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La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

samedi 30 novembre 2013

L'Atelier Charal s'installe à Paris La Défense avant Lille et Lyon

(billet mis à jour le 6 décembre 2013)
Un Atelier Charal ouvre officiellement aujourd'hui sur le parvis de La Défense et j'ai eu la chance d'y passer une soirée en avant-première, avec Jean-Michel et Olivier, sympathiques bouchers de la marque n°1 de la viande en France et Marc, candidat de Masterchef que vous regardiez au même moment se démener pour remporter sa qualification pour les quarts de finale. Il était en face de moi mais sur votre écran il était en Thaïlande. Magie de la téléréalité !

Tout le monde sait que les épisodes de Masterchef ont été tournés cet été ... mais on se laisse prendre par chaque émission et on oublie que la compétition n'est pas diffusée en direct. Lui-même a joué le jeu en se refusant de nous laisser entendre s'il demeurait ou pas dans la course.
Quoiqu'il en soit le héros ce soir-là c'est le boeuf et sur ce plan vous me direz que Marc en connait un rayon ... quoique la position du filet lui coutera un point vendredi prochain. Mais il est trop tôt pour le dire ... Mettre un nom sur chaque morceau est un casse-tête pour nombre de consommateurs. D'où l'idée de cet atelier itinérant (il sera bientôt à Lille puis à Lyon) pour aider le public à faire le choix qui corresponde à ses goûts.

Jean-Michel, comme Olivier, ont longtemps été bouchers de quartier. Cette éducation du goût s'inscrivait dans leur quotidien. Ni l'un ni l'autre ne regrette d'avoir rejoint la brigade des quelque 500 bouchers qui travaillent chez Charal la relation directe avec le consommateur est restée essentielle et ils apprécient de pouvoir rejouer ce rôle avec cet atelier de "viandologie".

Les bouchers Charal initieront les visiteurs aux spécificités de la viande, tandis que des chefs leur révéleront les multiples façons de la cuisiner… en toute simplicité ! Ils donneront les réponses à toutes les questions que vous leur poserez sur la viande au travers d’un parcours initiatique et de dégustations.
Parce que chaque morceau a une saveur différente. Des goûts et des couleurs on ne discute pas mais je pense que la cote de boeuf demeure une pièce de choix, qui mérite d'être mise sous cloche. Elle se situe sur l'animal entre les vertèbres cervicales et les lombaires. Elle est destinée à celui qui recherche de la viande persillée, voire marbrée. On trouve une cote à un poids de 600 à 1000 grammes en boucherie.
Marc la prépare en barbecue pour ses amis qui se sentent immédiatement en vacances. Pour nous, il l'a cuite sous vide dans un thermo-plongeur à 52° pendant 1 h 30 (si on ne dispose pas d'un tel équipement on peut la cuire au four pourvu qu'on dispose d'une sonde pour surveiller la température). Apprécier le degré de cuisson devient facile si on sait l'associer à la pression d'un doigt sur la viande. Il suffit de comparer avec la fermeté du muscle situé à la base du pouce gauche : bleu quand on lève le pouce, saignant quand on lève aussi l'index, à point avec le majeur et bien cuit quand on compose le chiffre 4. 
Il snackera la cote devant nous pour en colorer l'extérieur et la caraméliser. Il la servira avec des pommes de terre fondantes et une béarnaise préparée au syphon.
Il a choisi des pommes de terre Charlotte (la Binje ou l'Amandine auraient convenu). Une fois marquée (compter 10 minutes) on mouille d'un fond de veau et c'est parti pour encore 10 minutes.
Sa découpe de la cote est une idée simple pour pouvoir servir toutes les assiettes.
L'onglet est le morceau du boucher parce qu'il est rare (moins de 1 kilo par animal). Il est très juteux et procure ce qu'on appelle "de la mâche" en roulant sous la dent.

