La création date de 2009 mais c'est intemporel et c'est une grande chance pour le public que le Théâtre de Belleville reprogramme ces Fables jusqu'au 8 novembre 2015. Attention, uniquement les samedis et dimanches.
L'adaptation d'une quinzaine de fables de La Fontaine par la compagnie Tàbola Rassa est aussi spectaculaire que déjantée et il y a fort à parier qu'on en entendra parler encore pendant plusieurs années.
Cette compagnie s'est fait connaitre en 2003 par son premier travail dans le domaine du théâtre d'objets à travers une réinterprétation, absolument fidèle et néanmoins très novatrice, d'une pièce de Molière, l'Avare. J'étais ressortie enthousiaste de la représentation. La pièce a été jouée dans une vingtaine de pays, avec une fréquence moyenne de 60 représentations par an, en quatre langues (catalan, espagnol, français et anglais). Elle a reçu de nombreux prix. Elle est installée à Marseille depuis cinq ans.
L'aspect transfrontalier du parcours de la compagnie pousse Olivier Benoit, acteur et directeur de la compagnie, à s’entourer de collaborateurs de divers horizons : Jean-Baptiste Fontanarosa, acteur français, pour la version française ; Asier Saenz de Ugarte, acteur basque installé à Londres, pour les autres versions. Cependant que Jorge García, technicien basque vivant à Barcelone, assume la direction technique et Sadock Mouelhi, technicien toulousain, la suppléance.
C’est cette même équipe qui créa, en 2009 le deuxième spectacle de la compagnie, autour de l’œuvre de Jean de La Fontaine. Il a fait de la diversité sa devise. Il reste un des auteurs français les plus universels. Il fut le pionnier de la verdification libre en langue française. Précis et efficaces, ses vers sont un exemple de maîtrise et de beauté. Une beauté simple et vivante, à l’image de la nature, qui fût, sa vie durant, une source inépuisable d’inspiration.
Si l'Avare évoquait la raréfaction de l’eau potable et utilisait pour cela des objets en relation avec ce précieux liquide, les Fables aborde les conséquences de notre production colossale de déchets et, à cette fin, les utilise comme un "outil théâtral", qu’ils soient accessoires, attributs, scénographie ou qu’ils soient encore "marionnettisés". Un casque de chantier sera couronne. Des emballages plastiques feront un manteau royal tout à fait crédible. Une simple feuille de papier journal deviendra l'écran où se projettent des ombres chinoises.
C'est toujours de la destruction de la nature par l’homme dont Tàbola Rassa veut nous parler. Dans les deux cas leur Théâtre est toujours accessible (y compris aux enfants) mais élaboré, pauvre par ses moyens mais riche par son pouvoir d’évocation, où trônent en roi l’imagination et l’intelligence humaine. Alexandre Jean (qui a brillamment repris le rôle) et Olivier Benoit donnent corps et voix tantôt à l’âne, tantôt au lion, tantôt au chien et tantôt au loup. Leur capacité à bêler leur permettrait de passer inaperçu dans un troupeau de moutons.
J'ai vu le spectacle dans une salle comble, résonnant (aussi) du rire des enfants. C'était réjouissant.
Les deux comédiens font défiler sous les yeux du public toute une clique d’animaux curieusement humains. Chaque personnage cache un animal et chaque animal… un homme par effet de miroir.
Les fables sont peut-être les plus vieilles histoires jamais contées parmi les hommes. Elles sont les vestiges d’un temps révolu, où les hommes et les animaux étaient si proches qu’ils pouvaient se confondre. Elles ont été écrites pour nous faire réfléchir, et peut-être tenter d'arrêter notre bras avant de commettre l'irréparable.
Le symbole des ingrats n'est pas le serpent mais l'homme. On en prend conscience à la toute fin quand la chute des décors devient apocalyptique, préfigurant la "sixième grande extinction" de nombre d'espèces animales depuis le milieu des années 80, conséquemment à notre ingratitude envers la nature. Le spectacle nous alerte que ce qui se joue là est notre survie en tant qu’espèce.
Fables, d'après Jean de la Fontaine
Un spectacle de la Compagnie Tàbola Rassa, en coproduction avec le Théâtre de Belleville, inspiré des Fables de Jean de La Fontaine,
Création Jean-Baptiste Fontanarosa, Asier Saenz de Ugarte Olivier Benoit
Interprétation version française: Alexandre Jean et Olivier Benoit
Mise en scène Olivier Benoit
Samedis à 17 heures, dimanches à 15 heures
Reprise au Studio Hébertot
Du 19 septembre au 27 octobre 2019
(Relâche exceptionnelle le 04 octobre)
Jeudi à 21h
Vendredi et Samedi à 19h
Dimanche à 17h
Les photographies qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Delphine Beaumont.
