Quand on sait que Claire Diterzi confie s'ennuyer dans les concerts on imagine qu'on va passer une soirée exceptionnelle à la regarder évoluer sur scène. Je me souviens effectivement d'un moment magique il y a sept ans.
J'ai plus de mal à qualifier la soirée qui vient de s'achever, réplique quasi exacte du concert qu'elle a présenté aux Francofolies cet été. Il y a sans doute moins d'ambiance dans une salle qu'en plein air. pourtant le public était ultra enthousiaste.
Il a peut-être manqué d'un peu de cette folie qui la caractérise pourtant. A force d'être hors norme on risque d'être à la marge. Et puis il y eut la déception d'une voix qui disparut quelques minutes, nous privant des paroles d'Infiniment petite dont une faible résurgence se fit entendre à la toute fin avec ces deux mots "infiniment perdue". Même avec de très belles lumières c'est insuffisant ...
Claire Diterzi reste une (grande) artiste dont il faut accepter que chaque opus ait sa couleur particulière. On aurait tort de la comparer à qui que ce soit, y compris à elle-même. Considérons donc 69 BPM comme un objet à part.
La soirée tient du concert, du happening (même si tout est parfaitement prévu), du théâtre. L'artiste commence, assise sur une chaise pliante, en nous racontant le contexte de la création. Tout a débuté il y a un an en adressant mensuellement aux directeurs de théâtre qui lui faisaient confiance son "Journal d’une création" comprenant des textes, des photos, des dessins, des photo-montages qui préfiguraient ce qui allait se passer sur la scène.
Car Claire Diterzi raisonne spectacle avant de penser album. Le CD n'est que le point final de chaque processus créatif de cette femme de tête qui est gonflée par, et c'est elle qui le dit, le fonctionnariat t’es-une-chanteuse-tu-fais-des-chansons-tu-sors-un-disque-promo-tournée. Elle provoque les applaudissements et gratifie son public d'un "vous êtes charmants".
Comme elle est très proche des arts graphiques son univers est forcément très pictural. Les vidéos qui sont projetées sur l'immense écran ne sont pas illustratrices mais constitutives de l'oeuvre.
69 BPM exprime des souffrances et de la violence. J'ai mon Mac pour vider mon sac, chante-t-elle dans le titre éponyme. Si elle prenait des gants pour s'adresser à nous ce serait des gants de boxe.
Le concert se déroule dans une atmosphère plutôt noir et blanc, éclaboussé de sang comme celui d'Envoie le steak. On y retrouve la phrase qui a tout déclenché : "Je préfère que ce soit Goya qui m'empêche de fermer l'oeil ..." qui est le titre d'un petit livre bleu du metteur en scène Rodrigo Garcia.
Elle reprend aussi un autre de ses titres, "L'avantage avec les animaux c'est qu'ils t'aiment sans poser de questions" qui est la chanson d'ouverture du concert, sur des images d'un toilettage canin presque sadique vu en gros plan et avec des effets de ralenti.
Claire Diterzi a l'art des retournements. Ça commence par les expressions populaires. Comme Tu voles de mes propres ailes, où l'on entend aussi connais-toi moi-même ... Cela se poursuivra avec le Distributeur de temps quand elle interroge à qui offrir ses cinq dernières minutes. Et jusqu'à la fin quand la nuit tous les gens sont gris (Clair-obscur).
Elle ne craint pas de régler ses comptes. A la médecine du travail et à l'absurdité administrative qui scrute les corps humains, prétexte pour donner une information sur son rythme cardiaque qui à 69 est parfait. A celui qui n'est que vanité et impuissance, et qui l'a désavouée (Nature morte) éclairée horizontalement par un pinceau de lumière. Aux bons sentiments (Je suis contre l'amour) et à l'amour (le nombre 69 ne peut pas être un hasard ...), à la religion (Berger Allemus Dei) avec des accents ultra rocks que l'on retrouve plus tard dans Inutile de jeter son chewing-gum.
On retrouve la voix de tête qui fait sa spécificité avec Je suis un pédé refoulé ou La broche. Elle est aussi forte avec quelques claquements de doigts et les cordes d'un ukulélé qu'avec une Gibson pour installer une atmosphère.
Sur le plan scénique, Claire est moins romantique mais reste lyrique, physique, électrique. Son humour a noirci, devenu franchement caustique. On lui sait gré de continuer à faire des pieds et des mains pour nous plaire (Le roi des Forêts) et on apprécie son interprétation en bord de scène comme ses pas de danse ou son échappée à vélo.