Marc l'a cuit dans un beurre noisette, accompagné d'une sauce marchand de vin et d'une purée de panais dans laquelle, et c'est la son petit truc de chef, il ajoute du lait de coco.
Arrive l'entrecote, la reine de la grillade, parce qu'elle est persillée, moelleuse et juteuse. Elle aura l'honneur de la plancha et sera agrémentée, pour donner un peps festif,  de copeaux de foie gras disposées juste au moment de déguster, avec une purée de potimarron.
Pour le filet de boeuf, Marc nous a fait la joie de rééditer la recette qui lui a permis de décrocher sa première qualification Masterchef en se faisant remarquer parmi les 35 candidats lyonnais. Il nous donne les chiffres de 12 000 dossiers pour 60 retenus au premier casting et 18 au moment du premier tournage.

On comprend que si  les compétences sont essentielles le mental puisse compter pour 50%. Les épreuves sont lourdes à supporter même si Marc reconnait qu'ils ont été chouchoutés par la production. Le plus dur est tout de même de ne pouvoir revoir sa famille qu'une fois en deux mois et demi de tournage. 
Le filet provient d'un muscle qui travaille peu, le long des vertèbres lombaires, ce qui explique la tendreté du morceau qui, de plus n'a que 5% de matières grasses. L'écrivain Chateaubriand en raffolait, d'où le nom que l'on donne au morceau lorsqu'il est coupé en 3 cm d'épaisseur. Qu'on l'entoure d'une barde et il devient tournedos. Qu'on ajoute une tranche de foie gras et il est Rossini.
Ce soir il sera Tataki. Ce sont les japonais qui ont inventé ce mode de cuisson, lequel est plus habituel du poisson que de la viande mais la technique n'est pas exclusive. Savez vous d'ailleurs que Tokyo est la ville qui compte le plus de chefs étoilés ?

Le principe consiste à plonger l'ingrédient quelques secondes dans un bain de friture puis de le rafraichir dans une eau glacée. Après égouttage la viande sera tranchée en fines lamelles et badigeonnée d'une marinade citronnelle-gingembre.
Marc la sert avec une cervelle des canuts (dessert traditionnel de sa région lyonnaise, plutôt agrémentée de poivre) enrichie pour l'occasion de citron vert et de wasabi. Un bouquet de légumes croquants complètera l'assiette.

Autant mes idées étaient arrêtées en arrivant autant je serais maintenant ennuyée de classer les 4 morceaux dans l'ordre de ma préférence, ce qui prouve que l'essentiel est dans la manière de les préparer. Il faut dire aussi que lorsqu'on respecte la date idéale de consommation la viande est au maximum de sa saveur.
A ce titre on ne le répètera jamais assez : il faut ouvrir l'hebdopack dans les derniers jours de validité quand la viande est à l'optimum de sa maturation. Et puisque je suis dans le registre des conseils appliquez ceux d'Arthur le Caisne qui dans son livre La cuisine c'est aussi de la chimie, martèle qu'on ne sale JAMAIS avant cuisson. Marc sourira en me lisant : il a promis de le lire ...
Si vous travaillez dans le quartier de La Défense vous remarquerez l'Atelier sans problème. Pour les autres je vous mets une photo qui vous donne quelques repères. L'important est de s'écarter des chalets du marché de Noël.

Ensuite, une fois la nuit tombée appréciez le calme de l'espace, ses décorations qui ne sont pas toujours à l'échelle des lieux. Et cherchez à faire coïncider l'Arc de Triomphe au centre des guirlandes comme s'il était enfermé dans une boule de neige.
Atelier Charal Paris La défense du 30 novembre au 7 décembre
De 11 h à 19 heures
Accès libre et gratuit (dans la mesure des places disponibles je suppose)
Je vous donne l'adresse de Lille dès que je l'aurai.
Pour Lyon, l'Atelier aura lieu Place Antonin Jutard, du 19 décembre au 22 décembre. Il sera ouvert de 11h à 19h en accès libre et gratuit.

vendredi 29 novembre 2013

Le MAC Paris ouvre Porte de Champerret

Quand on m'a parlé du MAC j'ai pensé qu'il s'agissait de l'ordinateur à la pomme. Je me fourvoyais. Çà pouvait être un Musée d'Art Contemporain. On y était presque. Le nom exact est d'ailleurs MAC2000.

