Je vous l’accorde. Ce n’est pas très drôle de prendre les transports en commun, de devoir porter un masque, de se badigeonner les mains de gel hydroalcoolique et de garder ses distances. En plus, je ne sais pas vous, mais moi j’ai une mauvaise mémoire des visages quand ils sont à demi cachés et je ne reconnais pas tout le monde, ce qui peut provoquer des quiproquos.
Néanmoins rien ne vaut la projection d’un film dans une salle. J’avais eu la chance de visionner confortablement depuis chez moi Une barque sur l’océan. Certains aspects du scénario m’avaient semblé un peu obscurs. Je l’ai vu ce soir dans une vraie salle de cinéma, avec un vrai public, et je dois dire que les réactions m’ont apporté énormément de plaisir. Entendre rire sur des moments où j’avais moi-même souri, mais toute seule, percevoir l’émotion à la fin du film alors que j’avais été bouleversée chez moi, mais toute seule, ça n’a pas de prix.
La soirée a eu lieu au cinéma Le Balzac, en présence du réalisateur Arnold de Parscau, de l'actrice Dorcas Coppin et de la productrice Marie-Reine Poyteau. Arnold de Parscau a insisté sur le petit nombre de l’équipe de tournage, sur la faiblesse des moyens financiers, sur tout un tas de choses qui pourraient laisser croire qu’Une barque sur l’océan a été conçu au rabais. Et pourtant, pas du tout. Ce serait une fausse impression. D’abord c’est un vrai film, ensuite c’est un grand film, enfin c’est un très beau film.
Le scénario parle de la vocation, exprime combien il est difficile de réussir pour un artiste quand, d’une part il est autodidacte, et que d’autre part il n’appartient pas un milieu propice. Eka a beau avoir une sœur extrêmement empathique, compréhensive, aidante, un beau-frère relativement positif et un neveu que manifestement il adore, toutes les conditions ne sont pas réunies pour qu’il puisse faire carrière dans la musique. Et pourtant il ne manque pas de courage. On le voit dès le début enchaîner avec détermination les petits boulots pour gagner le minimum nécessaire au paiement de son loyer et participer à son entretien. Il est pêcheur, taxi-moto, serveur, jardinier. On verra qu'il a du talent mais il lui manquera une chose, la reconnaissance de la femme dont il est tombé amoureux.
L’essentiel de l’histoire se déroule à Bali, dans des paysages naturellement magnifiques (il ne pourrait pas en être autrement). que le réalisateur connait bien depuis que ses parents y vivent. Surnommée l'ile des dieux, elle était le cadre idéal pour transposer le roman de Jack London (voir ci-après) et le film offre aussi l'intérêt d’explorer une culture peu montrée au cinéma. Le tournage a eu lieu sur une trentaine de jours en octobre, avant la mousson.
On parle différentes langues à Bali, français, anglais, indonésien, balinais que l'on entend toutes dans le film. Ce qui est très particulièrement intéressant c’est la juxtaposition de deux modes de pensée radicalement opposés (celui du jeune balinais et celui des français) et l’incompréhension qui s’ensuit. Le réalisateur n’occulte pas l’écart de mode de vie entre des Français dont on ne sait pas trop bien pourquoi ils sont installés là-bas, d'ailleurs dans des conditions d’opulence et de farniente qui semblent idylliques, et les balinais, toujours actifs, jamais dans la plainte. On comprend qu’en Indonésie il n’est pas habituel de montrer ses émotions. Tout est intériorisé, ou exprimé à travers une danse rituelle. De ce fait, pourtant, la musique pourrait être pour le jeune homme un moyen de partager ce qu’il ressent, à condition évidemment d’être compris.
La plupart des comédiens balinais ne sont pas des professionnels. Un casting fait via Instagram a permis de trouver Hari Santika qui n'avait jamais tourné (ni joué de piano) et pour qui Dorcas Coppin est devenue professeur d’anglais, de piano et d’acting. Son jeu, très naturel, évoque à la fois Isabelle Adjani et Jane Birkin.
On parle différentes langues à Bali, français, anglais, indonésien, balinais que l'on entend toutes dans le film. Ce qui est très particulièrement intéressant c’est la juxtaposition de deux modes de pensée radicalement opposés (celui du jeune balinais et celui des français) et l’incompréhension qui s’ensuit. Le réalisateur n’occulte pas l’écart de mode de vie entre des Français dont on ne sait pas trop bien pourquoi ils sont installés là-bas, d'ailleurs dans des conditions d’opulence et de farniente qui semblent idylliques, et les balinais, toujours actifs, jamais dans la plainte. On comprend qu’en Indonésie il n’est pas habituel de montrer ses émotions. Tout est intériorisé, ou exprimé à travers une danse rituelle. De ce fait, pourtant, la musique pourrait être pour le jeune homme un moyen de partager ce qu’il ressent, à condition évidemment d’être compris.
La plupart des comédiens balinais ne sont pas des professionnels. Un casting fait via Instagram a permis de trouver Hari Santika qui n'avait jamais tourné (ni joué de piano) et pour qui Dorcas Coppin est devenue professeur d’anglais, de piano et d’acting. Son jeu, très naturel, évoque à la fois Isabelle Adjani et Jane Birkin.
L'ambassadeur d'Indonésie Arrmanatha Nasir avait fait l'honneur de sa présence pour rappeler que nous fêtons cette année le 70ème anniversaire de la diplomatie entre nos deux pays et nous avons eu la surprise d'assister à une danse traditionnelle avant le lancement de la projection. Les robes de soie rouge et or, la manipulation délicate et codifiée de l'éventail, la coiffe ornée de grelots et les pas rythmés par les percussions nous ont mis en condition puisque le film a essentiellement été tourné à Bali.
Eka est un jeune Balinais de 25 ans vivant dans un petit village perdu au nord de Bali. Par amour pour Margaux, belle étudiante en piano expatriée sur l’île avec sa famille française dans une luxueuse villa, Eka décide d’apprendre à composer de la musique. Le jeune homme va se laisser envouter par ce monde artistique qu’il cherche à conquérir, lui faisant espérer une nouvelle vie loin de la pauvreté et de la dureté de son milieu. Mais sa chute sera à la mesure de son ascension vers le succès : vertigineuse et tragique.
J'ai très envie de vous raconter ce film pour vous donner l'envie de le guetter à sa sortie car il est probable qu'il ne sera pas distribué dans toutes les salles. Je vous en préviens pour que vous puissiez arrêter ici votre lecture, quitte à la reprendre ultérieurement, après visionnage. L'analyse que je fais tiens compte des nombreuses ellipses et du caractère souvent surréaliste de certains plans, ce qui s'accorde avec les croyances indonésiennes puisque les esprits existent pour les habitants.