Il y a quelques jours, je vous ai fait visiter le village de Fontaine-Daniel, célèbre pour son épicerie coopérative. L'essor du hameau est dû à une entreprise exemplaire, Toiles de Mayenne, marque déposée depuis 1952, qui dispose sur place d'un show-room depuis 1967 sachant qu'un autre se trouve aujourd'hui place des Victoires, à Paris, dans l'ancien domicile d'un des fondateurs. C'est une entreprise d'environ 90 personnes, avec un site de production et 16 magasins en France.
J’ai voulu venir ici parce que ce que j’avais vu de ce village au moment de préparer mon séjour en Mayenne m’avait un peu intriguée. Je m’intéresse depuis toujours à la confection. Je sais coudre et le monde des tissus me "parle", probablement parce que mes arrières grands-parents maternels étaient marchands de soieries dans le quartier des Folies Bergère. C’était du moins ce que je croyais.
Il se trouve que j’ai aussi des racines mayennaises, du côté paternel, mais je n’avais pas eu l’occasion de revenir dans le département depuis que je suis adulte. J’ai peu connu ma grand-mère paternelle dont je n’ai qu’un unique souvenir de partage, quand elle m’a enseigné comment tricoter. Mon père avait conservé son rouet qui était à mes yeux un objet décoratif un peu désuet. Je croyais (stupidement) qu’elle avait filé le chanvre pour se distraire sans imaginer un instant que l’activité textile était une caractéristique de la Mayenne où la terre est plutôt ingrate. L’industrie, ou comme on la nommait au début du XIX°, "la fabrique", fournissait un indispensable salaire ou complément de salaire, auquel pouvaient contribuer tous les membres d’une même famille. On était souvent en même temps, cultivateur, fabricant et négociant.
Je savais que les sœurs de cette grand-mère avaient été modistes à Saint-Aubin-Fosse-Louvain mais je n’ai jamais vu leur atelier. Comme j’aimerais aujourd’hui interroger mes ancêtres sur leur mode de vie, mais on ne peut pas remonter quasiment un siècle en arrière. C’est pourtant un peu ce que j’ai fait au cours de mon séjour, en m’arrêtant à Fontaine-Daniel.
Autant je reprends l'histoire de l'entreprise dans l'article consacré au village, parce que tout y est lié, autant dans celui-ci je ne parlerai que de l'entreprise telle qu'on peut la voir en ce moment, depuis la reprise en 2018 par Jérôme Couasnon et Clotilde Boutrolle, ce qu'ils ont fait dans la continuité de l'esprit de la marque en la positionnant dans les tendances colorées de notre époque tout en préservant son héritage authentique. Avec une volonté affirmée de résister face à la délocalisation et de revendiquer l'ancrage territorial, de penser le tissage, réfléchir aux manières de produire, aux matières sélectionnées, créer sans surproduction, avancer de manière raisonnée et avec bon sens. Ce credo trouve heureusement un écho positif auprès des clients.
Ainsi Toiles de Mayenne peut revendiquer depuis 2022 une production locale 100% française. Tout ce que l'on peut voir dans cet espace a été fabriqué soit dans les ateliers de la marque qui se trouvent sur la commune, soit chez des fournisseurs partenaires qui eux aussi travaillent en France.
La chilienne en toile Marius invite le visiteur à se reposer. On appréciera le confort de cette pièce devenue iconique, réalisée dans une rayure équilibrée, classique et intemporelle alternant grisailles en fil à fil et aplats colorés d’un beau vert profond. Tissée à Fontaine-Daniel, avec une belle main souple … en trévira Cs, ce qui veut dire non feu, lavable et résistante, utilisable en milieu humide, donc idéale pour ce type de mobilier d’extérieur. Le bois est lui aussi français et l’ensemble se démonte pour pouvoir laver la toile en cas de besoin.
Voici des coussins conçus comme des bijoux, traversés d’une broderie soyeuse presque métallisée, assemblant deux coloris de lin, naturel et blanc et qui rencontrent un vif succès. L’abat-jour de cette gamme Zigzag est une exclusivité boutique. La composition évoque un paysage qui se reflète dans l’eau, témoignant de la capacité du milieu naturel à inspirer les designers de la marque.