L'adaptation d'une quinzaine de fables de La Fontaine par la compagnie Tàbola Rassa est aussi spectaculaire que déjantée et il y a fort à parier qu'on en entendra parler encore pendant plusieurs années.
Cette compagnie s'est fait connaitre en 2003 par son premier travail dans le domaine du théâtre d'objets à travers une réinterprétation, absolument fidèle et néanmoins très novatrice, d'une pièce de Molière, l'Avare. J'étais ressortie enthousiaste de la représentation. La pièce a été jouée dans une vingtaine de pays, avec une fréquence moyenne de 60 représentations par an, en quatre langues (catalan, espagnol, français et anglais). Elle a reçu de nombreux prix. Elle est installée à Marseille depuis cinq ans.
L'aspect transfrontalier du parcours de la compagnie pousse Olivier Benoit, acteur et directeur de la compagnie, à s’entourer de collaborateurs de divers horizons : Jean-Baptiste Fontanarosa, acteur français, pour la version française ; Asier Saenz de Ugarte, acteur basque installé à Londres, pour les autres versions. Cependant que Jorge García, technicien basque vivant à Barcelone, assume la direction technique et Sadock Mouelhi, technicien toulousain, la suppléance.
C’est cette même équipe qui créa, en 2009 le deuxième spectacle de la compagnie, autour de l’œuvre de Jean de La Fontaine. Il a fait de la diversité sa devise. Il reste un des auteurs français les plus universels. Il fut le pionnier de la verdification libre en langue française. Précis et efficaces, ses vers sont un exemple de maîtrise et de beauté. Une beauté simple et vivante, à l’image de la nature, qui fût, sa vie durant, une source inépuisable d’inspiration.
Si l'Avare évoquait la raréfaction de l’eau potable et utilisait pour cela des objets en relation avec ce précieux liquide, les Fables aborde les conséquences de notre production colossale de déchets et, à cette fin, les utilise comme un "outil théâtral", qu’ils soient accessoires, attributs, scénographie ou qu’ils soient encore "marionnettisés". Un casque de chantier sera couronne. Des emballages plastiques feront un manteau royal tout à fait crédible. Une simple feuille de papier journal deviendra l'écran où se projettent des ombres chinoises.
C'est toujours de la destruction de la nature par l’homme dont Tàbola Rassa veut nous parler. Dans les deux cas leur Théâtre est toujours accessible (y compris aux enfants) mais élaboré, pauvre par ses moyens mais riche par son pouvoir d’évocation, où trônent en roi l’imagination et l’intelligence humaine. Alexandre Jean (qui a brillamment repris le rôle) et Olivier Benoit donnent corps et voix tantôt à l’âne, tantôt au lion, tantôt au chien et tantôt au loup. Leur capacité à bêler leur permettrait de passer inaperçu dans un troupeau de moutons.
J'ai vu le spectacle dans une salle comble, résonnant (aussi) du rire des enfants. C'était réjouissant.
Les deux comédiens font défiler sous les yeux du public toute une clique d’animaux curieusement humains. Chaque personnage cache un animal et chaque animal… un homme par effet de miroir.
Les fables sont peut-être les plus vieilles histoires jamais contées parmi les hommes. Elles sont les vestiges d’un temps révolu, où les hommes et les animaux étaient si proches qu’ils pouvaient se confondre. Elles ont été écrites pour nous faire réfléchir, et peut-être tenter d'arrêter notre bras avant de commettre l'irréparable.
Le symbole des ingrats n'est pas le serpent mais l'homme. On en prend conscience à la toute fin quand la chute des décors devient apocalyptique, préfigurant la "sixième grande extinction" de nombre d'espèces animales depuis le milieu des années 80, conséquemment à notre ingratitude envers la nature. Le spectacle nous alerte que ce qui se joue là est notre survie en tant qu’espèce.
Fables, d'après Jean de la Fontaine
Un spectacle de la Compagnie Tàbola Rassa, en coproduction avec le Théâtre de Belleville, inspiré des Fables de Jean de La Fontaine,
Création Jean-Baptiste Fontanarosa, Asier Saenz de Ugarte Olivier Benoit
Interprétation version française: Alexandre Jean et Olivier Benoit
Mise en scène Olivier Benoit
94 rue du Faubourg du Temple 75011 Paris
Reprise jusqu'au 8 novembre 2015Samedis à 17 heures, dimanches à 15 heures
Reprise au Studio Hébertot
Du 19 septembre au 27 octobre 2019
(Relâche exceptionnelle le 04 octobre)
Jeudi à 21h
Vendredi et Samedi à 19h
Dimanche à 17h
Les photographies qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Delphine Beaumont.