L'éditeur, quant à lui, ne minore pas la louange, et c'est son rôle : Qui a lu l’œuvre publiée de Yann Moix sait déjà qu’il est prisonnier d’un passé qu’il vénère alors qu’il y fut lacéré, humilité, fracassé. Mais ce cauchemar intime de l’enfance ne faisait l’objet que d’allusions fugaces ou était traité sur un mode burlesque alors qu’il constitue ici le cœur du roman et qu’il est restitué dans toute sa nudité.Pour la première fois, l’auteur raconte l’obscurité ininterrompue de l’enfance, en deux grandes parties (dedans/dehors) où les mêmes années sont revisitées en autant de brefs chapitres (scandés par les changements de classe, de la maternelle à la classe de mathématiques spéciales).Dedans : entre les murs de la maison familiale.Dehors : l’école, les amis, les amours.Roman de l’enfance qui raconte le cosmos inhabitable où l’auteur a habité, où il habite encore, et qui l’habitera jusqu’à sa mort, car d’Orléans, capitale de ses plaies, il ne pourra jamais s’échapper.Un texte habité, d’une poésie et d’une beauté rares, où chaque paysage, chaque odeur, chaque mot, semble avoir été fixé par des capteurs de sensibilité saturés de malheur, dans ce présentéisme des enfants martyrs. Aucun pathos ici, aucune plainte, mais une profonde et puissante mélancolie qui est le chant des grands traumatisés.
Publications prochaines :
samedi 26 décembre 2020
Orléans de Yann Moix
mercredi 25 novembre 2020
Les fantômes d'Issa de Estelle-Sarah Bulle
lundi 23 novembre 2020
La Salorge du port des Salines d'Oléron
dimanche 22 novembre 2020
Liv Maria de Julia Kerninon, chez l'Iconoclaste
Liv Maria de Julia Kerninon, chez l'Iconoclaste, en librairie depuis le 19 août 2020
vendredi 20 novembre 2020
Le Poirier oléronais
Une pâte feuilletée
4 poires très mûres
Pour la crème : 150 grammes de sucre en poudre, 3 œufs entiers, 100 grammes de beurre pommade, 2 grosses cuillerées à soupe de maïzena, 100 grammes de noisettes hachées et grillées (un demi-sachet de 200 grammes) et une grosse cuillerée à soupe de crème fraîche.
J’ai mélangé les ingrédients de la crème dans l’ordre ci-dessus en battant à la fourchette et ai versé sur la pâte préalablement piquée à la fourchette.
J’ai disposé les demi-poires épluchées sur la préparation sans trop les enfoncer puis les ai tranchées dans le sens de la largeur avec la pointe d’un couteau.
J’ai enfourné à 200° pour 25 minutes.
mardi 17 novembre 2020
L'ami de Sigri Nunez
Professeur B : Lu ? je n’ai même pas encore fait mon cours dessus.
mercredi 11 novembre 2020
La chapelle Saint Joseph de Grand Village (Oléron)
samedi 7 novembre 2020
Sauveur & Fils Saison 6 de Marie-Aude Murail
Sauveur Saint-Yves est un colosse au prénom prédestiné pour lui donner envie de sauver, si ce n’est le monde entier, en tout cas les patients qui s’adressent à lui, et principalement des enfants qui sont presque tous en recherche d’identité et de modèle. Il est donc devenu psychologue clinicien par vocation et si l’auteure nous rappelle au fil des épisodes quelles sont les règles déontologiques de la profession on s’aperçoit que cet homme en enfreint plusieurs et qu’il a surtout beaucoup de mal à régler ses propres problèmes. Bref, il est humain et c’est (aussi) ce qui nous le rend si sympathique.
Il y a toujours un hamster en couverture, dans une posture positive. Si cette fois celui-ci navigue sur un bateau de papier le nom de Redoutable est de bonne augure. C’était a priori un étrange choix que de donner un tel animal comme compagnon pour les enfants qui vivent au 12 rue des Murlins. Sa durée de vie excédant rarement deux ans, il s’avère judicieux car il offre la possibilité d’évoquer régulièrement l’indispensable travail de deuil que nous devons tous faire à propos de personnes disparues ou de projets échoués. Marie-Aude aurait cependant pu retenir le chat car on s’aperçoit dans cette saison 6 qu’elle en connaît un rayon sur le sujet (page 235).
On apprend toujours beaucoup de choses en lisant chaque épisode, la plupart du temps complété en fin d’ouvrage par plusieurs pages de précisons sur le vocabulaire employé. Avec celui-ci j’en sais plus sur la PNL (p. 39, la folie et le déni (p. 284) et surtout sur la caractérologie (p. 74). J’ai d’ailleurs interrompu ma lecture pour faire moi-même le test du MBTI, et bien m’en a pris. Je me connais mieux, ce qui me fait désormais apprécier l’injonction de Socrate, Connais-toi toi-même.