MAC2000 est une association, régie par la loi 1901, donc à but non lucratif. Depuis 1984, elle a pour objectif de promouvoir l’art contemporain et les artistes plasticiens d’aujourd’hui à travers l’organisation d’expositions, en particulier une manifestation annuelle, MACparis, qui a lieu chaque fin novembre. Cette année elle célébrait son trentième anniversaire et j'y suis allée.

L'événement regroupe 125 artistes plasticiens dont on m'a dit qu'ils sont rigoureusement sélectionnés, parmi plus de 1000 dossiers, pour la qualité et l’originalité de leur travail, par un comité composé de professionnels du secteur. L’association met à la disposition de chaque artiste un stand de 18 m², avec lumières et cimaises pour y présenter ses œuvres, théoriquement les plus récentes. L'idée est que l'artiste y soit présent pour rencontrer le public sans intermédiaire et ... vendre ses œuvres puisque c'est tout de même un des objectifs principaux. A noter que l’association ne prend aucune commission sur les transactions effectuées.

La manifestation annonce un flot de  15 000 amateurs et professionnels du secteur, ce qui lui permet d'affirmer que MACparis est un accélérateur de carrière, un tremplin, grâce (je cite) aux centaines de critiques d’art, commissaires d’exposition, galeristes, responsables de lieux d’exposition, journalistes spécialisés, collectionneurs et institutionnels qui sont invités et qui parcourent les allées à la recherche d’artistes pour développer de nouveaux projets.

J'étais très honorée de rejoindre ces centaines et je m'attendais en arrivant à disposer d'un dossier de presse pour me faciliter les choses car je n'avais devant moi qu'une paire d'heures à consacrer à l'évènement. Pas de dossier ... puisque tout est sur Internet ... çà se discute.

Je ne doute pas que tous les renseignements dont j'ai besoin sont téléchargeables ... sauf que ... je suis là, en chair et en os et je ne vais pas retourner à mon bureau pour m'y atteler. Si c'est un problème de coût, ce que je peux comprendre pour une association, il faudrait inventer le dossier remis sous caution, et que l'on rend en fin de parcours, ou que l'on garde en renonçant à sa caution parce qu'il est tellement génial qu'on accepte le prix à payer.
Bon soit! J'irai en suivant les allées au petit bonheur la chance et tant pis pour ceux qui seront à l'écart de mon chemin quand je tombe sur cette double page punaisée sur un mur ... Je vais au moins disposer d'un indice, le nom des artistes. Il y en a un que je connais mais, manque de pot, je ne suis pas touchée par ce qu'il fait. Je zappe.

Le hasard reprend son droit. Au moins j'ai compris la disposition des stands et je vais procéder méthodiquement en commençant par faire le tour extérieur un peu comme si l'espace était un escargot géant.

A propos de Géant, le magasin spécialiste des Beaux-Arts propose une animation très sympathique qui m'a permis de réaliser un badge à l'effigie du blog (dessin original dans lequel je me suis lancée) qui va me servir en quelque sorte de carte de visite.
Tiens mais je connais ! Voilà un style qui me parle. Mais je sais que c'est impossible que ce soit lui .... J'ai le sentiment d'avoir déjà vu l'an dernier cet enfant au Storage, dans le magnifique espace où travaille Philippe Pasqua. C'est troublant ... et pour ceux qui voudraient en savoir plus je les invite à lire ce que j'avais alors écrit.
C'est l'oeuvre de Nathan CHANTOB, un jeune artiste parisien (mais là n'est pas sa principale qualité) d'un peu plus de vingt ans qui se définit, lui aussi, comme héritier de Schiele, Munch et Freud. Il peint d'assez grands formats, un peu moins monumentaux que ceux de Pasqua, de presque 2 mètres sur 2, avec une énergie comparable mais une fois que l'on plonge dans sa peinture on remarque qu'elle s'en différencie, et c'est heureux pour lui.

Il a déjà exposé à Beyrouth Art Fair, est présent dans 3 galeries, dont une à Saint-Paul-de-Vence, s'est installé dans un atelier indépendant depuis 6 mois et prépare une grosse exposition pour la fin mars.

