J'avais été très intriguée par le phénomène dont Delphine Hecquet était venue parler en juin de l'année dernière à l'invitation de Clément Poirée le soir de la présentation de saison2018-2019 de la Tempête.
Elle avait choisi de donner à sa pièce le titre Les Evaporés pour parler de ces personnes qui disparaissent chaque année par peur du déshonneur, de la honte, face à l’échec social, le licenciement, le divorce, les dettes ... et qui continuent de vivre sous une autre identité, souvent dans des conditions extrêmement précaires, parfois même dramatiques quand ils sont employés pour nettoyer le site de Fukushima après l'accident de la centrale.
Le phénomène a une grande ampleur au Japon puisqu'il touche 100 000 personnes chaque année, dix fois plus qu'en France. Il est ancien mais les évaporations se sont notoirement développées dans les années 90, pendant la crise financière, pour atteindre le chiffre officieux de 180 000 Japonais disparus volontairement par an. Il est rendu possible par l'absence de centralisation de l'état civil.
C'est en lisant un article dans le journal Le Monde qu'elle l'a découvert et qu'elle a eu envie de partir au Japon, seule, avec une caméra, et un micro pour essayer d'interviewer des gens sur ce sujet qui la fascinait.
Elle a rencontré des acteurs japonais, qui vivent en France, qui connaissaient ce que c’est que s’échapper d’une vie qui ne correspond plus à ce qu’ils sont. Au plateau, elle a cherché avec eux à construire des personnages, à travers des improvisations et des échanges. Elle a ensuite écrit en français puis la pièce a été traduite en japonais et elle est jouée dans cette langue, surtitrée en français pour le public. L'intérêt de ce parti pris est de jouer dans une langue très imagée, dans laquelle il est difficile de nommer ses sentiments. Si l’on ne peut pas dire que l’on aime en japonais, comment alors dire que l’on n’aime plus ? Les mots impossibles déterminent un mode de vie, un empêchement qui font sens avec l'évaporation qui est un sujet relié à la question identitaire puisqu'on change d'identité quand on renonce à la vie qu'on avait.
C'est en lisant un article dans le journal Le Monde qu'elle l'a découvert et qu'elle a eu envie de partir au Japon, seule, avec une caméra, et un micro pour essayer d'interviewer des gens sur ce sujet qui la fascinait.
Elle a rencontré des acteurs japonais, qui vivent en France, qui connaissaient ce que c’est que s’échapper d’une vie qui ne correspond plus à ce qu’ils sont. Au plateau, elle a cherché avec eux à construire des personnages, à travers des improvisations et des échanges. Elle a ensuite écrit en français puis la pièce a été traduite en japonais et elle est jouée dans cette langue, surtitrée en français pour le public. L'intérêt de ce parti pris est de jouer dans une langue très imagée, dans laquelle il est difficile de nommer ses sentiments. Si l’on ne peut pas dire que l’on aime en japonais, comment alors dire que l’on n’aime plus ? Les mots impossibles déterminent un mode de vie, un empêchement qui font sens avec l'évaporation qui est un sujet relié à la question identitaire puisqu'on change d'identité quand on renonce à la vie qu'on avait.
Delphine Hecquet présentait son projet avec passion : Des évaporés peuvent être là autour de nous sans qu'on sache en fait qu'ils sont des disparus. Je me suis dit que le théâtre est un merveilleux moyen pour rendre tout possible, ce que ne peut pas faire le documentaire puisqu'il doit rester fidèle à une réalité.
Le spectateur découvre des hommes et des femmes qui un jour ont décidé de tout quitter, de claquer la porte sur leur vie en effaçant toute trace de leur existence, refusant néanmoins d'accepter le concept de disparition : on ne disparait pas, on recommence quelque part dit une jeune fille. Et pourtant le public remarquera à plusieurs reprises un scarabée qui est la métaphore de la disparition.
Nous verrons aussi ceux qui restent, attendant un signe, une vérité, peut-être un retour. Nous percevrons leur tristesse, leur colère aussiLa pièce se déroule dans une fiction qui se situe entre 2015 (date du voyage de la metteuse en scène au Japon) et 2019
Les Evaporés texte et mise en scène Delphine HecquetLe spectateur découvre des hommes et des femmes qui un jour ont décidé de tout quitter, de claquer la porte sur leur vie en effaçant toute trace de leur existence, refusant néanmoins d'accepter le concept de disparition : on ne disparait pas, on recommence quelque part dit une jeune fille. Et pourtant le public remarquera à plusieurs reprises un scarabée qui est la métaphore de la disparition.
Nous verrons aussi ceux qui restent, attendant un signe, une vérité, peut-être un retour. Nous percevrons leur tristesse, leur colère aussiLa pièce se déroule dans une fiction qui se situe entre 2015 (date du voyage de la metteuse en scène au Japon) et 2019
traduction Akihito Hirano
avec Hiromi Asai, Yumi Fujitani, Akihiro Nishida, Marc Plas, Kyoko Takenaka, Gen Shimaoka, Kana Yokomitsu
en vidéo Kaori Ito, Oscar Suzuki Vuillot, Tokio Yokoi
scénographie Victor Melchy
lumières Jérémie Papin
musique Philippe Thibault
costumes Oria Steenkiste
réalisation des séquences filmées Akihiro Hata
dispositif vidéo Melchior Delaunay
surtitrage Satoko Fujimoto
collaboration artistique et dramaturgie Lara Hirzel
Au théâtre de la Tempête
Du 5 au 23 juin 2019
du mardi au samedi à 20h30
le dimanche à 16h30
représentations exceptionnelles samedi 8 juin à 17h et samedi 15 juin à 16h et 20h30
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