Le spectacle a connu un immense succès l'an dernier. Il a reçu le Prix Laurent Terzieff du Syndicat de la Critique 2013. Je n'avais pas vu la pièce à sa création alors que j'apprécie énormément l'écriture de Jean Echenoz dont j'avais chroniqué des Eclairs. Je savais que c'était en quelque sorte le dernier opus d'une trilogie commençant avec Ravel mais on n'a pas le temps de tout faire ...
Le décor déconcerte pendant l'installation des spectateurs. Tout est violet foncé. La magie opère d'autant plus quand les éclairages révèlent la couleur véritable, très proche du célèbre bleu Klein ... ou de l'étoile emblématique des Editions de Minuit, l'éditeur de Jean Echenoz.
Tout est bleu. La maquette de la maison de Monfort-l'Amaury, une voiture, une malle cabine, le pont d'un bateau, une chaise-longue, les rails d'un train électrique, une baignoire, une table et ses chaises, un bassin et son jet d'eau.
Ravel se détache dans son costume de lin blanc (il sera vêtu de noir à la toute fin). L'interprétation de Michel Ouimet est remarquable. Il donne vie au musicien en nous faisant partager les dix dernières années de sa vie.
La pièce, à l'instar du livre, fait revivre les moments de joie, le voyage sur le paquebot France pour une tournée triomphale outratlantique ... mais aussi les moments de doute consécutifs à la maladie, jusqu'à sa disparition plutôt tragique en 1937.
Si l'homme apparait odieux de suffisance au début du spectacle c'est avec compassion qu'on assiste à la dégringolade de celui qui fut une vraie star.
La forme du roman a été conservée par Anne-Marie Lazarini, qui a opéré quelques coupes, avec la bénédiction de l'auteur. Deux comédiens, Coco Felgeirolles et Marc Schapira, alternent leur position de récitant et de personnage.
On connaissait le Boléro jusqu'à l'écoeurement mais beaucoup moins le reste de son oeuvre que Andy Emler nous fait découvrir à travers des extraits et des compositions libres.
Tour à tour suffisant, exaspérant, obsédé jusqu'à la maniaquerie, gamin et désarmant (il refusera la Légion d'Honneur), exalté ou neurasthénique ... le musicien est tout cela.
Ravel de Jean Echenoz
mise en scène Anne-Marie Lazarini , assistant à la mise en scène Bruno Andrieux
musique originale Andy Emler
décor et lumières François Cabanat
costumes Dominique Bourde
avec la collaboration de Henri Lazarini
avec Coco Felgeirolles, Michel Ouimet, Marc Schapira et en alternance Andy Emler et Yvan Robilliard
Aux Artistic Athévains, 45 Rue Richard Lenoir, 75011 Paris, du 8 novembre au 31 décembre 2013
lundi 20h30 ; mardi 20h ; mercredi, jeudi 19h ; vendredi, samedi 20h30 ; samedi, dimanche 16h ; sauf les 13 et 14 novembre à 20h30, le 25 décembre à 17h et le 31 décembre à 20h30
Attention : calendrier irrégulier, réservation indispensable : 01 43 56 38 32
La photo qui n'est pas siglée A bride abattue est de Marion Duhamel.
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