Son style "acrroche" et donne envie de se plonger dans ses oeuvres. Je me dis qu'on ne peut pas ne pas le remarquer et je sais déjà que je reparlerai de lui prochainement. Ce soir je regrette de n'avoir aps suffisamment de temps à lui consacrer.

Un peu plus loin une salle de classe ? L'idée est amusante. Forcément je m'arrête. L'artiste arrive. Nous discutons, sympathisons. Sa démarche m'intéresse.
Carole DUVILLIER peint des fantômes. Ses personnages, femmes ou enfants, sont souvent sans visage ou masqués. Leurs corps se dissolvent dans l’environnement. Au premier regard, les couleurs douces et fluides nous entraînent dans un univers apparemment heureux et sans problème. Féminité assumée et enfance insouciante… Ce n’est qu’au second regard, que l’on découvre la vacuité des têtes et des corps réduits à des enveloppes plus ou moins fermement délimités. Chaque silhouette est actrice d’une histoire dont le scénario reste à écrire mais qui s’ancre profondément dans l'expérience personnelle conjuguée de l'artiste et du spectateur.
La maternité a profondément changé Carole qui, depuis la naissance de son petit garçon, se laisse envahir par une nouvelle source d'inspiration, l'école. Sans faire de raccourci hâtif elle reconnait qu'elle n'y avait pas forcément "sa" place, d'où ces personnages à la fois absents et présents. Son rapport à l'école n'est pas pour autant nostalgique. Elle s'étonne que rien n'ait changé en conduisant son fils, aujourd'hui âgé de 5 ans,  dans les mêmes salles où elle évolua petite fille. Cette stabilité est sans doute plus symptomatique des villes de province (elle vit et travaille à Etampes) que de celles de la proche région parisienne où la modernité a fait des ravages.

En tout cas il y a du mouvement, de la vie et de la couleur dans ses tableaux ... et même de l'humour jusque dans le regard interrogatif de l'agneau de cette petite princesse aux bottines roses.
Je n'ose pas faire une pause dans un de ces fauteuils de Philippe PARROT LAGARENNE. Je constate que le prix est raisonnable pour une oeuvre d'art (1500 euros). Quel que soit son mode d’expression, (peinture, sculpture, céramique) ses œuvres sont festives et explosent d’une joie de vivre bon-enfant, aux antipodes de toute considération métaphysique. On remarque parfois des têtes de mort ou des animaux tués mais sans générer d'angoisse ou de douleur, parce que l’humour n'est jamais loin.

Prochaine station sur le stand de Corinne HÉRAUD avec l'impression d'être face à des autoportraits. Là encore je dis ce que tout le monde dit. Décidémment je ne suis pas originale, ...ou j'ai du flair.
Corinne ne se photographie pas elle-même mais elle reconnait que peut-être elle recherche inconsciemment sa propre image parmi les visages des spectateurs d'émissions télévisés qui constituent son vivier de modèles. Le second à partir de la gauche (Icône cathodique#50 - Polyptyque - Pièce unique 2012 - Photographie et technique mixte - 142x112cm) est particulièrement troublant.

Elle ne pratique que la photographie argentique et est une adepte inconditionnelle du procédé révolu du Polaroid dont elle apprécie la fragilité de l’émulsion et les couleurs subtilement décalées. Ses pelliculages requièrent des interventions manuelles qui génèrent des accidents, des aléas, et font de chacun de ses tirages une pièce unique. Son travail réclame beaucoup de travail mais le résultat est saisissant à l'instar de tapisseries humaines.

Elle peut aussi s'inspirer de la nature (la campagne sarthoise où elle vit ne manque pas d'intérêt) mais pour le moment ce sont les visages qui la travaillent.
Moment de distraction dans les allées. L'animation monte un peu en puissance bien que la circulation demeure fluide. Des artistes cassent la graine.  Certains ne perdent pas de temps à discuter et sont au travail, par stratégie ou par timidité (celle du visiteur n'est jamais prise en compte). Il aurait fallu leur poser la question. Mais on ne dérange pas celui ou celle (ici Oriane Di Pasquale) qui vous tourne le dos.
 