Ce livre est conçu pour se lire indépendamment des précédents mais il me semble que le lecteur en tirera un bénéfice moins important. On s’attache aux personnages et on est pressé de connaître leur évolution, d’autant que leurs soucis sont très caractéristiques de ceux qui animent les adolescents et dont jusqu’à présent on parlait peu comme l’homosexualité ou la transition de genre, deux sujets qui tiennent particulièrement à coeur à l’auteure qui est tout autant soucieuse de laisser la réalité sociale pénétrer ses ouvrages. Ainsi les Gilets jaunes ne sont pas absents de ce numéro.
Elle a depuis toujours une capacité d’écoute et de recyclage hors du commun des confidences qu’elle glane lors de ses rencontres avec des jeunes. On peut la suivre lorsqu’elle donne des conseils pour lutter contre la dépression engendrée par notre époque (p. 256). Et quand je lis son effarement à propos de l'addiction des enfants aux réseaux sociaux je crois l’entendre s’exprimer à haute voix. La série n’est pas née seulement de son imagination mais surtout du recueil de témoignages.
Je suis bien curieuse de savoir comment les Saint-Yves vont traverser l’année suivante. Quel sera le sexe de l’enfant dont Louise accouchera ? Comment sera le bébé de Frédérique ? Qu’adviendra-t-il de la romance entre Gabin et Alice ? Comment évoluera la santé de la grand-mère de Grégoire et celle de Koslo ? La saga a beau naviguer entre la pure fiction et le vraisemblable on se surprend à y croire et à se sentir un peu de la famille, surtout à l’approche des fêtes de fin d’année puisque le roman se termine à cette période, ... en 2018 tout de même.
jeudi 5 novembre 2020
En vol ... premier album de Julia Paris
Julia Paris est une jeune auteure/compositeur, également interprète, dont j'ai fait connaisssance en juin dernier et à qui j'ai alors consacré un portrait.
Cette jeune femme volontaire poursuit son objectif de faire rêver et voyager son public, mais elle le fait en toute sécurité car en cette période de crise sanitaire on ne saurait circuler autrement qu’en imagination.
Elle est Safety Pilot depuis qu’elle a 18 ans. C'est donc sans grande surprise que j'ai découvert le titre qu'elle a choisi en toute légitimité pour son album, En Vol.
Pas davantage de constater qu'elle avait tourné le clip du premier morceau Il suffisait de rien dans un hangar de l’aérodrome de Reims en évoluant devant un avion d’entraînement militaire L-39 Albatros (même si c'est sur des jets Citation II SP et des King Air 200 qu'elle compte plus de 500 heures de vol).
On la voit évoluer en compagnie de la danseuse Alice Valentin-Kermorvant, portant avec distinction un tailleur pantalon noir, furieusement classe et moderne d'Admise Paris.
L'album, qui se compose de cinq nouveaux titres, inclut également, en versions française et italienne, Fugue en Italie que nous avions découvert cet été.
Julia est une femme fidèle. Elle célèbre avec force ses Amis (piste 2). Naturellement, elle a travaillé avec la même équipe, notamment le compositeur Yacine Azeggagh dont les arrangements sont toujours aussi élégants pour exprimer un univers musical qui correspond à la jeunesse de son tempérament empreint de mélancolie.
Elle nous enchante avec son brin de voix léger mais il suffit d'écouter avec attention les paroles pour comprendre qu'elle nous offre une ode à la liberté, et pas uniquement dans Permis d'aimer (piste 5). En toute logique pour la créatrice du label Productions Liberté.
Disponible sur toutes les plateformes de streaming depuis le 9 octobre
Plus d'informations sur le site de l'artiste
mardi 3 novembre 2020
Le livre que je ne voulais pas écrire d'Erwan Larher
Je suis romancier. J’invente des histoires. Des intrigues. Des personnages. Et, j’espère, une langue. Pour dire et questionner le monde, l’humain.Il m’est arrivé une mésaventure, devenue une tuile pour le romancier qui partage ma vie : je me suis trouvé un soir parisien de novembre au mauvais endroit au mauvais moment ; donc lui aussi.
mercredi 21 octobre 2020
Drunk de Thomas Vinterberg
vendredi 16 octobre 2020
Crise de nerfs, 3 farces de Tchekhov, mise en scène de Peter Stein
jeudi 15 octobre 2020
On purge bébé 🎶 de Georges Feydeau, mis en scène par Emeline Bayart
Quelle atmosphère hier soir devant le Théâtre de l'Atelier où chaque spectateur a conscience que c'est peut-être une des dernières fois avant longtemps qu'il se rend au théâtre à un horaire "classique".
