Sauveur Saint-Yves est un colosse au prénom prédestiné pour lui donner envie de sauver, si ce n’est le monde entier, en tout cas les patients qui s’adressent à lui, et principalement des enfants qui sont presque tous en recherche d’identité et de modèle. Il est donc devenu psychologue clinicien par vocation et si l’auteure nous rappelle au fil des épisodes quelles sont les règles déontologiques de la profession on s’aperçoit que cet homme en enfreint plusieurs et qu’il a surtout beaucoup de mal à régler ses propres problèmes. Bref, il est humain et c’est (aussi) ce qui nous le rend si sympathique.
Il y a toujours un hamster en couverture, dans une posture positive. Si cette fois celui-ci navigue sur un bateau de papier le nom de Redoutable est de bonne augure. C’était a priori un étrange choix que de donner un tel animal comme compagnon pour les enfants qui vivent au 12 rue des Murlins. Sa durée de vie excédant rarement deux ans, il s’avère judicieux car il offre la possibilité d’évoquer régulièrement l’indispensable travail de deuil que nous devons tous faire à propos de personnes disparues ou de projets échoués. Marie-Aude aurait cependant pu retenir le chat car on s’aperçoit dans cette saison 6 qu’elle en connaît un rayon sur le sujet (page 235).
On apprend toujours beaucoup de choses en lisant chaque épisode, la plupart du temps complété en fin d’ouvrage par plusieurs pages de précisons sur le vocabulaire employé. Avec celui-ci j’en sais plus sur la PNL (p. 39, la folie et le déni (p. 284) et surtout sur la caractérologie (p. 74). J’ai d’ailleurs interrompu ma lecture pour faire moi-même le test du MBTI, et bien m’en a pris. Je me connais mieux, ce qui me fait désormais apprécier l’injonction de Socrate, Connais-toi toi-même.
Ce livre est conçu pour se lire indépendamment des précédents mais il me semble que le lecteur en tirera un bénéfice moins important. On s’attache aux personnages et on est pressé de connaître leur évolution, d’autant que leurs soucis sont très caractéristiques de ceux qui animent les adolescents et dont jusqu’à présent on parlait peu comme l’homosexualité ou la transition de genre, deux sujets qui tiennent particulièrement à coeur à l’auteure qui est tout autant soucieuse de laisser la réalité sociale pénétrer ses ouvrages. Ainsi les Gilets jaunes ne sont pas absents de ce numéro.
Elle a depuis toujours une capacité d’écoute et de recyclage hors du commun des confidences qu’elle glane lors de ses rencontres avec des jeunes. On peut la suivre lorsqu’elle donne des conseils pour lutter contre la dépression engendrée par notre époque (p. 256). Et quand je lis son effarement à propos de l'addiction des enfants aux réseaux sociaux je crois l’entendre s’exprimer à haute voix. La série n’est pas née seulement de son imagination mais surtout du recueil de témoignages.
Je suis bien curieuse de savoir comment les Saint-Yves vont traverser l’année suivante. Quel sera le sexe de l’enfant dont Louise accouchera ? Comment sera le bébé de Frédérique ? Qu’adviendra-t-il de la romance entre Gabin et Alice ? Comment évoluera la santé de la grand-mère de Grégoire et celle de Koslo ? La saga a beau naviguer entre la pure fiction et le vraisemblable on se surprend à y croire et à se sentir un peu de la famille, surtout à l’approche des fêtes de fin d’année puisque le roman se termine à cette période, ... en 2018 tout de même.
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