L'heure a tourné. Ma situation est plus dramatique que celle de Cendrillon. Je n'ai pas de carosse personnel et je suis attendue à une soirée. Le stand de Brno DEL ZOU est si surprenant que j'aurais malgré tout volontiers discuté avec l'artiste, présent mais occupé. Dommage : puisqu'il travaille à Poitiers je n'aurais probablement pas de sitôt l'occasion de le revoir. Alors l'an prochain au MAC ...
Brno est photographe, plasticien, concepteur de logiciels et créateur d’installations vidéo. Ses portraits photographiques morcelés donnent à voir un visage sous différents angles et à différentes échelles, réactualisant ainsi le propos des premiers cubistes.

On le constate, même avec le simple cliché que j'ai pris de Tiphaine (photo-sculpture) 2013 - Assemblage en volume de photographies - 100x90x15cm.

Ma visite s'achève sur une frustration mais elle a enclenché l'envie de noter ce rendez-vous sur l'agenda de l'an prochain. Egalement de reprendre contact avec des artistes. Et j'imagine que pour des collectionneurs c'est idéal. On peut d'ailleurs consulter le site du MAC où la liste des artistes sous forme d'images permet d'en apprécier la diversité.

Le comité de sélection recherche tout au long de l'année des artistes qui ont une recherche contemporaine dans divers médias : peinture, volume, installation, photo… en plébiscitant une  démarche personnelle et originale pour retenir les 125 participants de chaque édition.

Affaire à suivre donc ! Jusqu'au dimanche 1er décembre Porte de Champerret entre 10 et 20 heures (vendredi 29 entre 11 et 22 heures)

Coordonnées des artistes cités dans le billet :

Nathan CHANTOB, 5 rue Saint-Maur - 75011 Paris, 06 31 33 68 81 ou 06 37 11 48 30
Facebook : nathan-chantob-artistepeintre
nathanchantob@gmail.com
Carole DUVILLIER, travaille à Étampes, 06 07 76 34 69
www.caroleduvillier.com
caroleduvillier@gmail.com
Philippe PARROT LAGARENNE, 71 rue Marx Dormoy - 75018 Paris, 06 12 24 82 78
www.parrotlagarenne.com
parrot@parrotlagarenne.com
Corinne HÉRAUD, Le Bas Moire - 72600 Pizieux, 06 88 90 02 66
www.corinneheraud.com
heraudcorinne@gmail.com
Oriane DI PASQUALE, 06 68 37 46 78
http://orianedipasquale.wix.com/oriane-di-pasquale
oriane.dipasquale@gmail.com
Brno DEL ZOU, 20 rue du Mouton - 86000 Poitiers, 06 62 03 15 53
http://brnodelzou.ouvaton.org
brnodelzou@yahoo.fr

jeudi 28 novembre 2013

Connaissez-vous le Napoleone sur les Champs Elysées ?

Si je pose la question c'est que la visibilité de ce restaurant n'est pas encore très assurée en bas des Champs Elysées. La terrasse est vaste, juste à coté d'une célèbre marque de vêtements très prisée par la jeunesse ... à quelques pas du Rond-point.

Avec un nom pareil, Napoleone, on pense entrer chez un italien. Mais c'est oublier que la célébrité était bien française. Et c'est de fait à une cuisine ultra française qu'on nous convie.

La promesse est affichée sur le store en deux mots : bistro chic.
Le chic est cohérent avec le quartier et avec le cadre de l’ancien hôtel particulier de la Marquise de la Païva, de style Second Empire, dont le restaurant s'est emparé. L'espace est vaste, ce qui est une forme de luxe. Le client a le choix entre trois espaces : la terrasse qui bien entendu est chauffée, une première salle et une seconde, en contrebas, de part et d'autre d'un bar très élégant.

L’ensemble a conservé les codes du style Napoléon III intelligemment allégé. Quelques tableaux et gravures sont  inspirées des deux Empires et rappellent l’épopée napoléonienne. Les luminaires en pâte de verre rappellent l’Art Nouveau. Quelques dorures feraient croire que les salles ont toujours existé dans cette configuration.

Selon le moment de la journée et le type de repas on se posera donc en terrasse ou dans l'une ou l'autre salle. Ce soir ce fut sur la mezzanine, autour d'une table ronde. Ce qui est très agréable c'est de pouvoir converser sans craindre d'indiscrètes oreilles. La clientèle d'affaires appréciera.

