Une goutte d'eau dans un nuage avait été programmé au Théâtre Transversal l'été 2019 où je l'avais vu une première fois. Le spectacle avait été créé et représenté pour la première fois sous forme de maquette de 45 minutes au Liberté, scène nationale de Toulon en mars 2019.
Son titre est un emprunt à Robert Musil, dans L’Homme sans qualités. J'ai voulu revoir la pièce écrite par Eloïse Mercier parce que la comédienne m'a dit qu'elle en avait enrichi le texte. Il est probable d'ailleurs qu'il va encore évoluer.
C'est l'histoire vraie (en partie autobiographique, mais nourrie d'imaginaire) d'une jeune femme qui s'expatrie à Saïgon et l'histoire des imaginaires qui l’entourent. C'est une histoire de transformation. Arriver là-bas à l'heure de la mousson, se retrouver submergée, être débordée de l'intérieur et se répandre dans le décor. Raconter le tourbillon de la ville électrique et les bruits de la jungle à sa porte. Respirer la densité de l'air et se demander qui de nous ou du paysage change le plus.
Le dispositif scénique est relativement conséquent sur un plateau comme celui du Théâtre 14. Il m'a semblé cette fois-ci qu'il gagnerait à être organisé en déambulation afin de faire vivre au spectateur une expérience moins "radiophonique" et plus immersive (ce qu'Eloïse Mercier rêverait de pouvoir réaliser avec la diffusion d'odeurs). Il faudrait aussi pour cela troquer le micro sur pied pour un dispositif HF, ou alterner les deux, mais conserver bien entendu l'effleurement du murmure.
Le spectacle commence avec l'atterrissage à Ho Chi Minh City par 33°C et des pluies abondantes, ce qui nous parait ce soir là comme surréaliste puisqu'on sait que les avions sont cloués au sol par la Covid. On perçoit pourtant quelque chose d'électrique dans un air que l'on imagine humide. La voix d'Eloïse nous pénètre. La lenteur de son débit a quelque chose d'hypnotique en se combinant au bruit de l'eau et à une bande-son illustrative.
Les chapitres se succèdent en évoquant plus ou moins directement la sensualité des paysages de Marguerite Duras, son érotisme et la violence ; celle de l'orage, celle des films populaires sur la Guerre du Vietnam et celle - toute autre - de la modernité, qui transforme à toute vitesse le pays et ses paysages.
Chaque objet a davantage qu'une fonction décorative, jusqu'à Bo Bun, le poisson rouge qui évolue dans son bocal.
Une goutte d'eau dans un nuage reste une proposition singulière à la frontière du seul en scène, avec une partition créée à partir d’enregistrements faits au Vietnam. Un petit voyage théâtral sonore et délicat qu'on peut refaire à travers une mousson d’été et qui se termine sur la chanson si belle d'India Song dont la musique langoureuse de Carlos d'Alessio accompagnait si bien le film en 1976. L'interprétation de Jeanne Moreau est toujours aussi bouleversante.
Une Goutte d'eau dans un nuage, par la Cie Microscopique en coproduction avec Châteauvallon-Liberté, scène nationale
Mise en scène, texte et interprétation : Eloïse Mercier
Conception sonore Vincent Bérenger et Eloïse Mercier
Arrangements et mixage Charlie Maurin
Voix vietnamienne Ha Nguyen T.H et Poésie vietnamienne : Phe X. BachAu Théâtre 14 Lundi 13 juillet – 19h / Mercredi 15 à 19h / Vendredi 17 à 19h
Tournée 2020-21 : 6 et 7 octobre 2020 : Châteauvallon, scène nationale, 3 et 4 décembre : Centre Culturel de Porrentruy, Suisse, le 20 avril 2021 : Théâtre du Rocher, La Garde
Autres dates en cours de définition
Le ParisOFFestival :
Du 13 au 18 juillet 2020
Au Théâtre 14 - 20, avenue Marc Sangnier - 75014 Paris - Renseignements au 01 45 45 49 77
Au Gymnase Auguste Renoir - 1 square Auguste Renoir - 75014 Paris
Avec les aides et partenariats de la Ville de Paris et la Mairie du XIV°, Un été particulier, l'Adami, la SACD, l'ONDA, le CentQuatre, la MAC de Créteil et Le Monfort.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire