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jeudi 1 octobre 2015

Les Petites Rébellions de Jean-Pierre Brouillaud

On ne peut plus vraiment parler de roman de la rentrée mais Dieu que la lecture des Petites Rébellions fut un moment de plaisir.

J'étais pourtant dubitative. L'apologie de la resquille en voyageant sans ticket, faite au nom de la liberté en quatrième de couverture, m'avait agacée. Je n'y voyais ni audace, ni clinquant... Je ne comprenais pas davantage en quoi un voyage sans ticket apporterait un supplément d'âme (p. 54). Je ne dois pas avoir les mêmes valeurs que Maître Brunovilliers. A moins que je ne sois pas usée comme lui par des années de procédures suivies à la lettre. J'avais quand même glissé le livre dans mon sac juste avant ... de prendre le métro, cela ne s'invente pas.

Quel plaisir de lecture ! Quels fous rires ! Le style de Jean-Pierre Brouillaud est jubilatoire. Il a une façon très juste de décrire le déclin, par exemple celui du chanteur qui ne peut plus pousser les aiguës et toutes les stratégies de contournement qu'il déploie pour camoufler son incapacité sentent le vécu.

La scène de la rupture (p. 97-98) mérite de devenir anthologique. Rompre par SMS serait du dernier mauvais goût si ce n'était, comme le fait Anne-Laure, pour des raisons orthographiques. Elle conquiert sa liberté un peu comme Solange Rossignol se déleste de l'entrave de sa vie conjugale dans la pièce de théâtre, Partie en Grèce, qui se joue en ce moment au La Bruyère.

Le chapitre sur l'humidité est un exercice de style délirant, que n'aurait pas renié un humoriste de la trempe de Raymond Devos. J'ai franchement ri tout en surprenant soudain derrière la cloison un toc toc qui s'amplifiait et me laissait craindre le pire. J'espère qu'on ne m'en voudra pas de relier la lecture à mon actualité personnelle mais là encore cela ne s'invente pas. J'ai appelé le plombier qui vient de couper l'eau chez ma voisine.

Les protagonistes se croiseront sur les lignes 1, 7 du métro et du RER B. Ils ne le savent pas mais leurs destins sont liés.

Une règle dépourvue de sanction ne vaut rien (p. 121). Tous les éducateurs le savent, et les parents feraient bien de s'en souvenir parfois. Le sentiment de pouvoir absolu, revendiqué par les personnages de Jean-Pierre Brouillaud, est sans doute la conséquence d'années de brimades. Il y a de la dérision et de l'absurde mais il y a aussi un grand fond de vérité.

Pour le coup nos dirigeants feraient bien de se méfier. A force de diriger les administrés vers des murs il se pourrait que se lève un vent de révolte autrement plus puissant que ces petites rébellions. Oui, la cocotte-minute pourrait bien exploser (p. 122).

Les Petites Rébellions de Jean-Pierre Brouillaud, chez Buchet Chastel, en librairie le 1er octobre 2015

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