sceptiques que cette folle histoire a bien été réelle. Elles sont en noir et blanc, pour rappeler aussi que l'épisode appartient à un passé très différent du contexte actuel. Cette histoire, qui n'a rien de banal, serait néanmoins plus facilement envisageable aujourd'hui.

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