Juste en face, de l'autre coté de l'allée centrale, une banquette pourrait accueillir une bande de copains sans que cela provoque le moindre dérangement. Et l'escalier central s'ouvre sur un bar à cocktails plutôt cosy et quelques tables dans une ambiance plus intimiste.
Pour ce qui est du bistro, on est dans une tonalité quasi basque, impulsée depuis le 7 novembre dernier par le célèbre chef de cuisine Christian Etchebest. Originaire du Sud Ouest ce passionné a imaginé pour cet établissement une cuisine traditionnelle revisitée dans l’air du temps. Son objectif est clairement de permettre à la clientèle de pouvoir accéder à une cuisine bien exécutée dans l’esprit de la bistronomie. Il veut surtout que les clients se sentent à l’aise pour commander en toute simplicité une salade, un œuf mayonnaise, une côte de veau... Il a fait en sorte qu’ils puissent se régaler à tous les prix avec des produits frais mis en avant et accompagnés de vins bien sélectionnés pour toutes les occasions de dégustation.
Il a donc inscrit à la carte du Napoleone des plats classiques de la cuisine de brasserie comme une assiette de jambon, mais alors de l'Ibaïona affiné 24 mois, avec un pain à la tomate, sélectionné dans la célèbre charcuterie de son ami Eric Ospital, une épaule d'agneau confite ou une noix d'entrecôte, mais alors de Salers, rôtie de chez Jean Christophe Prosper et servie avec des pommes frites maison, et une sauce béarnaise ....

Un menu suggestion est proposé chaque jour à un prix très raisonnable. Par exemple ces poireaux vinaigrette lanières de saumon fumé en entrée à 10 euros.
Ce soir j'ai eu envie de croquer les oreilles de cochon grillées sur leur lit de salade.
Mon voisin a préféré quelques escargots petits gris au persil et crème d’ail.
Nous avons gouté le caviar d'aubergine, gambas, légumes frits, alors que les autres convives n'ont pas résisté aux désormais légendaires couteaux à la plancha, sauce vierge (dont Christian Etchebest a fait sa spécialité ... rappelez-vous la semaine dernière lorsque la bière s'invitait à table ...)
Ils sont arrivés dans un subtil échafaudage très odorant.
Les plats sont exécutés avec talent et rigueur par David Gutman. Ce jeune chef trentenaire est passé par le Pavillon Dauphine, le Pavillon Elysée-Lenôtre, le Sofitel Café le Faubourg, le Plazza Athénée, Laurent, le Café de la Paix, le Crillon avec Jean François Piège ou encore le Fouquet’s avant de prendre la direction des cuisines du restaurant de l’Hôtel Metropolitan puis de la Brasserie Le Bœuf sur le Toit. Son esprit rejoint celui de Christian Etchebest : travailler les basiques et essayer de rester simple pour obtenir  le meilleur ! Il travaille pour cela beaucoup en basse température dans une cuisine légèrement en contrebas du bar, mais qui ne se cache pas.
Comme plat nous avons choisi l'échine de porc dont la cuisson parfaite doit être saluée et une côte de veau dorée au sautoir, jus au thym, gratin de macaroni ... absolument délicieuse.
A ce stade, les desserts étaient de la pure gourmandise : une tarte au chocolat, un millefeuille aérien et un Paris-Brest moelleux et fondant. 
Ce sont encore des classiques, mais bien exécutés qui plairont aussi à l'heure du thé pour se reposer en terrasse après une séance de shopping.
Si la première salle est très agréable, il faut oser descendre l'escalier majestueux. Cela devient un autre lieu qui peut-être s'accorderait avec une carte un peu spéciale, ou un service différent et qui est idéalement privatisable.
Le côté bar à cocktails est déjà marqué par la personnalité de Thierry Clément, le directeur du lieu, qui a accepté de relever un challenge en ouvrant ce nouvel établissement, après le Ritz Club, le Cercle Ledoyen, la Closerie des Lilas, la Villa Corse Poincaré, ou encore Chez Michou. Il a fait appel à deux jeunes barmaids Tatiana et Kathleen, et un chef barman pour officier avec originalité derrière le superbe comptoir.