Elle interroge dans la dernière chanson : suis-je à la hauteur ?
Toujours !
Prochains concerts (je devrais écrire spectacles) :
Le 13 novembre 2015 au Théâtre de Venissieux
Le 14 à L’Heure Bleue de Saint Martin D'Hères
Le 18 décembre au Train-Théâtre de Porte-les-Valence
Le 21 janvier 2016 au Grand Logis de Bruz
Et le 22 au Théâtre de Verre de Chateaubriand.
Claire Diterzi reste une (grande) artiste dont il faut accepter que chaque opus ait sa couleur particulière. On aurait tort de la comparer à qui que ce soit, y compris à elle-même. Considérons donc 69 BPM comme un objet à part.
La soirée tient du concert, du happening (même si tout est parfaitement prévu), du théâtre. L'artiste commence, assise sur une chaise pliante, en nous racontant le contexte de la création. Tout a débuté il y a un an en adressant mensuellement aux directeurs de théâtre qui lui faisaient confiance son "Journal d’une création" comprenant des textes, des photos, des dessins, des photo-montages qui préfiguraient ce qui allait se passer sur la scène.
Car Claire Diterzi raisonne spectacle avant de penser album. Le CD n'est que le point final de chaque processus créatif de cette femme de tête qui est gonflée par, et c'est elle qui le dit, le fonctionnariat t’es-une-chanteuse-tu-fais-des-chansons-tu-sors-un-disque-promo-tournée. Elle provoque les applaudissements et gratifie son public d'un "vous êtes charmants".
Comme elle est très proche des arts graphiques son univers est forcément très pictural. Les vidéos qui sont projetées sur l'immense écran ne sont pas illustratrices mais constitutives de l'oeuvre.
69 BPM exprime des souffrances et de la violence. J'ai mon Mac pour vider mon sac, chante-t-elle dans le titre éponyme. Si elle prenait des gants pour s'adresser à nous ce serait des gants de boxe.
Le concert se déroule dans une atmosphère plutôt noir et blanc, éclaboussé de sang comme celui d'Envoie le steak. On y retrouve la phrase qui a tout déclenché : "Je préfère que ce soit Goya qui m'empêche de fermer l'oeil ..." qui est le titre d'un petit livre bleu du metteur en scène Rodrigo Garcia.
Elle reprend aussi un autre de ses titres, "L'avantage avec les animaux c'est qu'ils t'aiment sans poser de questions" qui est la chanson d'ouverture du concert, sur des images d'un toilettage canin presque sadique vu en gros plan et avec des effets de ralenti.
Claire Diterzi a l'art des retournements. Ça commence par les expressions populaires. Comme Tu voles de mes propres ailes, où l'on entend aussi connais-toi moi-même ... Cela se poursuivra avec le Distributeur de temps quand elle interroge à qui offrir ses cinq dernières minutes. Et jusqu'à la fin quand la nuit tous les gens sont gris (Clair-obscur).
Elle ne craint pas de régler ses comptes. A la médecine du travail et à l'absurdité administrative qui scrute les corps humains, prétexte pour donner une information sur son rythme cardiaque qui à 69 est parfait. A celui qui n'est que vanité et impuissance, et qui l'a désavouée (Nature morte) éclairée horizontalement par un pinceau de lumière. Aux bons sentiments (Je suis contre l'amour) et à l'amour (le nombre 69 ne peut pas être un hasard ...), à la religion (Berger Allemus Dei) avec des accents ultra rocks que l'on retrouve plus tard dans Inutile de jeter son chewing-gum.
On retrouve la voix de tête qui fait sa spécificité avec Je suis un pédé refoulé ou La broche. Elle est aussi forte avec quelques claquements de doigts et les cordes d'un ukulélé qu'avec une Gibson pour installer une atmosphère.
Sur le plan scénique, Claire est moins romantique mais reste lyrique, physique, électrique. Son humour a noirci, devenu franchement caustique. On lui sait gré de continuer à faire des pieds et des mains pour nous plaire (Le roi des Forêts) et on apprécie son interprétation en bord de scène comme ses pas de danse ou son échappée à vélo.
Elle interroge dans la dernière chanson : suis-je à la hauteur ?
Toujours !
Prochains concerts (je devrais écrire spectacles) :
Le 13 novembre 2015 au Théâtre de Venissieux
Le 14 à L’Heure Bleue de Saint Martin D'Hères
Le 18 décembre au Train-Théâtre de Porte-les-Valence
Le 21 janvier 2016 au Grand Logis de Bruz
Et le 22 au Théâtre de Verre de Chateaubriand.
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