Située dans la partie ancienne de Grand-Village-Plage cette chapelle Saint Joseph a été sauvée de la ruine grâce à la ténacité de ses curés et de plusieurs générations de Grands-Villageois qui l'ont restaurée à plusieurs reprises.
Aujourd'hui on remarque combien son style néo-gothique est mis en valeur avec ses voûtes d'ogives, ses chapiteaux et une flèche polygonale enserrant un clocheton carré laissant apparaitre ses cloches comme il est d'usage pour un campanile.
Il faut régulièrement, refaire les sols, remettre les murs en état, sans oublier la toiture. Les travaux les plus essentiels furent achevés à la fin du XIX° siècle mais on peut imaginer que l'intérieur était d'une sobriété rigoureuse.
Est-ce la raison pour laquelle un enfant du pays, artiste peintre, ancien élève des Beaux-Arts, a proposé à la commune de décorer l’intérieur de fresques ?
Il s'appelait Elie Marie Joseph Murat (1914-1999) mais on disait Elie Murat, ou plus affectueusement Lilou. L'homme était peintre, et poète. Il a fait un magnifique cadeau à sa commune quelques années avant sa mort, venant chaque jour en voisin poursuivre l'embellissement des murs.
Il s'est attelé au travail au printemps 1990, avec passion et pendant plusieurs mois car bien que la chapelle soit petite il a tenu à utiliser le moindre morceau de mur, ayant à coeur de célébrer la nature environnante, la vie quotidienne oléronaise et de représenter les différents points de vue de la région. Car Grand Village est en fait un rassemblement de plusieurs hameaux ou villages au caractère distinct. Outre le Grand-Village, on trouve le Petit-Village, la Giraudière, les Allassins, les Vallées, Trillou, le Jard, le Maine et le Chaudron.
Cette oeuvre considérable a fait, depuis, l'objet de restauration. Je vous invite à la découvrir en empruntant le porche arrondi. C’est authentique et charmant. En face de vous, une vaste peinture du Christ entouré d'anges porte l'inscription "Le Christ est ressuscité, tous soyez ses témoins" sur un fond bleu, couleur de ciel.
Celui qui a orné le mur de sa propriété d'une mosaïque de coquillages et de pierres évoquant un dragon cracheur de feu, (toujours visible pour qui se promène nez en l'air dans les rues voisines de l'église) a donné la place la plus importance aux oiseaux.
Ce sont d'abord les oies qu'il a placées sur les voûtes, comme si elles traversaient le ciel de leur vol migratoire sans avoir l'intention de se poser. On reconnait les bernaches cravants à leur joyeux vol désordonné, refusant de se déplacer en chevrons ou en ligne.
On remarquera les nocturnes comme une chouette hulotte, une chouette effraie et un hibou moyen-duc reconnaissable à ses aigrettes dressées de chaque côté de sa tête et puis aussi des chauve-souris.
Les mouettes et les goélands traversent les murs latéraux secoués par une tempête comme on en voit de temps en temps en bordure de mer. Les hirondelles sont un peu plus urbaines.
Dans les paysages de marais progressent les aigrettes garzettes que tous les promeneurs connaissent bien et le héron pourpré. Un martin-pêcheur vient de se saisir d'un poisson bleu. D'autres volatiles sont plus faciles à repérer en balade comme le canard et ses canetons, et bien entendu les poules et leurs poussins dans les anciennes fermes.
Des animaux hélas prisés des chasseurs sont représentés comme les lapins, un renard, des chevreuils et bien entendu les sangliers qui retournent le sol des forêts où ils se goinfrent de glands. Le peintre n'aurait pas pu oublier l'âne, ce fidèle compagnon des aulnaies qui le protégeait des piqures de moustiques en l'habillant d'une toile rayée.
L'artiste a privilégié ici le réalisme et un certain naturalisme pour rendre hommage à la ruralité et aux paysages familiers de l'île. Il a représenté Grand Village et les hameaux proches : les Allassins, le Chaudron, le Maine, Trillou... sans oublier des monuments emblématiques comme le viaduc et le fort Boyard.
Le bâtiment est régulièrement ouvert, et est en accès libre, y compris pendant ce confinement. En cas de fermeture on peut solliciter l'office de tourisme. On peut donc s'y promener virtuellement en respectant la limite distancielle de 1 km. Et sans avoir le nez sur un écran.
Chapelle Saint Joseph
Rue du Petit Village
17370 Le Grand Village Plage
D'autres publications sont prévues prochainement sur Oléron et ses alentours.
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