La programmation musicale est en cours de mise en place. Le Napoleone vient d'ouvrir et cherchera ses marques encore quelques semaines mais c'est déjà un lieu chaleureux marqué par le désir de bien faire.

L’équipe du Napoleone est opérationnelle pour le petit déjeuner entre 8h et 11h. La restauration est assurée en service continu de midi à 23h30 pour la dernière commande. Du serveur au grand patron chacun est prêt à se "décarcasser" pour le bien-être de la clientèle. Cela se sent et c'est très agréable. Les plats sont excellents. Que demander de plus ?

Napoleone-Bistro Chic
25 avenue des Champs Elysées, 75008 Paris
Tel : +33 6 09 85 68 78
Service voiturier
Formule déjeuner de 12h à 15h entrée + plat ou plat + dessert 29 euros.

Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Philippe Schaff

mardi 26 novembre 2013

Les lentilles d'or 2013 du Festival de la photographie culinaire

Les lentilles d'or 2013 du Festival de la photographie culinaire, festival international au demeurant, ont été décernées aujourd'hui au Carrousel du Louvre.

Je me suis déjà trouvée dans des contextes difficiles à photographier, comme le musée du Quai Branly et ses vitrines qui renvoient le moindre rayon de lumière. Ou un défilé de haute-couture dans un noir absolu criblé de flashs quelques nano-secondes. Mais ce soir je ne m'attendais pas à pareille complexité, avec des éclairages curieusement disposés dessinant un oeil de pirate à chaque lauréat, des plaques de verre qui coupaient la scène, ne permettant que d'en saisir une moitié, un écran de projection ne mettant pas en valeur les réalisations des primés ... le tout est plutôt inattendu s'agissant d'un festival de photographie !

Dans un tel contexte on se débrouille, sans oublier de s'amuser un peu. Pour la soirée d'inauguration j'avais consacré l'essentiel du billet à ce qu'il y avait de délicieux à grignoter, le thème étant l'apéritif à la française, histoire aussi de faire un clin d'oeil au qualificatif  "culinaire" du festival. Mais ce soir ce sont aux photographes que je voulais faire la part belle.
Quelques invités s'attardaient devant les clichés avant l'annonce du palmarès, se hasardant à des pronostics, se félicitant réciproquement, ou se jalousant ... Il y avait une certaine appréhension sur certains visages.

Car pour beaucoup d'entre eux les clichés sont le résultat d'un travail colossal, entrepris par une équipe très fournie, dans un atelier de plusieurs centaines de mètres carrés. On est loin du clic impromptu que le bloggeur amateur déclenche avant de planter la fourchette.

Pour son 5ème anniversaire le festival avait sélectionné 34 photographes venant de 7 pays différents, dont pour la première fois la Pologne. Le thème du luxe et de la fête a conduit à l'originalité, la rareté et l'excellence.

Frederic Anton a relu la déclaration qu'il avait faite à la soirée de lancement avant de s'éclipser prestement pour assumer ses fonctions de chef au Pré Catelan.
Première lentille pour Dorian Nieto, du blog Mais pourquoi est-ce que je vous raconte çà ... pour la photographie qu'il a faite d'un produit désormais classé au patrimoine culturel et gastronomique de la France, le foie gras. Invité à prononcer quelques mots Dorian a spontanément laissé parler son appareil en nous faisant entendre le bruit qui le réveille chaque matin.
Pour qui le connait ce trait d'humour n'est pas une grande surprise et on peut se réjouir que la qualité de ses prises de vues soit ainsi récompensée au travers de ce Prix des Blogueurs et Amateurs de Cuisine.
Le Prix des Jeunes Talents a été remis conjointement par Mathilde de l'Ecotais qui en fut la première lauréate en 2009. Ce sont 18 binômes de cuisinier et de photographes qui concourraient. Et ce sont Esteban Wautier et Clémence Le Rouzic qui ont été élus.
Les grains de raisin de la robe "tribu maisaï" ont été placés un par un, pour un rendu magnifique. Les épaulettes et le bas de la robe sont en caramel filé.
 Le Prix des Parrains a été décerné au normand Patrick Rougereau pour son humour ...
 ... la Chantilly sur le blaireau c'était inattendu. Et l'idée a séduit aussi bien Guy Savoy, Alain Passard, Thierry Marx, Pierre Gagnaire que Frédéric Anton.
Le Prix du Public a résulté des votes enregistré sur Internet. Il couronne une oeuvre où les enfants sont très présents réalisé par la canadienne Karyne Gagné sous le nom d'Abstraction sucrée. On peut penser que le grand public n'a pas les mêmes critères que les professionnels et juge davantage en fonction de sa sensibilité.
Le Grand Prix de la Photographie du Tourisme Gastronomique a été décerné à Hubert Taillard qui réalisa un hommage au homard breton et cet autre cliché dont il fut malheureusement incapable de se souvenir des poissons photographiés ...
Le Grand Prix de la Photographie du Patrimoine Gastronomique a été décerné à Thomas Dhellemmes après qu'on nous ait rappelé cette phrase d'André Malraux : le passé est un présent que nous fait l'avenir.
Le Grand Prix de l'Alimentation a été décerné à Roseline Bigi pour la parenthèse gourmande; mais décalée, qu'elle nous offre avec ce pique-nique dans les blés lorrains. Pour l'occasion une "jeune" mariée de 70 ans a ressorti sa robe de mariée et cette photo restera à jamais un souvenir à la fois public et privé. Ce sont des spécialités locales qui ont été apportées spécialement.
Une autre prise de vue célèbre Bacchus sur une table de grès rose et pour la dernière il a fallu attendre une grande marée afin de savourer des fruits de mer les pieds dans l'eau.
Le Prix Spécial Grande Tablée 2013 a été décerné à la photographe australienne Margaret Skinner qui s'est amusée de concourir avec 5 autres confrères sur ce challenge "amusant" avec un Polaroid.
Elle avait proposé notamment cette robe bustier chocolatée dans le cadre de la compétition officielle.
Francesco Majo a remporté Le Grand Prix du Festival. La conceptualité de ses clichés est exemplaire. Il n'y a rien de plus simple que ce bracelet de groseilles et pourtant l'illusion est parfaite.
C'est le rémois, Laurent Rodriguezmais c'est un hasard, qui a reçu le Grand Prix Champagne Nicolas Feuillatte pour cette photo intitulée Effervescence de la bouteille palme d'or, une réédition d'un ancien flacon de champagne de la marque.
Il avait participé à la compétition officielle avec des clichés dans le même esprit, comme celui ci-dessous.
Deux intermèdes artistiques nous ont été offerts par le Président fondateur du festival Jean-Pierre PJ Stephan. D'abord avec Adrien Frasse-Sombet qui est un violoncelliste hors pair qui se trouve être aussi passionné de gastronomie. S'il joue un violoncelle d'exception de 1710 de Matteo Goffriller il ne sacralise pas son art. Les 5 morceaux, assez courts, qu'il avait choisi furent très appréciés pour leur évocation du luxe, du calme et de la volupté.
Et puis, pour clôturer la remise des lentilles d'or avec le sourire il avait sollicité la danseuse qui avait servi de modèle à la photographe Marie Chavarot et qui avait fait la couverture du catalogue.
Beaucoup furent récompensés. Mais pas tous et non des moins talentueux, je devrais dire talentueuses, car il m'a semblé que les jurés ont plutôt favorisés des hommes. Peut-être est-ce une impression ... En tout cas les femmes ne manquaient pas de talent comme Julie Mechali et son envolée bucholique en écrin de verdure ...
... Pauline Daniel et son filet de rouget frétillant dans sa sauce champagne.
Ou encore Maud Argaïbi (stylisme Soizic Chomel) et ses maquereaux en goguette. et ce ne sont que quelques exemples.
Le festival est aussi un lieu où se font des rencontres. Ainsi Clémence Le Rouzic a-t-elle sympathisé avec Roseline Bigi. Qui sait si nous ne les retrouverons pas associées pour une nouvelle prise de vues ?
Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont les clichés originaux des photographes festivaliers.

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