C'est en effet ce soir là que le gouvernement va annoncer de nouvelles mesures pour lutter contre la propagation du Covid.
Mais avant cela, place à la comédie avec On purge bébé 🎶 dont la présentation vient d’avoir lieu devant le public parisien, après une création au théâtre Montansier de Versailles. J’ajoute qu’une longue tournée est d’ores et déjà prévue, avec notamment pour étape le Théâtre Firmin Gémier La Piscine de Chatenay-Malabry (92) qui est un des co-producteurs.
L’ouvreuse n’insiste plus longuement sur les interdictions d’usage du téléphone portable. Ce sont les restrictions sanitaires qui priment, la dernière étant la recommandation de sortir, à la fin du spectacle, comme les avions, par l’arrière, en commençant par le dernier rang et de nous répartir ensuite rapidement sur l’ensemble de la place Charles Dullin en évitant les attroupements. Une atmosphère de clandestinité s’installe subrepticement. On se croirait dans une scène du film Le Dernier Métro.
Encore heureux d’assister à une comédie. Cela va nous détendre.
Le décor n’est pas engageant à première vue. Un voile en masque l’essentiel derrière une chaise de velours bleu, abandonnée de travers au bord de la scène. Je remarque à Cour, sur un piano droit (qui sera un des éléments essentiels du spectacle), une Tour Eiffel qui me parait incongrue mais dont la présence va se justifier dans quelques instants.
Elle m’avait épatée il y a deux ans, au cinéma, dans le rôle-titre du film de Bruno Podalydès, Bécassine. Je l’avais déjà fort appréciée l’année suivante au Poche Montparnasse où elle jouait Tchekhov à la Folie dans la mise en scène de Jean-Louis Benoît (une des farces sera d’ailleurs interprétée plus tard sur cette même scène par Jacques Weber dans la soirée au cours du spectacle Crise de nerfs). Je devais ensuite l’entendre chanter mais la crise a tout bouleversé.
Dans On purge bébé 🎶 elle interprète les chansons en direct et sa voix a une belle amplitude. La première célèbre la Tour Eiffel, d’où la présence de la statuette, que son personnage juge magique. La comédienne déclenche des cascades de rires quand le monument est qualifié d’obélisque à l’instar de la colonne de la Place Vendôme. Rien ne lui "arrive à la cheville" fait-elle remarquer à son époux Daniel, en sous-entendant des allusions coquines à sa virilité.
Les dialogues aussi nourrissent les rires. Par exemple à propos de la définition suivante : De la terre entourée d’eau, c’est de la boue ou une île ? On ne trouve rien dans ce dictionnaire se plaindra le mari qui estime que n’y figure que ce dont on n’a pas besoin. J’ai essayé de m’en tirer par la tangente, avouera-t-il.
Au-delà de ses jugements à l’emporte-pièce, c’est surtout son caractère hystérique qui la caractérise et son amour démesuré pour son fils sans doute trop chéri, qu’elle appelle toujours Bébé (Valentine Alaqui, qui est aussi la bonne) et qui a tout de même sept ans. L’enfant est, on l’aura deviné, parfaitement caractériel. L’enfant chéri serait atteint de constipation, une situation avec laquelle il ne faut jamais plaisanter, insiste la mère, en appuyant lourdement sur le "a" du mot constipation. Et comme elle est tordante quand elle mime d’avaler de l’huile de ricin !
Les rebondissements s’enchaînent en multipliant les paradoxes. Jusqu’à l’invitation du client avec sa femme, et l’amant de celle-ci, comme si l’adultère "au grand complet" appartenait aux convenances.
Le jeu des comédiens est efficace, avec concours de grimaces, d’accents et de mimes. On chante, on se contorsionne et on s‘encouicouine. L’un mime parfaitement la colique et l’autre le désespoir.
On pense à une autre pièce de Feydeau, Mais ne te promène donc pas toute nue, qu’interpréta Arletty. On songe aussi à Jacqueline Maillan. Bref, on passe un bon début de soirée. Et on en a bien besoin.
Mise en scène d'Emeline Bayart
Avec Éric Prat, Émeline Bayart, Manuel Le Lièvre, Valentine Alaqui, Thomas Ribière, Delphine Lacheteau et Manuel Peskine (piano et arrangements musicaux)
Scénographie et costumes de Charlotte Villermet et Lumières de Joël Fabing
À partir du 13 Octobre au Théâtre de l'Atelier
Place Charles Dullin - 75018 Paris - 01 46 06 49 24
Se renseigner sur les nouveaux horaires tenant compte du confinement et du couvre-feu
Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Caroline Moreau
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